Vanitas est assis dans son lit, vêtu d’une tenue standard d'hôpital, les joues creusées, la peau nettoyée depuis son retour de la forêt. Jasper vient de partir, laissant derrière lui le silence des questionnements, des remises en question et des souvenirs en vrac. Il pense, repense, Vanitas, mais plus il essaie, plus c’est difficile de s’accrocher. Fatigué, son corps, son esprit. Il glisse ses mains à ses tempes, dans ses cheveux qu’il tire en arrière en échouant son crâne contre le mur derrière son lit.

Oubliés.
Quel comble pour un legilimens que de perdre ses propres souvenirs.

Il pousse un soupir, ramène ses mains devant ses yeux pour les observer. Qu’ont-elles bien pu faire, ces mains, durant ces jours et ces jours dont il est incapable de se rappeler ? Il imagine le pire, il revoit Aurel, Crystal, leur état, ce qu’il a entendu à propos des autres, aussi. De Cillian…

Ses sourcils se froncent, monte doucement la colère envers sa tête qui le lâche. Est-il encore digne d’être un auror après une débâcle pareille ? Après avoir attaqué les siens, ses amis, ses collègues, ses supérieurs… Qu’a-t-il bien pu faire d’autre, Vanitas ?

Et c’est alors qu’il se torture l’esprit que tu entres. Il n’a pas entendu les pas précipités dans les couloirs, mais quand la porte s’ouvre ses yeux s’ancrent immédiatement à toi.

- Neal.

Souffle échappé à ses lèvres, il englobe ton état d’un regard surpris. Tu as l’air éteint, éreinté. Il ne s’est pas vu dans un miroir, mais il est pratiquement certain que tu as moins bonne mine que lui. Et pourtant, quand tu t’avances, quand tu cours presque jusqu’à lui, son sourire s’élargit. Rencontre entre vos lèvres, rapide, effrénée, comme pour rattraper ce temps que tu as perdu avec lui. Ce temps dont seul l’état de son corps lui fait prendre conscience, son esprit le persuadant que vous vous êtes vus la veille.

- Je suis là…

Ses mains recouvrent les tiennes, les serrent pour te rassurer. Vous vous embrassez une nouvelle fois puis il accueille tes questions d’un hochement de tête.

- Je vais bien. C’est faux. Je ne suis pas blessé, juste… épuisé.

Ca, en revanche, c’est vrai.

Il te laisse l’observer, glisse une main contre ta joue creusée. C’est à cause de lui, pas vrai ? Tu t’es tellement inquiété que tu en as oublié de prendre soin de toi. Et qu’est-ce qu’il peut s’en vouloir, Vanitas.

A la mention de sa sœur, son sourire fatigué prend un peu plus d’éclat.

- Merci d’avoir pris soin d’elle. Je suis sûr qu’elle va m’engueuler.

Léger rire terminé par un soupir, il glisse une mèche de tes cheveux derrière ton oreille, laisse dévaler sa main sur le sweat shirt qui semble si large. Rapide coup d'œil à la porte restée ouverte, mais personne ne vous regarde. Il revient à toi, étire doucement ses lèvres.

- Je suis désolé de t’avoir inquiété, bébé.

Ses doigts glissent aux cernes qui pochent tes yeux, sur la forme de tes pommettes et de ta mâchoire. Il est heureux de te voir, tellement heureux, pourtant il ne peut pas s’empêcher de s’inquiéter. De ressasser. Ce trou noir dans sa mémoire, sa baguette posée sur la table de chevet. Son regard se voile un instant avant qu’il ne se souvienne de sourire.

- Tu… Est-ce que tu as faim ? Je peux leur demander de nous ramener quelque chose.

Et tu as l’air de ne pas avoir mangé depuis des jours, Neal.
A cause de lui.

ft. @Neal Wright| Janvier 2032

Ton front se colle contre le sien, son regard s’accroche et ne se détache pas. Tu aimerais qu’il puisse tout te dire, Vanitas, mais comment faire si son esprit lui interdit l’accès à ses propres souvenirs ? Il sourit, ferme les yeux pour profiter de la pression de tes doigts contre sa peau tendue. Ils sont frais, quelque part c’est comme si tu lui rendais les idées plus faciles à déchiffrer.

- Je sais, ne t’inquiète pas…

Le sweat que tu portes, il n’a pas rêvé, c’est bien le sien. L’explication lui tire la naissance d’un rire attendri tandis qu’il inspire quand encore vos lèvres se trouvent. Comme une façon de se sentir vivre. S’il était encore ensorcelé, il n’aurait pas conscience du bien que tu lui fais, pas vrai ?

Pas vrai ?

Ses doigts contre ton visage et sa gorge qui se noue en voyant poindre tes larmes. Oh non, Neal. Il ne veut pas te voir pleurer, il veut seulement t’entendre rire, sourire et aimer. Pourtant, quand bien même il rêverait de ne prendre que soin de toi, il ne peut pas. Tournent, tournent en boucle les souvenirs de son réveil, les paroles de Jasper, des infirmières. Le regard sur sa baguette, il parle mais tu fais non de la tête.

A quoi tu viens de penser. Juste là.
Ses yeux s’agrandissent tout juste, plantés sur ton visage, sur tes traits, à se demander ce qu’il perdrait à te raconter, ce qu’il gagnerait à te le cacher. Rien. Rien. Il déglutit, Vanitas, en proie silencieuse avec les démons qui grignotent son esprit quand tu t’installes avec lui. Et c’est si doux. Tes doigts contre son crâne, sa joue échouée sur ton torse, ta taille qu’il entoure de ses bras ; le monde est soudainement un peu plus clair, le fardeau un peu plus léger. Tu proposes de chercher une infirmière, il décline l’offre en secouant doucement le menton.

Rentrer à la maison, il ne veut que ça. Mais comment être certain que tu sois alors en sécurité ? Et sa sœur ? Sa bouche est un peu sèche d’être resté silencieux quand ses lèvres s’entrouvrent.

- Les… médicomages ont dit que j’étais sous imperium.

Son regard se fiche sur le bas de la table de chevet, à un endroit du sol marqué par le temps passé.

- J’ai attaqué l’un des brigadiers, ainsi que les aurors envoyés pour nous chercher. J’ai attaqué Jasper.

La voix monocorde, comme s’il était tout à la fois capable et incapable d’y croire. Ébranlé.

- J’aurais pu les tuer.

Il se redresse pour te regarder droit dans les yeux. Est-ce que tu as peur, Neal ? Est-ce que tu as tout aussi peur que lui ? Parce qu’il crève, Vanitas, d’imaginer qu’il puisse encore une fois être manipulé.

- Les sorts que j’ai envoyés… ils ne visaient pas à les entraver.

Déglutition le long de sa gorge, ses yeux qui ne soutiennent pas les tiens.

- Je ne me souviens de rien, je ne sais plus ce que je dois croire de ce qu’il y a dans ma tête. Je ne sais plus ce que j’ai fait… ou pas.

Ses doigts se resserrent sur le drap.

ft. @Neal Wright| Janvier 2032

C’est comme si dans sa tête les images nageaient, tourbillonnaient en boucle sans lui laisser la moindre chance de les contempler. Il tente de s’y raccrocher, Vanitas, à n’importe quoi ; mais c’est impossible. Putain, putain, putain. Il n’a jamais tant détesté la fragilité mentale apportée par son don qu’aujourd’hui.

Et sais-tu ce qu’il y a de pire, Neal ? C’est qu’il a lu leurs pensées, aux infirmiers, aux aurors, à Jasper. Il sait où se trouvent les doutes, il sait qui est peut-être la cause de tout ça. Et ça lui donne envie de vomir, à Vanitas. Ça lui donne envie de se battre, aussi.

Encore le contact de tes doigts, tels la bouée qui le ramène au rivage, qui l’ancre à cette réalité perturbée et quelque peu brisée. Il n’ose pas tenir ton regard, pas encore. Jusqu’à ce que tes lèvres le ramènent un peu plus fort. Et il s’y laisse aller, ferme les yeux pour savourer cette passion manquée (inconsciemment) et retrouvée. Tu lui demandes de te regarder, et enfin il s’y ose, retrouve tes pupilles depuis les siennes. Putain, Neal, qu’est-ce que t’es beau.

Il se déteste d’être montré si fragile, mais il s’abreuve de tes paroles pour se rassurer. Il n’a tué personne. Il n’a tué personne, c’est vrai. Mais n’a-t-il vraiment tué personne ? Que s’est-il passé, durant ces jours et ces jours sous emprise ? Et si des cadavres étaient retrouvés, et si un prior montrait de sa baguette le sombre sortilège de mort ? Un frisson qui le traverse, les idées mauvaises de sa tête écartées par tes lèvres. Par tes mots. Tu sais toujours quoi dire, pas vrai ? Sa tête est contre ton torse, sa main se pose à plat contre ta hanche un peu plus saillante que d’ordinaire. Tu le fais sourire, presque rire tandis que sa main glisse sous ton sweat-shirt juste pour apprécier le contact de ta peau.

- C’est un programme qui me plaît…

Oublier, oublier, oublier.

Se venger.

La vague de douce chaleur qui le parcourt à tes simples mots. Il n’est pas faible, Vanitas. Il n’a pas le droit d’être faible. Pas le droit de le montrer. Son buste se redresse, son visage dont le souffle te caresse. Il sourit, répond sur le même ton.

- Je t’aime aussi.

Effleure doucement la courbe de tes lippes avec les siennes, dérive à ta joue, ta tempe.

- J’irai bien, ne t’en fais pas. Ils ont dit que je pourrai bientôt reprendre du service, si les premières investigations ne donnent rien contre moi.

Pourra-t-il regarder ses collègues après ça ?

- Je préférerais que tu prennes soin de toi.

Sa main réchauffée par ta peau qui remonte se poser à ta taille, son pouce qui caresse distraitement. Comme il s’en veut, de tout le souci désormais imprimé sur ton corps.

- Il faut que tu manges, bébé. Et que tu dormes. Je suis rentré, maintenant. Tu vas faire attention, tu me le promets ?

Ce n’est pas lui qui est important, c’est toi. Toi, toi, toi. Et alors qu’il te regarde, cet amer sentiment qui le prend, la boule au fond de sa gorge qui se forme. Avec quelle facilité n’importe qui pourrait l’ensorceler désormais, lui faire faire n’importe quoi ? Faible. Il se sent tellement faible. Et il ne supporte pas que tu le saches.

- Comment… Est-ce que tu sais comment a réagi ma famille ? A ma disparition. Il émet un léger rire, creux. Ils ont dû sauter de joie, pour certains.

Un soupir, déjà toute la paperasse et tous les problèmes qui viennent lui encombrer l’esprit. Il s’adosse de nouveau au mur derrière lui, échange vos places en t’attirant dans ses bras. Ce que c’est bon, de juste sentir ton poids, ton odeur, tes cheveux dans lesquels ses doigts passent.

- Parle-moi de ce que j’ai manqué. Comment vont… Dorothy. Et Argus. Et Jamie, évidemment.

Il ne veut plus y penser.
Oublier, oublier, oublier. Se souvenir de rien n’est pas assez.

ft. @Neal Wright| Janvier 2032

Quel paradoxe, que celui de vouloir oublier quand dans sa tête déjà ne vient aucune autre pensée que le vide. Il ne se souvient de rien, Vanitas, alors que veut-il supprimer ? Tout. L'infime possibilité qu'il soit allé plus loin, l'incertitude des traitements subis ou perpétrés, la peur d'un ensorcèlement, n'importe quand. Et si on lui demandait de te blesser, Neal, est-ce qu'il le ferait ? Serait-il capable de résister ? Ou bien comme avec Jasper, serait-il hermétique et capable d'essayer de te nuire ?

Sa mâchoire qui se contracte, mais un léger sourire quand tu parles de le garder à la maison. Il t'imagine déjà, Cerbère des escaliers à lui barrer la route les bras croisés. Mais il ne te laisserait pas faire, tu sais ? Il doit travailler. Il doit se racheter.

Prouver qu'il est fort.

C'est pour toi, qu'il s'inquiète. Tu dis que tu peux prendre soin de vous deux, ses lèvres forment un pli d'inquiétude, suivi de ses sourcils qui se plissent d'incompréhension.

— Batteur ? Tu ne te plais plus, à être poursuiveur ?

Toi qui aimes (aimais ?) tellement amuser la galerie, faire le singe sur ton balai ou des actions impressionnantes. Ça le surprend. Il observe tes yeux, l'un après l'autre, hoche néanmoins doucement la tête.

Changement de sujet à venir sur sa famille, ces rats pour la plupart qui ont dû se réjouir de la disparition du traître. Celui qui a dénoncé. Celui qui veut tout changer. Tes mots qui lui font perdre une esclaffade, un rire échappé. Impressionné.

— Tu l'as frappé ?

Sûrement un contretemps qu'il devra gérer en interne, mais pour autant son sourire est plus large, un peu plus brillant quand il t'attrape par le menton pour planter un baiser à tes lèvres.

— J'aurais adoré voir ça. Tu me laisseras jeter un œil, à l'occasion ?

A tes souvenirs.

Son humeur un peu meilleure, il s'adosse au mur, t'attrape pour te caler dans ses bras. Retrouver sa place. Il déteste être le blessé. Tu t'installes rapidement, et un court instant, s'il fait abstraction de l'odeur et du bruit des machines, c'est comme avant. Ses jambes qu'il enroule autour de toi, son nez qui se fiche dans tes cheveux. Les nouvelles de Gus et Dorothy lui tirent un sourire.

— C'est génial, je suis très content pour eux. Un beau conte de Noël.

Bien plus beau que celui qu'il t'a offert. Sa mission a débuté le 25, vous n'avez même pas eu l'occasion de vous voir avant sa disparition. Mais il évite d'en parler, se concentre sur les nouvelles de Jamie, sur ta voix.

— Tu aurais pu la ramener au manoir, vu le temps que tu y passais. Miaou n'aurait pas dit grand chose.

Hochement de la tête quand tu parles du nouvel an, un baiser sur le sommet de ta tête.

— Ce serait parfait. Un bon repas - promis je ne t'aiderai pas - puis j'aimerais te faire danser. Ça irait ?

Ses bras qui se resserrent autour de toi, descendent ses lèvres au creux de ton cou. Un baiser, doux, puis un deuxième.

— Ne t'excuse pas… C'est ma faute, je… Il réfléchit, cherche à se souvenir en vain. Je n'ai aucune idée de ce que j'ai fait, mais c'était sûrement imprudent et stupide, me connaissant. Pardon, pour t'avoir tant inquiété.

Un baiser un peu plus long, au creux de ta nuque, avant que ses yeux ne remontent à la porte de la chambre. Il se redresse, son étreinte légèrement desserrée.

— Bébé on est en public.

Une main levée pour replacer une mèche de tes cheveux derrière ton oreille. Puis la pulpe de ses doigts, douce, qui glisse sur tes joues.

— Je ne veux pas que tu aies un scandale à gérer en plus du malade de service.

Même si le malade en question compte bien tout faire pour ne pas être une gêne.

ft. @Neal Wright| Janvier 2032

Un sentiment de bien-être, ta présence qui a toujours fonctionné comme l'apaisement de son cœur et de son âme. Il t'écoute lui répondre, néanmoins inquiété par ce que tu lui racontes. Angoissé par ce que tu adorais pratiquer, et sa disparition, si elle n'a pas été à l'origine de cette anxiété, n'a pu que la renforcer.

C'est ton choix. Et il le comprend.

Détails encore à propos de cette altercation avec sa famille, son sourire juché à ses lèvres incapable de  ne pas s'étirer. Comme il a hâte de voir ça. Bien sûr il est peiné, peut-être en colère d'imaginer ceux qui partagent son sang se réjouir de sa disparition, mais il est prêt à pardonner. Ils ne savent pas encore qu'il les mènera sur le chemin d'un monde meilleur pour eux et leurs enfants.

— J'adore ton impulsivité.

Sourire et vos lèvres qui se trouvent, les siennes qui cherchent ta peau, ses bras qui t'entourent. Doux rire à propos de Jamie, il se demande un court instant comment va Teddy sans oser le mettre sur le tapis. Lui aussi, il a certainement dû se réjouir.

Puis quand il s'inquiète que quelqu'un puisse vous voir, quand tes paroles lui parviennent, il cligne des yeux. Surpris. Et touché. Parce qu'ils sont beaux, tes mots, tu sais ?

— Bébé…

La force de tes lèvres qui se plaquent aux siennes. Il glisse une main dans tes cheveux pour y appuyer votre étreinte, emmène sa langue à la rencontre de la tienne. Douce, puis ferme. Puis amoureuse. Affamée. Comme si son corps se rendait compte à quel point tu lui as manqué.

Il t'observe quand vous vous reculez, laisse sa main couler de ton crâne jusqu'à ta taille. Je suis fier d'être avec toi. As-tu idée, Neal, de ce que tu es en train de lui dire ? Des démons que tu es en train d'éloigner.

— Je te promets d'essayer de rendre ça le plus court possible.

Tu te lèves pour fermer la porte, puis quand tu reviens, il regarde un instant vos mains. Puis toi. Son sourire est si large.

— Je suis fier de t'aimer. Et de toi. Dès que les affaires délicates liées à ma disparition seront passées, je leur montrerai qu'on peut être patriarche et aimer qui on veut. Ceux qui ne seront pas d'accord n'auront qu'à se faire foutre.

Qui sait si cela ne pourrait pas faire bouger les choses ? Les Cornwell n'ont plus le sang pur, mais les relations sont intactes. Et Jasper ? Il aimerait penser que ce pas lui profiterait.

Ta main qu'il monte jusqu’à ses lèvres, pose un baiser sur tes doigts, un à un.

— J'ai une question à te poser.

Repose vos mains sur le drap, ses yeux qui se perdent un peu au mur, puis à la table de chevet. A sa baguette. Il se mord l'intérieur de la joue, replante le regard sur toi.

— Est-ce que tu accepterais d'enquêter avec moi ?

Il a conscience que tu ne t'y attendais peut être pas, alors il reprend.

— Cette histoire… c'est troublant. Jasper m'en a raconté une partie, je pense également voir bientôt Iphigénie. Et je sais que le bureau ne me laissera pas enquêter sur une affaire dans laquelle je suis classifié "victime".

Il déteste ce mot. Il s'était promis de ne plus jamais l'être, la victime de personne.

— Mais je ne compte certainement pas me tourner les pouces. Et je ne veux pas te le cacher. Il y a pensé. Alors je me demandais, si… tu serais d'accord. Pour m'aider. Parfois, seulement, tu comprends ? Pour des recherches d'information, ou me fournir des alibis. Tu vois ce que je veux dire ?

Il refuse de faire ça dans ton dos. Mais il se refuse à ne rien faire, aussi.

ft. @Neal Wright| Janvier 2032

Ses doigts qui enserrent les tiens, caresses de son pouce sur le dos de ta main. Il ferme les yeux en réfléchissant, repense à tout ce dont il ne se souvient pas, à ces pans de mémoire effacés par un inconnu. Volés. Il ne peut pas laisser passer ça, Vanitas, refuse d'être encore celui qui subit, subit et subit sans rien dire. Cette époque est révolue.

Une partie de la boule qui bloque son estomac se délie quand tu acceptes. C'est idiot, mais il ne veut rien te cacher. Vous avez suffisamment souffert des secrets. Les vôtres, les siens, les tiens. Sa joue pousse un peu contre ta main, avant qu'il ne tourne la tête pour en embrasser la paume.

— Moi. Les alibis seraient pour moi.

Et plus il y pense, plus il déteste sa propre idée. Te pousser à mentir, dans une éventualité où le ministère enquêterait sur ses actions, ça ne lui plaît pas.

Il t'observe refouler ton angoisse, celle qu'il peut sentir s'immiscer sous sa peau et dans sa tête. Puis il te soulève le menton, embrasse délicatement tes lèvres.

— Je pensais… enquêter, sans forcément en informer le ministère. Imagine qu'il y ait une taupe parmi nous, faire les choses de façon officielle rendrait la tâche encore plus ardue.

Ses doigts pianotent sur ta peau, son esprit en ébullition. La fatigue tire sur ses traits, son regard se fixe contre le mur.

— Jasper m'a dit où nous avons été retrouvés. Je voudrais commencer par là. Il y a forcément des indices, ou peut-être que la mémoire me reviendra.

Ses yeux qui reviennent à toi, le sourire qui se fait un peu contrit. Il resserre votre étreinte, glisse son nez dans tes cheveux pour en inspirer l'odeur.

— Je suis désolé, mon métier comporte des risques et ça t'angoisse.  

N'y a-t-il que son métier ? Non. Vanitas a des ennemis. Des membres de sa famille, bien sûr, mais aussi des alliés de The Crow. Ceux qui n'ont pas apprécié qu'il dénonce des partisans, ceux qui n'aiment pas ce qu'il représente.

Ils existent, pas vrai ?

Sa gorge un peu plus sèche quand il repense à ce qu'il a décelé dans l'esprit de son meilleur ami. Ce qu'il a vu. Il soupire.

— J'ai l'impression que cette histoire… est plus grave que ce que l'on pense.

ft. @Neal Wright| Janvier 2032

Tiraillé, fatigué, du passé, du présent, de ce que le futur réserve encore. Il s’en veut d’avoir tant besoin de chercher, de devoir tirer sur les cordes de ton angoisse, de tes insécurités. Il vient à peine de revenir, Vanitas, et déjà il pense à se remettre en danger.
Gryffondor, une maison qu’il a définitivement méritée.

Tes doigts qui le touchent, caressent sa peau, ses cheveux, le poussent à fermer les yeux pour rêver d’un sommeil inespéré. A-t-il dormi, depuis deux semaines ? Il n’en a aucune idée. Son corps recouvre le tien, inspire et respire de ta présence.

Du repos.
Toujours du repos.

Il t’écoute lui répondre en nichant ses lèvres à ta tête, le regard qui va et vient sans pouvoir s’arrêter. La baguette, le mur, la porte, toi, la baguette, le mur…

- Neal, je vais…

Bien ? Non, il ne va pas bien. Dans sa tête tournent en boucle les mots de Jasper, puis les tiens, qui sonnent comme la supplique d’un homme désespéré. Ne pense pas déjà à me relaisser. Il déglutit, recule un peu la tête pour te regarder. Pendant qu’il était ensorcelé, quelque part, toi, tu étais là. Chez lui. Avec sa sœur.

Seul.

- Je ne compte pas te laisser, pardon.

Dicté par la folie des grandeurs, un besoin de vengeance, un besoin de se légitimer, peut-être. Prouver qu’il n’est pas seulement cet auror qui s’est fait attraper, manipuler.

Mais quand il te regarde, tout passe en seconde zone. The Crow, la prophétie, les images qu’il cherche à retrouver. Parce qu’il est trop fatigué (pour l’instant) pour réellement s’y accrocher. Parce qu’elle écrase ton visage, ta peur de l’avoir perdu. Elle englobe tes pensées, repousse les couleurs et te plonge à l’obscurité. Comme il s’en veut, si tu savais. Alors quand tu demandes à dormir, son menton qu’il hoche doucement, puis tes lèvres encore. Les siennes. Fermes et fortes, pour oblitérer tout le reste. Il est là. Il est bel et bien là. Il ne partira pas.

Son corps s’allonge un peu mieux sur les draps, te pousse à rester contre lui. Il glisse une main dans tes cheveux, caresse distraite quand ses lèvres encore te cherchent.

- Je suis là. Je vais bien. Ça va aller.

Sa jambe passe au-dessus des tiennes, t’enserre.

- On va rentrer au manoir. On pourra s’y reposer. Manger. Se retrouver. Faire l’amour pendant des heures.

Sa langue, douce, qui retrace tes lèvres. Dans sa poitrine, son cœur tambourine tant d’impatience (pour toi), que de frustration (pour cette histoire) et d’amour (pour toi). Mais dans la bataille de son corps et son esprit, c’est toi qui gagnes, Neal.

- Merci de m’avoir attendu, bébé.

Une main glissée à ta peau sous le sweat-shirt, caresse ta taille, redécouvre ton grain de la pulpe de ses doigts.

ft. @Neal Wright| Janvier 2032