« Croyance s'il te plaît, écoute moi » vêtements qui se froissent, respiration frénétique « Croyance je t'en prie » coups, phalanges qui s'écrasent sur les mâchoires, effusion de sang. Il s'énerve, pour la première fois, il lève la voix. Tu t'y attendais pas, Croyance, qu'il réponde à tes coups, qu'il te fasse chuter.

Et t'es là, dans la terre, devant la tombe.

C'est son jour aujourd'hui. T'aurais pas du venir, tu savais que tu allais le croiser mais tu pouvais pas ignorer cette fameuse journée, ce chiffre qui laisse une marque dans le fond de ta mémoire.
Dévore tes ombres, digère ta colère, vent furieux vent fou qui s'écrase sur ton front, trop enragé pour le laisser t'atteindre trop plein de ces flammes

T'as été marqué au fer rouge t'attends que ça d'arracher sa gorge d'éteindre sa voix. T'arrive même pas à l'écouter, tête dans de l'eau en ébullition y'a plus rien qui t'atteint. T'es plus rien. T'es qu'une carcasse. Il a tout bouffé, le parasite, il a tout bouffé.

Puis il prononce son prénom.
Take her name out of your mouth, you don't deserve to mourn.

Tu t'affoles, te jette sur lui et vous échangez encore de la violence, toujours cette violence. Vous dansez au dessus de son corps, à elle qui dort et ne se réveillera jamais.

(et tu sens ton cœur se serrer)
(t'arrives plus à respirer)

et quand t'ouvres les yeux t'es devant sa porte. Ta main crispée autour de ta baguette, tu luttes pour ne pas perdre tes dernières respirations.
Pourquoi lui, pourquoi pas dans le salon d'Isaac
(parce que t'as trop honte)
pourquoi pas dans les bras d'Anthem
(parce que t'as trop peur)
Pourquoi pas contre Silas
(parce que tu veux pas que ta colère ne le touche)

t'as transplané devant celui qui parvient à porter tout ça, t'as transplané devant celui auquel tu appartiens.

T'as encore sa voix en boucle dans ta tête, elle prononce des phrases qui ne possèdent pas de mots et tu respires à peine.

Tu sais pas si tu devrais juste fuir, loin, si c'est une si bonne idée que ça de venir le voir lui. -c'est jamais une bonne idée, ce ne fut pas une seule seconde quelque chose de bien-
Mais t'es comme ça, pour étouffer tes peines tu viens en chercher des plus grandes, alors tu toques à la porte

Lèvre fendue, poings à vif et à sang, et cette expression.
Cette expression que jamais il n'a pu voir chez toi, ce chagrin.

« Eamon j'ai besoin de toi. »

Ta tête est remplie de buée. Il t'a vu épuisé, il t'a vu recouvert de sang, il t'a vu fiévreux mais il ne t'a jamais vu ainsi.
Il ne t'a jamais vu au bord du gouffre. Il ne t'a jamais vu si fort et pourtant si proche de t'effondrer, de te noyer dans tes sanglots de dévorer tes maux de vomir tes regrets.

Et lui qui continue de jouer de cet instrument qui te fait si bien danser.

Cette fois la mélodie ne t'atteint pas. Cette fois tu as décidé de venir ici en sachant les  conséquences, cette fois tu as décidé de venir pour rencontrer ce qu'il y a derrière le masque. Tu veux lui arracher son masque, tu veux qu'il te brise un peu plus.

Et peut-être.
Peut-être que ton amour pour lui te rend bien trop doux. Peut-être que tu n'as plus envie de le forcer à jouer ce rôle.

Que tu veux t'offrir à lui et sa violence. Une violence brute, une violence qui viendrait de son cœur, tu veux l'entendre hurler, tu veux prendre dans tes bras ce soleil tu veux t'y brûler les ailes tu veux porter ses brûlures.

((T'es pas fait pour ça Croyance. Cette nuit, ce soir, avant que minuit ne sonne, t'es de nouveau le gamin effrayé ))
Et ce gamin ne peut voir que le bien même à travers le sang. Il peut voir les sourires qui s'effondrent sur le sol pour afficher des traits qui se tordent.

Mais t'es qu'un jouet.
Ce que Yaroslav t'as apprit c'est que t'as jamais été important pour personne. Que toi qui vois la chaleur dans les ombres tu pourras jamais les atteindre. Ces ombres elles sont attirées par des anges,  ces ombres elles viennent se blottir dans les bras des astres.

Toi t'as fait que les observer, les astres, de là où t'es.

Ton corps lâche ton âme s'éteint.
Arrête Croyance, arrête, il va t'arracher le cœur et le dévorer.
Tu te laisses glisser lentement, accroupis sur le sol, tes doigts logés dans tes mèches blanches.
Et tu pleures. Tu pleures ta mère, tu pleures les coups de ton père, tu pleures ton être brisé, tu pleures Floyd, tu pleures Yaroslav, tu pleures tes amours destructeurs, ceux qui t'ont regardés -parfois avec tendresse- et ont continués vers leurs ombres et leurs astres.

Tu pleures et ça fait mal, ça fait 5 ans que t'as pas pleuré, tu pleures et c'est déchirant. C'est pas des sanglots qu'on entends dans les coins des rues, dans les toilettes et dans les bars tard le soir. C'est presque mélodieux, c'est un cygne. C'est un cygne qui est en deuil.

« Pourquoi ça fait si mal » pourquoi tu me fais si mal, pourquoi je vide mes forces à t'aimer, pourquoi je continues de courir vers toi alors que je sais que tes baisers, tes sourires et ta voix ne sont là que pour rendre ma chute plus longue

((tu lui as demandé))
ça fait parti de ton contrat.
((mais le gamin perdu il a jamais rien demandé))

« Pourquoi t'aimer me fait si mal alors que je sais que je ne suis qu'une distraction » voix cassée voix brûlante de larmes « je le savais bien, pas vrai ? »
puis tu te redresses et tu lèves ta baguette, visage aux yeux rouges, visage que tu aurais aimé oublier à jamais. patronus  tu viens mettre une image sur tes sentiments. Animal à plume qui s'en échappe, Ibis qui vient foncer vers toi Eamon et avant de t'atteindre il meurt, l'animal. Il meurt dans un souffle et les plumes changent, le corps se tord et c'est un cygne qui vient effleurer ta joue, Eamon.

Croyance tu observes et tu ne peux t'empêcher de te mordre la lèvre. Alors ça y est, l'infirmier, tu t'en vas enfin ? Ibis de malheur tu retournes sur l'épaule funeste de ton maître ? Tu l'abandonnes -encore- et le laisses avec cet animal qui se transforme en constellation quand son amant meurt ?

-mais tu sais pas, Croyance, que l'oiseau n'est pas le tien-
Tu sais pas que c'est encore une blessure qui s'ouvre, que ton amour -toujours, à jamais- destructeur ne prendra jamais fin.
T'aimes trop, à en crever.

Comme les cygnes, Croyance, comme les cygnes.

La créature étend ses ailes (regarde comme il est beau, regarde comme il se moque de tes sanglots) et s'évanouit, refaisant tomber le silence, refaisant tomber ta baguette sur le sol alors que tu caches ton visage dans tes mains.

Crève cœur crève mœurs, crève
crève
crève l'amour au bord des lèvres, crève les yeux noyés de chagrin, crève en tendant les mains vers un trou noir, vers une fenêtre vers des abysses
(laisse les mettre fin à tes jours)

Si l'amour tue (elle tuera Croyance) , l’orgueil sera ton poison Eamon (et tu le verseras toi même dans ton vin)
Main qui se tend pour effleurer tes cheveux main qui relève ton visage et là
là devant toi un autre visage. Une chevelure brune mais un sourire qui n'est plus. Encore ta blouse blanche sur tes épaules fièrement posée.
Encore ta voix.
Ne me vise plus jamais avec ta baguette.

Oh Eamon. Aurais-tu oublié ton propre contrat, écrit avec ton propre sang, scellé avec tes lèvres ? Ta vie tu l'as aussi donné, dans cet échange malsain, ta vie c'est le loup qui l'a possède entre ses crocs et si ton poison coulera le long de sa gorge ce sera de sa baguette que tu tomberas.

Chirurgicale. Tu sais où viser. Chirurgicale, tu sais quelle artère se vide en premier. Chirurgicale, tu sais faire durer la douleur.

Corps fantomatique qui se lève bien trop lentement, carcasse dépourvu de vie, les larmes coulent encore mais t'es mort. T'es plus vraiment là, le gamin a laissé sa place.
And don't you ever come back again.

Chaise qui se tire et enfin ton regard termine par se poser sur Eamon. Noyé de larmes et pourtant ton visage est comme figé.

T'as peur. T'as pas complètement sombré. T'as peur parce que tu sais que dans ce monde, quelque part, quelqu'un ou quelque chose parviendra à t'arracher tes barrières et te faire souffrir bien plus encore.
(toujours plus)

Avant de t’asseoir tu ne peux t'empêcher d'y réfléchir.
A son visage quand ta baguette s'est rivée sur lui. Pour la première fois t'as vu ne serait-ce qu'un éclat de lui. Derrière les yeux qui brillent faussement, derrière le sourire qui te séduit pour te jeter dans la poussière.
Quelqu'un.

Tu t'installes et observe la tasse d'Eamon en arquant un sourcil puis affiche un sourire, posant ton menton dans le creux de ta main.

« C'est la première fois que tu tires ainsi sur ma chaîne. » Que tu lui ordonnes que tu lui met dans le fond de la gorge regret et servitude. « C'est l'anniversaire de ma mère. »

Corps qui s'immobilise et tu passes ta main sur ton visage en soufflant un rire brisé

« Qu'est ce que je raconte. C'est l'anniversaire de la mort de ma mère. » T'es tellement épuisé de pleurer une image qu'au final tu n'auras jamais vraiment vu. Une image qui s'est plongé dans le fond de son lit jusqu'à son dernier souffle par ta faute. Non. Par la faute de ton père. C'était lui qui a attiré le loup dans votre maison, pas toi. « Et ça » t'indique les plaies sur ton visage du bout du doigt « le cadeau de mon père. »

T'as jamais été leur honte. T'as jamais été une disgrâce un outrage mais t'as été quelque chose qui fait peur. Quelque chose d’incontrôlable. Quelque chose de triste.

Tu croises tes jambes et vient passer ta langue sur ta plaie.

« Tu n'as pas quelque chose de plus fort que ça ? » Tu détournes le regard, le posant sur la chouette. Aussi féroce que son maître uh ? « J'ai le dos tourné tu pourrais même en profiter pour - » voix murmurée et tu souris. T'es complètement accroc à la douleur, au danger, à la mort « l'améliorer ? » il t'invite à l'empoisonner, il t'invite à y mettre ce que tu désires dedans. Simple mort ou une potion plus malsaine, t'as le champ libre Eamon. Profite qu'il chiale, profite qu'il supplie ton aide, c'est le moment de tirer sur toutes les cordes que t'as en main, qu'il t'a donné jusque là.

Rend le ivre de ton amour mensonger, rend le ivre d'un repos qu'il n'aura pas, rend le ivre de ta violence de ta colère de ta frustration.

Si il offre douceur et amour, toi tu veux embrasser sa rage.
Tu veux en avoir le monopole. Ces sentiments nocifs ? Ils sont tiens.

T'es tellement brisé Croyance. T'es tellement détruit, tu sais même plus pourquoi tu continues de marcher. T'entends les voix dans les chambres, t'entends les dilemmes des grandes familles, les attentes des héritiers, les promesses des amants. Ils ont tous une raison d'avancer dans cette masse difforme et glaciale. Même lui, le démon, il doit avoir une raison de se tenir debout. Il doit avoir une raison de te tordre le cou.
Regard perdu sur l'animal ailé qui voudrait ta mort -tu la veux aussi-
les animaux ont tendances à te détester, comme s'ils savaient. Comme s'ils savaient ce qu'il se trouve sous ta peau, comme s'ils savaient que t'étais plus qu'une carcasse prête à se faire dévorer.

Tu remarques même pas quand il revient, t'entends à peine sa voix. T'es épuisé. Physiquement t'es là, toujours fort ((grace au loup)) toujours trop fort alors que tu fais aucun efforts. Mais là, dans tes pensées, en face du miroir de rised, plus rien.

La poussière qui se fait épaisse sur tes épaules. Relique d'un âge d'or. Relique d'un passé héroïque alors que tu croisais le fer entouré d'une foule enragée, relique d'un adolescent plein de sentiments et de passions.

Puis enfin tes yeux se posent sur le liquide.

« Eamon s'il te plaît, quand tu me tueras, utilise quelque chose de doux. J'ai peur de mourir, j'ai peur d'avoir mal. »

T'as pas suivi ce qu'il te disait, t'étais loin, bien trop loin. Et t'as murmuré ça, d'une voix si basse que peut-être ne l'a t-il même pas entendu.
Tu portes la tasse à tes lèvres et t’avale tout. Il doit attendre un Encore, alors il a sûrement mit quelque chose qui fera fondre tes poumons, qui te fera cracher du sang, qui fera virer au noir tes veines. ((comme on te l'a déjà fait, au final))

Mais c'est différent. Quand tu lèves les yeux vers lui tes os ne se brisent pas, tes organes ne se retournent pas dans ton corps. C'est comme si tout les nuages dans ta tête venaient de laisser place à un ciel bien trop brillant, bien trop bleu.

« Elle est morte à cause de moi. » Tu retiens un instant ton souffle et tu comprends trop vite ce qu'il a mit dans ton thé. Tu te mords la lèvre et baisse les yeux.  Et pourtant « Elle n'a pas supporté que je devienne un loup-garou à cause de mon père, l'homme qu'elle aimait de tout son cœur, elle ne supportait pas me voir décrépir , elle n'arrivait pas à être en colère alors .. » t'as envie de t'arrêter de parler, tu sens tes larmes monter à tes yeux -encore- t'as honte. « alors elle se laissait juste mourir. Parce que c'était plus simple. Elle a toujours eu une petite santé. Ça l'a achevé. »

Tu poses ta main sur ta bouche en étouffant un sanglot et tu fermes les yeux.

« Oui. Parce qu'elle me manque, parce que je me sens bien à tes côtés, parce que j'avais envie d'entendre ta voix. » t'as l'impression qu'on te dépossède, t'as envie de fuir, ton cœur se serre tellement. C'est injuste. « parce que malgré le fais que tu me vois simplement comme un jouet d'un temps, misérable et détestable, je ne peux m'empêcher de te trouver incroyable. Qu'il faut beaucoup de courage et de force pour faire ce que tu fais, je n'y arriverai jamais moi. »

Voix qui tremble, mains aussi. T'as l'impression qu'on vient de verser du ciment dans tes poumons, t'es essoufflé. Tu agrippes ta chemise au niveau de ta poitrine, la tête légèrement basse et pourtant tes yeux plein d'amour, de chagrin de tendresse plongé dans ceux d'Eamon.
On pourrai te tuer 50 fois Croyance, tu continueras d'aimer, encore et encore.
Sans t'arrêter, en sang, le corps recouvert d'hématomes, tu ne t'arrêteras pas, même quand tu n'auras plus la force de tenir cette épée dans tes mains, même quand tes jambes te lâcheront, que tu ne seras que corps allongé sur un champ de bataille, tu continueras.

« Pardon Eamon, pardonne moi »

d'avoir mit entre tes mains ma vie, d'avoir posé mon regard sur toi, de t'avoir tiré dans mon ombre.

Et le démon s'amusa à prendre la place de Dieu. Cette nuit (leur nuit) il joue à Dieu. Il s'approche, le diable, toujours plus proche, toujours plus près, de tes organes de tes poumons de tes reins ((qu'il vendra une fois mort)) et sa main se tend pour venir effleurer ta chevelure, la pulpe de ses doigts qui viennent faire fleurir les rougeurs de tes joues ((encore, croyance, vraiment ? Encore ? Combien de fois vas-tu lui offrir les battements de ton cœur))
Il pardonne
Il offre
Il propose
-il ment-

fièvre mortelle qui te prend aux tripes, monde qui tourne autour de toi. Mélange de couleurs, mélange de douleurs, celle qui vient du passé, celle qui porte le parfum d'une silhouette fragile, celle du présent quand sa peau rencontre la tienne, quand son souffle contre ton cou te rend fou puis celle du futur qu'il vient de t'offrir. Une nouvelle plaie.

Et tu retiens ta respiration, tu n'oses plus laisser son air pénétrer tes poumons. Son arum qui te fais perdre tes moyens. Qui te fais regarder dans une direction bien trop dangereuse, sur un chemin bien trop instable.

Reste.
Plus qu'un jouet. Plus qu'un papillon de nuit ; éphémère.
« Eamon.. »

Ta voix qui se languit qui supplie presque, qui n'est que le titre de ton maître : tu lui appartiens, tu t'es offert et chaque fois que tu gémis son prénom son emprise sur ta gorge se serre un peu plus.
Et à chaque fois tu perds un peu plus de ton humanité.

Pourquoi, démon, veux-tu le posséder un peu plus, veux tu obtenir ce qui ne te sera pas utile pour ta conquête ((son amour dévorant, ses inclinaisons, ses fièvres))
Et il occupe tes pensées, impossible de ne plus le retirer de là
Est-ce le poison qui opère toujours ou ta passion.

Regard qui ose enfin se poser sur lui, sur ses yeux (ses lèvres) et t'as mal, c'est comme toucher une étoile ; brûlant.
Et t'as mal parce que tes yeux sont encore pleins de larmes, et t'as mal parce que t'as cette immense pression sur ton cœur, parce que t'as du mal à respirer et parce que ton corps est encore tremblant. Tu veux que cette journée prenne fin, que ce mois prenne fin que cette vie prenne fin.

Viendra un jour où il te fuira, Eamon. Viendra un jour ou le loup ne pourra plus s'approcher de toi. Parce qu'il aura trop peur de te faire du mal. Parce qu'il cessera de détourner le regard de ta lumière et qu'il ne pourra plus te donner cette couronne. Parce que tu seras devenu quelque chose qu'il pourrait perdre.

Tu fini par te lever de ta chaise, prend la main du seigneur pour qu'il n'ait plus un genoux à terre, pour qu'il soit debout devant toi
Main qui se pose sur son torse alors que ton regard est toujours aussi fuyant, à fixer le sol parce que c'est plus simple

« J'ignore si rester est une bonne idée, tout en toi est attirant, ta voix encore plus et je n'ai pas envie de perdre à ce jeu .. » murmures et murmures alors que tes doigts serrent de manière si désespéré le tissu qui couvre sa peau

Ses doigts qui s'entrelacent avec les tiens, sa voix qui te demande -encore une fois- de rester. Ce n'était pas bien difficile de gagner contre toi ce soir. Et n'est-ce pas ton rôle ? De rendre victorieux Eamon, quoi qu'il arrive ? De lui offrir or, ton corps, couronne, surhomme que tu deviens quand il l'ordonne.

Et il te regarde, doux. Mais tes prunelles ne mentent pas et il est amoureux. Il est amoureux de la libellule, il est amoureux de l'hématome, il aime que le sort décide des battements de ton cœur.
Et surtout il t'aime toi, démon qui plante tes crocs dans sa gorge en visant la jugulaire et la pression de ta mâchoire le maintient en vie

car quand tu lâcheras il se videra de son sang.

« .. Entendu »

Mais il lâche un peu son emprise et tu refuses d'observer la porte qui se dessine dans ton dos alors tu reprends sa main dans la tienne et tu viens y déposer un baiser, tout d'abord sur l'intérieur de son poignet (( là où ses veines, chaudes, te font frémir )) puis dans le creux de celle-ci ((là où il tient fermement tes secrets)) puis ses doigts ((souvenir du premier présent que tu lui déposas, sanglant, à ses pieds))

« Sais-tu assez mentir pour soigner mon cœur ? »

Il n'aime pas perdre, le diable, mais ce jeu là il ne peu y sortir vainqueur. Parce qu'il faudrait que de ses mensonges fleurissent une vérité candide qui enveloppe tendrement son torse pour l'étreindre et effleurer ses omoplates , remontant jusqu'à la naissance de ses cheveux, tout contre sa nuque.
Et ça Eamon, tu n'y parviendras sûrement jamais, n'est-ce pas ?
Parce que dire la vérité, parce que la ressentir, ça fait mal. Et les rois ne souffrent pas.

Alors quand tu le regardes tu es curieux ((désespéré, amoureux et brûlant de fièvre, sa fièvre qu'il te provoque)) mais curieux. Inquiet de savoir s'il peut tomber dans tes bras sans s'y noyer.

Au bord du précipice arriveras-tu à lui faire détourner les yeux du vide, lui qui attend qu'on l'y pousse pour que ses os viennent rejoindre les fonds marins. Pour que sa carcasse se fasse dévorer par plus gros que ce qu'il devient les nuits pleines, pour rendre furieuse la louve qui gronde.

Mais tu ne prononces pas cela, tu ne lui dévoiles pas les conditions pour gagner -trop facile sinon- tu lui donnes simplement une épée ((mais il sait pas où te transpercer pour que ton corps inspire un sculpteur et qu'à jamais tu deviennes statue, figé dans le temps))

Sa main qui se pose là où ton cœur sommeille, sa voix qui pour la première fois sonne juste. Et ça provoque une rage si violente chez toi. T'as envie de le ruer de coups de lui arracher cette expression si étrange sur le visage. Pourquoi Eamon, pourquoi lui offrir ne serait-ce qu'un peu de bonté, lui qui ne connaît que la virulence des trahisons.
Cela faisait parti du jeu bien sûr.
Et les doigts se serrent un peu plus autour de ta gorge alors que tu cherches ton souffle dans son regard. Et ce même sourire revient, celui bien trop sincère, celui bien trop doux, celui qui ((se fait avoir))

« .. merci Eamon.. merci »

Un abris. Cela ne devrait pas l'être, c'est un cimetière là où tu te diriges Croyance, et lui il creuse ta tombe, lentement mais avec précision. Il prend tes mesures, sélectionne les meilleurs fleurs et tu y avances avec -joie-
C'est si facile de tomber dans ses bras. C'est si facile de tomber amoureux.

« Ah.. j'en ai oublié le plus important »

Il est immense ce démon alors il te force à te mettre sur la pointe des pieds alors que dans un bref mouvement tu déposes tes lèvres contre les siennes ; mais c'est bien trop chaste, bien trop pur pour quelque chose qui vous appartient.

Sourire sur le visage alors que tu te recules ((tes yeux encore rouges))

« Félicitation pour votre promotion, Monsieur Ainsley »

Quel est cet étrange spectacle, où est le sang et la rage qui brûle dans ton ventre.
Oh elle reviendra Croyance, mais pas ce soir, pas maintenant. T'es trop fatigué pour lui montrer les crocs, t'es trop fatigué pour lutter.

Puis tu poses ton front contre son torse et tu fermes les yeux. Et tu laisses les secondes devenir minutes, et tu laisses son odeur apaiser tes mœurs, et tu laisses les battements de son cœur faire taire ses douleurs. Parce que tu dois bien vite fuir avant qu'il ne te vole bien trop gros.

« Tu es important. »

Pensée qui n'avait pas de contexte précis, elle brûlait tout simplement bien trop tes lèvres et tu te devais de le lui dire avant de fuir rejoindre les méandres de ta petite vie.

Et lui ne s'y fera sûrement jamais.
T'as grandit dans la suie et les bleus, quand les bras se tendent vers toi tu y cours, pour t'y blottir pour disparaître. Et pourtant tu ne t'y feras jamais. Parce que les battements de son cœur sont si intriguant. Tu es musicien avant d'être médecin Croyance
((les deux s’entrelacent n'est ce pas))

Le fantôme se recule pour observer une dernière fois Eamon.
Ta main effleure la sienne, rapidement, discrètement.

Peut-être que la prochaine fois que tu le verras tu seras de nouveau ensanglanté, peut-être que la prochaine fois il voudra ta mort. Alors là, sous le reflet étrange d'une lumière ancienne tu l'observes, œuvre d'art inachevée.

« Hm.. encore merci pour tout. »

Tu lances un regard et t'approches pour récupérer ta baguette -elle n'est pas sortie de ta mémoire embrumée- et un instant tu t'immobilises.
Quand tu te tournes vers ton démon c'est une lueur différente qui abrite le fond de tes yeux, une lueur qui demande ''comment comptes-tu m'utiliser maintenant''

« C'est bientôt la pleine lune. »

Sourire effacé. Âme effacée.
Que penserai Isaac s'il te voyait ainsi vendre ton être contre quelques tendresses mensongères.
((du dégoût, il serait simplement dégoûté))

« Bonne nuit, Eamon. »

Dans les ombres qui se dessinent sur le sol tu t'évapores.
Dans les ombres qui te maudissent tu t'endors.
Dans les ombres qui t'observent tu t'oublies.