caractère

Olenka, Jutrzenka, Lena, Aurore. Petite Lena. Petite Aurore. Petite fille aux grands yeux émerveillés, au nom aussi doux que ses cheveux bruns parsemant à peine son petit crâne. Mais la douceur s'efface alors que le temps l'effrite, l'emporte et n'en laisse que des cendres à la place. Forgées dans les extrêmes, les filles de Koldovstoretz deviennent amères. Violentes.
Pas le choix, dira-t-on. Elles doivent affronter le monde.
Olenka n'est pas différente de toutes ces petites filles qui n'étaient pas prêtes à perdre leur candeur. Elle n'en a gardé que sa générosité - très sélective paraît-il. Olenka ne donne rien si elle juge que l'autre n'en mérite pas tant.
Le temps, l'argent, l'écoute - tout cela a un prix qu'elle connaît bien et qu'elle ne compte pas sous-estimer. Ce n'est pas une denrée illimitée, et elle le sait. Alors elle préfère la mettre de côté.
On ne met pas Olenka en colère. Avant même de réaliser l'erreur que c'était de lui parler en premier lieu, vous serez à terre en deux-deux. On lui disait à l'école qu'elle était tel un coq - à toujours foncer la tête première. Son nom de famille lui sied toujours à merveille.
Et comme cet animal bien fier et toujours la tête relevée, Olenka est du genre à s'assumer. Dans les erreurs comme dans les victoires, elle porte fièrement ses bannières et attend qu'on daigne le lui reprocher - pour pouvoir s'amuser un peu davantage.
Pourtant elle n'est pas que dans le démonstratif. Olenka reste malgré tout une ombre, peut-être d'elle-même, peut-être de celle qu'elle aurait pu être. Toujours aux aguets, toujours à l'écoute, toujours consciente de ce que les autres peuvent dire, Olenka veille et guette, Olenka en sait bien plus qu'elle ne devrait. Ce serait inquiétant, si seulement elle en parlait - mais elle préfère sournoisement garder ces informations pour soi, comme un secret qu'on chérit. Et les petits draps sales des autres, sont ses secrets préférés à garder.
Un peu perchée sur les bords, Olenka semblerait presque cassée - parfois observant les choses d'un regard enfantin, parfois agissant sans raison valable, capable de grimper sur des bâtiments immenses juste pour voir
à quelle vitesse elle en tomberait. Détachée du principe même de la mortalité, elle semble avoir perdu tout instinct de survie, comme si ce qui était important, pour elle, étaient les ressentis - et les risques, eh bien, elle semble les oublier.