Affalé dans ton fauteuil, celui de ton bureau au ministère, tu tires tes cheveux en arrière. La journée est enfin terminée. La porte est fermée à clé, pour quelques minutes tu t’octroies le plaisir de respirer. Une. Deux. Trois. Tu soupires, tu sors ton pineapple. Un message de Wednesday auquel tu réponds que tout va bien et que tu rentreras sûrement tard ce soir, un autre de Monday à qui tu dis que la journée s’est bien passée. Sambre t’a envoyé quelque chose de lunaire, comme d’habitude, tu réponds de façon tout aussi énigmatique. Rien d’autre. Tu ouvres Witchstagram, les photos teaser de la série de Basile t’agressent. Tu serres les dents, tu slides dans tes dm. Et tu tombes sur vos échanges. Ça te fait sourire.

Tu ne prends pas le temps de passer par le manoir. T’as pas envie de croiser ton père et son air désintéressé, t’as pas envie de croiser Friday ou Sunday. Alors t’as juste transplané jusqu’au Chaudron Baveur, encore vêtu de tes fringues de la journée – un pantalon nickel, une chemise blanche et ample, un veston. En passant la porte, tu le cherches du regard et tu ne tardes pas à le trouver.

Tu respires, tu réponds à son signe de la main.

- Salut, ça me fait plaisir de te voir.

T’es encore un peu dans ton rôle de la journée, encore trop contracté par les obligations sous lesquelles tu t’enterres. Respire, Thursday. En t’asseyant, tu ne le lâches pas des yeux. Ils sont bleus, si clairs et si purs comparés aux tiens. Tu peux pas t’empêcher de regarder ses lèvres, il les a essuyées tu n’y peux rien, mais tu reviens vite plus haut.

- Ca va.  

C’est faux.

- La journée a été longue. Il y a beaucoup d’infractions au code de restriction de l’usage de la magie, en été. Les couloirs étaient bondés de mineurs.

Tu desserres ton nœud papillon, t’es plus à l’aise avec lui qu’avec beaucoup d’autres. Il ne t’a pas rencontré en tant que juge ou en tant qu’écrivain, ou en tant que Stuart. Tu l’as bousculé, il t’a insulté, dans ton monde ça crée des liens. Tu fais signe au serveur, il sait pertinemment ce que tu vas commander et se contente de hocher la tête. Tu reviens à Leslie, et enfin t’as le sourire qui s’étire.

- Je suis content aussi, j’en avais bien besoin.

T’en as toujours besoin.

- Comment s’est passée ta journée ? Tu as vu des cas de pathologies intéressantes ?

Tu ouvres un bouton de ta chemise, tu peux pas arrêter de le regarder.

@Leslie Mirzoyan | Juillet 2032

Tu le regardes, tu hausses doucement les épaules à sa question. Le peu de mots qu’il prononce ne te dérange pas, à vrai dire tu parviens même à y trouver un certain charme peu commun.

- Les cas, pas particulièrement. Hormis celui d’un jeune hybride qui vit par ses propres moyens, il n’avait pas d’autre choix que d’user de la magie. Tout le monde n’était pas d’accord, ça a évidemment fait débat…

Tu te masses la nuque, tu n’as pas envie de l’assommer avec des détails sur ton travail. T’as conscience que le droit, en plus d’être difficile, c’est chiant pour le commun des mortels. Même parfois pour toi, s’il faut être honnête.

Son sourire appelle le tien, t’es amusé par sa façon de te regarder. Parfois, tu n’es pas vraiment sûr du pied sur lequel danser. Vous discutez, vous avez plutôt bien accroché, mais que recherche-t-il ? Tu ne t’es pas encore osé à lui demander. Ce serait chelou, t’en as conscience, et tu n’as pas envie de le faire fuir. Tu veux juste profiter. Juste respirer.

- Merde. Tu veux en parler ? Ou tu préfères qu’on change de sujet ?

Son mouvement te pousse à te retourner, mais au même moment le serveur revient avec ton verre. Tu espères secrètement qu’il ne fasse pas 1 + 1, qu’il ne devine pas que tu passes beaucoup trop de temps ici en dehors du travail. Non, et puis… il ne te jugerait pas. Il ne jugerait pas, n’est-ce pas ? Tu lèves ton verre pour trinquer.

- Santé.

Tu bois une première gorgée, l’alcool glisse agréablement. Avec l’habitude, ça ne pique même plus, c’est plutôt comme un rafraichissement. Attiré par le mouvement, tu le regardes sortir son pineapple et pianoter rapidement sur le clavier.

- J’ai mieux que ça.

T’as le sourire un peu plus large, t’es plutôt fier de toi sur ce coup-là – ce qui est un fait rare. Ça t’aura pris une grosse semaine, et il te manque sûrement certaines subtilités, mais le gros est là. Tu as appris pour lui. La sensation de sa cuisse contre la tienne, c’est agréable mais tu ne veux pas te faire des idées. A la place tu lèves les mains et tu te mets à signer.

« Ce sera beaucoup plus simple pour toi, tu ne penses pas ? »

T’as envie de pouvoir communiquer pleinement. Tas envie qu’il puisse se lâcher sans avoir à entrecouper son discours de son téléphone sur lequel pianoter. Et t’espères que ça lui fait plaisir. T’espères que ça va le faire sourire.

« Ca représente quoi ? »

Tu le pointes.

« Ton t-shirt. »

T'en oublies vite que tu pourrais parfaitement te contenter de parler.

@Leslie Mirzoyan | Juillet 2032

Et ça réussit, Thursday. Quand tu vois son sourire s’épanouir sur ses lèvres, t’as un léger coup au cœur. Il est lumineux. T’as envie d’en voir plus. Qu’est-ce qu’il te dit, déjà, Monday ? Ouais, t’as tendance à aimer beaucoup trop facilement, mais il n’est pas là pour te le rappeler. Leslie te fait du bien, sa fraîcheur te donne la sensation de vivre, il éloigne de ta tête la chape de perfection qui te guette. Tu souris, toi aussi.

Avec toi.

C’est con, à quel point ça te fait plaisir. Si c’était ton genre, tu pourrais en rougir.

« J’ai appris depuis la semaine dernière. Je voulais te rendre nos conversations plus faciles. Plus agréables. »

Il dépose son verre, t’aimerais récupérer les gouttelettes qui fuitent sur son menton. Putain, Thursday, t’es vraiment trop con. Tu plisses un peu les yeux, t’as les pupilles qui baladent sans vraiment t’en rendre compte. Du coup, t’as manqué quelques lettres au nom du personnage. Tant pis.

« J’y connais absolument rien. »

Chez les Stuart, lire des mangas, regarder des animés, c’est bien le dernier des hobbies. Rien d’intellectuel ou de physique là-dedans, donc aucun intérêt à y perdre du temps. Tu prends une gorgée, puis tu finis par craquer et attraper une serviette. Doucement, tu essuies les quelques gouttes sur son menton en riant. Puis tu lèves une main pour signer, l’autre prise par la serviette que tu déposes sur la table.

« Cochon. »

T’as un moment de flottement, t’es pas 100% sûr de ce que tu viens de lui dire. Ça pourrait sonner bien plus tendancieux que tu ne le voudrais. Putain. Si tes frères et soeurs étaient là, ils se foutraient bien de ta gueule. Tu te racles la gorge, tes yeux tombent à nouveau sur le t-shirt. Ouais. Le t-shirt. Golderac. Golderat. Tu sais plus trop, c’est pas facile sans l’avoir entendu de vive-voix.

« Ça parle de quoi ? C’est ton préféré ? »

T’as la cuisse qui pousse un peu contre la sienne quand tu reprends une gorgée, une belle. T’as l’air de quoi, Thursday ? Heureusement que la plupart des gens que tu croises ici ne savent pas vraiment qui tu es, ni quel métier tu fais. Ca te ferait une belle jambe.

T’as franchement besoin de te détendre.

@Leslie Mirzoyan | Juillet 2032

Tu perds un léger rire quand il s’exclame à haute voix, tu prends ça pour un compliment.

« Je ne suis pas encore très bon. Il y a de la place pour l’amélioration. »

Ce n’était pas un réel challenge, pour toi, car tu étais motivé. Il n’y a rien de mieux pour décupler ta facilité d’apprentissage.

Tout en buvant, tu lui jettes de petits coups d'œil - tu ne veux pas t’avouer à quel point tu aimes sa façon de te regarder. Il a l’air de te voir. Il a l’air de ne voir pratiquement personne d’autre que toi. Et ça te plaît. Pris d’une pulsion que tu n’as même pas envie de t’expliquer (tu n’as pas non plus envie de savoir à quoi vous ressemblez), tu lui essuies le menton. T'es pas son père, putain, Thursday. Mais la coloration immédiate de ses joues ne te passe pas inaperçue. Tu trouves ça mignon, et d’un autre côté, t’as l’impression que ça ne lui ressemble pas tout à fait.

Tu signes, et tu te plantes.
T’en es d’autant plus sûr quand il répond en te traitant de chien. Tu n’es pas certain de bien comprendre, mais tu l’oublies vite en le voyant se mordre la lèvre de cette façon. Est-ce que c’était comme ça à chaque fois que vous vous êtes croisés ? Tu ne parviens pas à t’en rappeler, tu commences à avoir les idées chamboulées. Tu te redresses, tu te racles la gorge en revenant à un sujet moins risqué. Les mangas. Ses passions. Pas ses lèvres.

« Il parle de quoi, ton préféré ? »

Sous la table, tu sens le contact de son genou. Tu baisses instinctivement les yeux, surpris, tu reviens les planter à lui. Est-ce qu’il sait ce qu’il fait ? Tu ne parviens pas à le savoir en regardant son visage. Pourtant, tu n’es pas stupide : tu le sens de plus en plus audacieux. Vous êtes amis, n'est-ce pas ?

Fait chier.
Tu as presque chaud.

Et t’aimes ça.
Putain, est-ce que t’es censé aimer ça ?  

- Quoi ?

T’as raté ses derniers signes, tu ne sais pas ce qu’il a dit. Tu te mords l’intérieur de la joue, tu t’en veux, tu n’as pas envie de le forcer à parler. D’une gorgée, tu vides pratiquement la moitié de ton verre.

Merde.
Ca fait du bien. Tu souris, le coin des lèvres étiré.

Merde, merde.

« Il fait chaud, non ? »

T’as le coeur qui s’accélère, le souffle un peu plus rapide. Tu écartes le col de ta chemise, tu parviens pas à le quitter du regard.
T'as besoin d'en avoir le coeur net.

Bordel de merde, il te plait.

@Leslie Mirzoyan | Juillet 2032

Death Note, tu ne parviens pas vraiment à comprendre de quoi ça parle. Tu as quelques bribes, mais t’as l’esprit trop occupé ailleurs pour réellement t’y accrocher. T’es trop con, t’es toujours pas assez bon, Thursday. Tu peux pas t’empêcher d’avoir le regard qui oscille, parce que tu ne sais pas ce qu’il cherche. Tu ne sais pas ce qu’il fait, s’il en a conscience, si c’est ce qu’il souhaite. T’en sais rien, t’es pas si doué que ça pour lire l’intention des autres dans le regard. D’autant que celui de Leslie n’est pas particulièrement clair et que vous ne vous connaissez pas depuis longtemps.

Son genou se retire, t’es presque déçu. Tu l’as fait fuir.

Tu te concentres sur les signes, cette fois, pour être certain de ne pas te tromper. Il s’inquiète de t’avoir offensé, c’est amusant car c’est aussi la crainte que tu as. Tu glisses une main dans tes cheveux, le sourire plus léger.

- Non.

Tu sais juste pas trop où vous allez. Tu repenses à Basile, à votre rencontre. Tu repenses à la dernière fois que vous vous êtes vus, ce que vous avez fait, ce que vous avez dit. Tu repenses à Monday, qui te martèle que tu vas toujours trop vite, trop fort. Tu ne sais que tomber amoureux. Arrête de ramper face au premier sourire venu.

- Je ne t’en veux pas du tout, ne t’inquiète pas.

Ça te plait.
Cette attention, l’impression d’être suffisant, peut-être, pour lui. Ça te plait.

Et le reste, tu t’en fous. Viens, on n’a qu’à dire que pour une fois, tu t’en fous.

« Ça ne me gêne pas. »

Tu hésites. Tu sais pas où ça va vous mener, mais aujourd’hui t’as envie de ne pas y penser.

« J’aime bien. »

T’as le regard appuyé, un peu plus long dans ses yeux clairs, un peu plus dilaté. Pour le lui montrer, tu étends tes jambes de façon à ce qu’elles croisent les siennes. T’as de plus en plus chaud, tu prends une gorgée qui te rafraîchit agréablement.

« Parle-moi de Death Note. »

T’espères que tu le signes correctement.

« Tu me le feras lire ? Ou regarder. »

Tu te détends ostensiblement, ta joue contre la paume de ta main. T’as le sourire en coin, ça te plairait qu’il t’invite.

@Leslie Mirzoyan | Juillet 2032

Les rougeurs de ses joues sont impossibles à ignorer. Tu les regardes, tu te demandes si c’est parce qu’il apprécie, lui aussi, ou si c’est parce que tu le gênes tout simplement. Tu sais pas ce que tu ressens, t’es pas sûr de vouloir le savoir, tu sais juste que le flottement qui te tord le ventre est agréable. Tu sais que t’adore te poser la question, t’adore la pointe d’insolence que tu lis sur son visage quand il signe.
Il n’a pas aimé arrêter.

Alors n’arrête pas. C’est ce que tu aurais pu dire. A la place, ton corps parle pour toi. Tes jambes cherchent son contact, ce frisson, tu le sens t’emprisonner et ça te fait sourire. Comme si de rien n’était, sûrement que pour des yeux extérieurs il n’y aurait rien d’étrange à vous regarder, vous continuez. Tu bouges ta jambe tandis qu’il signe, tu te concentres pour comprendre tout en essayant paresseusement de te dégager. Dans le mouvement, ton genou se replie, il frotte contre l’intérieur de ses cuisses.

Le pire, c’est que l’histoire semble du genre à t’intéresser.

Tu le regardes, il t’invite. Tu fais exprès de mordre brièvement ta lèvre avant d’étirer le sourire. T’as beau t’attacher vite, tu sais pertinemment flirter.

- Volontiers.

Ta voix est grave, t’as préféré parler parce que t’avais les mains prises. Tu te redresses pour les dégager et recommences à signer.

« Ça a l’air très psychologique. J’aime bien. »

Tu récupères ton verre pour le terminer. T’as tendance à boire beaucoup trop vite, c’est une question d’habitude.

« T’aimes bien faire quoi, quand tu es chez toi ? En plus des mangas. »

Ton genou pousse, un peu plus loin.

@Leslie Mirzoyan | Juillet 2032

Vous vous cherchez, tu ressens cet imbroglio de sensations dans le ventre. T’adores ça, ça te fait sentir vivant, ça te fait oublier les événements de la veille qui te tourmentent. Tu remarques chacun des petits gestes et chacun des regards, Thursday. Tu lis entre les lignes, tu espères que tu ne te trompes pas, tu lui souris. Impossible de se tromper, au point où vous en êtes, n’est-ce pas ? Tu essaies de ne pas trop penser (à la situation, ou même à Basile), de ne pas trop imaginer. Ce n’est pas le moment. Ce n’est pas ça que vous voulez.

Il a chaud, lui aussi, il tire sur le col de son t-shirt et tes yeux tombent sur sa peau. Ça te rassure, il n’y a pas que toi dans cet état. Intrigué, ramené à la réalité, tu regardes l’écran de verrouillage de son pineapple quand il te le montre. Tu y découvres des personnages dans un style que tu ne connais que très peu, tu hoches la tête pour acquiescer. Pour l’avoir en fond d’écran, ça doit effectivement beaucoup lui plaire.

« Tu m’as convaincu. Je regarderai avec toi. »

T’as un poids, une sensation d’adrénaline. Tu viens de faire un choix, tu ne sais pas si c’est le bon, tu te refuses à y réfléchir. Sous la table, vous ne cessez pas ce jeu entre ton genou, ses cuisses. Tu te sens d’humeur taquine, c’est peut-être l’alcool, peut-être juste lui - au fond, ce n’est pas très important. Tu ne veux pas que ce soit important.

Tu lui poses une question, innocente en apparence.

Et sa réponse t’envoie une décharge. T’as envie.

- Je te suis.

Hors de question de le ramener au manoir. Putain de merde, Thursday, t’es vraiment en train de le suivre. Tu le laisses payer, ce n’est que partie remise, et tu te dresses à ses côtés. La chaleur est encore pire, ton souffle est profond. T’as envie de glisser tes mains le long de sa taille, de sentir l’odeur à sa gorge. Plus grand que lui, tu te penches à son oreille au moment de passer la porte. Vous êtes diablement proches.

- Tu habites loin ?

Ta voix est encore plus basse. T’es prêt à lui prendre le bras pour le laisser vous transplaner.

- J’ai hâte de découvrir cette série…

T’as des flashs de la veille. Tu te refuses à y penser et tu les mets de côté.  

@Leslie Mirzoyan | Juillet 2032

Ta main dans la sienne, une décharge qui te remonte le long du bras. Ce moment d’appréhension, ce moment de montée en pression ; tu adores, ça te grise. Tu le regardes, tu lui fais totalement confiance pour le transplanage. T’aurais peut-être pas dû, car vous atterrissez comme des bleus dans la cage d’escaliers. Tant pis, on s’en fout. Tu t’es cogné la tête, tu peux pas t’empêcher de rire avec lui quand il s’en inquiète.

- Ça va, t’en fais pas.

Vous avez bien d’autres choses à penser.

Il déverrouille la porte, tu ne te fais pas prier pour entrer - vous êtes pressés, on dirait des adolescents en pleine découverte. Ca te fait du bien, c’est simple, c’est plaisant. Tu prends tout juste la peine de regarder la tête de son appartement, t’auras tout le loisir de visiter après. T’as les yeux plantés dans les siens quand il te déleste de ta veste, tu te mords la lèvre et tu acquiesces.

- Plus tard.

Aucune objection, ni pour lui, ni pour toi.

Tu te laisses tirer dans la chambre, le regard un peu curieux mais pas trop. Tu n’as pas le temps, tu n’as d’yeux que pour lui. Lui qui te pousse sur le lit. Lui qui te chevauche pour qu’enfin vos lèvres se joignent. Il est sexy. Tes mains plongent sous son t-shirt, tu découvres le grain de sa peau avec empressement. T’as envie. Tu meurs d’envie.

Un grondement t’échappe quand il se recule, tu l’observes. T’as le souffle un peu court, ta main remonte le long de son dos. Se laver. Se laver, ce serait une bonne idée - tu sors d’une journée de travail et c’est l’été. Mais est-ce que t’as envie de tout couper pour aller prendre une douche ?

- Viens avec moi.

Tu l’attrapes sous les cuisses pour le stabiliser et tu forces sur les abdos pour te redresser, puis te lever. Il n’est pas bien lourd, c’est facile. Par contre, t’as aucune idée de où se trouve la salle de bain, tu le laisses te guider comme il peut entre les assauts de vos lèvres gonflées d’envie. Bordel, est-ce que c’était prévu comme ça ? Est-ce que t’es encore en train de t’enflammer ? Tu veux pas y penser.

La salle de bain enfin trouvée, tu pousses la porte, tu te diriges directement dans la cabine de douche où tu le plaques contre le mur. Vos corps se percutent, ça te fait frissonner tout le long de l’échine. Et tu l’embrasses, tu le laisses toucher terre pour que tes mains puissent travailler à défaire les boutons de ton veston, puis de ta chemise.

Depuis le début t’étais déjà beaucoup trop habillé.

@Leslie Mirzoyan | Juillet 2032

Tu lui offres un léger sourire entre deux baisers effrénés.

- Un peu.

Pas vraiment que tu sois pressé, mais disons que c’est difficile de lui résister. Tu n’as aucune envie de résister. T’as les yeux qui le dévalent quand il se languit ainsi contre la paroi, tu envoies ta chemise et ton veston de l’autre côté de la pièce. Tu t’en fiches totalement. Aussitôt qu’il te suit, tu accroches du regard les tatouages de son corps. La main levée, tu les effleures doucement, curieux sur leur origine et leur signification.

- J’aime beaucoup, ils sont beaux.

Un rire quand il parle de tes muscles. Ce n’est jamais simple de les discerner sous une chemise.

- Merci. Tu aimes ?

T’as le sourire en coin, séducteur. Le glissement de ses doigts sur ta peau réveille un frisson, tu baisses le menton pour le regarder faire. T’as chaud, de plus en plus chaud. Tu agrippes le bord de son pantalon, sa bouche contre ta nuque, tu tires pour le déshabiller autant qu’il le fait avec toi. Ton corps te trahit sur tes envies, tu cherches le contact de sa peau, puis tu ris sous la surprise de l’eau froide.

- Putain, c’est glacé haha !

C’est simple, presque enfantin.

Lascif, tu te plais à le regarder faire quand il se met à te savonner. Tes mains sur sa taille, sur ses hanches, tu fermes les yeux à la douceur du massage, tu les rouvres à la chaleur de vos corps pour le fixer. Tu adores ce que tu vois. La malice dans ses pupilles, ses sourires, tu le laisses découvrir ton corps comme il le souhaite - tes mains prennent son visage, tu l’embrasses. Propre. Oui, tu es bientôt propre, l’eau te rince au fur et à mesure.

- Leslie…

Le carrelage est glacial contre ton torse, tu frémis de le sentir te coller de la sorte. C’est trop. Tu lèves un bras pour enfoncer ta main dans ses cheveux, tourne la tête pour l’observer. La poitrine qui se lève, tu te retournes, tu viens mordre sa lèvre tandis que ta main soulève une de ses cuisses.  

- On retourne dans la chambre ?

Tu le plaques contre toi, ton visage s’enfouit dans sa nuque et tu goûtes le grain de sa peau. Une fois, deux fois, tu aimerais presque y laisser une marque mais tu ne le fais pas. On ne sait jamais, peut-être qu’il n’apprécie pas. Ton corps ondule lentement, ta main libre épouse la forme de ses fesses.

Pour lui, ce soir, tu es assez. Ça te fait vibrer.

@Leslie Mirzoyan | Juillet 2032

T’as chaud, tu ne sais plus les raisons pour lesquelles tu craques. Ou tu ne veux pas le savoir. Tu ne veux pas te souvenir de ce sentiment qui te tord les tripes, de l’impression d’avoir encore été qu’un jeu, qu’un trophée à brandir. Tu te pavanes devant les sourires, c’est ce qu’ils disent pas vrai ? Eh bien soit. Ce soir, Thursday, tu te laisses juste aller. Ce soir, tu profites de ce qu’on t’offre. Tu le regardes, Leslie. Tu le trouves beau, tu le trouves sexy à se damner. Il est intelligent, il te fait rire, il te donne envie de sourire. Et t’as pas envie de penser plus loin, t’as pas envie d’imaginer, tu ne veux plus imaginer. Tu arrêtes de te pavaner devant les sourires, Thursday.

La vapeur de la douche vous entoure, la sensation de son corps nu contre le tien te rend fou. C’est grisant, cette intimité, ce besoin viscéral qui te prend. Tu le veux. T’as envie de lui. Tu laisses ta voix s’enrouler sur son prénom, tu frémis du tien soufflé à ses lèvres. Tu ne penses plus, tu l’agrippes, tu dévores la peau de son cou pour te nourrir de ses gémissements. Ils sont pour toi, et il est magnifique.

Il est d’accord pour retourner dans la chambre, vous sortez de la cabine, vous êtes trempés. On s’en fout. Vos pas malhabiles et empressés dans le couloir, tes lèvres qui joignent les siennes et ton souffle de plus en plus profond. Tu le regardes quand il te mentionne une préférence, tu n’y as pas du tout réfléchi. Tu aimes donner autant que recevoir, tu t’en fous. Tu t’en fous, tu veux juste exister.

Tu n’as pas le temps de répondre, il te lève trois doigts. Tu as besoin d’une seconde pour comprendre avant de lever les mains et de signer précipitamment.

« Ne parle plus. »

Tu ne sais pas ce qu’il risque, mais tu ne veux pas que ça arrive. Tu ne veux rien qui puisse vous couper. Il caresse tes hanches, il glisse dans ton dos pour te faire grâce de ses lèvres. Tu frissonnes, tu te mords l’intérieur de la joue en tournant légèrement la tête - ainsi tu peux le voir. Tout bien réfléchi, avec lui, tu sais ce que tu préfères.

- J’ai envie que ce soit toi. Au-dessus.  

T’as cru comprendre qu’il s’en fichait aussi, sinon il ne t’aurait pas demandé. Tu n’es pas de ces hommes qui transpirent le machisme, qui ont besoin de dominer à tout prix pour se sentir entier. Non. Et s’il le souhaite, s’il y a une prochaine fois, alors ce sera toi. Tu te détends, tu inspires pour profiter des sensations qu’il te procure, des frissons qui te remontent et qui réveillent tes envies. Tu veux que le monde devienne flou.

- Lève-toi.

Tu te retournes pour lui faire face, pour l’observer un instant. Tu te mords la lèvre, tes yeux balayant sa nudité, tes pupilles dilatées. Tu meurs de chaud, de ce besoin de vivre, de le sentir, de le goûter. Et tu n’en peux plus, Thursday. Tes lèvres percutent les siennes, ton corps ondule légèrement. Tu te laisses glisser sur le lit, tes mains l’emmenant avec toi.

Tu ne veux plus penser qu’à lui.

@Leslie Mirzoyan | Juillet 2032