se mêler à la foule, comme un corps à l’abandon dans un océan de cadavres qui s’animent et festoient sous les cris heureux d’âmes qui s’épuisent – ils profitent, pour certains, de leur dernier souffle, et alexander en sourit ; satisfait d’être ce charognard élégant au milieu de ces pouilleux de faux-vivants.

mais on brida sa trance par une emprise inconnue qui s’invita sans la moindre demande. alors il tourne ses larges épaules, abaisse ses yeux verts sur le frêle visage qui s’était osé à mettre un terme à ses fantasmes – qui est chase ? elle le lâche et l’incompréhension fuit son regard; il est content, alex, toujours heureux d’être l’intérêt convoité, à tort ou à raison, du moindre être vivant qu’il puisse exister.

« confondu avec chase ? est-il aussi grand ? faut-il le chercher ? et pourquoi ne pourrais-je pas être chase ? »

après tout ? est-il plus confiant, plus serviable, plus douteux que lui ? qu’est-ce qui peut bien différencier un chase de lui-même ? il veut savoir, trouver, transpercer le mystère aussi anodin s’était-il formé – tuer un doute pour maquiller parfaitement la vérité. en cherchant cet autre, se trouverait-il ? ou bien y aurait-il quelque chose, d’encore… meilleur ?

il se tâte soudainement, d’une main sur la parcelle du bras qu’elle avait saisie, veillant à respecter la pression et la caresse qu’elle le lui avait donné. c’était ce genre d’étreinte, qu’un chase pouvait susciter… comme c’est curieux. il lui rendit donc ; la saisissant tout pareil.

« joyeuse journée des droits des non-magiques. vous avez l’air effarouchée ? quittons la foule, ce chase ne peut pas y être. »

puis il la tire avec douceur, frayant un chemin entre tout ce peuple grâce à son grand corps. une fois écartés des éclats de rires de tout à chacun, il lâcha sa prise.

« alors. faut-il le chercher ? ou vais-je suffire ? »

ce n’est pas aujourd’hui qu’alexander se détachera de la malédiction qui l’habille de tous ses vices ; tristement – parce qu’il n’a ni la bonne taille, ni le bon âge, pour être ce quelqu’un d’autre qu’il ne connait pas. mais elle acquiesce malgré l’évidence ! et le désespoir ne parvenu pas à s’agripper à ses lèvres, il souriait déjà bien trop en apprenant qu’il n’était plus celui qu’il est, pas même cet homme ; ah, et même s’il n’était personne, peut être cela lui suffirait-il, finalement, aujourd’hui ?

« vous m’en voyez ravi. »

mais où pouvait-il bien l’amener ? son sang bouillonne de la séquestré avec lui ; son esprit lui rappelle qu’il n’est plus cet homme. alors il faut réfléchir ; intelligemment, et comme quelqu’un qu’il n’est pas… il saisit la main de sa partenaire pour entamer sa marche réflexive : il n’y a que les poissons mourants qui stagnent, l’œil vitreux au milieu du monde.

« je ne peux pas vous emmenez où je veux… mais j’étais bien, au milieu de tout le monde. retournons-y. »

et il s’exécuta, reprenant sa place parmi le chaos des âmes qui s’esclaffent. cela plait-il à madame ? sa main dans la sienne, pouvait-elle encore se tromper à chercher quelqu’un ?

inspire. qu’il est bon de mourir, les poumons emplis d’air.
il rit, se défait de cette bouffée d’oxygène qui le ravivait innocemment.

« c’est tout simplement merveilleux, vous ne trouvez pas ! »

mais il ne se doute pas que rien ne fait sens pour les oreilles d’une sourde – les hurlements de ses tares ne s’expriment que dans ses pensées, qui pourrait l’entendre ? il dérive doucement, se dégageant du cœur du mouvement pour n’être qu’un allié à son bord.

« chase… qu’aurait fait un chase… moi je peux vous emmener sur un parterre de la ville, il y a des tas de choses à voir sur ces sols de verdure… mais ça n’intéresse pas tout le monde. vous avez une baguette ? elle devrait être petite, comme vous. je peux voir votre baguette ? tenez, la mienne (il la sort de sa poche) , tenez, voici. j’ai essayé de tailler le bois, ici, vous voyez ? quelle idée sordide. je crois qu’il m’en faudrait une nouvelle. mais j’ai bien trop peur qu’elle ne soit pas aussi parfaite. vous n’avez pas peur, vous, que, je ne sais pas… le chase que vous trouveriez ne soit jamais le chase que vous cherchiez ? »

ses sourcils froncés ne trahissent pas le doute qui l’incombe ; quand elle mentionne les « décorations » qu’elle croit possibles à alexander de produire, lui reste bloqué par le terme trop joli de ce qu’il aurait préféré appeler « lacérations », « entailles », « estafilades ». mais il ne peut pas la corriger de suite – peut-être était-ce un quiproquo... ah non, finalement cela apparu comme une évidence. les femmes. alors son discours sur le fantôme de chase ne lui piquait absolument plus aucune attention, tant qu’il n’aurait pas corriger ce malentendu qui, selon lui, les sépare plus qu’il ne les rapproche.

« attendez. c'est bien, hein, de ne pas avoir d’illusion et tout ce qui s’en suit. mais revenons un instant à ça, là. » il agite sa baguette sous les yeux de mademoiselle. « c’est pas un joli ornement que j’ai voulu faire, vous pouvez le comprendre ? elle n’est pas décorée : je n’ai pas huit ans. elle est marquée, érodée. comme vos sentiments lorsque vos yeux cherchent et confondent un chase pour un alexander. c'est compris ? si vous comprenez que votre baguette est petite comme vous, alors vous comprenez, j’en suis sûr, que la mienne soit un peu bousillée, comme moi. mais devrions-nous amocher un peu la vôtre ? Elle vous siérait mieux – je crois. »

souriant. comme figé à côté de cette foule qui respire à plein poumons – lui ne se meut plus l’espace d’un instant, comme infini (et pourtant si infime), c’est comme si son absence de honte alors qu’il parlait de massacrer tendrement des bâtons le rendait impossible à craindre. après tout il n’y a que les assassins qui cachent leur visage... alexander aimait s’afficher fièrement.  

« mais, voudriez-vous que nous retrouvions un chase pour le scarifier telle une baguette ? ne faîtes pas la surprise, personne ne vous regarde de travers quand vous arrachez les feuilles d’un arbre... c’est pareil, à peu de chose près. question de point de vue. »

capable d’annihiler toutes formes de culpabilité, il serrait la frêle main de son amie, lui partageant sa chaleur, et, sa force contrôlée.

« je rigole. » mais il ne rit pas. « humour de thanatopracteur. mais prévenez-moi, si, soudainement... l’envie vous prenait de... décorer quelque chose. quelque chose ou quelqu’un. haha. »

et il rangea sa baguette, pour venir tapoter de sa main libre, leurs deux mains qui se tenaient.

« j’espérai vous amuser un peu. vous êtes pâle. vous ne devez pas aimer les blagues sur les morts. »

sous ses yeux gourmands, se distingue une fissure. et si la politesse voulait qu’il détourne son regard trop curieux, tout le diable qui l’anime, lui, ne put s’empêcher de vouloir fourrer ses doigts lugubres à travers les écorchures de cette petite âme qu’il avait capturé dans sa toile. c'est ainsi que son sourire amical doucement se mua pour être aussi vicieux que les défauts qui le guident vers une mort précoce.

maintenant qu’il avait puisé en elle assez de terreur et de désespoir, alexander ne pouvait plus s’arrêter à quelques paroles légères. la porte à l’infâme avait été entrouverte et il ne lui fallait pas plus pour se faufiler dans les veines de ses complices.

« hahaha ! haha, ah, aha... non... non. » il serre sa main. « la fendre... la fendre. il faudrait vous fendre aussi. nous devrions trouver une hache ! impossible. je ne veux pas vous tuer ! »

mais la regarder se mouvoir comme la flame d’une bougie qui brûle son propre socle, jusqu’à lascivement s’éteindre... oh et s’il pouvait être celui qui sculptait la cire qu’elle allait détruire ; il ne pourrait être plus heureux.

« pourquoi ? »

son regard s’éleva sur le monde avoisinant, cherchant qui pouvait être ce pourquoi, et qu’avait-il de bon à répondre. mais en voyant toutes ces têtes qui scandent une liberté bafouée, il ne peut s’empêcher d’être béat, presque un peu simplet, même.

« pourquoi pourquoi pourquoi vous savez on peut répondre tout et rien à un pourquoi – certains je crois, répondent même 42. mais c’est quelque chose que je n’ai pas cherché à comprendre : et c’est à cela que servent les pourquoi ! à ne jamais trouver ceux qui comprennent. alors, pourquoi quoi ? je dirai simplement que la réponse se trouve dans cet instant, ma belle amie. parce que vous m’avez cru être chase alors que je me croyais alexander. parce que nos baguettes sont à notre image, quand bien même la vôtre mérite une mise à jour. pourquoi ? parce que vous cherchiez un rêve et vous avez trouvé un cauchemar. » sur ces mots, il prit sa seconde main pour les apporter toutes les deux à ses lèvres, embrassant les phalanges de ses index. « parce que vous êtes resté avec moi. parce que nous allons nous évader ensemble. parce que je n’étais rien et à présent je suis tout ce puit à questions pour vous-même... pourquoi et comment peut-il voir en moi les fissures qui vous lacèrent, c’est ça, ce qui vous taraude, pas vrai ? c'est parce que vous êtes un peu comme moi. je sais que je suis étrange, mais je sais aussi que vous êtes toujours à mes côtés. alors ? voulez-vous venir avec moi ? » 

il acquiesce, d’un bref mouvement de tête lorsqu’elle demande confirmation de son prénom. alexander. et sous son regard inquiet elle s’éloigne soudainement, délaissant cet instant auquel il tenait tant, ne serait-ce que pour entendre son prénom à elle. grand homme tel qu’il est, son ego d’ordinaire lui aurait souffler de s’évaporer dans la foule comme un souvenir assez flou, la laissant miroiter des jours durant « était-il réel ? » mais, impossible pour lui de briser ce lien si singulier qu’il se croyait déjà entretenir avec elle : alors il suivit son pas... pour écouter sa menace.  

ah que les femmes sont fascinantes, pensait-il. pauvres de beaucoup de chose, mais bien riches de malice, il en souriait, curieux et bien heureux d’entrer citer quelques fantaisies bibliques – des facéties si précieuses à ses yeux. de ses « pourquoi », on pourrait en tapisser toute une maison ; et y vivre, le cœur renversé, sans jamais ne rien savoir, toujours se laisser flotter par les vagues d’interrogations qui guettent, tôt au matin, tard au coucher. oui, il en souriait : l’entendre parler si aisément ravivait la chasse de ses désirs morbides.

mais elle décida soudainement de ne plus laisser vivre librement le courant de sa pensée, et son sourire s’en alla avec ses derniers mots.

« on ne parle jamais assez. » on ne livre jamais trop de mots, trop de secrets, trop de regrets, trop d’envies. on n’exprime jamais assez ce que le cœur réserve, ce que l’âme cache... on ne parle jamais assez, alexander en était convaincu. mais il ne pouvait forcer la parole, alors il se contenta d’un souffle léger et d’un regard évadé. jusqu'à ce qu’elle lui propose un jeu.

assez fugace, il est vrai, et avec une finalité bancale, aussi instable que son interlocutrice. jamais, ô grand jamais il ne s’était perdu au point d’en appeler le hasard... c’était stupide, tout était déjà possible avec une poignée de bonne volonté. il regarde le gallion, pose sa voix calme.

« née-moldu, sang-mêlé, ou – mais j’en doute sincèrement, sang-pur ? » il se pencha sur le gallion. « sang-mêlé... » pourtant dépourvu de la moindre envie discriminatoire, alexander voulait décortiquer la femme qui lui faisait face avec autant de curiosité que de violence. heureusement savait-il se tenir. « pile. » le premier choix, pourquoi succomber au second ? il la dévorait du regard, comme affamé de découvrir la suite de ce jeu.

« que laissez-vous aux mains du hasard ? rangez ce gallion et partagez-moi vos incertitudes, je promets d’éradiquer le doute, de vous faire vivre vos deux désirs. pourquoi se contenter de pile, ou de face, jeune femme... vous pourriez tout avoir. » la sanité, la folie, la richesse, la pauvreté, la maladie, la santé, la vie,  

la mort. alexander n’est pas le plus fortuné des hommes mais nul ne pourrait dire

qu'il n’était pas le plus dévoué.

« le sang ? directement aucun, je vous l’accorde. toutefois c’est un paramètre à ne pas négliger, vous savez, comme cette histoire de professions et catégories socio-professionnelles qui en dit long sur l’avenir tout tracé d’un individu. si vous aviez été sang-pur... vous n’auriez probablement pas mis les pieds ici... » et jamais le hasard n’aurait eu à dicter sa vie, il en était sûr.

ses yeux admirent la pièce alors qu’elle s’envole, et puis finalement son attention dériva sur la foule – comme si un dégoût certain pour le hasard se manifestait dans tout son être, à tel point qu’il ne pouvait rester inerte à attendre qu’un bout de ferraille ait plus de pouvoir que nécessaire. on peut en faire, des choses, avec un gallion : mais attendre de lui qu’il nous sélectionne le chemin sans embuche... à quoi servent les yeux, dans ce cas. et puis, pourquoi penser ? lorsqu’elle reprend parole, il la regarda à nouveau, sans prêter attention à sa main : sa parole était la seule chose qui méritait son attention. « on ne perd rien éternellement, une fois qu’on l’a trouvé une fois. » et quand dans son champ de vision il entrevue son poing s’ouvrir, il baissa machinalement les yeux, un peu de regret en arrière-pensée.  

le voilà donc, le côté du hasard. aucune expression ne trahissait son visage – alexander avait tant observé les morts que quelques fois son corps se confondaient avec eux. il glissa la paume de sa main droite sous le dos de la main portante ; refermant son poing. « qui voulez-vous que je sois ? » être alexander était déjà tout un art, pour lui. « et qui êtes vous pour croire que faire un bout de chemin avec moi ne serait pas plus intéressant que de continuer le vôtre, seule ? » ses jambes firent un pas vers elle. « des questions et des questions, toujours des questions... vous avez peur de trouver vos propres réponses, ou peur de vous tromper ? et... je n’ai jamais insinué vous montrer une meilleure voie, non, moi j’estime simplement être la solution qui vous offre tout. tout ce n’est pas le mieux, ce n’est ni le pire... tout c’est : tout. vous triez, et moi je jette les confettis. c'est encore moins compliqué que prévu, je crois ? » ses doigts glissèrent lentement dans les plis de ses phalanges, alors qu’il cherchait à ouvrir son poing pour caresser le gallion. « vous avez peur, c’est normal... après tout, je ne suis pas chase. mais vous êtes encore là, vos yeux dans les miens, peut être encore désespérément à la recherche de cet être disparu... et moi je suis toujours là, car je veux que vous l’oubliiez. oh, par ailleurs. c'est pile. » il souriait, les lèvres scellées.

si socialement alexander avait de nombreuses difficultés à s’adapter à son environnement, il avait, cependant, profité d’assez d’erreurs pour savoir comment en éviter quelques-unes – notamment ce fou rire qui grondait en son âme lorsqu’elle osa dire que le concept même de mort lui était étranger. son sourire douloureux témoignait de peines si profondes que le moindre sourire de sa part aurait pu laisser une cicatrice de plus dans le cœur de la jeune fille, il en était convaincu ; heureusement à trop fricoter avec des cadavres il avait appris à figer son visage comme les leurs.

enquêtrice, alors ? une petite voix dans sa tête lui susurrait de fuir cet esprit fouineur, mais la tentation de se faire attraper l’excitait bien plus que la vie de fugitif – ah si ce n’est pas la folie qui le tue il ne s’imaginait pas que la prison s’en chargerait.

« enquêtrice... » chuchotait-il lorsqu’elle ouvrit à nouveau sa main. sa curiosité grondait en lui comme un feu qui l’étouffe, mais alexander ne respirait guère le même air que les autres non, ses poumons pouvaient survivre dans la fumée noire de ses vices, tant il n’inspirait que malice et rancœur pour la vie et ses caprices. un peu plus de souffrance dans le silence ne pouvait pas tuer un homme déjà mille fois torturé... il se gardait autant de parler que de sourire, jusqu’à ce qu’elle ne lui demande d’ouvrir les festivités de son propre cirque, et, oh

elle ignorait cependant qu’elle était son propre spectacle.

« à moi d’œuvrer j’imagine, madame l’inspecteur. » il lâcha sa main pour poser les siennes contre ses hanches, le regard perdu sur l’horizon à côté d’eux qui les gouverne. par-delà la foule il y voyait ses fantasmes les plus morbides, au décor aussi sinistre que merveilleux... les silhouettes qu’il entrevoit sont celles d'êtres immobiles qui n’existent plus, le ciel bleu pour le monde se peignait d’un rouge carmin pour ses yeux. les cris qui résonnent ne sont pas synonymes de festivités mais bien des lamentations cacophoniques – et ce soupire qui lui échappe n’était pas témoin de lassitude mais bien garant d’assouvissement. heureux par cette vision d’horreur, il prit appui contre la fenêtre à laquelle elle s’était adossée, posant ses mains de part et d’autre d’elle, comme s’il était sa prison.

« chase sera notre bouquet final, j’ai particulièrement hâte. faîtes-moi la liste entière de ce qui a glissé d’entre vos doigts et ; pas de honte avec moi... qui suis-je pour vous juger ? alexander ? chase ? personne ? qu'est-ce que ça change... un adieu et je disparais, un ordre et je m’exécute. je suis là pour les confettis, rien que les confettis – c'est à vous d’applaudir. j'écoute, jeune inconnue. que dois-je vous rendre ? qu'elle est la première chose que je dois voler à la vie pour vous la restituer ? »

immobile. immobile et inébranlable petite inconnue au cœur asphyxié. pétrie dans des douleurs qu'il ne connaît pas sans pour autant les ignorer, elle avait laissé pourrir en elle tant de nécrose qu'il ne fallait pas beaucoup d'effort à alexander pour trouver dans son regard fier, la lueur des ténèbres.

lorsqu'elle se lança à énumérer tout ce qui lui avait fait défaut, lui avait déjà commencé à rayer de sa liste ses corvées journalière pour ne laisser de la place qu'à ses désirs aiguisés… car plus elle déliait sa langue plus il était déterminé à être le sauveur qu'elle n'avait pas demandé (mais dont elle avait définitivement besoin).

et si le caractère discutable de ses intentions trouvait son confort dans l'ombre, il ne pouvait cacher l'excitation grondante qui se nichait dans son sourire de plus en plus élargi.

il aurait tant voulu abuser de la vie, lui offrir dans un show unique l'absolu de ses envies, par un rythme aussi effréné qu'épuisant… mais la foule environnante rend timide ses grandes actions, et, c'est qu'il a peur d'effrayer la maîtresse de ses pulsions ; après tout il ne connaît toujours pas son prénom. et si, de peur, elle disparaissait avant qu'il ne s'exécute entièrement ? comment la retrouver… aurait-il seulement assez de concentration pour la rechercher ? il lui faut réfléchir mais, c'est bien compliqué de penser quand s'entrechoquent les bonnes et les mauvaises idées.

« chase attendra. » c'était là la seule certitude de ses ambitions. « mais nous avons déjà bien assez pour nous occuper… » et par nous, alexander n'entendait bien sûr que lui-même et les travers de sa personne qui gémissent à longueur de journées des infamies dans sa tête.

il retira ses mains du rebord de la fenêtre pour se tenir droit à nouveau, puis fouilla dans la poche où elle avait rangé sa baguette - un rapide coup d'œil sur le bâton, d'une finesse qui en disait trop… et la tenant par les deux bouts, il enroula ses doigts contre le bois avant de la briser d'un coup sec contre sa cuisse. de là, elle avait dorénavant plus les attraits d'une moldu, après tout. Un sorcier n'est-il pas fier de lui lorsqu'il reçoit sa première baguette ? C'est bien le premier événement qui distingue l'un de l'autre. il se permit ensuite de prendre la parole pour couper la sienne - si jamais elle prévoyait de s'indigner. « et si cela ne suffit pas, je peux vous faire oublier les souvenirs relatifs à la magie… mais vous saurez vous contenter de jouer votre rôle de moldu, j'en suis convaincu. félicitations ! nous pourrions rejoindre la foule et scander votre désir d'égalité, en tant que fraîche sang de bourbe ! ou moldue… libre à vous de choisir l'appellation qui fait frémir votre sang neuf. » il remit les deux bouts de baguettes dans la poche de mademoiselle. « quel était votre troisième désir, déjà ? oh ! c'est vrai, la vie d'école. j'ai assez hâte, moi aussi… allons-y cette nuit ? maintenant, je propose de vous trouver un chat. non pardon. le chat. comment était-il ? j’ai quelques surprises en réserve. » et ses cadeaux, il l’ignorait, ne saurait lui apporter la satisfaction perdue qu’elle cherchait désespérément à retrouver. une description, aussi ridicule soit-elle, suffirait bien à trouver le dégoût de tout un monde dans les yeux de sa partenaire.

elle est comme condamnée au silence, alors qu’il exécute ses mauvaises actions, la parole non exhaustive. véritable petite souris sous les griffes d’un félin mais alexander sait qu’il n’est pas un chat : son propre chasseur, c’est elle-même. et la voilà qui commençait déjà à fuir.

« quoi. » alors le ton est grave, le sourire s’est dissipé, le visage est comme : en colère. alexander le cœur aussi serré que celui d’un enfant qui trépignait d’impatience – le voilà qui se heurté aux insécurités d’une inconnue qui oscillait entre le bon vouloir et la peur qui la restreint ? « vous me donnez des autorisations que vous me reprenez dès lors que la réalité vient heurter votre sensibilité ? si tout avait été plus agréable pour vous, vous n’auriez rien dit, pas vrai ? si j’avais été chase et cela sans concession, vous n’auriez pas utiliser ces termes aussi négatifs, n’est-ce pas ? prétendre être quelqu’un d’autre, n’est-ce pas réparer, tout en brisant ? quel mal à ça ? vous êtes toute penaude dans une foule à vous surprendre vous-même à scander le nom d’un homme qui de toute évidence ne peut se trouver ici ; et le commun des mortels aurait passé son chemin, une excuse à la volée ! mais vous êtes restée, vous êtes ici, vous m’avez laisser faire, dans l’espoir même infime et néfaste, que le peu de mal que j’aurai pu vous apporter puisse susciter un soupçon de réconfort. mes mots vous plaisent, ils sont faciles à penser, doux à écouter mais horribles à voir en oeuvre, c’est cela ? » il se pencha sur son interlocutrice, revenant poser ses mains de part et d’autre des épaules de mademoiselle pour la garder dans sa cage. « vous êtes coincée dans des mœurs de gentille bonne fille. il vous faut des lignes de conduite, quelque chose d’universelle à quoi vous raccrocher quand le doute s'empare de vous. quand la colère s'immisce en vous, vous ne cédez pas. vous avez besoin de cette sécurité sociétale, car si à cet instant précis, la foule à côté de nous, venait à s’arrêter pour porter leur regard sur vous ; que deviendriez vous ? ça vous tuerait d’être coupable ; de quoi que ce soit. vous laissez le hasard choisir à votre place, pour vous dédouaner ? vous m’avez laissé choisir, pour vous dédouaner. vous avez peur de briser. peur de supprimer. peur que l’on vous le reproche. mademoiselle. quand allez-vous vous décider à prendre votre vie en main ? » la voilà, la force de parole que craint son esprit ; car quand elle l’emporte au delà de sa pensée alexander n’est plus qu’un cadavre impossible à arrêter (la mort ne peut plus rien). elle se manifeste dans cette aigreur acerbe qui entrave à sa beauté naturelle; et il devient un homme amer, prend le monde pour coupable ; sûrement était-ce le résultat de trop de rancoeur envers la vie elle-même, qui le bride, à n’être, au final, qu’un homme. d’une sensibilité abstraite, d’une rage singulière… dans le gouffre de ses mots on pouvait y puiser tant de sentiments contraires qu’on ne comprendrait jamais s’il accuse ou s’il défend. et c’est peut-être bien pour cela, qu’il glissa l’une de ses mains contre le bras d’elliott. « vous avez tellement peur d’exister, et que l’on vous réprimande d’exister, que vous ne m’avez toujours pas donné votre prénom. »

l’atmosphère se détériore, les conversations s’embrasent, sa patience atteint ses limites. s’il n’y avait pas tout ce monde avoisinant, alexander se serait déjà vu user de violence ; car jamais il n'aurait toléré qu'on n’évoque ses souffrances profondes, jamais il n'aurai accepté que l'on ne se permette d’ouvrir le livre de ses souffrances. oui, il en avait toujours été convaincu : jamais il n'aurait apprécié que l'on s’obstine à savoir ce qui anime alexander louis anderson, et pour biens des raisons.

à commencer par la peur, enfantine, qu’on ne mette le doigt sur quelque chose dont il puisse avoir honte. heureusement pour lui sa folie le rendait fier de toutes ses immondices. l'appréhension, sinon, qu’on ne mette en lumière ses actions répugnantes. s’il ne craignait aucun regard, la justice, elle, était comme un œil ouvert au-dessus de son oreiller. jamais ses nuits n’avaient été paisibles ; même s’il savait s'en persuader. la lassitude. moins dangereuse que le reste, pourtant terriblement assassin : lui qui avait investi tant d'énergie en tenant compagnie à madame, ne saurait retenir une rage causée par ce temps perdu. nombreuses étaient les raisons, oui, impossibles à toutes citer.

nombreuses. bien trop nombreuses.

un coup sur la tête et il ne put plus penser à toutes ces terribles raisons, non. le visage entre les mains, ses oreilles subissent toujours son courroux, mais quand elle s’approche il doit se tenir droit, il doit lui faire face, quoi que cela coûte.

les yeux plissés, une main sur son front, à l’entendre parler de malédiction, voilà qu’il ne pouvait plus garder muette la colère dans ses yeux. le voilà qui soudainement éclate dans un rire, véritablement hilare ; puis il se contenu en mordant avec violence sa lèvre inférieure - un coup d’oeil sur les environs pour s’assurer que les curieux ne s’attardent pas sur son égarement, il se rapprocha ensuite bien soudainement, la bousculant au passage. elle contre un mur, lui face à elle. l’absence de distance entre leurs deux corps faisait sans doute penser à deux amants ; et pourtant. il déposa sa main contre sa mâchoire : un pouce sur la joue droite, le reste de ses doigts sur la gauche… et son regard, son regard haineux empli d’un amour malsain pour quelque chose d’inconnu, il le planta dans le sien, favorisant encore une proximité déconcertante et une emprise forcée.

« oh, toi. toi, je ne sais qui. mademoiselle. je prendrai le nom de tous les morts si cela me permet de creuser dans tes terreurs pour y puiser la rédemption. j’irai déterrer des cadavres de chats si je peux y trouver le tiens, si je peux y trouver tes larmes, celles qui saluent le deuil, celles qui remercient la vie, qui embrassent la mort. j’irai à poudlard la nuit, avec du polynectar, si cela peut te décrocher les rires perdus de ta jeunesse bafouillée. oui, mon inconnue, ma mademoiselle, j’irai faire bien des crimes si cela m’offre ne serait-ce que l’espoir, même maigre, de trouver en toi ce souffle d’apaisement, celui qui tuera tes peurs et tes peines : je donnerai beaucoup pour détruire le désespoir qui te ronge, que ma démarche soit légale, ou non. » et quand bien même son discours, symbole d’une pureté décapée, semblait être le hurlement de sa bonne foi… il la tenait si fermement. « tu me parles de malédiction, mais sais-tu seulement ce que c’est ? un fardeau putride qui te ronge si profondément que le nom d’un inconnu t’offre, pour une seconde, le bonheur d’exister réellement. alors fais moi exister. laisse moi te rendre ce que la vie t’a volé. je peux être chase pour toi, j’ai besoin que tu sois là pour moi. » car il a besoin qu’on le remercie, qu’on le glorifie, qu’on l’apprécie assez même si ce n’est pas beaucoup ; assez pour qu’on le suive, pour qu’on ai envie de goûter à la démence qui le rend si parfait. plus il parlait, plus sa seconde main parcourait le corps de sa victime ; alors il caresser son bras avant de fermement saisir son poignet, et puis il cherchait le creux de sa hanche pour s’agripper à l’os; et finalement, il usa de ses deux mains pour mieux tenir son visage face à lui, comme de peur qu’elle disparaisse sous ses yeux. « je veux pouvoir dire ton nom, je veux que tu m’appelles comme tu le souhaites, je veux que nos chemins ne se séparent pas, ou qu’après mon absence tu penses encore à moi, à mes actes, à mes mots, à mes crimes pour toi. j’existe pour te servir : c’est ça, une malédiction. » et vouloir la tuer en était une plus horrible encore : mais les vérités vivent mieux dans des secrets. plus sa pensée se transformait en mot, plus il la voulait contre elle, comme une chose chétive, comme un être à protéger : pour mieux la malmener. à s’imaginer faire toutes ces choses (caresser le cadavre raide du félin mort, se faufiler dans l’école sous une autre forme…) il se voyait de plus en plus proche de ses cordes, de ses scalpels, de ses agrumes - d’elle.

à joliement déguiser ses menaces de mort, alexander se rapprochait inconsciemment de la sienne.