Il savait la décision difficile et pourtant il était revenu. Après plus de deux mois à errer entre vie et mort sans savoir où aller. Après cette putain de nuit où tout avait basculé -il en avait rêvé. Encore encore et encore, des cauchemars incessants qui avaient achevé de le détruire comme il fallait. Puis il avait envoyé un message à Ezra -de ceux qui voulaient dire je suis en vie mais qui ne disait réellement que on se voit lundi. Lundi à la rentrée, après tout ce temps sans n'avoir donné aucune nouvelle parce qu'il était trop difficile d'écrire, d'accepter, de raconter la scène d'horreur qu'il avait vécu.

Le regard vide qui se pose sur Ezra de l'autre côté de la grande salle, assit avec les élèves de sa maison. Il n'aperçoit pas Hyperion, ne sent pas son odeur non plus. Inspire pour calmer le soulagement qui lui fait trembler les mains. Parce que si cet enfoiré n'est pas là, toi tu es là. A t l a s. Là, à l'autre bout de votre table à le regarder, le scruter. Tu attires son regard, attises sa haine si violemment qu'il doit planter ses ongles dans la peau de son bras pour ne pas te sauter au cou.

Poudlard est sa seule porte de survie.
Putain.

— Baisse les yeux fils de pute.

Des mots qu'il marmonne, juste avant de se lever brusquement et d'enfoncer son poing dans la table en bois, surprenant ses camarades assis tout près.

— PUTAIN.

Puis il s'en va. Le pas rapide mais sans courir, sans faire attention même à toi qui le suit. Il s'en doutait, tu sais, c'est pour ça qu'il préfère s'éloigner. Monter au troisième étage pour s'enfermer dans les toilettes en se disant que si tu as ne serait qu'un instinct de survie tu n'entreras pas.

Et pourtant.
Tu es là.

— Sale enfoiré de merde.

Les doigts qui se resserrent sur le bord du lavabo alors que vos regards se croisent une nouvelle fois à travers le miroir, assassins. Il a mal putain. Ça le démange beaucoup trop.

— Je vais te crever Priest.

C'est grogné alors que ses doigts forcent tellement sur la porcelaine qu'ils la fissurent légèrement. T'approches d'encore un pas t'es mort. Comme une provocation te voilà si proche, à passer la tête par-dessus son épaule. Et aussitôt Asterion se retourne pour t'enfoncer son poing en plein visage. C'est violent, brutal, bestial quand il rugit de colère avant de se jeter sur toi pour vous faire tomber au sol.

— TA GUEULE FILS DE PUTE ! C'EST TOI LE RESPONSABLE ! TOI ET TA SALE SOUS RACE DE FRERE !

Il abat à nouveau son poing contre toi.

— J'vais vous crever tous les deux. TOUS LES DEUX PRIEST.

Et après il ira crever tes parents.
Et après peut-être qu'il ira pleurer.
Ou qu'il se crèvera.

Il peut. Il peut te tuer. Il peut il peut il peut tu sais ? Malgré l'école, malgré tout il peut. Il le veut, il va le faire Atlas. Déjà le poing qui se prépare quand son autre main vient serrer ta gorge. Il le faut. Il faut te tuer, il va le faire. Pour sa soeur. Pour Rana et sa vengeance, pour sa meute et sa vie que tu as volé. Il va te tuer et finir à Azkaban, sûrement il-
N o n.

Non non non non non non non.
Il peut pas faire ça, hein ?
Putain.

Une vie pour une vie tu dis. Réjouis-toi qu'Hyperion soit mort à cause de ton père. Ah ! Quoi ? Il est m o r t ? Mort. Mort Hyperion, enterré. A h. Aaaaah... Alors c'est pour ça qu'il ne sentait rien. C'est parce qu'il est mort, Hyperion. Mort mort mort mort mort. Comme son père, comme sa meute. Comme sa Rana. Mort. Et il sourit, Asterion, c'est à la fois nerveux et soulagé. Heureux et fou, jusqu'à ce que tu mentionnes la sentence de son père et qu'il se fige, le sourire fou toujours aux lèvres et le regard un peu bête soudain quand il te regarde. (effrayé) Confus.

Imagine la scène -se remémore les hurlements des siens cette nuit-là.
Ta soeur a payé pour mon frère.

Non. (il ne peut pas te tuer)

Mais ça ne l'empêche de hurler et d'appuyer plus fort contre ta gorge pour te la broyer. Peu importe le couteau contre sa gorge ou tes putain de points en moins. Va crever Atlas.

— Espèce de sale fils de pute.
Essaie seulement de le crever.

Pourtant après ses mots c'est un silence qu'il laisse. Un silence durant lequel il assimile la situation, ses mains à ta gorge qui se font plus fébriles soudain alors qu'il laisse les questions s'agiter à ses lèvres. Force sa raison à reprendre le dessus, parce qu'il ne peut pas te tuer. Pas ici. Ça le tue.

À la place alors demande ce qui soudain empoisonne ses lèvres, dans un murmure dévasté qui se finit en hurlement. Bien incapable de se contrôler.

— Qu'est-ce que tu lui as fait ? QU'EST-CE QUE TU LUI AS FAIT SALE MERDE !

Des larmes de rage qui pointent au bord des yeux. Elle ne méritait pas ça Rana, parce qu'elle était si douce Rana. Le souvenir de son corps calciné qu'il a retrouvé le lendemain en revenant sur les lieux n'ont jamais cessé de le hanter.

Ton doigt sur sa joue le rend fou. Alors brusquement il vient se saisir de ton poignet pour te claquer le bras au sol dans un râle furieux.

— ME TOUCHE PAS.

L'inverse le dégoûte tout autant, mais si c'est pour que tu te tiennes tranquille il préfère encore ça, le temps de savoir quoi faire de toi. Parce qu'il ne peut pas te tuer, pas ici, pas comme ça. Alors pourquoi il reste ? À croire qu'il aime se torturer. Parce qu'il demande et tu réponds, le ton froid et égal, comme si tu racontais une anecdote banale ou une réponse à une interro.

Ferme les yeux brusquement pour réprimer un haut le coeur au souvenir de sa sœur brûlée. Il l'imagine avec une flèche dans la tête, une autre dans le coeur comme tu as dit. Il imagine sa souffrance -ne se dit pas que, si tu as visé le coeur en premier alors elle est morte sur le coup. Il n'est pas assez rationnel pour ça, il n'en est plus capable depuis qu'il la vue dans la forêt à son retour le lendemain matin. La moitié du corps carbonisé, ses grands yeux jaunes et sa gueule ouvertes.

— T'as d'la chance que je peux pas t'flinguer ici sale fils de pute.

Qu'il grogne en serrant toujours fermement ton poignet. Ce qu'il peut faire, en revanche, c'est te faire mal et ça il sait faire. Alors ses doigts serrent encore plus fort leur prise tandis que son pouce se pose dans ta paume pour guider le mouvement. Et à force de serrer toujours plus fort grâce à sa condition de loup-garou, l'os finit par se fissurer et il n'attend pas ton cri pour te le déboiter dans la foulée.

Un sourire satisfait qui vient étirer ses lèvres, amusé aussi alors que d'un coup il lâche sa prise pour refaire brutalement la même chose à ton coude. Lâche ton bras pour rapidement venir appuyer son avant-bras contre ta gorge et te couper la respiration afin de t'empêcher de plus hurler.

— Ce s'ra jamais assez cher payé pour la putain de grosse merde que t'es Priest. T'ENTENDS ???

Mais ça a au moins le mérite de le soulager un peu. Tu peux voir une sorte de folie dans ses yeux, à quel point il prend plaisir à te faire tout ça. À quel point il est frustré de devoir se contenir aussi quand la bête fulmine de rage et ne demande qu'à sortir.

— -50 points pour Serpentard.

Essaie donc d'attraper ton couteau maintenant que t'as un bras en moins.

Mort.
Mort, Atlas.
Toi comme lui vous êtes morts, vous crèverez comme les chiens que vous êtes et la pensée lui arrache un sourire un peu plus fou alors qu'il te voit suffoquer sous lui, souffrir sous lui. Il jubile autant qu'il enrage quand brusquement il te relâche à l'écoute des pas dans le couloir. Ils t'ont entendus hurler comme un porc, ah. Tant pis.

Mort.
Ah, c'est si agréable de l'imaginer.

— Tu t'en tires bien espèce de sac à merde.

En réponse à tes mots et ton rire nerveux. Il n'hésite pas à te bousculer quand tu te relèves, à te donner une réelle raison de gémir en attrapant ton poignet avant que tu ne t'éclipses pour appuyer plus fort dessus et le briser un peu plus. Le sourire aux lèvres et le regard haineux quand tu te dégages pour aller chialer devant le lavabo. Asterion toujours assit te regarde faire, il a l'habitude d'être prit sur le fait et d'être puni, tellement que ça ne le dérange plus. Alors quand tu t'exploses le nez contre la porcelaine avant d'hurler, il explose de rire.

Comme ça, simplement.
Il à s'en agripper les côtes, gorge déployée. Si fort que, s'il les entend, il ne prête pas de suite attention aux trois élèves qui entrent avec fracas dans les toilettes. Ne retiendra d'eux que leurs visages entre terreur et dégoût.

— Atlas !!!?? Oh mon dieu ça va !
— Putain mais t'es taré Langley !!

Hurle celui qui semble le plus costaud des trois avant de s'approcher de lui alors que la fille et son camarade accourent vers toi. Le garçon, l'air un peu trop sérieux -un Gryffondor aussi visiblement, l'agrippe violemment par le col pour relever un Asterion toujours hilare dont les nerfs lâchent totalement. Il suffoque sans qu'aucun d'entre eux ne soit capable de comprendre pourquoi mais il s'en fout. Il s'en fout parce que ce n'est pas lui qu'il calcule, ni elle ni le troisième qui s'affaire comme il peut à te faire les premiers soins. C'est toi qu'il regarde Atlas.

T O I.

Avec le sourire fou de l'homme qui a complètement vrillé.
(qui est désespéré)

Souffle alors qu'il parvient un temps soit peu à se calmer, la respiration toujours vacillante.

— T'es malade putain.. Hahaha t'es complètement barge Priest j'en peux plus ! Haha. C'est pas possible d'être aussi atteint sérieusement. Comment tu fais ? Hahaha haha..
— Ferme-la Langley, t'as fumé ou quoi ??

Balance la préfète des Gryffondor alors qu'elle pose une main compatissante sur ton épaule. Erk, c'est à vomir.

— Ça va aller jusque l'infirmerie Atlas ?
— Brise toi la nuque dans les escaliers, clochard. T'ira plus vite rejoindre ta sale chienne de frère comme ça !

Le garçon qui le maîtrisait (à peine) trouve la bonne idée de le secouer violemment avant de le pousser vers la sortie des wc en lui donnant une claque derrière la tête. Il semble avoir oublié que dans son état, Asterion n'est plus vraiment lui-même alors il se retourne brusquement pour envoyer son poing dans le visage de son assaillant et le faire chuter contre le carrelage.

— ME TOUCHE PAS SALE MERDE !

Avant de te lancer un dernier regard, assassin.

— T'es mort Priest.

Mort mort mort mort mort.
Mort.

Lui aussi lorsqu'il fonce dans le torse d'un professeur à peine le pas franchis. Un heureux hasard dis donc, que leurs hurlements à tous l'aient alerté lui aussi.

Putain de merde.

La baguette du professeur pointée sur toi, l'exclamation déjà et pourtant tu ne cilles pas. Il a l'air contrarié, prit entre dépit, colère et pitié sans doute. Pourquoi ? Parce que toute ta famille est morte et que tu viens de péter le bras de son assassin ? Si seulement il savait, si seulement ils savaient tous ! Mais t'as pas le droit d'en parler, tu peux pas. Ils te dégageront sinon et tu peux pas te le permettre. Tu t'es promis de ne pas faire trop de vagues -c'est un début loupé mais au moins y a pas de mort, hein. Enfin pas encore.

Tu prends pas la peine d'écouter les conneries qu'ils racontent en te montrant du doigt, parce que t'as rien à dire pour ta défense mais surtout parce que t'en as rien à foutre. Tu te contentes seulement, impuissant, de fusiller le professeur du regard, comme prêt à lui arracher la jugulaire avec les dents à la première parole de travers.

Tu n'es même pas honteux lorsqu'il t'ordonne de le suivre. À tous les coups tu vas finir chez Scamander, ce serait pas la première fois. Atlas qui te passe devant le visage en sang, ça t'arrache un sourire carnassier et tu regrettes déjà de pas être celui qui lui a vraiment pété le nez. Ce mec est taré. Tu ricanes encore un bref instant avant que vos regards ne se captent. Il a les yeux d'un monstre et ça t'arrache un frisson à la fois de peur et d'excitation. T'enrages, Asterion.

Tu vas le crever, c'est juré.

— Frappe plus fort la prochaine fois sale merde.

Marmonné entre tes dents alors que vous vous quittez enfin des yeux. Et tu le laisses s'éloigner, les poings serrés sous les manches de ta cape avant de suivre le professeur qui t'ordonnes une nouvelle fois.

T'enrages.