Elle a le soupir au bord des lèvres et la concentration dans les yeux, l'esprit focalisé sur son objectif du jour. Et si elle ne sourit pas vraiment, elle ne se ferme plus depuis bien longtemps, aussi l'ambiance dans les vestiaires semble radicalement différer ce que qu'avaient pu être ses années à Poudlard en compagnie des autres. De Teddy qui avait décidé de partir ailleurs, entre autre. Elle n'aurait pas prédit l'avenir de la moitié d'entre eux, mais s'il y a bien une chose qu'elle avait toujours su au fond d'elle c'est que Teddy irait loin.

Et que les Griffes sont solides.
Il ne faut pas se relâcher.

C'est que la défaite a toujours eu un goût amer et elle n'a pas l'envie d'y regoûter. Ils s'étaient préparés si fort après tout. Jour après jour, tu sais ? Du matin au soir, du soir au matin depuis des mois. Elle en avait presque oublié tout le reste, une pensée à ton égard pourtant. Chaque jour passant l'envie de te revoir qui se fait plus grande -qu'elle esquive mais qui revient inlassablement. Alors, tu sais, quand le vigil est venu la prévenir qu'un idiot patientait dehors, elle n'a pas hésité. Dans sa tenue de combat Valentyne s'est levée pour le suivre, s'est excusée auprès des autres pour quelques minutes car même sans connaître ton identité elle ne doutait pas qu'il n'y ait qu'un seul idiot à Serpentard d'assez fou pour oser la déranger un jour pareil.

— Atticus.

Un demi sourire qu'elle n'empêche pas de naître alors qu'elle t'aperçoit enfin, plus amusé que réellement surprit. Des fleurs à tes doigts auxquelles elle ne s'attendait pas, l'étonnent pour de vrai cette fois alors que tu lui tends le bouquet nacré.

Tu n'avais pas oublié, alors.
À quel point elle aimait les fleurs.

— Elles sont magnifiques... Merci Atticus.

Ferme les yeux un instant pour humer la délicate odeur du bouquet. Le sourire qui s'agrandit légèrement. Iris qui pétillent de gratitude et d'amusement.

— C'est pour me souhaiter bonne chance ?

Oh Valentyne, si tu savais.
(tu le sais, au fond)

Tu n'as jamais eu besoin de chance lui as-tu dis. À tes lèvres l'ombre d'un sourire qu'elle devine aisément depuis le temps. Aux siennes l'esquisse qui s'agrandit à peine plus. Surprise, amusée. Complice. Elle se souvient de ces rares moments de vos vies d'avant ou rien ne comptait vraiment sans que vous n'en ayez eu conscience. Des discussions simples comme le vent qui soulevait délicatement vos mèches en cet instant. Voilà bien longtemps qu'elle n'en avait pas eu.

— Hm.. C'est à eux que tu aurais dû offrir ces fleurs alors, non ?

Non, bien sûr que non.
Taquine Valentyne.

— Mais puisque tu me les offres si gentiment je vais plutôt les garder pour moi. Et je me chargerai de parler en nos noms à mes adversaires sur le terrain.

Elle gagnera ce match, c'est certain. La taquinerie qui se fait plus combative alors qu'elle se laisse glisser contre le mur pour s'assoir en tailleur sur le sol et tapoter doucement le vide tout près d'elle. Le bouquet en parfum pour ravir ses narines, elle s'empêche un sourire trop grand avant d'oser demander.

— Reste avec moi un moment.

Parce que ce n'est pas un temps où elle aime rester seule et, à présent que tu es là, elle ne veut plus le passer en compagnie de ses coéquipiers.

— Ah oui ?

Lueur espiègles dans les iris, le défit au bout des lèvres. Un sourire pour laisser le silence sous-entendre les suites possibles de cette interrogation -tu le ferais vraiment, n'est-ce pas Atticus ? Voilà bien quelque chose qu'elle adorerait voir, tu sais. Mais ce temps viendra plus tard, aussi prend t-elle le soin d'accepter ton offrande avec douceur. Non sans un rire à tes mots.

— À moins que tu ne souhaites ma défaite je n'ai aucune raison de te faire couper la tête aujourd'hui. Tu as du sursis.

Au moins un peu, tandis qu'elle se laisse glisser tout contre ce sol où tu viens la rejoindre. Le bleu de ses yeux qui s'éclaire un peu alors qu'elle se perd dans l'ébène de ton regard, puis elle étire une petite moue. Légère, amusée. Taquine, comme si souvent quand tu es là.

— Souhaites-tu à ce point te débarrasser de moi ? Iris qui dévient vers le ciel. Peut-être devrais-je vraiment te faire couper la tête.

Non.
Jamais bien sûr.

Silence bienvenu qui s'érige doucement tout autour de vous, elle laisse planer quelques secondes dans le temps avant de le rompre tranquillement, sans te regarder.

— La vérité c'est que j'ai besoin d'un peu de courage avant d'y retourner.

Elle a besoin de se ressourcer, de se reposer sur toi pour décompresser.

— Je ne te dérangerai pas longtemps, c'est promis.

Dans le silence de ses sourires elle s'est demandé, Valentyne, c'est vrai ça, comment ? Sans en avoir la réponse -ou peut-être songe t-elle plus simple d'effacer les conclusions qui suivent la logique de cette question. Il ne suffit que de vivre ailleurs après tout. De quitter le un pour devenir deux. Comme vous l'aviez fait toutes ces années.

Elle n'aurait plus jamais connu alors les émois de ces petits instants suspendus au gré du temps. Comme une bulle autour de vous, la surprise légère de ses iris lorsque tu attrapes sa main, la déception aussi faible qu'inexpliquée quand tu la relâches presque aussi vite. Tu as le droit d'avoir peur lui dis-tu. Est-ce seulement vrai, Atticus ? Elle n'a pas souvenir d'avoir entendu un jour quelqu'un lui souffler qu'elle avait ce droit. C'est que malgré la liberté les vieux préceptes restent toujours, tu sais. Les mots durs de grand-mère, les blessures de maman, l'ignorance, les exigences.

Tout est gravé et elle ne peut s'empêcher de penser, malgré tout, que tout ce qu'elle fait n'est que de courte de durée. Qu'un jour tous sortiront d'Azkaban et alors tout redeviendra comme avant. Ils la chasseront, l'humilieront -la tueront, peut-être. Parce qu'au final, Atticus, à part fuir elle n'a pas fait grand chose Valentyne toutes ces années.

Ou peut-être que si.
Peut-être que ses espoirs, ses idéaux, peut-être n'est-ce pas du vent, peut-être est-ce aussi solide qu'elle le croit. C'est ce qu'elle aime croire en tout cas, posée ainsi près de toi.

— - ...

Les mots qui se pressent à la gorge sans parvenir à sortir -et c'est qu'elle inspire pour y parvenir pourtant, sans que rien y fasse jamais. Alors doucement, à l'image de la chaleur-mémoire de tes doigts sur sa main, elle vient rompre la distance entre vous. Se permet des familiarités qu'aucun de vous n'aurait sûrement osé, dans tant de simplicité, à l'époque en venant poser sa tête contre ton épaule.

Le souffle discret pour s'imprégner du temps si beau aujourd'hui, elle ferme les yeux quelques instants pour se laisser bercer.

— Merci.

D'être là.
De la supporter.

— Hm..

Rares étaient les fois où elle montrait si peu d'entrain à faire les choses les plus censées. Pourtant la voilà qui rechigne à la tâche comme une enfant, et si le visage ne trahissait rien d'autre qu'un soupir las, sa réticence à te lâcher sonnait presque comme un aveu. Non pas qu'elle ne veuille pas retrouver ses coéquipiers avant d'aller écraser ses adversaires mais, égoïstement, elle ne souhaitait rien qu'une seconde de paix supplémentaire.

Trop habituée à la douleur, elle n'avait que plus de mal à abandonner les quelques rares instants de bonheur lorsqu'ils apparaissaient. Elle en devenait avide mine de rien, Valentyne.

Mais bien vite la raison réapparaît pour supplanter le reste.

— Tu n'as pas tort. Lancelot fait peur lorsqu'il s'énerve, il vaudrait mieux que j'évite.

Sourire en coin qui se dessine à ses lèvres tandis qu'elle s'écarte finalement pour se relever et récupérer le bouquet entre ses doigts. Nul doute que certains chambreraient mais qu'importe.

— Oh, tu as donc plus que quelques minutes à la volée à m'accorder pour une fois ?

Taquine taquine Valentyne alors qu'elle se dresse sur la pointe des pieds pour embrasser ta joue -te remercier.

— Ce serait avec plaisir, je m'en réjouis déjà Atticus.

T'adresse un dernier regard avant de s'en aller simplement. Et si l'allure semble aussi imperturbable qu'à l'ordinaire son coeur lui résonne dans sa poitrine en une mélodie aussi assommante qu'apaisante qu'elle fait taire avant de rejoindre les vestiaires. L'heure n'est plus aux émois mais bien au combat.

Ils ne perdront pas.
Alors regarde les, Atticus.
Regarde la.