Les mois passent mais rien ne change. Rien, rien, rien. Pas de mémoire miraculeusement retrouvée, hormis quelques vagues flashs auxquels il ne peut donner aucun sens. Pas de réapparition publique, rien pour confirmer les soupçons déjà soufflés à tous les coins de rue. The Crow est de retour, mais alors pourquoi ne pas attaquer ? Pourquoi ne pas se montrer ? Pourquoi ne pas revenir le chercher, lui, quelque chose ?! Il n’en peut plus, Vanitas, éreinté de tout.

          Sauf de toi.

Et même si c’est un peu différent, même si vous devez doucement réapprendre à marcher au même rythme, la vie est plus simple à tes côtés, Neal. Tellement plus simple, en un sens, depuis votre apparition au mariage des Lestrange. La vie est courte, et elle fait peur, alors profitez. Il ne veut plus perdre un seul instant avec toi.

Il transplane jusqu’à la porte de chez toi, éreinté des quelques jours de voyage. Encore et toujours les missions à l’étranger, ça ne s’arrête jamais. C’est d’autant plus fatigant que Vanitas fait des heures supplémentaires sans regrets ; il chercher sans relâche des indices ou des clés, il subit les médias qui le suivent partout pour des questions, il gère les affaires de sa famille. Et le reste du temps, il s’assure que Jasper respire toujours. Programme chargé.

L’heure est tardive, mais tu l’attends, n’est-ce pas ?
Il sonne, tes pas se rapprochent et ton corps l’agrippe à peine la porte ouverte. Comme un élan d’oxygène, son nez se fiche directement à la peau de ton cou. Inspire, expire.

- Hey.

Ses bras se resserrent autour de toi. La tâche a été difficile, mais vous avez tous les deux repris un peu de poids au cours des dernières semaines. Vous veillez l’un sur l’autre, autant que vous le pouvez, même si Vanitas a pertinemment conscience que tu ne dors presque pas. Vos lèvres se trouvent, sa main se ferme sur quelques mèches de tes cheveux tandis qu’il en profite.

- Ca a été oui. Un peu fatigant, pour ne rien te cacher, j’ai poursuivi un mage sur des kilomètres de montagnes escarpées.

Les courbatures se feront certainement sentir. Un sourire, un baiser sur le bout de ton nez avant qu’il n’entre dans l’appartement sans te laisser quitter ses bras. Ça le fait rire, quand il galère à refermer la porte, choisissant d’y donner un léger coup de pied pour la faire claquer.

- Ca sent bon, tu as fait à manger ?

Ses yeux dans les tiens, brillants de malice, puis encore un baiser sur tes lèvres. Et encore un, plus profond, ses bras pour t’enfermer dans une étreinte qu’il aimerait ne jamais cesser. Dieu ce qu’il t’aime.

- Tu m’as manqué. Tu as passé une bonne semaine ?

Faisant fi du tourbillons de pensées et d’émotions qui se fracassent contre sa tête.

ft. @Neal Wright| Avril 2032

Un éclat de rire qu’il ne contrôle pas quand tu énonces le menu de la soirée.

- On reçoit un régiment pour le dîner ?

Mais il plaisante, tu le sais. Et savoir que tu prépares tant, que tu prends plaisir à vous faire à manger, il ne lui faut que ça pour le rassurer. Il te regarde droit dans les yeux, se penche pour flatter Jamie d’une caresse quand elle vient se mêler à ses jambes. Puis quand tu mentionnes Dorothy, il est en train de retirer sa veste pour la poser sur le dossier du canapé. Son regard revient à toi.

- Mh ? Elle allait bien ?

Puis immédiatement les sourcils qui se froncent quand tu parles de son cousin. La plaie purulente de sa vie ces derniers temps.

- Il t’a emmerdé ? N’hésites pas à me le dire, Neal, je te jure que je vais finir par le déshériter.

Ce petit con, avec ses idéaux pourris. Et le pire, c’est que certains membres de sa famille le suivent, l’écoutent, le croient. Mais Vanitas n’abandonne pas. Ses épaules se détendent quand vos doigts se retrouvent, il te suit jusqu’à la cuisine en essayant de ne pas penser à sa dernière dispute avec son cousin. Il s’assoit, docile, ses yeux curieux qui te suivent et le léger frisson dans sa nuque.

- Tout à l’air délicieux, bébé. T'as mis la double dose de fromage, j'espère ?

Mais d’un coup, alors que tu commences à couper, la bouffée d’angoisse qui l’emplit. Tes émotions qui lui rush dans la tête, emplissent son corps et son esprit. Il écarte son assiette pour se donner la place d’atteindre ton poignet qu’il caresse du bout des doigts. Et il sourit, te donnant la parole d’un léger mouvement de sourcils.

- Je comprends.

Son sourire fleurit, et il s’efforce d’apaiser tes craintes par son maintien, par ce qu’il dégage. Même si quelque part, dans son estomac, quelque chose se tord. La peur, l’angoisse que tu l’abandonnes. Mais c’est pas ça, pas vrai ?

- J’ai pas dans l’intention de t’étouffer en te forçant à vivre avec moi, et je sais que Dorothy saura prendre soin de toi. J’ai son numéro, je pourrai lui demander de t’endormir le soir avec une chanson.

Il rit doucement, fait glisser ses doigts jusqu’à les mêler aux tiens. Doux, il cherche à faire refluer ses propres émotions pour calmer les tiennes.

- Je ne t’en veux pas, ne t’inquiète pas. Je veux juste que tu retrouves un rythme qui te fasse du bien. D’accord ?

ft. @Neal Wright| Avril 2032

Un léger hochement de tête quand tu mentionnes Gus, il en avait presque oublié sa présence lors de la mission sauvetage. En même temps, rien d’étonnant puisqu’il n’avait même pas lui-même toute sa tête. Mais toutes les pensées, inquiètes, bonnes comme mauvaises, s’éloignent à la caresse de tes doigts. Gus, Dorothy et même son cousin s’échappent pour ne laisser que ton visage, et tes mots, qui lui tirent un sourire coquin.

- Tu aimes quand je joue le patriarche énervé ?

Son souffle happé par le tien pour un moment de suspension délicieux, sa langue en brève recherche de sa jumelle. Quand tu t’écartes, ses sourcils qui se froncent légèrement.

- Ce qu’il me reproche, c’est d’exister. Cet infâme puceron.

Un soupir, tandis qu’il se passe une main contre la nuque pour la masser.

- J’ai… envoyé ses parents à Azkaban, en même temps que les miens. Il fait partie de cette branche de la famille qui refuse de comprendre.

Celle qui refuse de le reconnaître pleinement, celle qui cherche par tous les moyens à le faire abdiquer pour mener les Cornwell sur la piste des traditions. Ces traditions que Vanitas veut détruire et réécrire, celles dont il veut s’abroger pour écrire la suite de l’histoire des sorciers.

Peau contre peau, ton angoisse qu’il cherche à calmer, il t’écoute lui parler de Dorothy et de vos projets. Et ça lui fait du bien, quelque part, de savoir que tu en as. Alors il t’observe tandis que tu t’expliques, étire un peu son sourire. Taquin.

- Es-tu en train de dire que je suis soporifique ?

Un éclat de rire, puis il pose sa joue contre la paume de sa main. Et il t’admire, le sourire incapable de partir. Il aime t’entendre parler, avec ton calme et ta bienveillance. Tes réflexions pleines de bon sens. Quand tu t’approches, il se redresse et t’accueille sur ses cuisses en glissant ses bras autour de ta taille. T’es tellement beau, il pourrait en crever.

Son sourcil se dresse.

- Tu aimerais que je porte ton nom ?

Mais il sait ce que tu sous-entends. Il sait ce que tu dis à demi-mots, des mots qu’on ne prononce pas vraiment avant d’en être certain mais auxquels on ne peut s’empêcher de penser. Il sourit, glisse une main contre ta nuque pour t’attirer à ses lèvres de façon passionnée. Doucement, pour prendre le temps de t’aimer.

- Prends ton temps. J’ai pleinement confiance en toi, et en nous. Si vivre avec Dorothy te fait sourire, c’est tout ce que je demande.

Et il le pense. Une de ses mains glisse sous ton haut à la recherche de la chaleur de ta peau, puis sa bouche contre ta nuque, ton odeur qu’il inspire. Il n’a jamais été si proche du bonheur que depuis qu’il te connaît, tu sais ? Mais comme tout bon moment doit prendre fin, il ne peut s’en empêcher.

- Bébé…

Sa bouche quitte le grain de ta peau, son menton se lève pour que son œil croise ton regard. Et il sourit, pour tenter d’être le moins accusateur possible avant de continuer.

- Et si tu me parlais du tableau en liège que tu caches, maintenant ?

Parce que ça fait un trop long moment qu’il le perçoit dans tes pensées pour ne pas s’en inquiéter.

ft. @Neal Wright| Avril 2032

Tes mots soulèvent un pan de votre vie auquel jusqu’ici il avait préféré ne pas penser. Dans sa tête, il fait tourner en boucle ton nom, celui que tu pourrais arborer. Neal Cornwell. Neal Wright-Cornwell. Le sentiment de plénitude qui envahit sa poitrine est presque douloureux, c’est presque trop beau, trop facile. Il te sourit, vous avez le temps pour ça. Vous avez le temps, et pourtant savoir que tu y penses, ça nourrit ses besoins et ses insécurités. Tu l’aimes. Tu l’aimes, Neal, pas vrai ? Il y a encore des matins où il ne parvient pas à s’en persuader. Il goûte ta peau, tes lèvres, il aimerait t’embrasser toi tout entier. Certainement qu’il n’aura jamais le moyen de te prouver à quel point tu l’as sauvé.

Quand tu te raidis, il perçoit le léger de la panique dans ta tête. Tu dis que ce n’est rien d’important, mais il a parfaitement conscience que tu mens. Ça le fait sourire, mais pas vraiment.

- Donc, tu peux m’en parler.

Puisque ce n’est rien d’important.

Il te suit des yeux quand tu te lèves, la place que tu abandonnes refroidit instantanément. Puis il fronce les sourcils, le regard attiré par la multitude d’éléments sur le tableau en liège. Des photos, des fils pour faire des connexions, des notes manuscrites… tu t’es réellement pris pour un détective. Une part de lui trouve ça touchant, l’autre t’imagine à passer tes nuits devant. Cerné, fatigué, angoissé.

Il s’en veut.
C’est de sa faute, pas vrai ?

Ton explication terminée, il reste un moment silencieux. Le regard vissé au tableau, sérieux, jusqu’à finalement se lever pour s’en approcher. Il est plutôt complet, bien que la plupart des éléments fassent partie de ceux déjà récupérés par les aurors.

Lentement, son regard remonte sur toi.

- Je ne veux pas que tu t’en occupes.

Sa mâchoire se contracte, il regarde à nouveau le tableau, tous les éléments, le nom de The Crow. Dans sa tête, il se remémore ces moments avec sa famille. Il se souvient des discussions, des réunions, des inferni. Il se souvient de son père au moment d’être emmené par les détraqueurs.

- J’ai eu tort de te demander ton aide, la dernière fois. C’est trop dangereux, Neal.

Son regard revient à toi. Sa cicatrice le démange.

- Nous sommes plusieurs à plancher sur le sujet, des professionnels, je ne veux pas que tu t’approches trop près de toutes ces histoires.

Si tu venais à disparaître, il s’en voudrait certainement jusqu’à crever.

Il lève la main, Vanitas, effleure quelques fils tendus du bout des doigts. Il a conscience que c’est un peu comme une thérapie pour toi, et la dernière chose qu’il souhaite est de te faire de la peine.

- Aurel, Crystal, ou encore moi…

Il marque une pause.

- Nous avons fouillé où il ne le fallait pas. Ou bien, si impliqués dans les histoires de The Crow, nous étions des cibles faciles pour une diversion. C’est ce qu’on pense.

Et c’est la raison pour laquelle ils vont continuer.

Il se tourne à nouveau vers toi, ses mains sur tes épaules. Il aimerait simplement t’attirer à lui et t’enlacer pour tout oublier. Ce serait si facile. Si pratique.

- Pourquoi est-ce que tu as voulu me le cacher ?

ft. @Neal Wright| Avril 2032