Le métier de secrétaire avait beau ne pas être vu comme une réussite, Tiphaine était persuadée que ses collègues et elle avaient beaucoup plus de valeur qu'on ne le leur attribuait. Si du jour au lendemain, ils faisaient grèves - comme ils aimaient tant à le faire dans son pays natal, les avocats se retrouveraient bien embêtés.

Et quand elle se retrouvait à devoir faire des allers-retours ainsi, bien que ça soit rare, l'idée était tentante. Ce n'était pas de sa faute, si la révolution était dans son sang.

Elle resta stoïque quand on demande à arrêter l'ascenceur, elle faisait parti de ceux qui préféraient être seuls dans la cabine, surtout quand elle était déjà en tête à tête avec une pile de dossier qu'elle tenait à bout de bras. Pas de chance pour elle, on réussit tout de même à se glisser entre les portes de l'ascenceur, et il lui fallut quelques secondes pour reconnaître le visage de la personne.

— B-Bonjour...

Il y avait des gens qui se distinguaient de la foule, par leur charisme, leur carrure, leur accoutrement... Tiphaine se remémorait distinctement de cette personne parce qu'elle avait eu du mal à croire qu'il s'agissait d'une femme, et une qui travaillait pour la brigade de défense magique en plus de cela. Elle ignorait pourquoi, mais elle lui trouvait un charme intimidant.

Perturbant.

— Non... Enfin... C'est mon travail quoi...

Ce n'était pas son genre, d'être à court de mots, aussi ça ne l'étonnait pas que l'asiatique s'en aille sans poursuivre la conversation. Intérieurement, Tiphaine se donnait des baffes mentales pour avoir perdu les moyens aussi facilement. C'était humiliant. Elle espérait ne pas avoir à revivre ça.

Bien évidemment, il fallait que Tiphaine croise à nouveau la route de cette grande femme qui l'intimidait d'une manière bien étrange. C'était embêtant qu'elle ait à chaque fois autant de dossiers dans les bras. Elle était déjà nerveuse en sa présence, mais l'agacement d'une tâche manuelle et physique ajoutait une certaine irritation dans son ton, en plus de l'embarras.

— Secrétaire. C'est... voilà.

Décidément, Tiphaine était bien éloquente. En même temps, elle doutait que cette dame soit intéressé par les missions de son poste. Elle avait cru comprendre que la nippone travaillait au département de la brigade de défense magique, un métier certainement plus passionnant que le sien.

— Oui...  A demain.

Elle ne savait pas, à vrai dire, si elles se recroiseraient demain. Beaucoup de personnes travaillaient au ministère et utilistaient l'ascenceur. Mais peut-être que la prochaine fois, Tiphaine arriverait à former une phrase complète.

Peut-être.

Tiphaine se croyait presque en sécurité, ce matin, en se disant qu'avec une autres personne dans l'ascenseur, elle ne serait plus aussi perturbée. Elle fut presque assez confiante quand les portes s'ouvrirent, mais fronça les sourcils quand son collègue s'enfuit. Oh non, c'était reparti. Elle s'éclaircit la gorge et remonta ses dossiers contre elle, comme s'ils pouvaient servir de bouclier.

— Mon emploi du temps n'est pas toujours à la minute près...

Elle n'était pas sûre que le contraire aurait été plus cauchemardesque. D'un côté elle saurait à quoi s'attendre, de l'autre il n'y aurait pas d'excuses pour une marge d'erreur. Elle secoua la tête. Est-ce que l'inconnue venait de dire qu'elle l'attendait ? Non, sûrement qu'elle plaisantait.

L'aide ne fut pas malvenue, Tiphaine bredouilla un remerciement et hocha la tête.

— Tiphaine Rosier. Tiffany. Je suis secrétaire. C'est mon étage... Vous êtes sûres que ça ne vous embête pas ?

Ceci dit, avec des bras pareils, ses dossiers ne devaient pas peser grand chose.