Les murs portent l’arôme des larmes brusquées et on y devine, dès qu’on en distingue les teintes opprimées, qu’il y a tant de rires qui sont morts sur leur surface, tant de peine qui en ont tailladé l’étendue. Le raisonnement des rires s’est évadé, il ne reste qu’un silence infini bientôt rattrapé par les cris ou les larmes, et c’est parce qu’il s’y est habitué qu’il n’en est plus autant perturbé.
Ashe, les doigts distordus presque qui se pressent sur la table - même un peu bancale - de la cuisine. Ronge comme une mite sa surface c’est qu’il faut rentrer vite Parsifal ; plus tard quand s’éveille la nuit, il sait les rats de sortie et c’est effrayant de le savoir ailleurs.
Et pourtant, n’est-il pas réellement plus en sécurité, à l’extérieur de ses murs ?
Loin de lui ; loin des ténèbres et pourtant - dehors aussi, il fait si noir, c’est à s’en demander s’il ne s’est pas perdu.

La lumière ne se fane pas, elle n’a pas le droit ; elle s’éveille. Il s’en persuade et pourtant depuis si longtemps, elle brûle et le firmament lui-même se meurt.
Entre les murs, Ashe solitaire à l’esprit troublé, c’est de le savoir ailleurs sous le dôme céleste déjà bien marqué. Voilà qui dépose des bribes de songes malmenées dans son esprit et il ne veut pas y songer (plus) - ce ne sont que des parasites. Il rentrera, bientôt, il rentrera, rapidement et il n’y aura pas de cicatrices ni de bleus cette fois ; il ne rampera pas, plus. S’il doit le faire, ce sera ici n’est-ce-pas ? Car il préfère que cela soit de ses mains - c’est évident oui. Il faut se salir les mains pour préserver la lumière - elle lui a dit ça très récemment, alors c’est sans doute cela.

Dans un claquement de porte, c’est presque qu’il s’illumine d’entendre le grondement des pas les plus effrayés par la nuit. Parsifal arrivé, finalement avec dans ses bras un carton - si Ashe s’en gausse lorsqu’il l’entrevoit de l’autre côté de la pièce, c’est lentement qu’il se déniche de l’ombre alors qu’il s’approche du point d’eau.
Ashe ne dit rien, pense seulement au départ - c’est qu’il se veut là toujours,
Mais finalement, il est toujours si loin.

— Parsi, il est tard. La voix qui gronde et pourtant - c’est davantage une remarque qu’un véritablement grondement. Les mains qui chutent, graveleuses sur la surface de sa peau - en un seul morceau alors, rassuré un instant, les plus naïfs pourront presque notifier une lueur de douceur. Elle se tarit bien vite, indélicate dans son regard, alors que ses fuselés s’abattent sur le carton.
À l’intérieur - ça gesticule peut-être un peu. L’oeillade déposée sur son visage qui se suspend plus bas, alors qu’il s’obsède à vouloir rester près. À vouloir rester ; peut-être oppresser, mais qu’en est-il réellement ?
— Qu’est-ce que tu ramènes ? Ça bouge.
Et si c’est vivant, alors ce n’est sans doute pas utile.

Admire sur ses lèvres ce sourire crispé, Ashe entend et voit - de ce regard tourmenté qu’il lui offre. C’est qu’il se trouve à rester là, un instant silencieux, tiquant sur les mots comme s’il ne les avait pas instantanément compris. Il en est en réalité tout autre et jamais rien n’a sonné aussi clair. C’est qu’à ses yeux, son contact fut bien court - c’est qu’il aimerait davantage prendre la peine d’explorer les tourments qui le hantent sans jamais les comprendre.
Et quand il se confond en excuses, son retard puis l’évocation de ce chaton, c’est à son tour de se confondre, l’esprit brouillé et le regard brumeux d’incompréhension.
C’est qu’il gronderait presque ; il n’y a jamais eu d’animaux ici. Pourquoi y en faudrait-il un ? Un instant se suspend en réflexion silencieuse et, du plus profond de son regard sillonne ses traits, grondant. Il y a tant de réponses à donner à ce questionnement et pourtant, il ne lui en vient tout d’abord aucune.
Si bienveillant Parsifal ; il est presque dégradant de se tenir à ses côtés car Ashe dans son indélicatesse, sera toujours une tâche bien grossière et peut-être trop laide.

Dans son silence, sourcils froncés que son regard jongle entre le carton et son oeillade hésitante - Parsifal, qu’espérais-tu ?
Qu’il acquiescerait simplement ? Tu te trompais - dans ce sourire léger que les cieux ne peuvent contempler. Finalement observe le petit animal, si ridicule, si minime - il était sur qu’entre ses mains à peine oserait-il l’effleurer, il trouverait la mort. Il était si petit et fragile, et intensément cette fois-ci, il lui rappelait celui qui se trouvait en face de lui.
— Un chat.. Vraiment ? C’est qu’il n’ose pas même délaisser une de ses mains à l’intérieur - simplement ne sourcille pas lorsqu’il faut confronter les choses. Et s’il appartient à quelqu’un ? Il est peut-être dans la rue depuis un moment, tu imagines de combien de maladies il doit être infesté ? Froncement de sourcils écoeuré, alors qu’en observant le pauvre animal, il se rend compte de son état fragilisé.
C’est qu’il comprend sans doute pourquoi il l’a recueilli,
Si bienveillant et plein de compassion - pourtant il n’aime pas plus les animaux que ceux-ci l’aiment, ils sont si imprévisibles.

— Puis regarde-le, il est à moitié mort déjà. Mais tu sais Ashe, au plus profond de toi - il peut-être sauvé lui aussi. Tout le monde peut-être sauvé et pourtant ; le temps l’a forcé à se résigner. Ce n’est qu’un bête chaton et pourtant, il représente déjà beaucoup trop de parasites pour lui. Tu l’aiderais bien plus en le soulageant de ses souffrances.
Mais Parsifal, quand tu étais toi aussi petit animal blessé,
Jamais personne n’a apaisé tes souffrances, pas vrai ?

Parsifal l’espoir des plus naïfs dans le regard - de ceux qui croient que les plus grandes immondices encore peuvent être réparées. Et Ashe pourtant, rirait presque au nez de cette inconscience ; il faut admettre que ce qui croupit au fond de ce carton n’a aucun intérêt pour lui, qu’il n’en apprécie pas même la présence et pourtant, bien plus que les maladies et autres germes qui peuvent provenir de son pelage encrassé de microbes - c’est une bien autre raison qui gronde dans ses entrailles, sans qu’il ne puisse ostensiblement la définir.
Pourtant elle gronde, si puissamment ;
Parsifal - pourquoi Diable aurais-tu besoin d’un vulgaire animal ?
Ne te suis-je pas suffisant ?

Dans son regard empli de terreur brutale, Ashe se perd un instant. Se demande aussi, pourquoi insistait-il autant ? Ce n’était qu’un vulgaire animal, et s’il le voulait entre ses mains, il pourrait mettre fin à tout ça. Il n’y aurait alors plus de misérable insecte nuisible.
Crispé, les doigts grondent et rongent sa paume ; c’est qu’il sourirait presque, désabusé.

— Tu perds ton temps. Qu’il déclare presque froidement - alors que son regard fuit le sien pour aller chercher celui de l’animal. Ne le vois-tu pas, Parsifal ? Au fond, il se terre déjà - ne se tapisse-t’il pas lui-même un terrain de mort ? Il y a bien une raison pour laquelle il a été abandonné. Et en grondements, Ashe ne se suffit pas ; il sait pertinemment que rien ne le fera se rendre à l’évidence.
Un instant tique sur le chaton, pour aussitôt s’en détourner, le regard pivoté vers l’ailleurs, contemplant les tiroirs avant de se diriger d’un pas véhément vers l’un d’eux - là fouille un instant jusqu’à ce saisir de ce qui semble être suffisant.
Ashe - tu n’es pas cruel (tu te persuades)
Tu veux simplement son bien ; même à ce misérable animal.
S’il faut mettre fin à ses souffrances, tu réussiras là où Parsifal échoue sans cesse.

Brusquement fait volte-face vers lui - eux, si seulement considérait-il le chaton - couteau entre les doigts alors que les phalanges autour de resserrent. Ashe le regard malavisé sur le carton qu’il lui arracherait presque des mains.
— Mais si tu n’es pas capable de le faire, je vais le faire moi-même. Sans même se soucier de ses paroles - car il le sait Ashe, que certains ne peuvent pas être sauvés. Il est une perte de temps - et que se passera-t’il s’il finissait par survivre ?
Ça le ronge, lentement cette banale idée et pourtant - Ashe ne trouve pas de termes à poser là-dessus.
Et quand il pose la boîte sur la table, c’est pour forcer le petit animal à en sortir - peut-être pour un peu mieux constater son état et peut-être pour en finir et le laisser à son tour, trouver la paix.

Un instant, Ashe attentivement observe le petit animal - pourquoi le monde est-il si cruel, pourquoi lui même est-il si cruel ? Peut-être songerait-il à cela s’il lui restait un peu de bonne conscience. Mais Ashe depuis fort longtemps a sombré, esseulé de la chaleur d’un amour fervent et délaissé de bras amants. Il refuse désormais de perdre la lumière (elle n’est plus) - et qui sait encore, ce qui peut advenir d’actes pourtant si anodins et simples ?
Entre ses phalanges le manche presque glisse, c’est qu’il n’est pas effrayé au contraire, il sait déjà ; ce qu’il fait est sans doute la meilleure des choses à faire. Non, réellement, il ne fait rien de mal, pas vrai ? S’il le fait c’est - pour lui, pour eux, pour ce chaton lui-même et après tout ;

Lève le couteau au moment où en un cri, Parsifal s’impose. Il ne devrait pas, il devrait simplement regarder, comme il le fait toujours. Ashe se persuade que là est sa place et pourtant, c’est bien dans le but de protéger l’animal qu’il s’est imposé ici, prêt presqu’encore à prendre pour lui les coups.
Et au fond, il gronde si fort - que la colère sous son derme hâlé crie. Entre ses doigts, le couteau tremble de son envie nerveuse - et rien n’ira en s’arrangeant.

— T’en occuper, vraiment ? Raillerie cynique alors qu’une vile courbe tiraille les extrémités de ses lèvres, c’est qu’il rirait presque gorge déployée si seulement il pouvait se le permettre. Tu ferais mieux de t’occuper de toi, avant de t’occuper des autres. Crache son venin vipère, car parfois sans mesure ne sait pas à quel point la corde est sensible, ou peut-être le sais-tu, Ashe ? Peut-être t’en gausses-tu plus que tout, finalement ?
Et derrière pourtant, ce n’est pas qu’un ramassis de saletés qu’il veut faire disparaître,
Ce n’est pas s’en occuper non plus qui sera le plus dur,
Alors quoi ? C’est évident pourtant - depuis si longtemps.
Gronde colère et pourtant ce n’est qu’un chaton - c’est qu’il aimerait clairement se le dire. Mais c’est que de le voir donner tant d’énergie pour un misérable félin noie même les idées les plus simples.
— Je ne te suffis pas, pour que tu aies besoin de chercher des trucs pareils ? Libération des grondements et le regard tombe sur son visage ; grogne contre ses traits.
C’est qu’il ne sait pas ce qui le retient de le bousculer pour faire ce qu’il a à faire,
C’est qu’il ne sait pas pourquoi il s’enlaidit toujours un peu plus,
À chaque fois que la lumière ne brille pas que pour lui.

Pourquoi est-ce si compliqué, lorsqu’il ne suffit que d’un regard appuyé pour se noyer brusquement dans ses songes noires ? Pourquoi Diable s’éprend-t’il d’une créature aussi minime et insignifiante ? Ne le sait-il pas au fond de lui, que c’est parce qu’il s’est retrouvé dans ce misérable félin, que parce qu’il est aussi faible que lui, il veut sans doute le protéger.
Lui que personne n’a sauvé ni épaulé ; pas même Ashe.
Est-ce cette immondice qui hante sa gorge à chacune de ses râles ? Quand jonglent les oeillades, entre lui et le pauvre animal qui geint derrière. Et l’écho de son nom entre ses lèvres pourtant, n’a jamais été aussi clair ; pourtant définitivement, il n’est plus aussi doux qu’avant.

Et qu’est-ce qui a changé pourtant ?
Entre les oeillades délicates et les fragments de temps écorchés, entre les latentes caresses et les coups bruts - quand le hâlé et devenu violacé. Qu’est-ce qui a changé ?
Peut-être tout, peut-être que tout devait changer - peut-être était-ce inévitable, alors lentement Ashe, soupir sous le derme flambant de colère ou d’angoisse, ou peut-être les deux. Cocktail véhément et infâme et opium des brutes dont Parsifal est à chaque fois victime.
Il a les questions qui grondent dans sa gorge,
Se noient autant qu’elles titubent et alors se demande Ashe ; comment peux-tu en être aussi sûr ? Es-tu aussi certain de cela que certain de toi lorsque tu dis aller bien ?
Pourtant toute ce dévouement pour un misérable chaton est bien trop dur à laisser passer, et les doigts alors un instant sur le manche se crispent.

— Si je le laisse vivre, il mourra. Sourcils froncés alors que dorénavant, il n’y a que sous son regard apeuré qu’il répond.
Qu’implores-tu, Parsifal ?
Est-ce ma peine, ou ma colère ?
Parce que s’il meurt ; ça ne fera que plus t’abattre et tu es déjà bien assez brisé.
Car nous avons déjà bien trop de pièces à recoller - ou alors sont-elles définitivement perdues ?

— Tu le sais aussi bien que moi. Parce que tu es le premier à payer les frais de ta propre gentillesse, et de tes bras - toujours si grands ouverts pour les autres ; pour les animaux. Pour ce misérable alors ; c’est ainsi que tu te blesses à ton tour et fane jour après jour. C’est toujours les plus faibles qui meurent, et regarde comme il est.. Regarde-le, on dirait que même respirer est devenu un supplice ; ne te revois-tu pas en lui ?
Pourquoi as-tu lutté ? Tu l’as dis toi-même, c’est un chat.
Alors pourquoi devrait-on le laisser lutter ?

Parce que tu serais sans doute mort,
Si toi même tu n’avais pas lutté ; n’est-ce-pas ?

À cette véhémence têtue dans le regard Ashe ne répond que d’un visage troublé - pourquoi, depuis quand est-il si insistant ? L’idée qu’il puisse ainsi se démener pour aider ce pauvre chat lui est horripilante et Ashe se demande quelle volonté peut bien pourfendre le coeur d’un Homme pour en arriver à ce stade.
Il n’est pas question de lui mais bien de sens à ses yeux alors il ne répond qu’à ce regard brasier par la même colère dont il se sied chaque jour, cette même rage qui toujours fait les cents tours dans son esprit, Parsifal ne la fera sans doute pas taire aujourd’hui.
Pourtant rien ne va en s’arrangeant,
Et à ses mots, seuls ses poings se serrent encore et encore - sa mâchoire se crispe et Ashe se dépeint dans ses propres songes. Il ne veut pas être celui qu’il dépeint, il est persuadé de ne pas l’être - s’il le fait, c’est pour son bien. S’il le fait, c’est pour lui, pour eux et ce n’est pas lui qui rend tout si compliqué.
Dans cette vague perpétuelle de déni, il n’y a aucune sortie envisageable ; seule la violence a toujours semblé suffisante (à priori) et encore aujourd’hui, elle gratte sous le derme, le sang gronde.

— Tu t’entends parler ? Gronde voix, chant de ses mauvais présages - de ces glas tonitruant qu’entende les condamnés. C’est qu’il ne s’ose pas même à se rendre à l’évidence ; il a mal compris, ce n’est pas l’évocation du chat mais tout ce qu’elle signifie qui le fait grogner si fort. Tu es prêt à te faire battre à mort pour la vie d’un chat ?
Questionnement brusque du regard alors qu’au dessus - plus grand qu’il ne l’est déjà, paraît. Vissées les orbes dans leurs homonymes, il aurait pu ; simplement le bousculer - simplement mettre fin aux jours du félin, le libérer de ce fardeau trop lourd de cette peine, douleur trop grandissante à ses yeux.
Il aurait pu s’exécuter - mais les mots ont raisonné.
La question comme un glas assourdissant et aussitôt qu’il a grondé ; les notes sombres au fond de la gorge, la main s’est abattue.
Brutale et son esprit murmurait (ne m’en veux pas) ses songes parasites dévoraient tout ce qu’il lui restait (c’est pour ton bien tu sais) et aussitôt les fourmillements aux creux de la paume. Parce que le claquement a retenti contre la fragilité de son visage et que l’amertume s’est déposé contre son derme.

— Tu vois.. Les mots en suspens alors qu’il n’ose pas même regarder sa peau rougie ; peut-être est-elle habituée à finir tant blessée. C’est de ta faute, c’est toi. Tu ne me laisses jamais le choix, Parsi tu es.. Entre ses mains ; une lumière morte, blessée.

Mais les mots manquent, peut-être qu’ils ne s’osent plus.
Pourtant, c’est bien cette même main assassine qu’il dépose sur sa joue marqué pour en constater l’éclat ; c’est qu’il cherche à le percevoir, plus clairement. Pour que ça raisonne peut-être plus clairement - pour qu’il, peut-être, enfin comprenne. Aussi faible que lui.
Mais lui est déjà mort ; toi tu luttes,
Pourquoi luttes-tu ?

Il y cherche l’éclat, sachant pertinnement qu’il est mort depuis longtemps. Parce qu’il l’a vu, parce qu’il l’a entendu, clairement perçu à chaque fois qu’il plongeait à l’intérieur de ses songes. Cela faisait si longtemps que la lumière était froide et malheureuse, si longtemps que la chaleur bienséante avait disparu, et encore - à chaque fois qu’il délaissait sur sa peau ses mains, c’était pour y constater son aspect glacial. Et Ashe ne se sentait pas même désolé d’avoir creusé les sentiers verglacés.
C’est qu’il ne comprenait plus cette immense fossé qui se dessinait, qu’il pourrait s’y jeter sans jamais plus que les lueurs ne lui permettent de retrouver son chemin.

Cette même sensation de ses doigts contre son poignet ; si froid et souffrant. Peut-être même en ressentait-il les tremblements ; peut-être même se rassurait-il en songeant qu’il n’y avait rien d’autre que cette hargne véhémente à protéger un frêle animal.
Et Parsifal à la manière d’une rose sans épines, Ashe se plaît à en déchirer les pétales.
Mais ça sera toujours pour son bien ; pour qu’il soit peut-être moins beau dans toute cette douleur qu’il dépeint. Parce que c’est indéniable, quand le laid attire moins que le beau.

— Il te rendra encore plus faible. Affectueux regard et pourtant, ce qu’il est laid et amère quand c’est sur son visage qu’il se peint, avec de tels mots. Ce qu’il est laid quand ses doigts viennent compresser sa joue si souvent blessée.
Parsifal, tu n’auras pas sa peine avec de tels mots, et pourtant quand il te regarde, il en distingue tous les aspects.
Il les saisit si durement et pourtant, il en demeure si aveugle.

— Ne me fait pas dire ce que je n’ai pas dis. Regard dur alors qu’il sermonne, le mépris grondant hantant son esprit. Je croyais que ça suffirait à ce que tu comprennes. La claque - misérable contre sa joue.
Mais comment pouvait-il y croire ? Cela faisait depuis si longtemps que les marques l’assaillaient - depuis si longtemps que rien ne suffisait.

Mais ce n’est jamais assez.
Il sait qu’à tes côtés il mourra ; Parsifal, qu’adviendra-t’il de toi ? Il te rendra plus faible encore.
C’est toujours plus facile de tuer un animal insignifiant.
— Il finira bien par mourir un jour ou l’autre, de toute façon. Ou alors il le fuira ; ou alors il mourra simplement.
Car si tu ne peux te protéger toi-même, comment protégeras-tu un misérable chaton, Parsifal ?

Ashe jusqu’aux méandres de son esprit flottant se demande si un jour peut-être il verra la vérité en face ; s’il comprendra peut-être, un jour qu’il est inefficace contre toutes ses peines y compris celles des autres. De toute évidence déjà persuadé qu’un chat ne sera qu’un poids en plus sur ses propres épaules, car qu’adviendra-t’il du misérable félin s’il se dégrade plus encore ?
Se dégradera-t’il autant jusqu’à la mort ? Mais ne l’était-il pas déjà, à en juger ses plaintes ? C’est qu’il pleurait silencieusement, presque autant que lui. Un animal ; un ridicule animal - Ashe pouvait faire taire ses peines d’un simple coup de couteau. Mais Parsifal avait beau n’être qu’un corps errant plein de peine, il ne pourra jamais se résoudre à en faire de même.
Comprendre que c’était ce qu’il sous-entendait était alors presque enrageant.
Mais qu’est-ce qui était le plus dramatique ? Qu’il s’imagine un jour que les poings ou sa colère auront raison de lui ? Ou bien craint-il de comprendre que c’est sa simple colère, sa propre insuffisance qui le conduit à le blesser sans jamais le comprendre ?
Non,
Il refuse parce qu’il s’en persuade (ce n’est pas de sa faute) ne veut-il pas que son bien ? C’était évident, pourquoi Diable se battrait-il ainsi alors ? C’était insensé.

Reste silencieux, seulement un instant. Histoire de s’éveiller à ses mots et dense colère qui malmène chacun de ses sens. Comment pouvait-il réagir à cela ? Tout paraissait si dénué de sens - comment Parsifal pouvait-il autant se débattre pour un félin, bien plus que pour sa propre survie ?
Et, douce prière sur sa joue. C’est qu’il en avait déjà oublié la froideur ; comme si son toucher était déjà mort. La réalité était que c’était lui qui l’avait tué, presqu’aussitôt l’avoir ressentie.
Parce qu’il se rendait compte que c’était suffisant, et qu’il n’était pas prêt à plus se débattre pour un chat. Parce que la colère comme enveloppe l’empêchait d’y voir plus clair, sa main sur sa joue crispée alors il l’a brusquement relâché, au même titre qu’il a déniché sa propre main de sa joue.
Était-ce cette douceur qu’il n’était plus capable de te donner ?
Était-ce cette amour bancal qu’il n’arrivait pas même à distinguer ?
À ses songes brumeuses qui t’emportent Parsifal - comment pouvait-il réagir ?

— Si tu insistes, alors je t’en prie prend ce boulet avec toi. Ce n’est pas comme si tu en traînais un bien assez lourd - un boulet - ta propre peine dissimulée. Mais il est ta responsabilité. Grondements. Alors ne vient pas fondre en larmes s’il meurt. Personne ne t’accueillera.
Car je ne serai pas là,
Et il n’y aura personne.
S’il meurt, ça sera de ta faute ; tu es trop faible pour sauver ce qui est déjà mort.