Croyance n'est jamais venu.
Croyance n'était même pas chez lui.
Seule une note l'attendait, l'invitant à la gare, seul à seul. Un rendez vous pour négocier.
La prudence lui avait été recommandée pas plus tard qu'à la dernière pleine lune...
Croyance, plus proche du chiot pataud que du loup garou. À peine a-t-il pu profiter de ce monstre qu'il en est privé.

Première véritable prise de risque depuis des années : sortir de son atelier et s'exposer ainsi à un maître chanteur.
On lui a promis un marché.
L'avarice l'a fait sortir de son trou.
Juste pour obtenir un peu plus qu'un lycanthrope malhabile puisse lui offrir. Puis, derrière, récupérer le pauvre serviteur balafré d'une manière ou d'une autre.

Alors le voilà, plus méfiant que jamais, à l'allure sévère, s'avançant sur le quai. Main serrée autour de sa baguette, prête à dégainer. Prêt à s'enfuir.
Bien vite, son regard s'accroche à une silhouette -la seule- sur un banc. Elle aurait déjà été transpercé mille fois, si un simple regard pouvait tuer.
L'homme te remarque, et termine sa pause clope dans un sourire.
Le sien ne se montre pas; rien ne lui donne la force de prétendre être agréable. C'est déjà bien assez dur de retenir l'envie de lui refaire le portrait.

À peine il ouvre la bouche que ses sourcils se froncent légèrement.
Sa main se lève, mot entre les doigts.


Oh, il lui reste bien d'autres questions, dont les réponses l'intéressent d'avantage.
Mais ce rôle de bon ami inquiet pour con camarade lui convient, pour l'instant. Le temps que l'inconnu lui dévoile ce qu'il sait. Sur lui. Sur eux. Et ce qu'il peut lui offrir.

Antoine Savoy.
Ministère.
Ce qui ne le soulage en rien. Au contraire, il reste d'avantage sur ses gardes. Tends l'oreille, pour déjouer toute embuscade autant que possible.
Ses yeux noirs viennent toiser cette main tendue de longues secondes, avant de revenir les planter froidement dans les yeux, faussant un sourire désolé alors qu'il remue le papier qui encombrait la seule main sans baguette. Comme un prétexte pour ne pas venir la serrer.

À la place, il le détaille du regard.
Antoine est jaugé. Sa taille et son poids est estimé, et noté, pour plus tard. Sait-on jamais : Savoy allait peut-être lui inspiré un petit poison rien que pour lui...


Finalement, ce sourire doucereux.
Il le flatte, mais ce n'est pas suffisant.


Oh, qu'il s'améliore d'année en année.
Et la seule chose l'ayant fait sortir ainsi de son terrier, c'est Halloway l'imprudent. Si impatient à le servir pour Merlin seul sait quelles raisons qu'il le trahit sans s'en rendre compte.


Peu de chance qu'il lui dise...
Mais il reste ce pauvre ami qui ne comprend pas pourquoi il a disparu. Un honnête habitant de Londres qui a trouvé un mot chez lui.

Finalement, des informations.
Ce masque qui lui tenait à peine au visage tombe finalement. Nos bras en tombent : Eamon n'est pas un honnête citoyen. Trafique de poisons, rien que cela.
Si Persephone avait eu vent de ses petites affaires, les autorités ne devaient pas tarder à le savoir, l'empoisonneur en était bien conscient. D'où la prudence supplémentaire. D'où un vrai travail à la lumière du jour, pour prétendre.

Eamon retient un léger rire.
Sous observation.
Un cadeau.


Que voulait-il ?
Jusqu'ici, cela lui semblait-être une perte de temps. Car on ne parlait toujours pas de la prunelle de ses yeux avides, qu'Antoine tourne autour du pot, ce qui agace.
Un regard vers sa montre. On attend quelqu'un d'autre ?
Sa main se resserre sur sa baguette.
Puis finalement, on en parle. Son cheval de Troie sacrifiable. Croyance Halloway.

Eamon inspire, levant légèrement le menton. Regardant d'un peu plus haut Antoine Savoy, qui retient donc bel et bien le loup garou. Et il se retient de dire quoique ce soit, préférant réfléchir avant de creuser sa propre tombe sous l'impulsion. D'abord, imperturbable. Ensuite, on verra.

Ah, la magie noire.
Eamon ne s'inquiète pas d'avantage : est-ce vraiment un crime, s'il ne faisait qu'aider son ami dans ses recherches ? Ce n'est pas Croyance qui nierait, de toute façon...
Et pour ce nouveau sourire, le directeur lui fait face.
Eamon l'accueille avec le même regard.


soufflé pour lui même.
Il aura fallut tant de temps pour arriver au motif de ce petit mot, qu'il peut finalement ranger dans sa poche.
Eamon s'apprête à répondre, puis se ravise. Ses yeux se plissent.
Pourquoi attendre ?
Pourquoi ne pas extirper ces souvenirs et l'enfermer, possédant finalement des preuves contre lui ? Croyance moyen de pression sans valeur, disait-il, et pourtant. Eamon sous observation, on ne rêve que de le lien aux sombres affaires de poisons.
Et pourtant.
Savoy le laisserait partir ?


Il peut la voir, cette détermination. Ce n'est pas celle de l'envoyer à Azkaban, et Eamon ne prendra pas le risque de lui souffler cette idée.


Croyance qui débarque chez lui, lui promet monts et merveilles, en échange de mensonges. Une servitude offerte sur un coup de tête.
Et s'il était fixe jusqu'ici, Eamon vient finalement s'inviter d'un pas dans son espace, baissant légèrement la voix.


Un très cher ami. Une puissance qui lui apporte plus qu'une incapacité à se faire avoir par le ministère.


Alors qu'il l'a juste blessé de face.
Mais pas besoin qu'il le sache.

Ses lèvres s'étirent, et avec elles son sourire : ah Savoy, c'est une allégorie manquée. Si seulement il s'était lancé à la poursuite de Croyance. Il n'en est rien. Une arme destructrice, lui tombant dans les bras sans crier gare.
Aucun piège, aucune manipulation.
Lui même se demande encore pourquoi Croyance est venu ainsi se livrer à lui, un parfait inconnu dans un salon de thé. Si quelqu'un l'avait traqué, c'était bien Halloway.

L'envie de sourire le quitte, mais il reste néanmoins sur son visage; vide après l'annonce d'une vie loin d'hybride. Une bien dure punition pour, ce coup ci, un innocent qui n'a jamais tenu à s'en servir particulièrement.
Antoine le laisse envahir son espace et continue naturellement. Alors Eamon reste campé là, à l'écouter.
Inquiet pour ses cicatrices, si peu.
Les seules blessures qui l'inquiètent sont celles qu'il porte en revenu de ses nuits de pleine Lune.
Alors il se tait, laissant le directeur gaspiller sa salive. Révéler qu'il est au courant pour le serment.
Et tout devient plus louche encore.
Son sourire s’efface finalement, non pas par surprise ou colère. Eamon se laisse porter par ses pensées, cherche à comprendre les motivations de Savoy.
Lui est prêt à négocier.
Mais clairement, Eamon est ailleurs.
Il chercher la faille.
Croyance sacrifiable, Croyance monnaie d'échange...

Et là, ils peuvent s'entraider. Même si la curiosité le tue à petit feu.


Finalement, les yeux baissés, libérant Antoine de ses yeux trop intenses.


Croyance qui ferait n'importe quoi pour ses rares véritables sourires. Cette dévotion aveugle et sans limite.


Finalement, sa silhouette austère s'autorise un peu de flexibilité pour pencher légèrement la tête, hausser les épaules;


Un allié des allées des embrumes contre un allié au ministère, au cœur des informations cruciales. Un protecteur contre un autre, et Croyance ne le reverra plus.
Pour un moment.
Et ses pupilles reviennent le transpercer.

Antoine qui l'aiderait entre autre avec ce fameux dont de dissimulation.
Eamon invisible, glissant entre les doigts des enquêteurs. Preuves insuffisantes, soudainement disparues...
Jusqu'où irait Savoy pour ces loups garous.
Pour Croyance ?

Il rigole, le haut placé.
On verra bien qui rira en dernier.


Cela l'amuserait bien plus de le voir grincer des dents à peine il le verrait arriver. Voir ce tic à nouveau troubler ce sourire. Ce serait son petit jeu, comme prix de consolation après la perte de son chien de garde.
Et Antoine cherche à en apprendre plus sur ce dernier, justement.


Un vrai diplomate, cet Halloway.
Puis Savoy revient insister sur le fait qu'il le veut loin des loups garous. Un gâchis, mais négociable. Et il revient également avec ses subtiles menaces, de supprimer son amis pour le bien de la communauté lycanthrope.
S'il joue à l'insensible prêt à sacrifier son fils, Eamon joue au proche bouleversé prêt à s'en débarrasser si mieux se présente. Ses sourcils se froncent, plus sévère.


Qu'il prétende au minimum qu'il est plus qu'un pion en face de lui, enfin, si cela lui importait vraiment. Au moins, avec la conversation devenant sérieuse, cela lui offrait une certaine tension crédible.


Insaisissable, encore et toujours.


Un sourire, toujours doucereux.
Rien dans cet échange ne lui offre la puissance que Croyance lui offrait, juste la garantie de tenir un peu plus longtemps.
Insupportable, mais pas irrémédiable.
Savoy le prive de son jouet préféré du jour au lendemain, il a intérêt en faire tout autant.

Eamon acquiesce de la tête, faignant un léger air déçu sans prendre la peine de le rendre convainquant. Rencontres indirectes, pas de chance de voir son sourire se transformer en grimace.

Puis il revient à la charge, désire plus que de rester loin de tout loup garou.


Claquement de langue contre son palais qui lui échappe.


Surtout lorsqu'il s'agit des seuls clients qui ne l'ennuient pas à mourir. Un léger soupir, bref regard posé sur Antoine. Ses mains s'approchent doucement de son cou, pour réajuster sa cravate impunément.


Un sourire bref, chemise bien en place, et il le laisse tranquille, lui laissant même un peu plus d'espace pour respirer ensuite.

Quant au moyen d'honorer leur promesse...
Savoy ne lui donne pas l'impression d'être venu ici sans plan. Ce genre de détail lui semble trop gros à omettre, venir ici pour négocier est une chose, mais il a du réfléchir à un moyen de sortir d'ici avec des garanties comme lui, non ?


Comment tenir ses promesses ?
Oh, il avait une idée derrière la tête. Et Antoine l'a sûrement mentionné pour l'y préparer d'avance... Ce serait futé, si c'était fait pour l'y faire penser, et ensuite lui faire croire d'avoir eu lui même l'idée d'un serment inviolable.
L'empoisonneur s'autorise quelques pas, lents et indolents, gardant le directeur dans son champ de vision.

Un léger rire échappe ses lèvres.
Étique et honnêteté, deux mots qui lui collent à la peau.


Si Antoine Savoy pouvait s'inviter chez ses ennemis et les menacer en montrant les crocs, il aurait apprécié. Mais ce n'est qu'un homme avec des responsabilités, du bon côté de la Loi, et des valeurs qui encombrent sa route.
Eamon ne veut que le maximum de ses capacités déjà limitées par sa boussole morale.

Son regard s'accroche immédiatement à cette main levée -pas de baguette, pas de danger- ensuite rangée. Tendu, l'espace d'un instant. Il l'a toujours été quand un membre du ministère vient ainsi s'accaparer son temps en secret.
Son elfe de maison...

Un silence.
Puis il hoche doucement la tête.
C'est un marché suffisant. Cela lui donnerait assez de temps pour voir ce qu'il fait de Savoy et de cet affront.


Un goût amer alors qu'il le prononce.
Perdre un tel serviteur dévoué... Ils ne courent pas les rues, les jeunes hommes instables prêt à tout lui offrir en échange de fausses attentions. Il faudra croiser les doigts et espérer que sa comédie fut parfaitement exécutée pour rendre le balafré ingérable, qu'il continue de vouloir lui offrir cette couronne promise au premier regard.

Eamon se fige également en posant son regard sur l'elfe de maison, reconnaissant ses traits. Il a grandi en sa présence, et ne s'attendait pas à le revoir depuis qu'il a quitté lai maison Ainsley.
Alors il est l'allié d'Antoine Savoy, désormais ? Libre des griffes de Jovanah Ainsley ?
Un regard jeté au directeur alors qu'il ose venir parler de mauvais souvenirs, avant de revenir à Mobby l'elfe muet télépathe.


La famille n'avait jamais eu beaucoup d'égard pour les elfes de maison, feignant l'attitude de sang pur même dans leurs excès. De tous les Ainsley, Jovanah était la plus terrible. Lui se contentait de lui demander que le minimum, et de laisser les abus arriver sans prendre la peine d'intervenir.
Indifférent.
Maintenant le voilà, plus grand, plus vieux, et il ne peut pas s'empêcher de le fixer.
Aucun mauvais souvenirs ?
Les seuls mauvais souvenirs que cela pouvait bien raviver sont ceux où chaque membre de la famille finit par le regarder avec autant de dédain qu'ils avaient pu le faire pour Mobby.
Même le simple fait de songer à cette autre vie, pourtant si lointaine, lui déplaît.

Dans un soupir, il rejoint Antoine, et serre sa main.
Un autre serment, plus de quoi être impressionné.
Son regard s'attarde sur sa main, qu'il penche légèrement pour l'inspecter. Puis la seconde. Pas d'alliance ? Ses yeux se relèvent vers lui, lentement.
Dommage.


C'est gratuit.
Et plus que de la provocation, il cherche déjà des informations sur son entourage. A qui Antoine Savoy tient-il ? Qui désire-t-il le plus garder en vie ?

C'est étrange, ce regard qu'il accorde à l’elfe de maison. Jamais Eamon n'en avait vu à l'égard de ce genre de créature.Son seul ami...
Ses yeux se posent à son tour sur Mobby, sans cette affection. Empoisonner un elfe de maison ne lui était pas venu à l'esprit jusqu'ici. Bien qu'il fasse partie du paysage de son enfance, bien qu'il ne s'associe pas forcément à ses bourreaux, si c'est la solution pour atteindre Antoine Savoy, alors il n'hésitera pas.

Puis Mobby commence, un anneau se forme.
Il soupire, et laisse l'incantation se faire. Écoute pour la première fois la voix de son ancien serviteur. Et quand vient la promesse d'Antoine, Eamon relève ses yeux vers lui.
Il le jure.
Nouvel anneau.
Et arrive sa réplique.

Eamon prend son temps, passant son regard des anneaux au directeur.
Les meilleures choses lui sont arrachées si vite. Croyance lui offrait tant. Trop, même. Bien qu'il puisse se défaire de n'importe qui pour sa propre survie, il reste à faire le deuil de cet amour facile, de cette dévotion quasi sans faille... Adieu tendresse à la pelle contre une poignée de mensonges, serviteur de ses caprices malsains.
Tout est à refaire.

Et malgré tout, c'est douloureux à prononcer.
Pas la force de feindre l'impassibilité, ni dans sa voix ni dans son allure, qu'il maintient malgré tout digne et droite.

Une nouvelle promesse.
Eamon la regarde s'enfoncer dans sa peau. Cette fois, il y a de vraies conséquences. Pas de place pour les doutes. L'idée de la rédemption lui est si lointaine; son esprit est déjà occupé à passer en revue les solutions pour récupérer un moyen d'intimidation massif n'impliquant pas de créature magique.

Antoine Savoy le tire de ses pensées, prévoit déjà les méfaits qu'il était en train d'imaginer.
Alors il lui offre un nouveau sourire doucereux.


À l'abri, dans son antre vénéneux.
Laissant le risque de se faire coincer aux autres. Leur laissant le sale boulot.
Leur main se quitte, et l'empoisonneur se relève à son aise, époussetant également ses genoux.
Et à nouveau, le directeur l’interrompt.
Marché à fleurir ?
Eamon se redresse et le toise plus curieusement qu'avant, finalement intrigué. Savoy lui cache d'autres motivations ? Il lui offre d'autres raisons pour se pencher sur son cas ?


Un peu d'humour.
Antoine ne mérite rien de plus que ce serment.


Qu'est-ce qu'un misérable employé du ministère en charge des créatures magiques pouvait voir dans un trafic de poison ?