Journeys don’t end
Have you met them ?
Saturday s’en va, à la poursuite d’un frère que tu n’as jamais demandé. Un que tu n’es même pas sûr d’avoir jamais aimé. Comment aimer celui qui t’a tout pris ? Ton père. Ta mère. Ta vie de famille. Tu en es persuadé, Thursday, avant l’arrivée de Friday et Rachel, la vie était belle. Elle était belle, n’est-ce pas ?
((Non))
On te regarde, on t’écoute, mais rien ne suffit. Rien n’est ce que tu voulais, alors tu préfères laisser la parole aux autres, ceux que Baron accepte d’écouter. De voir. De considérer. Sunday n’est pas un sujet de discussion (pas plus que toi), mais le vin et Tuesday sont un détournement de quelques minutes. Une impression fugace de discussion, d’une famille normale autour d’une table. Un rire perdu aux mots de ton frère aîné, sur lui, sur les vignes. Et tandis que tu pioches d’une fourchette distraite dans ton assiette, quand Tuesday enchaîne avec votre père, tu cherches le regard de Wednesday. Tu as tellement de peine, lorsque tu la vois ainsi. Jumelle d’une année séparée, tu ressens sa tristesse à elle qui ne souhaite que créer des liens de famille. Elle avait tout préparé, et il ne vous a fallu que quelques minutes pour tout gâcher.
Tu t’en veux.
Tu t’en veux comme si tout était de ta faute.
Tu insistes sur elle, tu espères qu’elle relèvera les yeux vers toi pour que tu puisses lui sourire. Désolé, la gueule cassé, mais infiniment reconnaissant à elle d’exister.
Puis Ciara arrive.
C’est plus fort que toi, tu fronces les sourcils lorsque Monday se lève pour l’accueillir. Tu te demandes combien de temps durera cette mascarade. Combien de temps saura-t-il garder secret cette histoire que tu as bien failli toi-même gâcher. De Monday, de Ciara ou de Leslie, tu ne sais pas vraiment celui qui est le plus à plaindre.
— Enchanté, Ciara.
Par réflexe, tu lui offres ton plus beau sourire. Elle n’a jamais vraiment demandé à être là.
— J’espère que vous aimez les soirées animées, il s’agit bien malgré nous de notre spécialité.
Charmant. Une pointe d’insolence. Ton plus beau et ton seul combo.
Ton aîné appelle pour le dessert, et même si tu trouves que c’est un peu tôt, ce n’est pas toi qui contredira quoi que ce soit. Repu par les mauvaises humeurs autour de la table, tu poses tes couverts sur le côté de ton assiette. Tu cherches de nouveau le regard de Wednesday, un air réconfortant au visage, puis tu reviens à votre père.
— Nous n’avons pas pris le temps d’en parler, Père, mais que pensez-vous des polémiques politiques au ministère ? Votre avis est passionnant, j’en suis certain.
Autant le faire parler de lui, c’est en général ce qui lui fait le plus plaisir.
Stuart en folie | 30 octobre 2032