Tradition : Ensemble de légendes, de faits, de doctrines, d'opinions, de coutumes, d'usages, etc., transmis oralement sur un long espace de temps.

Tiphaine pensait sincèrement qu’elle mènerait la vie que ses parents ont toujours voulu pour elle. Et que ça suffirait à la rendre heureuse. Son destin était déjà tout tracé, d’autant plus qu’elle avait un petit frère sur qui les parents comptaient plus qu’elle. Qu’à cela ne tienne, ses parents étaient décidés à en faire une fille de bonne famille bien éduquée, charmante, agréable.
Et agréable, ça l’était, d’avoir les cours tranquillement chez soi, d’avoir de beaux vêtements, des bons repas, un énorme jardin dans lequel elle passait tout son temps, et parfois des sucreries en plus quand elle faisait des yeux de chiens battus dans les cuisines.

Elle savait déjà, à l’époque, dire ce qu’il fallait pour avoir ce qu’elle voulait. Elle savait que la patience et le mérite étaient la clé pour obtenir un oui de papa et maman. Elle n’a jamais eu une once d’envie, vis-à-vis de son frère. Elle s’est toujours considérée comme étant une soeur bienveillante, peut-être un peu espiègle, un peu farceuse, mais rien de bien méchant. Endoctrinée très jeune, elle savait où était sa place et ne la remettait que peu en question. La pression familiale ne l’affectait que très peu à cette époque.

D'ailleurs, elle faisait de son mieux pour que cette pression n'affecte pas Victor. Déjà petits, elle voyait bien qu'il voulait faire autre chose que prendre la tête de la famille. Ils avaient quand même cette passion pour les créatures qui les a rapprochés, ça et parfois, faire tourner leurs parents en bourrique.

Quand ça n'était pas Victor, c'était avec Elisabeth qu'elle aimait passer du temps. Elle se voyaient souvent dans les Pyrénées, pendant les vacances, et s'amusaient pendant les randonnées. Elles avaient toutes les deux beaucoup en commun, et Elisabeth est très vite devenue sa meilleure amie, plus que sa cousine. Elles avaient les mêmes ambitions, les mêmes rêves, les mêmes craintes...
Mais elles pouvaient compter l'une sur l'autre, et à l'époque où il n'y avait pas encore beaucoup d'occasion de se faire des amis, c'était précieux.

Tradition : Manière d'agir ou de penser transmise depuis des générations à l'intérieur d'un groupe.

Chez les Rosier, il n’y avait pas qu’une, mais trois épées de Damoclès sur leurs têtes.
La première, c’était qu’une fée devait faire grâce de sa présence le jour de leur onzième anniversaire.
La seconde était la fameuse épreuve des Trois Merveilles.
La troisième était de faire un bon mariage.

Tiphaine a suivi très tôt l’exemple de Marie-Antoinette, et son exécution eut lieu le jour de ses onze ans, quand aucune fée n’a daignée venir pour son anniversaire.
Pourtant, toutes les conditions avaient été réunies. Une grande fête a été organisée avec toute la famille, même la branche française a été conviée. Ils ont attendu, à l'orée de la forêt, illuminée par des lampes magiques, toute la journée de voir une petite créature ailée montrer son intérêt envers la Tiphaine. Tard le soir, il a fallu se rendre à l’évidence, la tradition ne se poursuivrait pas avec elle.
Elle alla se coucher la boule au ventre, en espérant que ça n’était qu’un cauchemar. Un cauchemar qui l’a sinueusement hantée toute cette année, et qui s’est réalisé.

Depuis, la famille s’est peu à peu désintéressée d’elle. Heureusement, Victor ne semblait pas avoir changé d’attitude envers sa grande soeur. Malheureusement, elle n’eut même pas le temps de rester avec lui le reste de l’année, obligée de retourner à Poudlard avec la lourde sensation d’échec qui lui pèse encore aujourd’hui.

Il y avait Elisabeth aussi, qui avait essayé de la réconforter. Mais quelques mois plus tard, quand elle reçu sa propre fée, Tiphaine se sentit à nouveau délaissée. Elle essayait d'être contente pour sa cousine, mais elle ne pouvait s'empêcher de se sentir jalouse et amère. Malgré elle, voir Elisabeth était maintenant devenue difficile.
Elle fit des efforts, tenta de mettre son ressentiment de côté. C'était plus simple quand elles n'avaient pas besoin de se voir tous les jours.

Et puis, il ne lui restait plus qu’une chose à faire ; faire preuve de patience. Exceller dans le reste. Compenser à tout prix.

Il lui restait encore l’épreuve des Trois Merveilles.

Tradition : Action, façon de transmettre un savoir, abstrait ou concret, de génération en génération par la parole, par l'écrit ou par l'exemple.

La deuxième épée de Damoclès s’abattu le jour de l’épreuve d’Andrea.

Elle se souviendra toujours du moment où Andrea est ressorti de l’épreuve en boitant. Elle savait déjà que l’épreuve était difficile, et à ses dix-sept ans, elle comptait encore sur cela pour prouver qu’elle avait quelque chose dans cette famille. Mais la peur panique qui l’a saisi lorsque l’on annonça que plus jamais Andrea ne retrouverait l’usage de sa jambe lui remémora qu’elle ne serait jamais à la hauteur.

Bien qu’ayant peu de lien avec son cousin, du fait de la distance, elle avait beaucoup entendu parlé de lui. Elle savait qu’il avait un avenir prometteur comme prochain chef de famille, qu’il était brillant. Elle a même décidé de faire un échange scolaire à Beauxbâtons pour suivre ses traces, devenir avocate.

Mais si même-lui n’avait pas réussi l’épreuve, comment est-ce qu’elle pouvait y prétendre ?

Dans la foulée, elle abandonna ses études de droit, se recentra sur quelque chose de plus simple, auquel elle ne pourrait pas échouer. Peut-être qu’elle éviterai de cumuler les déceptions.

Tradition : Transfert juridique de la possession d'une chose faisant l'objet d'un contrat.

La troisième épée s'abattue plus brutalement.

Depuis toute petite, la famille Rosier et celle d’Héphaïstos prenaient le temps de se voir, pour laisser leurs enfants jouer ensemble. Ainsi, Hephaistos et Tiphaine se connaissaient déjà. Ca les avait suivi toutes leurs enfants, et quand ils furent en âge de comprendre ce qu'essayaient de comploter leurs familles, ils ne s’y sont pas opposés. Il n’y avait pas d’amour entre eux, seulement du pragmatisme, et il fallait avouer que Tiphaine s’y complaisait. C’était facile, c’était tracé, ce n’était pas quelque chose qu’elle aurait pu faire rater.

Bien qu'ils n'aient jamais dis les choses explicitement, Tiphaine pensait que Luke et elle étaient sur la même longueur d'ondes. A défaut d'éprouver un quelconque sentiment amoureux l'un envers l'autre, ils étaient suffisamment à l'aise pour se moquer de la situation.

Parfois, Hephaistos ressortait le fait qu'il n'avait toujours pas digéré la fois où Tiphaine avait demandé à ses parents pourquoi est-ce que ça n'était pas avec son grand frère qu'elle allait se marier. Et Tiphaine rétorquait qu'elle n'avait même pas huit ans à l'époque.
Elle l'avouait, c'était plus simple pour elle de ne pas avoir à faire d'effort avec Hephaistos, elle savait où ils s'en tenaient et il n'y avait pas besoin de chercher plus loin. Si elle pouvait au moins avoir ça, un mari sang-pur, peut-être qu'elle pourrait se sentir plus à l'aise avec sa propre famille.

Alors, quand elle finit par apprendre, devant tous, qu'Hephaistos allait épouser Elisabeth, Tiphaine sentit son sang se glacer dans ses veines.

Il n'y avait pas d'éclats de voix, pas de violence, elle n'avait jamais été du genre à faire scandale de toute façon. Elle se sentait trahie et humiliée, et ultimement, ce n'était pas perdre un "ami" qui la contrariait, mais ce qu'elle allait bien pouvoir faire de son futur maintenant.

Pire encore, c'était Elisabeth qu'il allait épouser.

Mais pourquoi est-ce que ça la surprenait encore ?

Bien sûr que c'était à Elisabeth d'avoir tout. Elisabeth pourrait demander la lune que quelqu'un la lui ramènerait sur un plateau doré. Ca ne lui suffisait pas d'avoir une fée, d'avoir réussi sa carrière de droit, il fallait en plus qu'elle lui vole sa dernière carte pour sauver sa face.

Le champagne n'avait jamais été aussi amer que cette soirée-là.
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Tiphaine avait l'impression de perdre pied.

Elle évitait au maximum de croiser ses parents, ce qui n'était pas très difficile avec son travail. Elle prétextait devoir démarrer tôt, emportait son panier déjeuner préparée à l'avance par les employés, et flânait dans les rues jusqu'à son bureau. Et le soir, elle flânait de nouveau. Ca lui évitait de réfléchir à son avenir, et d'avoir l'esprit occupé. Elle préférait entendre les vendeurs lui présenter les nouveautés de la saison, plutôt qu'écouter ses parents lui demander ce qu'elle comptait faire de sa vie. Elle préférait discuter de choses agréables, échanger sur les prochains événements à ne pas rater, plutôt que se rappeler à quel point son existence était insignifiante. Elle avait l'impression d'être une méduse qui se laissait porter par le courant.

Il y a quelque jours, en faisant du tri dans ses affaires, elle avait retrouvé un journal qu'elle avait tenu, plus jeune à Poudlard.

Elle eut du mal à se reconnaître, dans cette jeune fille qui avait de grands projets, qui changeaient un peu en fonction de ses humeurs. Un jour c'était avocate, un autre c'était magizoologiste, un jour soigneuse de créatures magiques, un jour botaniste, un jour apothicaire... Puis, elle avait oublié qu'à l'époque, son obsession allait vers l'épreuve des Trois Merveilles. Elle avait fait un rétroplanning sur quatre ans, de sa troisième à septième année à Poudlard, avec ce qu'elle avait besoin d'apprendre, de connaître et de perfectionner avant de participer, avec des posts-its qui volaient un peu partout.

Tiphaine se fit la réflexion qu'elle n'avait, techniquement, pas encore passé le test.
Peut-être qu'un jour, il fallait qu'elle s'y remette.

Alors, après avoir terminé sa journée de travail, au lieu de traîner dans les boutiques, elle se dirigea vers la librairie. Elle revint avec des nombreux tomes de magie avancée. Elle sorti un carnet de son tiroir, puis elle se mit à rédiger un plan.
Un plan sur trois ans.

Dans trois ans, elle passerait cette épreuve.
Et enfin peut-être, elle se résoudrai à changer de vie.

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TL;DR : Histoire

• 
  Tiphaine est bilingue. Elle a fait une année d'étude à Beauxbâtons en sixième année.
  C’est la seule de sa famille à ne pas avoir eu de fée à ses dix ans.
  Elle a deux serpents : un petit (Sissy) et un grand (Altair).
  Elle l’a toujours très mal vécue, mais s’était dit qu’elle pourrait sans doute se rattraper à l’épreuve des Trois Merveilles.
  A vu son cousin Andrea revenir avec des séquelles permanentes et a très vite changé d’avis.
  Elle a une relation très compliquée avec sa cousine, Elisabeth.
  Elle voulait devenir avocate, mais devant la pression des études, elle s’est finalement rétractée pour devenir assistante au Magenmagot.
  Elle n’est pas passionnée par son métier, mais sait très bien faire son job, qui est stable et confortable.
  Elle déteste dépendre encore financièrement de ses parents, et d’habiter encore avec eux, mais ses besoins matérialistes sont plus forts que son besoin d’indépendance.
  Elle considère que son seul "talent" est de pouvoir repéré les objets rares et précieux, et ses goûts impeccables.
  Elle est aussi très fière de son petit jardin tropical.
  Elle cherche un mari sang-pur, l’amour est secondaire.
  Elle s'est promis que dans trois ans, elle réussirait l'épreuve des Trois Merveilles de la famille Rosier.
  Elle n’est pas à la page en ce qui concerne les avancées magiques, surtout les influenceurs et les réseaux sociaux.
  D’ailleurs ça peut-être une idée de lien, quelqu’un qui la bouge un peu de sa case de bourgeoise…