T'étais sûr qu'il se planterait. Avec sa rage qui tient au corps, sa grande gueule, son égocentrisme à deux balles. Tu savais. C'était sûr, en fait. Rien qu'une conclusion logique. Et t'as envie, c'est mesquin, puéril, mais t'as envie de continuer à lui enlever, petit à petit, un par un, son petit prestige qu'à tes yeux, il ne mérite pas. Alors quand Romulus lui a confié la mission de jouer les gros bras, pour une fois, tu n'as rien dit. Qu'il y aille, qu'il essaye. Tu feras comme a toujours fait ton taré de frère, t'attendra qu'il soit sur le point de briller pour lui voler sa lumière. La patience, Noah, la patience. Quand il s'agit de détruire, c'est ta vertu la plus présente.

Alors tu la suivis. C'est amusant, de le voir déambuler dans la vielle zone désinfectée en bombant le torse. Il n'a même pas remarqué que tu le suivais. Et tu le revois, son regard qui te prend de haut dès qu'il te croise. Alors que tu as tellement, tellement plus de capacité et de corde à ton arc qu'il ne le pense. Tu longes les murs, discret. Tu le vois aussi, au loin, cette silhouette au pas trop leste, trop précis pour que ce soit normal. Ton regard s'illumine, brève montée d'adrénaline. Serait-ce ? ... Oh. Oh. La chasse va être bonne.

Tu t'es posté dans l'ombre, pas loin de la porte. La silhouette attend. Plus loin, le bruit étouffé de coups et de gémissements. Si t'en crois ton ouïe (et elle ne te trompe jamais.) on en est à deux mains et deux genoux brisés. Tu lèves les yeux au ciel.

— Quel crâneur.

Tu la guettes, tu attends. Tu vois la silhouette bouger. Ah ! Enfin ! Tu bouges toi aussi. Elle bande son arc. Tu pourrais te jeter sur elle, maintenant. L'égorger, maintenant. La saigner comme tu saignes tous les dommages collatéraux de votre boulot et rapporter en offrande un peu de son sang à Ezra. Il sera content. Mais tu la laisses bander, viser, tirer. Avec un peu de chance, tu rentreras ce soir avec deux bonnes nouvelles.

Tu t'approches, dans l'angle de la porte, tu as une belle vue de ce qu'il se passe. Mais déception de voir l'autre imbécile prendre le dessus. Le chasseur se défend mal. Trop confiant. Trop piqué dans sa fierté. Erreur de débutant. Le coup classique. Heureusement pour lui, Hermes à une capacité à péter plus haut que son cul qui frôle l'exceptionnel. Et tu vois la faille, la posture des jambes qui manque d'équilibre, la défaite qu'il offre sur un plateau d'argent. Il aurait dû l'achever tout de suite. Là aussi, tu pourrais intervenir, mais tu laisses le chasseur le planter. Frisson de plaisir, t'aurais préféré qu'il crie, mais tu t'en contenteras. Tu pourrais le laisser mourir, mais tu sais qu'il lui sera encore plus douloureux de devoir admettre devant Ezra que tu lui as, encore une fois, sauvé la vie.

— Reste tranquille pendant que je te dépèce sale abomination.
— Ta mère.
— On avait dit pas les mamans.

Tu sors de l'ombre, devant toi le chasseur se tend pour se retourner vivement. Tu lui décroches un sourire rayonnant.

— Yo !

Et tu lui choppes le crâne, toute la puissance de ta lycanthropie à ton service pour le soulever de terre et le balancer contre une caisse de métal. Le bruit terrible des os qui se craquent avec la collision.

— Ah, merde. J'y suis allé encore trop fort.

Tu t'approches, il est encore vivant, encore conscient. Son regard mêlé entre peur et haine. Est-ce que tu as eu le même regard quand le père d'Hermes t'as transformé ? Ah. Comme c'est pathétique. Tu t'accroupis près de lui.

— Laisse-moi deviner, tu voulais prouver à papa et maman que t'étais prêt à lead pendant la prochaine saison alors t'as voulu faire tes preuves ? Les jeunes, de nos jours...

Même s'il a l'air peut-être un peu plus vieux que toi. Sans aucune pudeur, tu viens ouvrir sa veste et fouiller ses poches à la recherche de l’antidote. La lame est empoissonnée, tu le sens d'ici. Si ce gars n'est pas un abruti finis, il a emporté un peu de contre poison avec lui.

— On t'a jamais appris à tuer la cible la plus dangereuse en premier ?

Tu finis par tomber sur un flacon d'un liquide ambré. Ah. Parfait.

— Ça va Hermès ? Tu tiens le coup ?

Il n'y a pas une once d'inquiétude ou d'empathie dans ta voix. Juste de l'amusement.

Des insultes, encore des insultes, toujours des insultes. Tu souffles du nez, amusé, agites la petite fiole ambrée devant tes yeux. C'est que tu as son confort entre tes mains.

— Hm ? Dis-moi, ton manque de vocabulaire c'est parce que tu sais pas lire où juste c'est de naissance, la lycanthropie, tout ça...

T'es en position de force et sincèrement t'en profite. Il sait ce que ça va lui coûter de s'être fait presque attrapé par un chasseur. Ce que ça va lui coûter de t'être fait sauver, auprès de Romulus, auprès d'Ezra. Tu vas passer pour le héros, pour le protagoniste et il déteste ça. Ton sourire s'accentue, tu te lèves, le garçon gémit, terrifié. Tu te retournes vers Hermès le contre-poison que tu balances habillements d'une main à l'autre, au risque de finir par briser le flacon.

— T'es vraiment pas très malin. J'ai ton remède entre les mains et toi tu m'insultes... Snif.

Prends un air chagriné.

— Tu sais qu'Ezra n'aime pas les ingrats, hein ?

Tu ranges ton flacon dans la poche de ta veste, lui jette un coup d’œil avant de tourner des talons.

— Sois un peu plus sympa avec moi et je te permettrais de te tenir sur tes jambes. En attendant...

Tu reviens vers le chasseur. Il gémit encore, malgré la douleur essaye de se plaquer un peu plus contre la caisse, comme pour disparaître. Tu ne ris plus, Noah, ton air est un peu plus sérieux. Tu t'accroupis de nouveau.

— Vous... Vous allez me tuez ?
— Hm. Ça dépend. Disons que c'est une possibilité.

La panique dans ses yeux est un délice pour ton ego.

— Je veux pas mourir ! JE VEUX PAS MOURIR PAR PITIÉ !
— Relax, relaaax, on en est pas encore là, mec ! Dis-moi, mon copain ici présent, comment t'as fait pour le flairer ?

Le terme lui fait écarquiller des yeux, surpris. Tu souris, joyeux.

— Ouais, ouais, je parle un peu la langue.

Il secoue la tête, grimace, chaque mouvement lui fait mal.

— Non... Non...

Tu fronces les sourcils.

— Si tu ne coopères pas, ça va être chaud de te laisser en vie, tu le sais, ça ?

Ah ! Et voilà les larmes. Bordel quelle plaie. Tu lèves les yeux au ciel et tu t'éloignes, viens t'asseoir près d'Hermès. L'amusement ne se lit plus sur tes traits. Tu lui glisses, très sérieusement.

— Il s'est passé quelque chose d'inhabituel ces derniers jours ? Rencontres ? Impressions chelous ?

Tu cherches à déterminer la menace. Qu'un chasseur s'amuse à jouer la traque seul n'a rien de bien étrange, il y a des cons partout. En revanche, qu'il sache flairer un lycanthrope seul en se promenant par hasard dans une zone désinfectée est trop peu probable pour être vrai. L'avait-il suivi ? Avait-il eu obtenu des infos ? Et de qui ? Comment ? Et surtout... Est-ce que la meute n'était pas sur la liste noire de quelqu'un ? Tss. Tu viens mordiller ton pouce, songeur.

Quelle plaie.

C'est sérieux. S'insulter, vouloir voir l'autre mort ou, à défaut, dans la souffrance, c'est une chose, c'est marrant, ça rappel que si on a autant d'énergie à mettre dans la haine, on en a aussi suffisamment pour vivre. Mais là, c'est sérieux. Et ça te tend, que cet imbécile n'en a pas conscience. Son rire nerveux ça te donne envie de lui en coller une. Au final, c'est le fait qu'il prononce ton nom de famille qui te motive à lui foutre une gifle.

— Putain mais ferme ta gueule, sale con !

Derrière toi, tu entends le gamin tressaillir. Priest. C'est un chasseur. Il le connaît, ce putain de nom. S'il fait le lien. S'il pose des questions... Merde. Merde. Merde. Et il bouge. Il décide de s'enfuir. Et ce n'est pas ça qui le condamne. Ce qui le condamne, c'est Hermès. La grande et insupportable gueule d'Hermès.

— Pauvre merde.

Tu peux plus le laisser filer. Alors tu te redresses, bondis sur tes jambes. Un dernier coup de pied dans le flanc où il a été poignardé pour lui faire payer sa connerie et tu fonces, fond sur le chasseur pour le plaquer d'une main contre le sol. Il a la folie dans le regard. Tu sais que t'en tireras rien. À cause de lui. À cause de sa putain de grande gueule de fouine. Merde. Merde. MERDE. Et la rage monte, délicieux cocktail explosif. Le chasseur te regarde. C'est lui ou toi. Lui ou ta sécurité. Lui ou Ezra. Tu es l'Alpha. Tu es LA menace. La guerre ne se déclenchera que quand tu l'auras décidé, toi. TOI.

— Tss. Fait chier.

Tu bloques sa nuque avec ton bras, de l'autre tu viens saisir son crâne et d'un coup sec, rapide, tu le tues. Tu laisses le cadavre tombé au sol. Tu te relèves, silencieux. Une. Deux. Trois secondes. Pour te retournes, avance d'un pas rapide vers Hermès pour balancer l'anti-poison au sol d'un geste furieux. Le flacon se brise et pour en rajouter une couche, t'écrase le tout.

— VOILÀ CE QUE TU GAGNES À FAIRE LE MALIN PAUVRE MERDE !

Tu craches au sol, tant mieux si ça éclabousse sur sa face.

— Tu fais de la merde et tu nous fous dans la merde, putain !

Tu tournes autour de lui, shoot dans la première chose qui te vient et qui ne soit pas lui.

— T'as tellement d’ego que t'en deviens demeuré. Tu te rends compte de ce que t'as fait ? DE COMMENT T'AS TOUT FOUTU EN L'AIR ? ILS VONT VOULOIR DES RÉPONSES, SOMBRE MERDE ! Ils vont mener l'enquête et c'est tous les hybrides de la région qui vont payer !

Ils. Les chasseurs.
Tu retiens de le frapper de ton pied une nouvelle fois. Tu piétines, fulmines. Puis tu viens le tirer par le col pour le lever.

— Tu me détestes ? Parfait. Mais là, tu nous mets en danger avec ton insolence, abruti. Alors tu sais quoi ? Je vais te traîner par la peau du cul et tu vas expliquer à Romulus comment ça se fait qu'on a un cadavre de chasseur dont on ne sait rien sur les bras.

Tu le jettes au sol, indique la flaque ambrée au sol.

— Tu veux pouvoir bouger le petit doigt avant ce soir ? Lèche.

Tu tournes la tête vers le cadavre. Tente de te calmer. De trouver une solution. Priest. Tu relèves les yeux. T'as les mains qui tremblent. Merde. C'est la pire idée. C'est votre seule porte de sortie.

— À moins que... À moins qu'on leur donne le nom du responsable directement...

L'idée qui germe dans ta tête, c'est la première erreur fatale que tu commets.

Tu t'agaces, ton pied qui bat rageusement le sol. Il n'allait pas s'en sortir, évidemment qu'il n'allait pas s'en sortir. Mais quand même ! Putain, tu deviens fou. C'est trop. Beaucoup trop. Tu secoues la tête agacée.

— On ne sait rien de lui pauvre demeuré ! Est-ce qu'il avait des équipiers ? Est-ce qu'il avait tenu quelqu'un au courant de son attaque ? Putain, on ne peut pas s'en prendre à des chasseurs sans un minimum d'infos, c'est la base !

Tu shoot dans le cadavre, de toute façon, il ira plus geindre.

— Vraiment faut que j'arrête de te sauver la vie, c'est pas rentable.

Tu tournes la tête vers lui, détailles, sans l'ombre d'une gêne sa face collée au sol. Qui lèche. Lèche encore. Ça a le mérite d'adoucir ton humeur et de calmer tes nerfs. Au moins, il y a un peu justice dans ce qu'il se passe. C'est dégueu, qu'il dit. Tu souris.

— Je te dirai pas avec quoi c'est fait, alors.

Tu rapportes ton attention sur le cadavre. Tu t'approches pour t'accroupir et te pencher sur lui. Dans ta tête le plan se dessine. Les vieux instincts. Ironique, comment c'est le restes d'enseignements de ton père qui te pousse au pire. Derrière toi il annonce son plan. Ouais, Romulus va vouloir être au courant. Mais ça ne changeait rien aux conséquences. Tu tournes légèrement la tête vers lui. Une semaine qu'il le suivait. Hm.

— Ouais, on peut pas totalement écarter la possibilité qu'il bossait en groupe mais c'est déjà positif comme info. En général, quand on traque à plusieurs on se relaye, histoire de minimiser le risque la cible le remarque. Bon, avec un peu de chance ce con a agi en solo.

Tu fermes les yeux une seconde, te relèves.

— Mais ça change pas le problème. Un chasseur qui disparaît ça rameute le reste de la bande. S'il a eu le malheur d'en parler à quelqu'un c'est ton cul qui va être en danger. Sans parler de la meute, ils sont nombreux à ne pas être préparés. Hm...

Tu te mords le pouce, vieux réflexe quand tu réfléchis trop. T'arrives vers Hermès.

— Essaye de bouger, sac à merde.

Tu passes tes bras sous ses aisselles pour le soulever de terre.

— Ezra me tuera si tu crèves. Tss. Tu me fou vraiment dans la merde.

Tu le laisses prendre appui sur toi pour l'emmener près du corps.

— T'as déjà décapité quelqu'un, Hermès ? Parce que si non, tu vas apprendre.

Tu soupires, le déposes au sol sans trop de délicatesse pour le laisser sur ses genoux. Tu connais ce contre poison, dégueulasse mais efficace. Il n'y a pas besoin de beaucoup pour en avoir les effets. En vérité, la dose que se trimballait le jeunot est suffisante pour soigner plusieurs personnes. La préparation est complexe, alors on s'arrange toujours pour ne pas avoir besoin d'en refaire à chaque chasse. Mais ça, Hermès l'ignore et tu t'amuses de son ignorance. Tu fais semblant de regarder une montre que tu n'as pas à ton poignet.

— Compte jusqu'à trente, tu vas pouvoir bouger ensuite. Mais va y doucement, tu vas être raide encore quelques heures.

Tu laisses les secondes passées, en attendant, tu t’accroupis sur le corps pour expliquer. Tu pointes du doigt la tête.

— On va l'envoyer à mon frère.

Le mot te fait grimacer. T'es pas sûr d'être prêt à ça. Tu veux tes dents dans sa chaire. Tu veux le voir devenir comme toi. Pour te venger. Pour le faire devenir aussi sale que les clebs qu'il battait petit. Pourtant tu t'es tenu à distance jusque-là.

C'est de la fuite. Dit une voix lointaine.
Non, c'est de la préparation, tu réponds.

— Si on laisse les choses comme ça on risque d'avoir plusieurs chasseurs sur les bras. Mais si j'envoie sa tête à Atlas, il en fera une affaire personnelle. Je le connais. Il est fier et surtout il est furieux que je me sois enfuit.

Tu fronces les sourcils, ferme une demi-seconde les yeux pour repousser toutes les images qui envahissent ton crâne quand tu prononces le nom d'Atlas.

— J'suis la preuve vivante qu'il est capable de faire de la merde et il est trop perfectionniste pour l'accepter. Il tiendra les autres chasseurs à distance, il étouffera l'affaire pour pouvoir régler ça seul. Ça veut dire qu'on fait d'une pierre deux coups, tu ne risqueras pas ta vie et la meute non plus.

Tu lui jettes un regard.

— Mais je vais pas faire tout le boulot tout seul, connard. Je l'ai tué, tu lui arraches la tête, on appelle ça le partage des tâches.

Tu roules des yeux, l'espace d'une seconde, tu ressembles à un père excédé par les conneries des plus jeune. Il est insupportable, il ne sait pas fermer sa gueule, faut toujours qu'il la ramène à lui, son putain de lui, son bien trop visible et présent putain de lui. Tu lui décroches un regard narquois.

— Sauf que c'est pas pour toi qu'il se déplacera, chéri.

S'il croit qu'il peut te voler ça aussi, il se trompe. S'il croit qu'il peut te prendre TA vengeance. TON frère. Comme il essaye de te prendre TON Ezra. T'en a marre de composer avec sa gourmandise mal venue. Si seulement il pouvait rester à sa place, putain. Tu ricanes, reviens vers la tête.

— Désolé mais globalement dans sa vie t'es pas grand-chose.

Et tu ne seras jamais rien comparé à moi.

Parce que ça t'appartient et que t'aimes pas partager ton territoire. Tu pues la dépendance. Il te l'avait dit, autrefois, dans la cage, que t'avais ta place nulle part. Mais son sang sur tes mains, ta chaire entre ses crocs, sa souillure portant ta marque, ça, c'est ta place. Et s'il tente de se mettre en travers de ton chemin...

— Que les choses soient clairs, Hermès. Je te sauve le cul depuis des années pour Ezra mais si tu t'interposes entre moi et Atlas.... Je te tuerai.

Et si le prix à payer c'est qu'Ezra te déteste sincèrement alors ainsi soit-il.

Tu le fixes, l'éclat froid dans le regard. Ce n'est pas une simple provocation, pas les cris habituels. C'est dit calmement, ça ne souffre d'aucune hésitation. Car c'est la seule chose sur laquelle Ezra n'a et n'aura jamais aucune emprise : ta haine. C'est un avertissement.

— Le message étant passé, fait moi plaisir et arrache moi cette tête.

Ce qu'il fait. T'observes, l’œil légèrement fasciné la peau qui s'étire et se déchire.
Amateur.
C'est d'un barbare, c'est ni fait ni à faire. Toi, tu aurais fait bien mieux. Remarque, ça te servira. En voyant l'état du crâne, Atlas pensera que tu n'es plus rien qu'une bête, plus rien qu'un animal. Il te pensera trop atteint pour te souvenir de tout ce qu'on t'a appris. Alors qu'en vérité, tu n'as rien oublié. Un sourire discret que tu t'efforces de refréner. Il va tomber de haut. Tu vas le faire chuter. Et quand ce sera fait il sera définitivement défiguré.

La tête finit par céder et il te la lance, dégoûté. Tu la rattrapes pas les cheveux et la portes à tes yeux.

— Aucun style et aucune classe.

Tu te relèves.

— Trouve-moi un carton et du papier, on va faire un joli paquet cadeau.

La main sur ta gorge et il crie des horreurs, encore. Il pourrait se contenter d'obéir, de faire ce qu'il faut pour que vous puissiez rentrer chez vous et vous ignorer de nouveau, mais non. Son insolence est de trop. T'as jamais supporté les chiens incapables de se soumettre. Et il a le mot de trop. Impassible, tu viens violemment agripper son crâne pour l'écraser au sol. Une fois. Deux fois. Trois fois. Coups répétés sur le bitume jusqu'à que ça devienne sanguinolent entre tes doigts. Tu pourrais continuer jusqu'à lui fracasser le crâne. La pire des colères, chez toi, elle est froide. Tu t'assois de tout ton poids sur lui te penche, murmure, rauque, à son oreille.

— Tu devrais apprendre à rester à ta place, Astérion.

Utilise son vrai prénom. Parce qu'on est plus tant Noah et Hermès qu'Hyperion et Astérion, maintenant. Retour, cinq ans en arrière, où ce clebs ressemblait à moins qu'un homme. Retour à une époque où la créature sous toi n'était qu'à demi humaine, était une insulte à la création. Retour à une époque si douce où tu les voyais tous comme des abominations qui jouaient l'imitation. T'es calme. Trop calme. L'espace d'un instant, t'est chasseur de nouveau.

— Tu es en vie seulement parce que je le veux... Tu es et seras toujours ma proie, tu le sais, ça ?

Presque tendre, tu passes une main contre son front.

— Énerve-moi encore un peu et tu regretteras de ne pas être mort ce soir-là...

Tu lui tires les cheveux, redresses sa tête de force dans un dernier avertissement.

— Alors rampe et tais-toi.

Tu mérites. Plus que n'importe qui. Et s'il a l'audace de penser être ton égal il serait peut-être temps que tu lui apprennes qu'il n'en est rien.

Tu sors ta baguette, pousses du pied la sienne. Tu lances un accio pour trouver carton et papier et t'emporte le tout avec toi, la tête en main.

Tu le laisses choir sur le sol, mais ne résistes pas au crachat que tu lui envoies sur la tronche avant de quitter le hangar.