Le café est déjà froid, c’est son regard qui s’échoue dans l’amertume de sa couleur qui lui raconte que l’horizon en est devenu spectre. Et lui s’engouffre dans la noirceur d’un hiver qui lui pèse plus lourd qu’il n’y paraît ; son regard s’effrite sur les environs, son regard se noie dans le vide et il ne le regarde pas, parce qu’il a toujours aimé les longs silences qu’ils pouvaient gouverner sans que ça ne les dérange. Ils avaient pendant longtemps été agréable mais il sait Ashe, que ce qui est agréable à ses côtés ne l’est jamais longtemps. Peut-être qu’il avait apprécié la présence de Cimeries, fragile et silencieuse ; mais peut-être qu’il avait ressenti ce besoin d’être son bouclier quand il le fallait, parce qu’il était plus fragile que le reste.
Quelle douce ironie, quand on sait ce qui se passe entre ses murs.
— Si tu as quelque chose à me dire, dis-le clairement. Parce qu’expliquer - il n’y a rien à expliquer. Il prétend, les sourcils froncés alors qu’il finit par enfin le regarder. Et c’est embêtant parce qu’il n’a que son regard à discerner, toujours sous son masque, Ashe peine à distinguer ce qu’il exprime réellement. Même son timbre de voix lui est insuffisant. Ça devait être simple, d’exister sous un masque assez conséquent - mais Ashe n’avait pas assez plongé dans ses songes pour le comprendre, il ne le ferait sans doute jamais.
Tu veux le tuer ? Qu’il questionne. Et son regard s’assombrit à ce
le, car il sait de toute évidence qui est ciblé. Il le sait et il gronde d’avance de ce qu’il sous-entend. Il sait Ashe, qu’il n’a pas été assez compétent et il s’est déjà fait réprimé à ce sujet, il n’a pas besoin d’être plus enfoncé. Il n’a pas besoin d’être ramené à la surface, car c’est lui la mer déferlante. C’est lui qui sème les vagues alors il est son propre déchaînement et si une personne peut bien lui rappeler son insuffisance, c’est lui-même.
— Pourquoi est-ce que je ferais tout ça, si je voulais le tuer ? Ça n’avait pas de sens, pourtant feindre l’ignorance n’en a pas plus, et il sait très bien Ashe, de quoi Cimeries veut parler. Il ne pourra en réalité pas l’ignorer bien longtemps. Quand bien même il essayait ; il était toujours ramené à cette dure réalité et constater tous ses propres échecs l’amenait à croire qu’il n’en sortirait jamais. Cette fois-ci pourtant, cela avait été de justesse.
— Je n’avais pas d’autres choix que de l’emmener avec moi. Tout se passait bien jusqu’à ce que quelques imbéciles décident qu’une prise d’otage était une solution adéquate à la situation. Il aurait aimé s’en persuader, mais il ne pouvait pas les blâmer. Sa seule erreur était d’avoir ramené Parsifal ici et pourtant, il n’arrivait pas même à s’en vouloir, maintenant que le malheur était passé. Il aurait pu disparaître, pourtant - il aurait pu également tout apprendre, et quel tourment cela aurait-il créé ? Ashe n’est qu’une parcelle entière de secrets et Parsifal n’est qu’un admirateur naïf de ce qui n’est indéniablement, pas la vérité.
— Tu sais bien que je lui suis entièrement dévoué, mais Parsifal sera toujours ma priorité. Parce qu’il n’y a de toute évidence, que lui qui compte. Il n’y a que lui capable de rendre le chemin moins sinueux et si c’est pour le protéger alors il fera n’importe quoi.
Mais peut-être qu’il était temps de voir la vérité comme elle l’est réellement ; aucun d’eux deux ne peut-être sauvé.