mismatched

Ce soir tu sors.
Il y a des phrases, comme cela, qui semblent sortir de nulle part et nous coupe le quotidien, comme le gong de la vie qui résonne sombrement, glas de la fin de votre tranquillité qui sonne sur les lèvres de votre daronne.

Robyn fit un espèce de demi-tour facial vers sa génitrice, sourcils arqué comme un hibou qu'on a choppé en train de regarder du porno (pour hibou), la tasse de thé encore aux lèvres, en tailleur sur le canapé en vêtements du dimanche (non, pas ces "vêtements du dimanche" de l'époque victorienne, les vrais, les joggings et les sweatshirts pouffy trois fois trop grands).

Et elle répond, presque innocemment.

▬ Non ???
C'était pas une question.
▬ Ah.

Mais ce n'est que le début des ennuis.
L'étape deux des ennuis c'est quand le fléau de votre existence vous explique qu'elle vous a fait un profil witcher, une de ces applications de rencontre, parce qu'il est inacceptable d'être encore une éternelle célibataire à son page quand à côté on regarde encore du porno (pas pour hiboux), selon elle.
Ou peut-être qu'elle espérait juste avec quelqu'un l'encouragerait à déménager avant qu'elle ne décide de rester habiter chez ses parents jusqu'à ses soixante ans.
...Probablement plus ça, d'ailleurs.

Mais il y a une étape trois des ennuis.
Il y a l'étape où elle vous explique que pour éviter de trop trahir votre anonymat ou de n'attirer que des fanboys de quidditch, elle a tout fait sous un faux nom et avec un chat en photo de profil. Qu'elle a trouvé un charmant jeune homme avec qui elle a énormément discuté et qu'elle est sûre qu'ils iront bien ensemble. Elle l'a testé mine de rien sur des références sportives et il avait l'air de s'y connaître énormément en Quidditch, d'être sûr de lui, patient et mature. Et elle aime bien sa tête aussi.

Tout ce que Robyn retenait c'est qu'un mec potentiellement zoophile avait dragué sa mère sur witcher et que maintenant pour une raison mystique il fallait qu'elle aille le voir.

Cette conclusion était assez perturbante pour beaucoup trop de raisons.

▬ Non. Aucune chance.

Le problème des parents, c'est qu'ils vous connaissent parfois trop bien. Alors elle insiste, en lui disant que si une personne avec qui il a si longuement discuté lui pose un lapin il ne s'en remettra peut-être jamais, son coeur sera brisé à tout jamais.

▬ Non.

Alors que si elle y va et que ça ne marche pas, alors au moins il pourra passer à autre chose.

▬ Bon ok. Mais c'est la dernière fois.

  Elle avait cependant quelques conditions. Déjà, hors de question de faire ça dans le Londres Sorcier. Elle préférait que le premier article sur sa personne concerne ses prouesses ou ses défaites en tant que titulaire de quidditch pas pour des ragots de bas étage. Deuxièmement, elle n'allait pas se forcer à être polie.

Les talons qui tapent dans l'impatience d'en avoir fini, elle attend, en avance de quinze minutes comme le veut la bonne étiquette, et quand finalement on la salue, elle lance un regard fatigué et exaspéré.

▬ Ouais, ouais. C'est moi Samantha Féchier. Tu peux m'appeler Sam. Sam Féchier.

Au moins le nom était raccord.

www bonus tenue

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Haussement de sourcil peu impressionné.
Sa première pensée fut "c'est donc ça, le genre de ma mère ?"
Sa deuxième pensée fut qu'il ne ressemblait pas du tout à son père.
Sa troisième pensée fut que cette information était un peu perturbante, mais elle ne préférait pas y payer plus attention que ça.
A vrai dire, elle ne savait pas vraiment à quoi il allait ressembler, vu que sur son witcher, à part une vague photo de dos, la totalité des images de son profil était des moutons.

Alan.
Alan Foiré.

Le dédain laissa place à un soupçon de compassion. Ce genre de nom avait dû être si dur à porter plus jeune.
...Oui, elle est très premier degré. Et, non, elle n'a pas compris le propre jeu de mot dans le faux nom laissé par sa génitrice. L'humour -aussi mauvais soit-il- n'était pas génétique. Répétons-le une dernière fois et en majuscule, car cela sûrement une information capitale pour le reste de ce rp :
ROBYN ALIENOR SPUDMORE
NE
COMPREND
PAS
LES BLAGUES.

Ce n'est pas qu'elle ne trouve pas ça drôle (même si, inévitablement, elle ne trouve pas ça drôle), c'est simplement que son cerveau refuse de comprendre la déformation du sens et de la logique pour des fins de divertissement, à part dans de vagues tentatives de jeu de mots qu'elle fait occasionnellement pour se sentir un peu moins exclue socialement.

Mais là, devant elle, se trouvait un homme qui se nommait Alan Foiré (ou n'importe quel équivalent anglais de ce jeu de mot), et elle était tout aussi convaincue qu'il s'agissait de son vrai nom qu'elle était convaincue que le ciel est bleu et que le soleil se lèvera demain.
Parce qu'après tout, pourquoi mentir et faire une mauvaise blague sur un """date""".
Tout s'expliquait, a présent. Ce n'est pas qu'il avait trouvé bonne compagnie dans la conversation d'une MILF qui se faisait passer pour quelqu'un de plus jeune, ou qu'il se sentait attiré par des photos de chatons. Il n'avait juste rien trouvé de mieux, parce que, vraiment, qui voudrait sortir avec quelqu'un qui s'appelle Alan Foiré ?

Elle baissa les yeux avec compassion.

▬ ...Tu veux aller dans un salon de thé?


Robyn regardait le fond de sa tasse de thé, se demandant si serait malpoli de prendre un scone de plus pour prétendre ne pas pouvoir parler car elle avait la bouche pleine.

C'est là qu'elle regrettait un peu, de ne pas avoir plus d'expérience de rendez-vous de ses jeunes années. Non, sérieusement, qu'est-ce qu'on faisait dans un rendez-vous. Ils avaient passé les bonjours, les "on s'assoit là?" et les "tu veux commander quoi". Et maintenant un silence un peu gênant s'installait. Et dire qu'elle perdait son temps ici plutôt que de s'entraîner pour le prochain match. Le seul face-à-face qu'elle voulait était un face-à-face avec Naomi qui tente d'arrêter ses souaffles.

Elle sursauta face à son génie. Sa mère avait mentionné qu'elle avait bien fait attention, à prendre quelqu'un qui s'y connaissait en Quidditch pour qu'ils aient quelque chose en commun, et le prochain match avait déjà été annoncé et publié dans la gazette.

Elle lui lança un regard plein d'espoir, les joues rougies par l'excitation de pouvoir partager avec quelqu'un d'autre que ses parents et son équipe sur le seul sujet qui occupait son esprit, un fébrile sourire se dessinant sur ses lèvres, ses doigts tremblant nerveusement.

▬ Oh! Tu vas aller voir le prochain match des météorites contre les griffes ?

Son premier match officiel en tant que titulaire. Elle avait déjà remplacé, mais vu le manque de réaction qu'il avait eu en découvrant son visage, il ne devait pas l'avoir vu, ou oublié. Cela serait un peu rigolo, qu'il découvre qui elle est à ce moment-là.

Parce qu'il ira forcément voir le match.
N'est-ce pas ?

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▬ Oui. Oui, bien sûr.

Pour l'œil avisé, Alan avait l'air d'un robot en disant ça. Heureusement pour lui, Robyn n'avait pas vraiment l'œil avisé pour lire les réactions d'autrui - d'autant plus qu'il n'y avait, à cette question, aucune autre réponse possible que oui. Si quoi que ce soit, la fermeté avec laquelle il l'avait répété deux fois la faisait sentir presque coupable d'avoir posé la question. Cela devait être presque vexant de se voir poser cette question quand on est un vrai fan. Restait à savoir si il encourageait les griffes ou son équipe. Vu que le rendez-vous avait lieu à Londres, et que, de par son accent qu'elle avait du mal à placer d'ailleurs, il ne semblait pas irlandais, il y avait plus de chances qu'il encourage les griffes, aussi n'osa-t-elle pas trop poser la question, c'était toujours un peu triste de savoir que les gens avec qui vous parlez parieront contre vous au prochain match.

▬ Ça te plaît, comme sport, non ?

Les traits de Robyn devinrent instantanément froids et sérieux.

▬ Un... "Sport" ?

Elle le regarda.
Il la regarda.
Cinq secondes longues comme la mort passèrent.
Et elle sourit de nouveau.

▬ C'est beaucoup plus qu'un sport dans ma famille! Vu notre domaine, on a toujours gravité autour, que cela soit en support ou en joueurs! On baigne dedans, on VIT dedans. Je savais à peine parler que pof, déjà j'allais voir des matchs! C'est presque un mode de vie pour moi, en fait!

Oui, elle avait complètement oublié qu'elle ne s'était pas présentée en tant que Spudmore. Quoique, même si elle l'avait, considérant son audience, cela n'aurait pas changé grand chose. Cela aurait fait autant d'effet que de dire à un moldu qu'on s'appelle Dassler.

Vous ne savez pas qui c'est ? Adolf Dassler, créateur de Adidas. Vous vous coucherez moins bête ce soir.

▬ Après pour être honnête, je n'y connais pas grand-chose mais ça doit être sympa à voir en vrai !
▬ Oui c'est vraiment symp-... Attends quoi, je croyais que tu ador- Oh je vois.

Nouveau duel de regard, probablement avec une musique de western ou de kill bill en fond.

Bien joué, maman, ce date avait UNE QUALITE à avoir et il semble qu'au final c'était du pipeau, rien de plus qu'une farce dans un espoir vain de pécho alors qu'on a un nom de merde. Robyn repris sa mine bougon. Elle SAVAIT que c'était une mauvaise idée, elle SAVAIT qu'elle n'aurait jamais du venir et elle avait quand même dit oui. Elle sentit la colère monter. Pas vraiment contre Alan, c'était juste un pauvre type au final, pas contre sa mère non plus, mais contre elle-même. Pour toujours accepter ce genre de plans bidons. Pour avoir cru pendant une seconde qu'elle ne passerait peut-être pas un mauvais moment ici.

Elle croisa les bras, croisa les jambes, regarda par la fenêtre, froidement, et commença à les engloutir gracieusement, les finissant le plus vite possible -et bien proprement, sans mettre des miettes partout, parce qu'il serait mal venu de ne pas les finir avant de partir.

Elle avait des principes, tout de même.

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▬ Désolé j'ai menti.

Elle marmonne dans sa barbe.

▬ J'ai plus de cinq neurones, j'avais remarqué.

Mais non, elle ne sait rien d'où se trouve vraiment le mensonge, alors il l'explicite pour elle. Elle le regarde, bouche bée, incrédule, puis engouffre son visage dans sa main, incroyable facepalm qui résume si bien la situation, car lui non plus ne sait pas, le mensonge qu'elle avait laissé dormant de son côté, avec visiblement bien moins de culpabilité que lui.

Au final sûrement qu'elle n'avait le droit de le juger, elle aussi avait mit un masque, à se référer à des conversations qu'ils n'avaient pas eu, avec des noms qui n'étaient pas les leurs, à jouer des rôles pour satisfaire autrui. Et toutes ces impostures lui rappelaient les mensonges de collégiens qui l'avaient si souvent dégoûtée des relations amoureuses. Des "machins il t'aime" inavérés, des humiliations innocentes, des drames évitables de ses colocataires de chambre, de l'idiotie générale.

Peut-être qu'aucun d'entre eux n'avaient jamais grandi.

Peut-être que Sigurd essayait, maintenant, au moins.

▬ Cette situation est tellement incroyablement stupide que je n'ai pas de mots.

Elle daigne enfin le regarder. Peut-être trouve-t-elle un soupçon d'indulgence en elle devant la sincérité de ses excuses, devant cette main tendue, qui cherche à en savoir plus sur ses passions, incompréhensiblement.

Alors elle soupire simplement, en laissant un billet moldu sur la table.

▬ J'aurais dû savoir que personne ne pouvait vraiment avoir un nom aussi débile. Rassure-toi, je n'ai jamais de mon côté ne serait-ce que téléchargé cette stupide application pseudo-moldue, alors qu'il n'y ai pas de méprise :  je ne cherche pas à me faire des amis, ou quoi que ce soit d'autre. Je me moque de ton vrai nom, et je me moque que tu saches mon vrai nom. Je me moque de savoir si tu t'es fait ta stupide coupe de cheveux toi-même ou non, je me moque de savoir si tu t'intéresses ou non au quidditch et par merlin je n'ai certainement pas besoin de ta bénédiction pour partir ou de tes excuses à deux balles.

Elle ne pensait pas vraiment tout ce qu'elle disait. A vrai dire, elle les avait trouvé plutôt jolis, ses cheveux, avec leur blond pimpant. Elle n'avait juste pas envie de jouer les victimes, d'avouer qu'elle était un peu blessée, malgré le fait d'être coupable du même crime, qu'elle avait envie de parler plus de sa passion, mais qu'elle refusait de déblatérer pour quelqu'un qui n'en avait probablement en réalité rien à faire. Elle ne voulait pas faire pitié. Elle préférait avoi l'air un peu méchante.

Elle s'arrête au pas de la porte, et sans se retourner, elle ajoute:

▬ ...Passe une bonne journée.

Petit à petit, elle grandissait, elle aussi.

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