late night devil sometimes you're a stranger in my bed don't know if you love me or you want me dead push me away push me away then beg me to stay beg me to stay, yeah (ft. earl / musique)

Les souvenirs sont vagues.
Lointains derrière ses paupières closes.
Elle se rappelle de la musique qui sonne au rythme de la douleur dans son crâne. Des lèvres contre les siennes - agressives, sensuelles et pourtant étonnamment douces. De mains sur son corps et des siennes qui découvrent ; de murmures et de sa propre voix qui se brise. Du plaisir, évidemment, et de la satiété rare qui l'a étreinte avant de disparaître dans les bras de Morphée.

Il n'en reste que des douleurs, ici et là.
Elle pense pouvoir deviner des morsures et des griffures.

Malgré les choses dont elle se rappelle, la nuit reste floue, impossible à déchiffrer plus que dans les bribes qu'elle a déjà évoquées. Et si elle resterait bien de nouvelles heures à se prélasser dans le confort de son lit, son horloge interne marche aussi bien qu'à son habitude, la réveillant à la même heure tous les après-midis. Peu importe à quel point elle s'était couchée tard, elle se lèverait toujours à la même heure.

Alors, avec peine, ses yeux s'ouvrent. Reconnaissent facilement l'oreiller qui a l'habitude de la bercer. La lumière qui s'infiltre au travers des rideaux, l'odeur d'un parfum qui lui semblerait presque familier. Il lui faut un temps pour se redresser - devinant sa conquête de la veille toujours à ses côtés (c'est déjà assez inhabituel pour le noter)

Elle qui aimait le contrôle n'aimait pas finir bourrée.
Elle qui aimait le contrôle n'aimait pas oublier.
Elle qui aimait le contrôle n'aimait pas héberger.
Ca se faisait et elle partait - pourquoi chez elle, pour commencer ?

Un bref soupir passe ses lèvres alors qu'elle finit par se tourner vers la silhouette qui la côtoie.

Le coeur qui s'arrête,
Stoppé en un claquement de doigts.

L'horreur et l'incompréhension qui bercent son être encore embrumé - elle crierait bien, se pincerait bien, mais elle ne fait pas ce genre de choses, alors d'un coup de pied c'est toi qu'elle fait valser.
Hors du lit, sur le sol dur et froid.
Le bruit de l'impact lui prouvant que tu es bien là.
Que ce n'est pas un rêve et qu'elle est bien éveillée, là.
Les regrets la submergent aussi vite que l'effroie.
(Et pourtant, elle se souvient que c'était très bien.)
Mais elle n'y pensera plus. N'en redemandera rien.

Rhabille toi et dégage, Grace.

Bonjour.
J'espère que la nuit t'a bien reposé.
Parce que le matin va être un défi.
Des deux côtés.

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Comment en êtes-vous arrivés là ?
Non, vraiment, c'est une réelle question, vu qu'elle ne se souvient pas. Et toi non plus, il semblerait, à la surprise qu'elle lit sur ton visage quand tu as fini de t'étirer. Ah. Oui, ah comme tu dis. Mais elle n'a pas le temps de se laisser happer par la surprise que d'autres souvenirs tentent de remonter aux marques qu'elle devine avoir laissé le long de ton cou et à la naissance de tes épaules.
(Plus possessive qu'elle ne l'aimerait.)

Elle en fronce les sourcils - ça lui déplaît.

Elle ne s'attarde guère sur ta nudité (ou la sienne, à ce niveau là, ça ne l'a jamais gênée) ni d'être à nue ni d'avoir toutes les marques de son corps exposées.
Celles qu'elle a portée depuis sa jeunesse,
Celles qu'elle s'est infligées,
Et celles qu'on a marqué sur sa peau au fil des combats et des années. Elle se redresse, sort des draps qui l'ont cajolée, te faisant dos (il est moche son dos, hein) pour attraper un sous-vêtement et l'enfiler, recouvrant sa poitrine du t-shirt le plus proche.

Tes habits ont disparu.
Elle s'en fout, si tu savais.

Et bah tu te baladeras dehors la bite à l'air et tu te feras arrêter pour débauche et exhibitionnisme et tu finiras à Azkaban à te taper les détraqueurs. Une fin glorieuse, pour toi.

Elle croise les bras sous sa poitrine, t'observant. Son corps n'est pas aussi parfait que le laissent paraître ses tenues, mais elle ne semble pas s'en embarrasser.

Toi même tu le sais.
Elle est un monstre.
Et ce n'est pas ainsi qu'on naît.
Il a bien fallu qu'on la taille dans le marbre.
(Même si elle ne le laissera jamais transpirer.)
Portant tout le poids du monde,
Sans jamais s'en accommoder,
Chercher à se faire excuser,
Ou nier sa seule responsabilité.

Un bref soupir.
Un peu de pitié à t'accorder alors qu'elle s'en va fouiller dans son armoire. Tu es plus petit et pas bien large... Elle réfléchit, fouille dans le peu de tenues qu'elle a - pas vraiment une fan de mode, il faut l'avouer, même si elle sait s'habiller. Alors, finalement, elle sort un t-shirt et un survêtement, te les jetant presque au nez.

Brûle les une fois chez toi.

Manquerait plus qu'elle ne porte ce que tu as touché.
Elle attrape dans sa table de nuit le paquet de tabac qu'elle commence à rouler et sortant par la même occasion de quoi faire partir son mal de crâne.
Agite sa baguette qu'elle a rapidement trouvé pour lancer un café.
Et si tu en veux un,
Tu peux toujours rêver.
Parce que c'est la porte qu'elle pointe du doigt,
L'air de dire qu'il est temps pour toi de t'en aller.

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Elle ne voit pas l'empathie dans tes yeux. Même si elle se retrouvait confrontée à la chose, elle ferait mine de ne pas la voir. C'est trop compliqué quand les gens commencent à penser qu'il y a quelque chose chez elle. Quelque chose d'humain. Qu'elle est plus que cette cruauté gratuite, cette violence injuste et cette colère dévastatrice. Après, elle se retrouve à devoir faire comme avec Fallen. A mettre de l'effort pour taper là où ça fait mal, et s'assurer de détruire tout ce qui a pu naître.
Aussi étrange que ça puisse paraître,
Elle n'aime pas faire ça.
Si elle n'a pas de remords,
Ca ne l'empêche pas de vouloir épargner.
De temps en temps, même elle est frappée de bonté.

Les gens comme vous ont assez perdu.
Elle n'a pas besoin d'être une guerre de plus.
Un fléau, oui. Mais un enjeu ? Non.
Il ne faut pas s'y attacher.
Parce qu'elle n'est pas là pour rester.

Tu n'iras pas à Azkaban, mais l'idée de te voir balader dans la rue depuis sa fenêtre en tenue d'Adam l'amuse quelque peu, elle l'avouera. Elle jette un coup d'oeil à ce fameux corps, quand tu t'habilles. Qu'elle voit si, au moins, elle n'a pas eu une trop mauvaise pêche.
(Même si tu seras toujours la pire des prises.)
Mais son regard - inchangé et inexpressif, se brise à son tour l'espace d'une seconde. Les marques qu'elle ne connaît trop bien - retourne ses orbes bleues sur le tabac qu'elle doit rouler.
Elle non plus ne se perdra pas en pensées inutiles.
Elle ne doit pas prétendre de te comprendre.
Ni commencer à te considérer comme plus que tu n'es.
La vie est une chienne - pas qu'avec elle, elle le sait.
Rien ne sert de se perdre en bon sentiment.
Son tabac est bien plus intéressant.
Tu sembles toi-même en comprendre l'intérêt quand tu viens en quémander. Elle relève ses yeux fatigués (c'est que la nuit a été agitée, et tu ne sembles pas lui avoir laissé beaucoup de répit) vers toi.

Ah ?

Sa voix se brise un peu, la surprenant, alors qu'elle porte sa main à ses lèvres.
Preuve que la nuit n'a pas été mauvaise.
Laisse un petit soupir s'échapper, presque résignée. Elle te fait signe de t'asseoir sur l'une des rares chaises, puisque tu sembles être ici pour rester. Elle s'occupe de la sienne, pour commencer, faisant léviter sa tasse jusqu'à elle quand elle prête avant de s'atteler à son (trop généreux) cadeau.
C'est que, comme l'alcool, elle sait s'y faire.
Un autre vice qu'elle maîtrise parfaitement.
Pas le moindre pli de trop, le tassage parfait.
Elle finit par te la tendre.
Prend de sa main libre son café pour commencer à le boire et en profiter.

Tiens.

Elle n'a pas la foi de mettre de l'animosité dans sa parole écourtée (pour éviter d'autres cassures) même si elle ne pourra la changer ; rauque, légèrement, et peut-être pas aussi assurée qu'à son habitude. Toujours ce brin latent de sensualité, comme si la nuit n'était pas tout à fait terminée.
Quelle situation bizarre.
Elle préfère ne pas trop y penser.
(Tentée de déjà retourner boire,
Pour encore une fois oublier.)

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Merci. C'est qu'elle manque de se demander s'il n'y a pas quelque chose qu'elle ignore dans son café pour avoir entendu un remerciement. Elle te regarde, d'ailleurs, l'air légèrement perturbée par la chose.
Pas dégoûtée.
Juste... Circonspecte.
Qu'on lui montre une certaine politesse.
Peut-être qu'il y avait eut quelque chose dans ton verre qui faisait encore effet. Sûrement. Après tout, vous vous détestiez. Ce n'est pas l'échange d'une cigarette qui changerait ça. Ni une nuit passée ensemble.
Ca serait trop facile.

Hmm.

Elle ne te dira pas de rien, mais elle ne t'insulte pas.
C'est vraiment déstabilisant.
On pourrait presque croire que vous êtes capables de tenir une conversation... Civilisée. Un frisson la parcourt à l'idée. Tu lui rappellerais presque Rivage, avec qui elle se sentait trop semblable. Trop proche. Elle préfère se concentrer sur son café, quand elle ne prend pas une bouffée de sa cigarette. Remet quelques mèches derrière son oreille, délicate. Souffle un petit nuage blanc loin de ton visage, par réflexe. L'habitude. Elle ne réfléchit même pas quand tu demandes, la table petite et toi si proche quand elle se penche pour coller vos cigarettes, s'assurant qu'elle soit allumée pour se décaler. Elle n'a pas de briquet. Les sorciers n'en ont pas besoin.

Voilà.

Comme si ça coulait de source.
Elle ne se doute guère de tes problèmes ; ça ne l'intéresse d'ailleurs pas. Elle préfère profiter du poison qu'elle respire et de la caféine qu'elle s'injecterait en intraveineuse. Son appartement est, pour une fois, rangé, à défaut de la pile de livres non loin de son lit qu'elle semble avoir lus et relus sans jamais s'en lasser. D'ailleurs, des livres, il n'y a que ça, aussi surprenant que ça soit. Des récents, des anciens, sur la magie noire ou sur l'histoire, sur la romance ou le meurtre, sur la poésie ou la philosophie, tout ce qu'elle peut se mettre sous la dent - de tout, tant qu'il y a à lire. C'est tout ce qui l'inspire. La décoration est sinon épurée - quelques bouts de bois amassés dans un coin de ses colères qu'elle n'a pu contrôler, aucune photo ni rien qui laisse penser à des attaches familiales ou autres. Beaucoup d'alcool - organisé, trié, presque une collection qui mériterait le respect. Passionnée par son job, malgré son impassibilité.
Dommage qu'elle finira par le perdre.
Elle n'est faite que pour détruire, au final.

Donc...

Elle finit par souffler, entre deux nuages.

Tu te souviens comment on en est arrivés là ?

Elle te regarde, en coin, curieuse.
Elle, elle ne s'en rappelle pas, non.
Sa mémoire toujours si floue ne coopère pas.
Elle espère que la tienne le fera un peu plus.

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Ses yeux se posent sur ce pouce que tu maltraites pensivement. On ne dirait pas, mais elle a cette sale manie de faire attention aux gens. Quelque chose qu'elle s'efforce de réprimer depuis toujours. Une vilaine habitude de veiller et de prendre soin. D'enlever les dents des doigts. De s'interposer dans les bagarres. D'ajuster le col un peu mal mis. De manger ce qu'il n'aimait pas dans un silence compris. De se faire gronder à sa place. Et malgré les années qui passent et le caractère qui a beaucoup changé, ses habitudes ont la vie dure et elle se retient de pousser ta main de là, pour que tu arrêtes de t'abîmer.
Ce n'est plus son travail.
Avec toi, ça ne l'a jamais été.
Elle hoche la tête en accord à tes propos - un trou noir partagé. Elle aussi est étrangement calme. Si on lui avait évoqué la situation, elle se serait pensée beaucoup plus paniquée.
Et surtout beaucoup plus meurtrière.

Je ne pense pas. T'avoir drogué, je veux dire.

Pas dans ses habitudes.
Pas dans son protocole.
Et quand elle veut quelqu'un, elle n'en a pas besoin.
Et surtout, pourquoi te droguer toi ?
Te faire du mal ? Alors que ça l'en ferait pâtir tout autant ?
Ca n'aurait pas de sens, comme démarche.
Elle ne saura pourtant jamais.
Et ce n'est pas dit avec animosité à ton égard - non, d'ailleurs, c'est étonnamment honnête. Elle garde une main sous son menton pour soutenir son visage, le regard à son tour penseur.

Je ne sais pas qui a fait le premier pas...

Elle aimerait dire assurément que ça n'est pas elle.
Mais mentir ne servirait à rien.

Si c'était moi, je devais être sacrément éméchée. Je ne joue pas sans règle, d'habitude. Léger plissement de regard dans sa réflexion. Et je résiste très bien à l'alcool.

Toujours pas la moindre trace d'agressivité dans ses propos. Son dos vient retrouver le dossier de sa chaise alors qu'elle croise les bras, une main levée avec son précieux. Souffle une énième bouffée.

Qui sait, peut-être que c'est moi qu'on a dosée.

On avait déjà tenté la chose.
Alors pourquoi pas avoir réussi ?
Le simple fait qu'elle puisse l'admettre ainsi,
Est preuve que ce n'est pas une première.
Peut-être ne devrait-elle pas être aussi calme en se souvenant qu'on ait voulu abuser d'elle. Pourtant, son ton, à nouveau, ne semble pas te pointer du doigt. Elle ne te soupçonne pas le moins du monde. Après tout, toi non plus ça te ne réussirait pas de droguer une collègue. Vous aviez tous les deux trop à perdre et si peu à gagner.
Elle remonte ses jambes sur la chaise, les gardant contre elle.
Une brève main passée dans ses cheveux alors que ses lèvres gardent farouchement sa nicotine. Un court regard pour ses ongles manucurés. Sur la lumière qui traverse la pièce, dans laquelle on peut voir quelques particules flotter.
Le moment est presque apaisant.
Elle se sent étrangement sereine.
C'est bizarre.
Pas désagréable - ce qui est encore plus bizarre.
Elle sait que ça ne change rien et que demain vous serez de nouveau à la gorge de l'autre, que ce n'est qu'une accalmie temporaire. Une accalmie où elle peut ranger ses griffes et ses crocs, ses insultes et ses colères. Sans s'autoriser pour autant à être vulnérable (elle l'a sûrement déjà trop été dans tes étreintes au milieu de ses draps) non juste
Normale.
Plus humaine.
(Mais c'est peut-être tout aussi déstabilisant, pour toi.)
Elle suppose que tout ce qui s'est passé ici, restera ici.
Pas besoin de le dire pour partager la pensée, elle sait.
Alors, quitte à être humaine...

Tu veux un café ?

Diantre, elle ose proposer.
Un regard vers toi, calme, toujours.
Puis, une brève réalisation.

Ah.

Ah, ça y est, peut-être va-t-elle se mettre en colère.
Se ressaisir.

Je sais pas si j'ai quelque chose à manger... Je dois avoir de quoi faire des toasts et des oeufs... ?

Sincère réflexion, dénuée d'agression.
C'est qu'elle n'a pas l'habitude d'avoir des invités.
Et encore moins de les nourrir.
Elle qui ne mange, souvent, pas assez.

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Personne ne sait.
Rien n'a de sens.
Enfin, si, ton mal de tête semble prendre un sens certain. Elle hésite, tirant sur sa cigarette. Avant que tu n'adresses l'éléphant dans la pièce un peu trop étroite. Généralement pas attiré par les femmes. Son visage se redresse un peu, tourné vers toi. Un bref éclat de surprise, sans jugement.

Oh. Effectivement.

Beaucoup de choses prennent un certain sens, en sachant cela. Elle retiendra le fait qu'elle-même préfère généralement les femmes. Ce n'est pas important. Elle s'autorise l'esquisse d'un rictus - moqueur, comme à son habitude, mais bien plus doux. Pas agressif pour un sous.

Donc, je suis une exception ?

C'est qu'elle a de l'humour, au fond.
Elle s'en cache bien, mais oui, son sarcasme peut se montrer agréable. Et si on la connaissait mal, on lirait de la fierté dans ses yeux - mais il n'y a aucune fierté à prendre dans ce qu'il s'est passé et elle le sait parfaitement. Non, cette situation commence simplement à l'amuser.
Elle préférera toujours en rire qu'en pleurer.
Elle suit vaguement ton regard sur ses livres. Il fallait qu'elle en achète de nouveaux - impensable, mais elle a presque tout lu. Et ses étagères commencent, d'ailleurs, à déborder. Elle devrait les revendre - mais elle n'y arrive pas. Elle qui n'est pas du genre émotionnelle, elle qui n'a pas d'attaches - si, ses livres. Quelle absurdité.
(Plus humaine qu'elle ne le souhaiterait.)
Mais la question qui se retourne contre elle la fait rester dans son siège alors qu'elle comptait se lever. Est-ce que ça sonne... Comme de l'inquiètude ?
Mon dieu mais où cette conversation allait-elle.

Heu, en général, oui. Je sais cuisiner.

Bien mieux qu'on ne pourrait le penser, d'ailleurs.
Elle hausse doucement les épaules.
Plus inquiète de ce que tu auras à manger ce matin que ce qu'elle pourra avaler de la journée, ou de la semaine à passer.

J'aime juste pas ça. C'est chiant. C'est une corvée. Surtout seule. Mais si j'veux taffer et m'battre faut pouvoir carburer, alors au moins le strict nécessaire.

A regarder son pineapple ou à admirer le fond de son assiette sans un brin de conversation. Un être social, au final, comme tous ceux de cette race à laquelle vous apparteniez. De plus en plus de facettes que l'on ne pourrait soupçonner. Elle finit enfin par se lever de son siège, allant fouiller dans une boîte blanche une seconde avant d'attraper un verre qu'elle remplie d'eau et de le poser devant toi.

Tiens.

Parce que t'aimes pas quand j'utilise la magie sur toi.
Et qu'aujourd'hui seulement, peut-être, elle n'a pas trop envie de t'énerver. Elle penche la tête doucement sur le côté, posant sa cigarette dans le cendrier.

Alors ?

Café ? Toasts ? Oeufs ?
C'est que vous aviez le temps... Mais qu'elle ne supportait pas de rester sans rien faire.

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Des sourires complices.
Presque amicaux.
C'est vraiment trop bizarre - mais à ce niveau là, elle décide d'arrêter de trop y penser. De laisser plutôt venir les choses comme elles viennent. Après tout, la situation était tellement étrange, sûrement pour vous deux. Pas la peine de la rendre encore plus inhabituelle. Non, autant respirer un coup.
Si vous n'étiez pas morts d'avoir couché ensemble,
Le reste ne vous ferait sûrement pas plus de mal.
Tu comprends, dis-tu. Elle se demande si c'est réellement le cas ou si ce ne sont que des paroles polies. Elle ne fera pas de commentaires pour autant, te laissera prendre ton verre et ton médicament - elle ne t'empoisonnera pas ici. Se débarrasser du corps après une nuit de folie ne la tente que peu.
Et puis, qui sait s'il y avait eu des témoins.
Non, un crime ça se préparait minutieusement.
Et puis tu te relèves à ton tour, à sa surprise - toujours l'étonnement, pour une fois que vous n'agissez pas comme des enfants.

... D'accord.

Elle te laisse passer, allant simplement chercher dans une petite boîte de sa table de nuit un élastique avant de te rejoindre. Coincé entre ses lèvres, elle remonte sa chevelure, d'un geste habitué, pour la nouer en une queue de cheval qui, malgré la hauteur, descend toujours dans ses reins. Elle se lave les mains, ensuite. Réflexe de la restauration, sûrement, alors qu'elle sort rapidement une poêle, t'indiquant où sont les vivres dont vous avez besoin.

Combien de temps ça fait ?
Des années, à n'en point douter.
Très longues. Peut-être un peu trop.
Elle a arrêté de les compter.

Alors simplement elle commence à faire à manger, t'indiquant aussi où est la vaisselle qu'il faut sortir. Si ça ne tenait qu'à elle, un air de musique jouerait en fond pour définitivement tuer le silence de la pièce qu'elle a parfois du mal à supporter. A la place, elle s'autorise à humer discrètement. Pas forcément pour exprimer une bonne humeur quelconque, c'est pas vraiment son genre. Non, juste pour l'amour de la musique. Elle chantait, avant. Mais ça, c'était il y a longtemps.

Ah... Va falloir que je rachète des trucs.

Elle observe le vide dans son frigo d'un air ennuyé.
Il y a assez pour ce matin, mais ça la fait chier rien que de penser à devoir remplir cette tâche du quotidien. Elle attrape, par contre, la bouteille de jus d'orange, d'un air presque victorieux. Satisfaction dans les yeux. Encore mieux que le café, selon elle. Elle sort quelques glaçons dans un verre - s'arrête et se tourne vers toi.
C'est fou comme elle fait votre âge,
Maintenant qu'elle ne parle plus de meurtre.

T'en veux ? Y'a de la pulpe, par contre.

Prendre en compte tes préférences,
Sans y faire attention.
Car comme mentionné avant,
Les habitudes ont la vie dure,
Chez les Prescott.

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Tu presses des oranges chez toi.
Une information inutile qui pourtant vient prendre sa place dans la bibliothèque impériale qu'est sa mémoire et qui s'y ancrera plus que ça ne lui plairait. Toujours les mêmes réflexes qui ne changent jamais. Toujours les mêmes attentions qu'elle s'efforcera de ne pas refaire jaillir. Elle blâmera son taffe, au lieu de ses instincts qui allaient si bien avec la cravate rouge qu'elle n'a jamais aimé porter.
Elle aurait pu être une si bonne Gryffondor !
Mais comme pour tous les autres chemins,
Elle s'était égarée.

La préparation du petit-déjeuner se passe sans accroc.
Elle s'affaire à ses tâches sans trop penser à ce que la matinée lui réservera - sûrement un au revoir maladroit sur le pas de sa porte, alors que vous tentez tous les deux d'effacer ce que vous ne pourrez blâmer sur l'alcool. Et ça fait bizarre d'avoir quelqu'un chez elle. Encore plus quelqu'un comme toi. Ca fait bizarre d'avoir quelqu'un à ses côtés, elle n'y est plus habituée. (Le problème, c'est qu'elle s'y ferait) alors elle se doute qu'elle devra vite te chasser pour ne pas que ça n'arrive.
Il ne manquerait plus qu'elle dérive !

Et puis ta question vient.
Elle te regarde, d'un coup, lèvres entrouvertes.
Circonspecte. Et puis, aussi, un peu désemparée par l'hésitation dans ta voix. Le malaise qu'elle y sent. Timide et désinformé. Elle pourrait se foutre de ta gueule. Elle pourrait aussi te foutre la frousse de ta vie en te mentant. Assurément, ça serait bien facile à faire. Mais, tout aussi assurément, l'envie n'y est pas - elle n'est pas trop sûre pourquoi. Alors, pour une fois, elle te rassurera.

Oui. On a sortilège pour ça, mêlé à une potion, que l'on prend dès la puberté. C'est très efficace, y'a aucun risque de ce côté là.

Ne t'en fais pas.
Elle ne le dit pas, mais le message y est.
Elle est méticuleuse, sur ça comme le reste.
Aucune envie de se retrouver avec un marmot dans le chaos de sa vie. Elle profite des rares plaisirs que la vie a à lui offrir sans risquer quoi que ce soit. Elle se doute que tu n'as pas eu ce genre d'infos, dans ton éducation, n'étant ni concerné, ni en capacité de l'appliquer de toutes façons. Et les cours à Poudlard sur le sujet... Ce n'était pas des plus passionnants. Elle comprenait.
En attendant que les oeufs ne cuisent, elle se tourne vers toi.

J'suis clean, aussi, si jamais. Vu ton inquiétude, je suppose que toi aussi.

Elle se doute que ça allait venir après la première question.
Prête à coopérer pour partager ce genre d'informations.
Que ça soit lui ou un autre - elle avait des règles.
Ce n'était que juste de les lui partager,
Même en retard.

D'autres questions ?

Après tout, profite.
Elle semble prête à répondre.

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Si elle se pensait confuse, toi, tu as l'air au bout du rouleau. Elle n'est pas sûre de comprendre pourquoi - ou alors, elle préfère ne pas y penser. Certes, votre situation était anormale. Hors des sentiers battus. Mais vu que c'était à peu près le résumé de sa vie, elle n'était plus à ça près.
Il semblerait qu'elle sache s'adapter mieux que toi.
C'est un peu son atout, pour survivre, il faut l'avouer.
Alors pendant que tu sembles t'accrocher à ce rebord comme s'il allait t'empêcher de t'effondrer, elle s'occupe de finir la cuisson des oeufs que vous allez manger. Elle fera un effort, pour une fois, puisqu'elle est accompagnée.
Et puis, tu es clean.
C'est tout ce qu'elle avait besoin de savoir de son côté.
Tu ris, toi.
Elle se demande ce qu'il y a de drôle.
Dans ce qu'elle a dit, hein.
Parce que votre situation est belle et bien hilarante.
Vos yeux qui se croisent et elle se demande si elle se fait un film quand une certaine tension lui parvient. Pas le genre qui lui ferait agripper sa baguette pour t'expulser contre un mur. Plus qui lui ferait prendre ton col.
Tu finirais toujours contre le mur.
Ou le comptoir.
Ou la table.
La question c'est qu'est-ce qu'elle ferait, après ?
Te frapper ou t'embrasser ?
Encore une fois, elle préfère ne pas y penser.
Alors son regard se détourne pendant qu'elle délaisse la poêle, mettant les tranches de pain dans le toaster.

Et puis, tu fouines.

Elle s'arrête dans son geste.
Retourne un regard plus méfiant vers toi.
C'est que ses réflexes ont la vie dure, toujours - les meilleurs, comme les pires. Et elle veut savoir ce qui, de ta question, transpire. De la curiosité ? Chercher à la blesser ? Elle ne parle jamais de Poudlard. Elle ne parle jamais de ce qu'elle fut avant de se trouver derrière ce bar où tu as appris à la côtoyer. A la supporter, plutôt.
Elle risquerait de devoir aborder sa famille.
Ce sang qu'elle continue de renier.
Et elle n'en a pas envie.
(Elle n'en a pas besoin pour se souvenir qu'elle est un échec.)

Je me faisais discrète.

Dans son attitude comme dans ses magouilles.
En dehors des bagarres qui ont fait son histoire.
Et ses duels qui ont commencé son long palmarès de victoires.
A part ça, elle n'était qu'une ombre.
Son jumeau l'avait si vite remplacée.

(Et c'est dommage,
Parce qu'elle aurait pu repousser
Et fleurir ! Elle aurait été si belle
Si elle avait pu s'épanouir.)

Mais on lui a coupé l'amour sous le pied (Grenat aussi, elle a vite été enterrée) avant qu'on ne la nourrisse que de haine, quand son reflet a commencé à l'effacer. Elle hausse les épaules.

J'avais pas les cheveux bleus, non plus, à cette époque.

Et surtout, elle sait.
Et la remise des diplômes ?
A défaut de l'ASPIC, les DEMA où elle aurait brillé !
Sans jamais un doute de sa puissance qu'elle porte en fierté, ses bonnes notes coulaient de source pour quiconque la connaissait - brièvement, même. Et encore plus pour ceux qui connaissent son amour du savoir - celui que tu peux apercevoir dans l'antre où elle est terrée. Alors, elle avoue.

Et puis, je me suis faite renvoyer.

Ni fière, ni honteuse.
Toujours une brebis galleuse.
Ce n'est pas que sur sa peau qu'elle porte des bagages.
Elle n'a que ça, des valises encombrantes.
Et tu ferais mieux de ne pas t'en soucier.
Le toaster sonne et elle récupère les tranches qu'elle pose dans les assiettes, venant y ajouter les oeufs, préparant la sienne comme bon lui semble en te faisant signe de faire de même pour toi, à ta convenance.

Sans un regard pour ta personne elle fait demi-tour et retourne s'asseoir sur sa chaise. Peut-être moins insouciante (mais pas triste) juste impassible, comme si les émotions négatives, hormis la colère, ne savaient plus l'atteindre.
Abel la hante.
Même sans l'évoquer, il est partout.
Dans le coin de sa tête.
Dans le creux des aveux qu'elle ne fait pas.
Non loin des confessions.

Elle le déteste.
Elle regrette.
De ne pas l'avoir tué,
Quand elle aurait pu le faire.
(Elle a hésité.)
Et ça a suffit pour qu'on vienne le sauver.
(Qu'est-ce qu'elle est bête.)
Elle le déteste.
Elle le déteste.
Elle le déteste.
(Et elle chantera la même chose,
Jusqu'à son dernier jour,
Après tout, elle est incapable d'amour.)





Dans l'espoir de se convaincre que c'est la vérité.

late night devil sometimes you're a stranger in my bed don't know if you love me or you want me dead push me away push me away then beg me to stay beg me to stay, yeah (ft. earl / musique)

Une gryffondor discrète. Non, ça, ça n'existe pas. Alors elle se permet de te corriger, une brève lueur dans ses yeux bleus.

Non. Une qui se fait discrète. Ca, c'est une Gryffondor maligne. Mais je te l'admets qu'au milieu des écervelés enflammés, c'est assez rare.

Elle crache sur son propre blason.
Elle n'a jamais aimé ce lion.
C'est qu'elle aurait fait une si bonne Serpentard.
L'ambition.
La soif de pouvoir.
La fierté.
(La noblesse, bien que cachée.)
Et aussi vicelarde que le serpent qui les représentait.
Elle en avait côtoyé tant ! Avant d'être délaissée.
Comme toujours, au profit de son frère si parfait.
La pensée la rend amère. Toujours si amère.
C'est ton contact qui la ramène dans le présent, ton regard qui évite le sien alors que ses cheveux coulent entre tes doigts.
Délicats.
Presque tendres...
Le bleu que tu lui associes.
Qu'elle porte avec fierté.
Tout pour ne plus lui ressembler.
(Est-ce que quand tu vois cette couleur,
Je viens errer dans tes pensées ?)

Le petit-déjeuner.
Concentrons-nous sur ça.

Elle te regarde, attaquer la nourriture avec appétit avant de te reprendre - ça lui fait esquisser... l'ombre d'un sourire. Discret. Fugace. Amusé. Puis étouffer un rire dénué de mauvaise intention dans le creux de son poing. Une énième première. Un enfant affamé.

Bon appétit à toi aussi.

Encore des politesses maladroites entre vous.
Elle mange, les manières polies et délicates.
Elle ne fait pas partie de la haute, mais elle l'a côtoyée. Elle a appris et copié. C'était devenu une seconde nature, au fil des années. Elégante, toujours. Ca lui fait bizarre de se remplir l'estomac si tôt (tout est relatif, quand on vit la nuit) et à nouveau la scène lui semble paisible. Le silence pas vraiment pesant. Et puis, elle relève les yeux vers toi (des yeux qui semblent un peu plus doux, quand elle remarque) alors qu'elle avale sa bouchée. On parle après.

Earl.

La première fois que ton prénom passe ses lèvres.
Etonnamment doux.
Tu l'as entendue méprisante.
Tu l'as entendue médisante.
Tu l'as entendue hautaine.
Tu l'as entendue violente.
Et tu te souviens des cassures de sa voix dans le plaisir.
(Mais est-ce que tu savais
Que sa voix pouvait sonner comme ça ?)
Si douce quand elle s'adresse pourtant à toi.
Son doigt tapote le coin de ses propres lèvres.

T'as un truc, là.

Incapable de ne pas veiller, toujours.