Le problème quand on est gestionnaire de lieux hantés, c'est de ne pas trembler dès qu'on fait craquer le parquet. Sur le pan d'une vieille bâtisse, les poutres grincent et les escaliers ricanent. Tu jettes un oeil à ton coéquipier qui t'annonce qu'il préfère faire le tour des jardins. Tu lui fais signe de la main avant de froncer les sourcils. Tu vérifies le rapport et constates que ce lâche t'a bien eu. Les bruits et les cris proviennent de l'étage, pas des marécages.

Tu décides d'y aller seul. Tu ne feras pas l'effort d'aller le chercher. Tant pis pour les cauchemars et les terreurs nocturnes. Tu peux bien supporter quelques jump scares si cela te permet d'être loin de Londres et du ministère.

Lorsque tu pousses prudemment la porte du manoir, tu traverses le hall au carrelage craquelé pour rejoindre rapidement les escaliers. D'en bas tu lances les sortilèges habituels. Celui qui suivit en dernier est révélateur mais inquiétant.

— « Hominum revelio. »

Il y a quelqu'un parmi ces murs (un humain). Mais est-ce un sorcier ou un moldu ? Impossible que cela soit ce dernier, pas avec les sorts de repousse-moldu que tu as placé en arrivant.

— « Il y a quelqu'un ? »

Question idiote dans un accent idiot. Tu grimpes les escaliers, prêts à braquer la première personne qui se montre défiante. Lorsque tu arrives en haut, tu inspectes chambre par chambre.

— « Cela ne sert rien de vous cacher. »

Et c'est à ce moment-là qu'une silhouette se glisse dans ton dos, te faisant sursauter. La main sur le coeur, le sourire nerveux et paniqué s'étiole quand la chevelure rousse virevolte.

— « Dóbry den’ Miss Vermandois. Quelle surprise. »

Et pas des moindres.

A peine retourné, tu la contemples comme une rareté dangereuse. Dans ton esprit endoctriné par des années de méfiance, tu as du mal à la considérer comme une âme généreuse. Son sourire te glace et tu lui réponds avec détachement et froideur. Tu n'as jamais réussi à faire confiance à Maxine Vermandois et tu jurerais que vos ressemblances soient factices.

— « Malheureusement pour vous, Miss, je vais devoir remettre cette bâtisse sur la liste officielle des endroits homologués par le ministère. »

La question suivante, sa considération à ton égard - tout te parait sincère mais ce n'est qu'un grossier piège.

— « Gardez votre préoccupation pour vous seule. »

Et pourtant, tu ne sais pas si c'est le manque de ta mère, Joe, qui te rend aussi infantile face à elle - mais tu n'arrives pas à serrer le poing aussi fort que tu le voudrais.

— « Quel âge avez-vous réellement ? »