Londres magique;

avait toujours paru à Hephaistos comme ce recoin de paix et d'oisiveté; où il pouvait un peu oublier qui il était, tout en gardant les épaules droites et le menton levé. Après tout, si on ne se retournait pas sur lui, on n'était jamais trop sûr de qui on croisait; et mieux valait prévenir que guérir.
Mais malgré ses apparences, malgré ses cheveux parfaitement coiffés et son regard léger, le garçon admettait avec une certaine satisfaction se complaire entre ces murs de briques, cet endroit un peu hors du temps; un peu entre deux.
Et s'il a son pineapple quelque part dans son manteau, il se plait à se croire dans un monde d'antan; sous les rayons froids du soleil d'hiver.
Pense à toutes les vies qui ont pu traverser cette rue avant lui; ce nombre de pas ayant foulés ces pavés avant les siens.
Cernunos - combien avaient été heureux ?

Et dans ses pensées, il finit par rentrer, puis sortir de la petite boutique où il était venu acheter quelques pierres pour sa mère; et le soleil sur son visage, il finit par revenir au présent quand il entend quelqu'un l'interpeller.

Son regard se pose sur la jeune femme, et reste une seconde incrédule. Peut-être parce qu'il ne s'y attendait pas, peut-être parce que cela faisait longtemps qu'il n'avait pas vu quelqu'un qui lui paraissait aussi doux depuis longtemps.
Et dans ces temps un peu trop sombres, elle lui parait comme un lumos éternel; alors même qu'il est persuadé de ne jamais l'avoir croisée. Ses suspicions déjà se créent; il n'en était pas persuadé, une simple idée: semi-vélane, ou exceptionnellement jolie ? Il se rend alors compte qu'il ne l'écoute qu'à moitié - quel impoli !

- ... Il lui faut  une seconde de battement pour réattérir sur terre. - Bonjour, oui bien sûr !

Dans la précipitation de sa réponse, il en oublie presque de demander; et il se surprend lui-même un peu, son regard se fait désolé de son impolitesse une seconde. N'était-il qu'un adolescent malade ? Cernunos, c'était la première fois qu'il se sentait aussi démuni depuis son devoir sur les os métacarpiens.  

- Où est-ce que vous allez ?

Et finalement, la surprise laisse place à un sourire; un véritable. Il sourit Hephaistos, de ce sourire poli et sincère, de celui qui est heureux de pouvoir aider; d'apporter un peu de lumière dans une journée qui peut se révéler être difficile. De rencontrer.

- Je sais que le quartier peut être un peu compliqué quand on ne connait pas. Vous êtes en visite à Londres ?

Et peut-être pourrait-il devenir sa boussole; au moins une minute, au moins le temps qu'elle se retrouve.

@Tove aamodt

Des hasards,

Hephaistos ne connaissait que les contours – préférait éviter les imprévus pour mieux s’en tenir à ses habitudes, au confort de la routine ; de ce qu’il connaissait et chérissait. Qu’on lui demande son chemin n’avait rien de particulier, rien de terrifiant ; ce qui l’était plus, c’était ce regard doux, c’était cette innocence qui lui semblait être façade, c’était cette beauté qu’il n’avait pas vue approcher et qu’il ne savait plus éviter.

Alors mieux vaut se concentrer sur le pinapple qu’elle lui montre ; mieux vaut s’intéresser au concret, à ce qu’il voit, à ce présent qui lui semble souvent si biaisé.  Et peut-être son regard se fait un peu surpris, comme ses pupilles qui se dirigent vers elle.
 
« Oh– vous cherchez le Pilier du diable ? C’est loin du quartier… » sourit Hephaistos en passant son regard du téléphone aux yeux de la jeune femme. Il tente de ne pas s’attarder sur la douceur de ses traits ni ses qualités de vélane pour mieux se reconcentrer sur le mot de son portable.

« Ce n’est pas commun, de rencontrer quelqu’un qui connaisse, en vérité. Ils ne sont pas les plus connus – vous recherchez une plante en particulier ? »

Et c’est sa curiosité qui est piquée ; car il pouvait en savoir tant, simplement en connaissant les intentions d’un botaniste – en voyant chaque plante, en en connaissant chaque propriété. Il finit par sortir lui-même son téléphone pour mieux ouvrir sa carte et la lui tendre, tâchant d’éviter de coller son épaule à la sienne pour lui montrer ; reste cependant près pour qu’elle puisse voir sur son écran.

« Il faut passer par Piccadilly. Si vous prenez la direction du chaudron baveur, ici, vous ne devriez pas arriver trop loin de là pour ensuite prendre l’avenue Shafestbury – ici, vous voyez ?  »

Et ses doigts suivent ses indications, zooment sur la place si connue, puis sur la grande avenue – finit par se retourner vers elle – lui sourit.

« Je ne veux pas me montrer déplacer en vous proposant de vous y faire transplaner, mais j’ai du temps, si marcher ne vous fait pas peur, je peux vous accompagner… » Parce qu’elle ne trouverait pas avec de simples explications et que les obstacles magiques étaient suffisamment présents quand on ne les connaissait pas pour laisser quelqu’un – même un sorcier – démuni.
Parce qu’on ne transplanait jamais avec un inconnu ; et il se demandait, Hephaistos – quel genre de vie, quel genre de passé, elle portait sur ses épaules frêles, sur cette tiédeur sucrée qu’elle lui inspirait. Quel genre de vie – elle avait mené ; car toutes étaient importantes ; car toutes

Et vraiment ; Hephaistos craignait un peu, les hasards qui lui tendaient les imprévus. Les embrassait, pourtant.

@Tove aamodt