Tu étais tellement occupé à te noyer dans ton propre misérable état que tu as oublié ce qui anime ton palpitant
tu aimes les vivants
tu aimes les larmes qui les rendent fragiles
tu aimes serrer les explosions de sentiments dans le creux de tes bras
et surtout tu ne peux pas t’empêcher de fixer
fixer l’acmée même d’un coeur qui se fend en deux et courir vers lui pour qu’entre tes doigts il reste intacte. Au final, Croyance, tu n’as pas changé. Tu restes cet enfant au sourire innocent, cet enfant qui comptait les étoiles, les nommait pour t’en faire des légendes. Et même si ton corps est suturé et recouvert de bleus tu restes là
amoureux des monstres
amoureux des anges
amoureux des Hommes.

Et lui, le damné, il s'imaginait glisser ses doigts dans ton pelage. Cette phrase te provoque encore un frisson, comment peut-il même vouloir ça. Mais qu’importe, ton pas est rapide dans les brumes d’un hiver qui s’annonce dévastateur, ton souffle pourtant lui, est léger. Tu ne luttes pas pour te déplacer, les ailes à tes chevilles rendent les choses plus simple et voilà qu’en quelques minutes tu es devant sa demeure.

Un regard jeté, les lumières allumées et tu toques. Pas de réponse et tu t’y attendais alors tu sors ta baguette pour déverrouiller cette barrière entre lui et l’alcoolisé. Après tout, inconsciemment, il t’a demandé; viens.

Atticus, c’est moi, Croyance, je suis entré. Tu ne pouvais pas ne pas venir. Vous partagez la même peine, vous avez la même marque du mal sur votre peau. Vous êtes les enfants à qui on a volé la jeunesse. Vous n’êtes que des écorchés. Des grands brûlés d’un incendie d’adultes. Alors quand ton regard tombe sur l’épave qu’il est tu t’approches, ombre blanche, silhouette gracieuse dans une nuit qui te connaît que trop bien.

Un mouvement rapidement de poignet pour attirer à toi un verre remplie d’eau que tu poses devant le grand brun, ton regard brûlant qui se pose sur lui alors que tu t’inclines, lui relève le menton de tes doigts

Alors comme ça tu voulais mon attention ?

Un sourire qui semble se démarquer des autres, un sourire teinté par la vérité alcoolisé et tu te retiens de rire. Rire comme le bon enfant que tu étais face à la bêtise d’un camarade parce que Atticus il a toujours eu le parfum du passé. D’une enfance dévorée par des monstres bien trop grands, vous étiez bien trop jeunes. Tu fais un petit non de la tête puis tu attrapes doucement sa main pour la poser entre tes mèches blanches

Tiens. Ils sont tout comme ma crinière tu sais. Mieux, ils sentent bon, eux. tu tires une chaise, pour t’installer face à lui, accoudé sur la table, ta joue dans ta paume, tes yeux paradis qui viennent se perdre sur lui. Cartographie la douleur de son être; tu n’y feras rien, tu n’es pas son médecin ce soir tu es juste
Croyance, préfet
et lui c’était un serpent plein de colère
comme tous ceux qui abordent l’émeraude
((et tu les aime tant))

j’ai des doutes sur ça. Earl serait déjà là, tu ne penses pas ? Il est plus fidèle que moi. De qui, de lui ou moi, est le parfait chien, mh ? Tu sais que je l’ai mordu ? Quand je devais avoir .. 18 ? 19 ? j’étais furieux, je pensais qu’il s’amourachait de ta gorge se noue et tu t’en veux d’un coup d’avoir abordé le sujet, car lui, il restera à jamais dans tes pensées comme un monstre caché. tu attrapes alors le verre d’alcool pour le finir à la place du brun, d’un coup, sans même remarquer de l’infirmier. bref. J’étais furieux, l’esprit nécrosé, je ne comprends toujours pas pourquoi j’ai agi ainsi.

un instant de flottement et un rire cassé dans le fond de ta voix

si, l’amour. toujours l’amour. l’amour jusqu’à ma mort, l’amour même dans ma tombe, l’amour dans mon nom, mon cœur, l’amour comme maladie.

tu te redresses, prends enfin le temps d’ôter ton manteau et toi ? pourquoi es-tu dans cet état ?