Un peu de douceur dans ce monde de brutes ? Mais avec grand plaisir. En tout cas, à moins d’un retournement de situation improbable, ce fut vers quoi se dirigea la jeunette à la chevelure rose bonbon. Qui de mieux « qu’elle » pour lui offrir cette quiétude ?

Qui de mieux que Cillian ? Ou plutôt SillyCillian comme elle le signait à chacune publication de son blog. À l’instar de Vanille, elle aussi était une sorcière « connectée ». Et la célèbre commentatrice de Quidditch appréciait tout particulièrement suivre ses lives… bien que souvent elle jouait le rôle de perturbatrice, comme elle aimait le faire.

Toujours sulfureuse, c’était sa marque de fabrique. Si Vanille était une chaleur ardente, incandescente comme un volcan, Cillian était celle d’un feu de camp ; à la bonne température pour réchauffer, pas assez forte pour se brûler à moins de s’approcher de trop près.

Vanille avait eu l’honneur ; non, le privilège d’être invitée par la demoiselle Doyle. Ce qui comme on pouvait s’en douter, n’était pas pour lui déplaire. Allier l’utile à l’agréable ? Toujours un plaisir. Faire grimper sa côte de popularité tout en offrant sa réciproque à celle qui l’invitait ; les affaires sont les affaires !

Pour le plaisir… déjà celui des yeux de la demoiselle Artemisia pouvait aisément être comblé. Elle qui avait parfois un appétit particulier, elle ne serait contre croquer un petit morceau de celle qui l’accueillait dans sa demeure de fortune ; louée pour un peu de tranquillité sans doute ?

Tout le monde n’avait pas nécessairement la chance d’avoir son propre chez-soi. Vanille était issue d’un milieu aisé, ce problème n’était pas le sien.

Elle signala son arrivée en lui envoyant un message, puis attendit sagement qu’on vînt la chercher. Pas patiente pour un sou, elle sautillait presque sur place. Dû au froid ou à l’excitation ? Sans doute un mélange des deux.

Puis quand elle vint lui ouvrir, Vanille lui offrit son plus joli sourire avant d’engager la conversation ; comme souvent d’ailleurs :

─ Bien le bonjour, mademoiselle ! Merci encore pour votre invitation ! Je ne voudrais pas faire ma chieuse, mais… tu aurais un petit truc à boire ? Un truc chaud de préférence ? Chocolat chaud ça serait le pied !

Oui oui, la demoiselle prenait rapidement ses aises en effet.

Elle était accueillie comme une princesse, rien d’étonnant, on parlait de Cillian après tout. La douceur de sa voix n’avait d’égal que le velours ; et encore. Vanille appréciait ce genre de moment, ça la changeait des gens avec qui elle s’embrouillait sur Witchagram.

C’était à mettre sur le dos de son caractère sulfureux, certes, elle le cherchait bien. La chaleur que dégageait son interlocutrice n’avait rien à voir avec la sienne ; elle était la personnification de la bienveillance. Vanille elle, montrait la sienne sous une autre forme.

Elle entra avec un doux sourire aux lèvres, répondant à la proposition de son hôte dans le même temps, flattant celle-ci de son accent voluptueux, la flattant dans tous les sens du terme d’ailleurs, le fond et la forme :

─ Whoa, on est bien reçu quand on vient te rendre visite. Je devrais venir plus souvent. Qu’elle balançât pendant que son esprit fécond se perdit dans les méandres de ses pensées : pourquoi je ne le ferais pas tien ? Qui sait, ça lui ferait peut-être autant plaisir que moi. Idée qu’elle garda dans un coin de son esprit alors qu’elle enleva sa veste.

Ce qui laissa tout le loisir à son interlocutrice d’admirer le pull qui arborait les couleurs bleues et dorées de son équipe de basket préféré, en plus du logo. Après tout, la saison régulière en NBA venait tout juste de commencer, Vanille se devait de porter les couleurs de son équipe fétiche haut et fort.

Pas sûr que les sorciers au sang pur n’en avaient quelque chose à foutre, mais ceux qui aimaient le monde moldu pouvaient avoir la référence. Mais Vanille le portait surtout pour avoir chaud, le côté supportrice c’était juste un bonus.

─ Trouver non ça va. Franchement aujourd’hui les GPS sur les téléphones ça fonctionne très bien même dans les coins un peu paumés. Si j’arrive à m’y retrouver dans la cambrousse française ou italienne, en plein cœur de Londres c’est pépère.

Le chocolat chaud posé devant la demoiselle, celle-ci eut un sourire amusé lorsqu’elle vit les guimauves en plus. Ohlala, ça c’est ce que j’appelle du service cinq étoiles. Manque plus qu’un spa, un hammam, un massage et on est bon. Bah quoi ? Je suis exigeante faut pas croire. Mais ses exigences, elle les garda pour elle ; satisfaite de l’accueil, elle n’en demandait pas tant.

Après un briefing sur l’équipement du live, la demoiselle demanda, sans aucun rapport avec le setup utilisé :

─ T’as un stylo ? Elle attendit de l’avoir dans les mains avant de remercier son interlocutrice. Et alors qu’on pouvait penser qu’elle s’en servirait pour un usage habituel, que nenni. Elle s’en servit pour se faire un chignon de fortune, laissant quelques mèches de sa chevelure tomber chaque côté de son visage. Finalement elle répondit à l’interrogation de son hôte : nan pas besoin de voir les questions ne t’en fait pas. J’aime bien les surprises, je suis de toute façon trop spontanée pour préparer mes réponses à l’avance ; l’authenticité y’a que ça de vrai.

Et de toute évidence, pas besoin d’un raccord maquillage ou d’arranger la luminosité, Vanille brillait en toute circonstance. En tout cas, elle le pensait. L’avantage de déborder de confiance.

Son rire, comme musique aux oreilles de la commentatrice vedette, un petit sourire satisfait en coin, contente d’avoir provoqué cette réaction chez elle. N’oublia pas de noter dans un coin de son esprit que son hôte ne serait pas contre la revoir. Ce qui n’était pas tombé dans l’oreille d’une sourde.

Les deux demoiselles s’installèrent, Vanille était prête, l’était depuis qu’elle avait franchi le seuil de l’entrée. Le regard braqué sur Cillian ; l’observait alors qu’elle terminait les derniers préparatifs, tout en sirotant son chocolat chaud, suffisamment sucré à son goût sans trop l’être ; un sans faute de la blondinette pour le moment.

C’était également agréable de regarder une autre professionnelle à l’œuvre. Cillian semblait dans son élément, comme un poisson dans l’eau ; comme son homologue. À sa dernière déclaration avant de lancer le live, elle répliqua dans la seconde :

─ Roule ma poule, j’suis prête.

Ringard à souhait, mais elle tenait l’expression de sa mère ; peu importe son ressentiment envers elle, l’éducation qu’elle avait reçue était toujours bien là. Ancré en elle. Tandis que la demoiselle à la chevelure rose bonbon lorgnait sur son hôte, elle l’écoutait parler avec attention, buvant ses paroles avec le même plaisir que le chocolat chaud.

Un petit regard à la caméra lorsqu’on évoqua son nom, un petit sourire, un petit geste, et elle exhiba son pull en remuant la poitrine comme un danseuse. Où comment représenter les couleurs de son équipe favorite en fanfare.

Quand il fut son tour de se présenter, Vanille déclara avec enthousiasme :

─ Merci de me recevoir Cillian, c’est un plaisir d’être là ! Pour ceux qui ne me connaissent pas, je commente les matchs de Quidditch depuis quelques années maintenant. Je tiens aussi quelques lives pour débriefer les performances des équipes, des joueurs ; avec un peu de sel et de second degré sinon c’est pas drôle ! Petit clin d’œil en direction de son interlocutrice, avant de reprendre : Je pense ouvrir une chaine YouTube pour faire quelques analyses des matchs également, aller un peu plus dans le détail pour que les gens comprennent les décisions que les joueurs prennent pendant les matchs notamment, même si y’en certaines qui n’ont aucun sens. Elle ne pouvait pas s’en empêcher… rire narquois qui s’échappa de ses lèvres avant de conclure : quant à mon pull, je l’ai acheté au Chase Center de San Francisco quand j’ai vu mon premier match de basket. Pour les ignares, c’est un sport moldu, le meilleur sport de leur monde à mon sens.

Elle aurait pu s’arrêter là, mais comme elle aimait rajouter un peu de piquant, elle surenchérit à peine quelques secondes plus tard :

─ Et toi Cillian, pourquoi tu ne te présenterais pas ? Regard à la caméra, un nouveau rire amusé avant de reprendre : c’est ça qu’on appelle du second degré pour information.

Oui parce que se présenter dans le propre live qu’on tenait depuis un moment… c’était… bref. Tout le monde avait compris, bien entendu. L’invitée profita d’un petit moment de flottement pour boire un coup, elle n’attendait plus que son homologue pour reprendre les rênes, comme elle savait si bien le faire.

Manque de bol, Vanille ne lui facilitait pas la tâche. Le prix à payer quand on invitait une personnalité avec un caractère comme le sien sans doute.

D’un coin de l’œil, elle observait Vanille. Les petits sourires de son hôte, son regard qui la scrutait comme si elle était admirative ; lorsqu’elle l’entendit rire, une fois de plus la française afficha un sourire espiègle. L’ambiance était bien plus douce qu’elle ne l’avait imaginé.

Mais au fond cela n’avait rien d’étonnant. L’ancienne joueuse avait déjà regardé plusieurs fois ses lives et ils avaient presque un effet thérapeutique sur elle. Comme si elle pratiquait du yoga sans contorsionner son corps dans tous les sens.

Lorsque Cillian reprit la parole, en profitant pour se présenter, Vanille avait quant à elle les yeux rivés sur elle, buvant ses paroles jusqu’à complètement oublier qu’elles étaient filmées. Elle en ignora même jusqu’à la liste des questions qu’elle lui avait gentiment prodiguée.

Mais elle fut rapidement ramenée à la réalité quand son hôte exprima le fait qu’elles allaient se focaliser sur la FAQ. Le sourire de son interlocutrice et sa première salve de questions. Vanille but une nouvelle petite gorgée de son chocolat chaud avant d’entamer ses réponses, avec douceur et enthousiasme, sans oublier une pointe de sarcasme :

─ Nan on se déteste. Elle pouffa de rire avant de désamorcer sa bêtise : je plaisante. Disons que ça dépend des fois. Ce qu’il faut bien comprendre c’est que je ne critique que leur performance. Pas leur personne. Je critique non seulement en tant qu’ancienne joueuse, mais également en tant qu’experte en plus d’être passionnée. Mais tout le monde ne sait pas forcément faire la part des choses alors oui, parfois, ça s’envenime un peu. Mais je m’en fous à vrai dire. Je ne suis pas là pour leur lécher le cul, s’ils font de la merde, ils font de la merde. Et c’est bien d’être ramené un peu à la réalité parfois. J’ai moi-même souvent été sous le feu des critiques… et je donnais le meilleur de moi-même pour leur donner tort. Ça fait partie du jeu, du métier. T’es payé une bonne somme pour te dandiner sur un balai, faut assumer derrière.

Vanille dans toute sa splendeur, franche, directe, mordante. Il fallait s’y attendre ; c’était la passion qui parlait. Un petit sourire à la caméra puis elle focalisa de nouveau son attention sur celle qui l’avait invité. Elle oublia les questions qu’elle lui avait glissées, préférant poser les siennes :

─ Moi j’ai une question pour toi, Cillian. Enfin plusieurs à vrai dire. Comment tu me trouves ? De nouveau un rire espiègle avant de reprendre : plus sérieusement, tu penses qu’on doit absolument arrondir les angles quand quelqu’un ne joue pas correctement ? Est-ce qu’il ne vaut mieux pas être franc et tant pis si ça blesse ? Comment tu voudrais progresser autrement ? D’autant que c’est une question qu’on peut appliquer aux relations amoureuses. Est-ce qu’on doit toujours être franc ? Je suis curieuse de savoir ce que tu penses.

Petite dragouille, petit sourire goguenard. Ah oui, elle prenait son pied cette emmerdeuse.  

Vanille éblouissante, une évidence bien entendu. Toutefois, celle-ci accepta le compliment d’un petit sourire malicieux. Dans sa tête, c’était un feu d’artifice alors qu’elle se gaussait intérieurement. Bien évidemment, impensable pour elle de ne pas rebondir.

Ce qu’elle fit, alors que son interlocutrice énumérait ses questions, la jeune femme murmura en la regardant droit dans les yeux, laissant cependant tout le monde dans l’interrogation sur ses dires qui furent inaudibles :

— C’est réciproque belle blonde. Elle se retint de pouffer de rire et préféra mettre sa main dans sa bouche en faisant semblant de tousser pour masquer son gloussement.

Et pendant que Cillian délivrait son exposé, Vanille écoutait presque en buvant ses paroles. Sans pour autant être forcément d’accord avec tout, elle entendait tous ses arguments. Cela ne faisait que confirmer la douceur qui l’habitait. La blondinette était aussi guimauve que les marshmallows qu’elle avait mis dans son chocolat chaud.

Ce qui contrastait avec la personnalité explosive et clivante de son invitée. Pour autant Vanille savait elle aussi être douce comme un agneau ; mais elle ne le montrait pas au premier venu. Elle vivait sa vie à cent à l’heure et avait parfois du mal à se poser pour réfléchir. Cette impulsivité, elle le tenait de sa mère, son goût pour le confit aussi. La tendresse de son cœur, elle le tenait de son père.

Curieux mélange certes, mais elle était ainsi faite. Elle choisit finalement d’apporter sa propre conclusion aux propos de son interlocutrice :

— Tu pourrais encore parler comme ça pendant des heures, ça ne me dérange pas. Doux sourire, alors qu’elle vint réaliser qu’elle pensait à voix haute. Elle se reprit dans la seconde, masquant sa petite gêne : j-j ne dirais pas que je suis d’accord avec tout ce que tu dis, mais je comprends où tu veux en venir. J’ai ma propre vision de la franchise de mon côté. Je n’ai pas la sagesse de la maquiller ou de choisir le bon timing.

Celle-ci sortait de manière brute et parfois abrupte. Et bien qu’elle n’avait aucune intention de blesser… elle se disait qu’elle n’était pas responsable si cela arrivait. Un cœur tendre certes, mais à sa façon.

« Est-ce que le Quidditch te manque ? demande @SosoQuidd »
— C’est mon métier, je ne vois pas comment ça pourrait me manquer. J’en bouffe tous les jours. Bien sûr qu’elle comprenait le sens de la question, bien entendu qu’elle avait sciemment choisi d’y répondre avec second degré. Le clin d’œil comme pour rassurer les spectateurs de sa compréhension et elle surenchérit avec franchise : J’espère qu’un jour je remonterais sur les terrains. Je ne sais pas quand, mais je l’espère. J’ai une coupe du monde à faire gagner à la France. Désolé pour les fans des griffes, des flèches et tout le tralala. Mais une chose est certaine : je ne remonterai pas sur les terrains pour faire de la figuration. Je remonterai pour mettre tout le monde dans la sauce, soyez-en certains.

La détermination qui n’avait jamais disparu. Vanille attendait la moindre opportunité pour revenir, sans avoir la moindre idée si elle se représentait un jour. Quant aux questions suivantes, elle y répondit alors qu’elle fixait son interlocutrice, sans même s’en rendre compte, le regard happé par elle :

— Oh j’ai l’habitude ne t’en fais pas. Rire amusé, elle reprit toujours avec une honnêteté effarante : les relations sérieuses c’est pas trop ma tasse de thé à vrai dire. Mon cœur n’est ni pris ni à prendre. Mon cul en revanche c’est une autre histoire. Elle pouffa de rire de sa connerie, but une gorgée de sa boisson et enchaina dans la foulée : pour l’instant je batifole, mais rien de sérieux. Je pense que je n’ai pas trouvé la bonne personne pour ça ; ou bien j’ai pas encore envie de m’assagir peut-être ? Si je dois être avec quelqu’un et faire ma vie avec, la personne doit danser sur la même cadence que la mienne, je n’aurai pas la patience de ralentir pour elle. Mais je suis sûre que tu dois émoustiller les foules au moins autant que moi ma belle, est-ce que tu vas briser mon cœur et celui des spectateurs en disant que le tien est pris ?

Incorrigible celle-ci.