histoire

─ 21 décembre 1994 : Naissance d’Evlalía, cadette d’Ívana avec laquelle elle a sept ans d’écart.
─ 1994 à 2005 : L’enfance de la cadette n’est pas des plus heureuses ; ses parents sont durs avec elle, car ils ont abandonné l’idée de faire quelque chose de leur ainée. Néanmoins, lorsque ses prédisposions à la légilimencie sont découvertes par sa grand-mère, elle devient subitement la fierté de sa famille ainsi qu’un espoir de voir la branche alpha asseoir sa domination sur le reste du clan Ùlfur.

Les années sont rythmées entre les enseignements de sa grand-mère ainsi que les moments passés avec sa grande sœur qu’elle adore et adule. Elle n’a aucune idée de l’épée de Damoclès suspendue au-dessus d’elle, elle s’en rendra compte bien assez tôt.  

─ 2006 à 2013 : La scolarité à Durmstrang est ce qui se rapproche le plus de l’enfer. Sa foi moquée, les injustices, humiliations et brimades que subissent certains élèves jugés « différents » ; Evlalía refuse catégoriquement de rester les bras croisés.

Pire encore, la souffrance que ressentent les victimes est insoutenable ; son don se développant à une vitesse fulgurante – merci mère-grand – ces algies deviennent presque siennes. Au lieu de fermer son cœur à cela, elle se révoltera. D’abord en rendant les coups, même si ça voulait dire en reprendre derrière.

En murissant, tout deviendra bien plus subtil, elle apprendra à piocher dans l’esprit des tortionnaires tout ce qui pourra les heurter, tout ce qui pourra les discréditer. Elle sera sans pitié avec eux ; œil pour œil, dent pour dent.

Elle se forgera une réputation de cheffe de meute, prête à tout pour protéger les siens. De cet enfer, elle en fera presque son royaume.

À la maison, tout est bien différent. Jalousée et haïe par sa mère pour les prédispositions dont elle a hérité, désirée et violentée par un père répulsé par une femme dont il ne veut plus. Il prétexte qu’il fait cela parce qu’il aime sa fille… ce qu’il répète inlassablement dans son oreille lorsqu’il vient la visiter la nuit.

Ívana est au courant, en parle à sa mère ; celle-ci ne la croit pas ou s’en fiche. C’est à peine si elle se réjouit de savoir que sa fille souffre. L’ainée cherche du soutien auprès de sa grand-mère, elle aussi Legilimens ; elle qui ne pouvait l’ignorer. Mais elle ne fera rien. Un scandale pareil qui éclaterait dans le clan… serait l’assurance de voir la branche alpha dépossédée de son autorité. Elle exhorte Evlalía à endurer jusqu’à ce qu’elle puisse quitter pour de bon le domicile familial.

Un terrible accident éclate lorsque la cadette rentre à la maison après la fin de sa scolarité. Du moins c’est ce qu’Evlalía pense, c’est ce qu’on lui a raconté. Ses deux parents meurent dans cet incident inexpliqué.

─ 2013 à 2023 : Evlalía veut devenir magizoologiste, comme sa grand-mère. Une place l’attend potentiellement au ministère anglais avec lequel la vieille dame a travaillé pendant des années.

Pendant ce laps de temps, elle se mariera en 2018 avec son amour de jeunesse rencontré à l'école.

La jeune femme pour mettre toutes les chances de son côté, étudie deux DEMA tout en étant formée par la vieille dame. Sa prise de poste officielle se fera en 2020. La même année, elle découvre le terrible secret de la mort de ses parents, par le plus grand des hasards, en plongeant dans la pensine de mère-grand.

Elle y découvre son implication, sa responsabilité dans cet « accident » ; le plan fomenté par Ívana et sa grand-mère pour le dissimuler, manipuler la cadette pour la protéger. Ses souvenirs ainsi que ceux de ses aînés, falsifiés ; la vérité conservée dans ce petit récipient de mémoire. Elle apprend à ses dépens qu’il faut une Legilimens talentueuse pour en tromper une autre. La magnitude de la trahison est si considérable que le choc est presque insurmontable. À partir de ce moment, Evlalía ne sera plus jamais la même. Elle quitte définitivement l’Islande et s’installe en Angleterre suite à son divorce en 2021, la goutte d'eau qui fit déborder le vase.

─ 2023 à 2032 : L’Islandaise use de la fortune familiale pour bâtir un refuge pour les créatures blessées dont elle y établira son domicile. Celles qui le peuvent sont renvoyées dans leur habitat naturel après les soins administrés. Elle n’a pas pleuré la mort de sa grand-mère, ne parle plus à sa grande sœur, mais revient parfois en Islande pour s’occuper de la demeure familiale ainsi que les créatures dont mère-grand s’occupait… mais aussi pour voir sa nièce et son neveu.

Elle voyage dès qu’elle en a l’occasion pour échanger ses découvertes avec ses collègues des ministères étrangers. Elle ne reste jamais trop longtemps à un endroit, car elle préfère s’occuper elle-même du refuge, plutôt que laisser son assistant seul.

Elle a la réputation d’être très efficace, d’être en harmonie avec la nature… mais pas très affable et souvent abrupte avec les gens. On la compare à une louve, cheffe de meute, protectrice, mais aussi impitoyable.

Une part de son humanité est morte, douze ans auparavant. Elle ne sait pas si elle la retrouvera un jour… mais elle semble se contenter de ce qu’elle est. Plus d’attentes envers ses semblables, semble être le meilleur moyen de ne plus jamais être déçue, ou trahie.

Résumé plus court :

Tes doigts qui parcourent la fourrure de la créature, flattant celle-ci de quelques caresses appuyées. Sa tête vient se frotter à la tienne. Tu as le sourire aux lèvres, suffisamment rare pour le souligner. Tout ce qui n’est pas humain jouit de ce privilège.

Soudain, l’animal se redresse, il sent une présence que tu identifies quelques secondes après. La jeune femme se rapproche, mais reste muette. Pas par envie, mais parce qu’elle n’a d’autre choix. Ton esprit entre en contact avec le sien et tu la salues de vive voix :

─ Analía. Quel bon vent t’amène ?
─ Bonjour, tata.

C’est toujours singulier de voir un rire plutôt que l’entendre, mais c’est ainsi. Ta nièce, dépossédée de sa voix, ne peut réellement communiquer sans effort qu’avec toi, la seule Legilimens du clan.

Elle s’approche davantage et la créature émet son premier avertissement. Tu désamorces la situation en te plaçant entre elle et la demoiselle.

─ Empiéter sur le territoire de womatous, pas très malin.
─ Leur territoire ? Ils ne sont pas censés vivre en Amérique du nord ?
─ Normalement oui, mais ceux que nous avons ici sont une exception.
─ Oh, je sens une histoire qui arrive…
─ Pas très reluisante j’en ai bien peur. Ton arrière-grand-père a sauvé de justesse leur mère de chasseurs. Leur poil pouvant être utilisé comme cœur de baguette… je te laisse deviner leur but. Malheureusement, leur mère est morte peu après avoir accouchée. Note qu’ils sont tous nés le jour de mon anniversaire. Et que le poil de celle-ci est le cœur de ma propre baguette.

Raison pour laquelle, dès que tu rentres en Islande, c’est cette créature que tu viens visiter en priorité. Tu t’en t’occupes avec joie et reconnaissance. Ton lien avec elle est si fort qu’il en est incompréhensible pour tes semblables. Et puis… quelqu’un doit s’occuper du refuge de ta grand-mère maintenant qu’elle n’est plus là. La branche oméga fait de son mieux, mais tu juges n’être jamais mieux servi que par toi-même.

─ Où est ton frère ?
─ Lars ? Avec les niffleurs, les gros félins c’est pas son truc.
─ Hm… en parlant de niffleur… tu fouilles dans ta poche et lance une bague à ta nièce qu’elle attrape. Elle met quelques secondes à la reconnaître.
─ Sérieusement ?
─ Sérieusement. Attention à tes affaires mademoiselle, ces créatures sont redoutablement habiles avec tout ce qui brille. Tu marques une pause et reprend après une longue inspiration : où est ta mère ?
─ Au manoir, je crois, je ne suis pas sûre. Elle refuse de venir ici depuis que…
─ Je sais. Je sais. Elle ne peut s’en prendre qu’à elle-même. C’est en partie de sa faute si jadis, ce sol a été gorgé du sang de nos parents... les womatous n'ont fait que me défendre.

Elle baisse les yeux, semble s’excuser de ce qu’elle n’est pas responsable. Tu n’arrives plus trop à comprendre ce qu’elle veut dire tant le flot de ses pensées est chaotique. C’est alors qu’un bâillement mêlé à un grognement la fait sursauter… et se calmer quelques secondes après. Tu soupçonnes la bête de l’avoir fait exprès ; tu n’es jamais sûre avec elle.

─ C’est vrai qu'ils… qu'ils ont le don de légilimencie ?
─ Quelque chose comme ça oui. Peut-être pas comme nous l’entendons, pas comme un humain… mais ça s’en rapproche oui. L’une des créatures les plus fascinantes qui parcourent Midgard. Ils chassent en meute, comme les lions ou les loups, comme nous ils ont une hiérarchie, le principe de l’alpha et de l’oméga. Les observer peut t’occuper pendant toute une vie si tu le voulais.
─ Et c’est qui ? Leur alpha à eux ?

Rares sont les humains qui te voient sourire ; ta nièce profite de ce privilège, car elle sait que ça ne dure pas longtemps. Assez maligne pour comprendre ce qu’il signifie, elle s’en amuse, s’en moque presque alors qu’elle te fait une petite courbette. Tu viens lui caresser sa tignasse blonde, en oubliant presque qu’elle a fêté sa vingtaine peu de temps auparavant. Tu te souviens encore d’elle bébé… tu te souviens d’un temps où tout était plus simple. Un temps révolu.

Tu ressens chez elle un florilège d’émotions, les laissant te submerger. Tu penses aux tiennes ; à leur absence. Tu penses à cette coquille presque vide que tu crains être. Ce cœur de pierre que rien ne saurait attendrir.

Un regard vers la créature, vos esprits qui se mêlent alors que vous ne pouvez communiquer. Et pourtant, parfois tu as l’impression de mieux la comprendre que ceux de ta propre espèce. Entre vous, ces deux bêtes, règne une symbiose que tu ne retrouves nulle part ailleurs.

Tu sens la main de ta nièce qui se saisit de la tienne. Tu serres ses doigts alors qu’elle vient se coller à toi, enroulant son bras autour de ta nuque ; prenant appui sur la pointe de ses pieds pour embrasser ta joue.

Elle te parlera une fois encore de te réconcilier avec sa mère. Tu l’ignoreras de nouveau. Il est une blessure qui jamais ne guérira totalement.