Silent for too Long

Tu lui avais donné rendez-vous dans un nouveau restaurant moldu huppé de Londres, privatisée une table à l’écart, c’était une partie de son cadeau de Noël alors t’avais voulu lui offrir le meilleur et en même temps, ça le faisait un moment que vous n’aviez pas parlé.

Ni de tes fiançailles.

Ni des siennes.

Ni de Jasper, de Clovis, de votre Père, Iphigénie.

Ou encore de Sage et de Noël annulé.

T’as l’impression de ne plus rien voir, de tout rater. Ca tourne dans ton esprit qu’il soit pas venu t’en parler, qu’il ait pas osé. Peut-être par peur, ou manque de confiance, il n’empêche que ça tourne dans ton esprit encore et encore. T’es en avance, trop en avance, déjà assise à la table, le dos un peu vouté alors que tes bras sont appuyé contre la table, le regard dans le vide, anxieux, ailleurs.

Perdue.

Si bien que quand il arrive, tu ne le remarques pas tout de suite, un léger sursaut, avant d’esquisser l’éclat d’un sourire si rare ces derniers temps.

─ Hey, ça n’a pas été trop difficile à trouver ?

Tu voudrais poser milles questions Darya, l’inquiétude au bord des lèvres, mais tu ne peux pas.

─ Comment tu vas ? C’est à peine si on s’est vu ces dernières semaines.

Tu te demandes sincèrement s’il t’évite.

Silent for too Long

Y’a comme un malaise, comme un fossé que tu ne sais pas si tu peux le combler, le traverser. Et comme dans cette volonté d’étouffer la distance, tu viens replacer une mèche de ses cheveux, doucement. Tu lui pose la question de si ça va, mais tu n’es pas apte à répondre en retour.

— Pourquoi seulement on va dire ?

Rebondir sur ses mots pour éviter de donner une réponse. Tu le vois déglutir à ta remarque, et ça ne fait que renforcer ton hypervigilance, méfiance, qu’activer tous les paramètres qui anime tes inquiétudes. Ton cœur qui s’accélère. Tes doigts contre la table, vont et viennent doucement, comme tu le ferais pour Alamak, pour te calmer, te rassurer, un vieux tique.

Tes ambres qui se plantent dans ses iris.

— Est-ce que tu m’évites Izar ?

Tu te demandes si il a finit par te voir comme un ennemi. Ou peut-être que ça a toujours été le cas. Grimace au galbe de tes lèvres.

— Désolée, c’est ton cadeau de Noël, et je..

Le serveur qui apparait, et tu te pare de ton visage de façade rigide, froid, loin d’être vulnérable. Récupère la carte tendue, demande ce que à propos de la boisson, tu regardes Izar.

— Un verre de Sauterne s’il vous plait, tu sais ce que tu veux ou tu veux un peu plus de temps ?

Le serveur attends avant de repartir, tu racles un peu ta gorge.

— Quoi de nouveau pour toi en ce moment ?

Tu lui laisses une chance de t’en parler, mais il pourrait tout aussi bien s’esquiver comme tu viens de le faire.

— J’ai eu une entrevue avec Jasper Fawley il y a quelques temps.

Et tu repenses à ce qu’il a dit Darya.


Rien que d’y repenser tu es terrifiée, de ce qu’il veut faire, mais aussi de le perdre.

Silent for too Long

Il dit qu’il n’a pas voulu s’éloigner, il n’a pas voulu mais il l’a fait, et la question résonne à ton âme hurle pourquoi. Les mots Jasper qui résonne encore. Encore. Est-ce qu’il n’a pas voulu mais que tu l’y as poussé par ton attitude ?

Le prénom qui s’impose à ton esprit quand il parle d’abord en évitant.

Cette fichue Iphigénie.

Et tu fronces un peu les sourcils, quand tu le sens s’échapper entre tes doigts. Remettre ses fiançailles aux gouts du jour avec qu’une femme qui ne lui donnera jamais ce qu’il mérite. Tout l’amour qu’il mérite.

Implosion de ta frustration.

Et les mots de Jasper encore et encore.

— Est-ce que tu penses que je me fous à ce point de ton bonheur pour ne vouloir savoir que tu as prévu d’épouser Iphigénie Fawley ?

T’as besoin de mettre les pieds dans le plat, de dire ce fichu nom. Parce que ça te brule la gorge.

— Jasper m’a bien fait comprendre ça quand je suis passée. Mais soit.

Cela sort plus amer que tu ne le voudrais. Et les mots encore, encore, encore, ceux d’après. A propos de Clovis.


Tu ne sais même pas pourquoi ça te blesse autant. Pourquoi ça t’atteint. T’inspire longuement. Ne pas te laisser dépasser.

— Izar. Tu le sais, mais elle ne t’aimera jamais autant que toi tu l’aimeras. Tu en es bien conscient ? Tu vas t’enfermer dans un amour à sens unique pour le restant de ta vie, alors que tu pourrais…rêver encore, aimer quelqu’un qui t’aimerais en retour, qui te donnerait tout ce que tu mérites et plus encore…

T’as peur Darya, peur de le voir malheureux. Tu ne pourrais le supporter.

— Sage te soutiendra quoi que tu décides j’en suis persuadée, même si ton cœur fini par trouver son âme sœur auprès d’une moldue, d’une géante, un semi vampire, peu importe. Je te soutiendrais, te protègerai de Père, tu as le choix…Je ne veux pas que tu t’enfermes dans quelque chose juste pour remplir ses foutues exigences. Il devra se contenter d’un seul enfant pour ça. Je veux que tu sois heureux Izar. Je ne supporterai jamais de te voir malheureux au bras d’une femme qui n’arrive pas à t’aimer parce qu’elle est trop aveugle.


Et ça fait trop de jours que tu ressasses. Alors tout sort, dans un discours décousu. Ebréché. Abimé.

Silent for too Long

T’écoutes Darya quand Izar se met à parler. T’écoutes sagement, repense à ton entrevue avec Louise. Tu ne veux pas être une torpille de plus, il doit faire ses choix, que tu te répètes en boucle alors qu’il parle ton frère. Et même si tu voudrais le protéger du monde tu ne peux pas. Et alors que la conversation avance, alors qu’il s’affirme sous tes yeux, qu’il est lucide au point où ça te fait mal, tes mains viennent se glisser contre les siennes, agrippent ses doigts. Doucement.

Tu ne veux pas être une ennemie de plus, dans un monde qui ne lui fera aucun cadeau..

Tu sens tes sourcils se froncer quand il évoque votre père, resserre le froid de tes doigts contre les siens, le laisse finir avant de loger doucement une de tes mains contre sa joue, plante l’ambre de tes iris dans les siennes.

— Regarde moi bien Izar Terrence Black. Aussi longtemps que je vivrais, jamais, entends-moi bien jamais je ne le laisserai t’en faire baver à nouveau.

Plus jamais.

— Et crois moi j’ai en tête tous les coups bas nécessaires pour que tu puisses épouser qui tu as envie, sans être injustement puni. Personne n’a le droit de te dire qui tu dois ou non aimer, épouser. Il n’y a que toi décide.

Pas même toi Darya. Peu importe combien tu veux te faire guide, c’est sa vie, il est le seul à savoir ce qu’il vaut mieux. Retire doucement ta main, grimace au creux de tes lèvres.

— Je veux que tu sois heureux Izar, le reste peu importe. J’écraserai entre mes doigts le moindre de tes détracteurs s’il le faut.

Inspire, soupire.

— Peu importe ce que je pense de ta future épouse. De son insupportable serp-...pardon de son frère, de sa famille ou du reste, si c’est ce que tu veux, je respecterai ça. Sauf si elle te rends malheureux, là par contre je n’aurais aucune clémence pour elle. Mais pour Père, les détracteurs, faire en sorte de ne pas rendre les choses plus compliquées tu peux compter sur moi.

Inspire, soupire encore.

— Je ne devrais pas être surprise… tu as toujours eu un goût prononcé pour tout ce qui peut te compliquer la tâche. Tu es allergique au simple.

Iphigénie Fawley, c’était définitivement épineux. Moins que son frère, ça restait déjà ça. Et peut-être qu’elle finirait par l’aimer. Tu l’espérais sincèrement Darya, qu’un jour elle réalise et tombe amoureuse de lui, qu’elle lui donne tout l’amour qui lui a manqué. Qui aurait toujours dû lui revenir. L'image de Louise qui te revient en mémoire, tout ira bien. Ca va aller.

— Est-ce que tu sais quand tu comptes lâcher ta petite bombe à Père ? Que je sache quand sortir la batte de Quidditch.

Au moins ça. A dire vrai Darya, tu sais déjà parfaitement avec quoi tu pourras faire pression sur ton Père, car même un mensonge suffira pour faire pencher la balance. Tu repenses un instant à Cassandre, Darya. Avant de balayer la pensée.

Silent for too Long

Tu le regardes Darya, tu le regardes te dire qu’il ne veut pas te voir prendre trop de risques pour lui, sauf qu’à tes yeux il n’y a pas de risque trop grand, ou de trop si c’est pour lui. Tu souris doucement, tu ne veux pas qu’il s'encombre du moindre poids te concernant, un poid qui n’aurait pas lieu d’être.

— Izar, peu importe combien Père peut me vouloir le moindre mal, il ne peut plus rien me faire désormais.

Tes doigts qui dansent pour montrer la bague offerte par Clovis, ta porte de sortie, tes prochaines complications, qui ne pourraient pas être plus terribles que ton propre Père à ton simple avis.

— Et tant que Clovis Lestrange ne vient pas à me jeter, ce qu’il ne devrait pas faire, je suis ton meilleur bouclier. Père ne pourra pas aller contre Sage, et contre moi en même temps. Le risque de perdre sa place dans la famille, et le prestige durement gagné à me marier avec un héritier, il ne s’y tentera pas.

Parce que tu sais Darya, ce que tu lui diras à ton Père, ce qu’il ne supportera pas d’entendre, la menace qui le fera chanceler. Et surtout se raviser. Lui dire que tu as trompé Clovis, Darya, avec une femme. Pas n’importe laquelle, une Sang-Pur. Et que s’il pousse tu iras tout dire à Clovis, tout dire aux médias. Et que ça ruinera tout.

— Et puis il arrivera bien un jour où il arrivera à la fin de sa route tu sais.

C’est que tu t’y attele doucement mais sûrement.

— Qu’est ce que tu aimerais pour l’avenir Izar ? Pas seulement toi, mais avec elle aussi.

Le serveur qui vous interrompt pour prendre votre commande avant de repartir. Tu demandes du poisson, du saumon, plaisir particulier, avant de reprendre votre discussion. Sors le cadeau de Louise.

— Louise m’a demandé de te le donner c’est ton cadeau de Noël. Je crois…que je l’aime bien, tu sais. Je sais aussi que tu passes du temps avec elle, c’est bien

Silent for too Long

Rictus à tes lèvres, aux mots qui s’échouent hors des lèvres de ton frère.

— Il ne m’a pas eu Izar. Ses plans convergent simplement avec les miens. Je voulais une porte de sortie, je l’ai. Rien que je n’ai jamais vraiment voulu, et puis Clovis n’a pas un mauvais fond. C’est un marché convenable.

Pourtant les mots de Jasper résonne encore. Le moment avec Cassandre te fait grimacer une seconde de trop même si tu te reprends.

— Je te laisse l’amour Izar, ce n’est pas vraiment dans mes habilités.

Sourire doux sur tes lèvres alors que tu caresses sa joue, auto persuadée de tes propres peurs et mensonges avec les années.

— Mon bonheur ne dépends pas d’un mariage tu sais. Ni d’une personne, enfin pas encore. Peut-être quand il y aura des enfants. Je ne suis pas malheureuse.

Pas heureuse non plus. Mais tu ne t’y attarde juste pas. Vient le sujet de Louise, ses doigts qui serrent les tiens, t’as l’impression de vous sentir plus proche Darya, plus que jamais vous ne l’avez été, et c’est agréable.

— On veillera à ça alors. Tu penses prendre un endroit pour toi et elle, ou vivre avec Sage ?

T’arrives pas vraiment à prononcer son prénom, parce que c’est plus simple pour l’instant ainsi. Parce que ça rends un moment les choses moins réelles.