La tête haute lorsque ses doigts tapent sur les touches à l'intérieur de la petite cabine téléphonique rouge, voilà un geste qu'elle n'a pas fait depuis un moment maintenant. Depuis bien trop longtemps. Un sourire qui se dessine lorsque la cabine s'enfonce dans le sol pour laisser découvrir à ses yeux froids les contours d'un ministère qu'elle ne connaît que trop bien. Trois mois déjà et elle ne peut s'empêcher un bref soupir en sortant de la cabine pour se fondre dans la foule des visiteurs trop pressés. Traverse l'Atrium tout entier pour se rendre au niveau des ascenseurs, elle perçoit bien les regards indiscrets que certains lui lancent. Les mauvaises langues qui se demandent ce qu'elle peut bien faire ici alors qu'elle n'en a plus aucun droit -c'est faux.

— Tiens Fawley, t'es toujours en vie ?
— Toujours pas en cellule tu veux dire.
— Toujours pas non. Dommage pour vous, j'espère que vous n'aviez pas parié.

Hausse les sourcils en même temps qu'elle parle, perplexe en constatant que les commérages n'ont toujours pas cessés. Abandonnant les deux hommes du département de la Justice Magique à leurs affaires, elle sort son pineaple pour t'envoyer un sms et te donner le lieu de rendez-vous.

Proche des ascenseurs ce n'était peut-être pas l'idée du siècle mais elle prend plaisir, Iphigenie, à tous les regarder de haut alors qu'ils la pensaient déjà six pieds sous terre. Elle prend plaisir malgré ses doigts crispés autour de son téléphone et cette petite voix qui lui hurle de simplement lâcher prise. De les consumer. Tous jusqu'au dernier, parce qu'ils ne méritent que ça après tout.

(non)

Fais vite, Vani.
Fais vite.

Le pied que tu te retiens de taper frénétiquement sur le sol pour ne pas trahir ton impatience, tu gardes les yeux rivés sur l'écran de ton téléphone et le message de Vani te disant qu'il fait vite. Laisse les regards de ces autres fondre sur toi comme neige au soleil, tu parais si lisse à l'extérieur Iphigenie que tu t'en écœures toi-même. Il y a trois ans cela ne t'aurait pas dérangé, parce qu'il y a trois ans tu n'étais pas aussi harassée. Ce n'est pas difficile pour toi d'admettre que tu es arrivée au bout de tes limites, ni même de l'assumer parce que c'est une habitude (même si personne d'autre ne le voit) mais c'est infernal de les repousser ces limites. Toujours plus loin, toujours plus fort en espérant que tout s'arrange quand tout semble prendre un malin plaisir à se consumer bien plus vite finalement.

Rosalia t'a toujours soufflé de faire à ton rythme et de suivre tes convictions, tes rêves ! Seulement tes convictions on te les a arrachées et tes rêves sont étouffés sûrement autant qu'ils t'étouffent -c'est décevant. Ça t'énerve. Mais qu'importent, pas vrai ? Tu n'es pas Iphigenie tu es une Fawley. C'est le choix qu'il t'a demandé de faire et c'est ce choix qui te bouffe parce que dans l'un comme dans l'autre tu perds le (les) plus précieux.

Toi.
(Jasper)

Toi.
(ta liberté)

Toi.

Ton regard qui se pose sur les portes de l'ascenseur en même temps que les portes s'ouvrent et tu peux empêcher un sourire d'étirer tes lèvres quand tu aperçois Vanitas. Enfin, penses-tu en laissant s'échapper un souffle discret. Esquisse malicieuse en réponse à la sienne, tu te sens déjà mieux rien qu'à le voir. Peut-être que tout n'est pas perdu alors ?

— Ce sera notre secret, promis.

Tu le laisses s'approcher de toi et passer un bras chaleureux autour de tes épaules comme vous aviez l'habitude de le faire souvent, avant. Et si tu vas pour lui parler, tu te stoppes à ses mots pour lui adresser sans lui répondre ce doux sourire de façade dont il devinera facilement qu'il est faux. Lui mais pas eux, parce qu'il te connaît, Vanitas.

Alors tu fais comme si de rien était, laisses passer les secondes tranquillement en le laissant continuer et lui adresse un regard plein de curiosité lorsqu'il mentionne un changement de plan.

— Tu comptais m'emmener dans un taudis ? C'est pas très sympa dis donc Vani.

Petit rire qui s'échappe à mesure que vos pas vous mènent à la sortie, tu profites de votre proximité pour lever ta main et entremêler tes doigts aux siens sur ton épaule. Comment tu fais Vani, dis ?

Pour la rassurer sans un mot.
Ça fait du bien.

Les iris qui pétillent soudain alors qu'il te parle de couverture. Voilà qui commence à devenir intéressant. Tu ranges ton pineaple dans ta poche tout en lançant une œillade intriguée à Vanitas.

— Y a pas à dire, tu sais comment parler aux femmes. Sourire complice. Dis-moi en plus ?

Qu'il te fasse rêver.

— Tu comptais surtout nous faire terminer ce déjeuner à Sainte-Mangouste, avoue.

Ton rire, plus discret, en écho au sien alors qu'il vient déposer un baiser à ta tempe. Le sourire à tes lèvres s'étire alors doucement, plus sincère qu'auparavant. Tu n'as jamais compris son secret même après toutes ces années, celui qui fait qu'il est toujours là en donnant l'impression que rien ne l'atteint alors que tu sais que c'est impossible. Mais il n'en montre rien, Vanitas, et il est là quand tu t'éloignes. Toujours. Pourtant, malgré le bien que ces quelques minutes à peine t'apportent déjà, tu sais que cela ne suffira pas. Que dès qu'il repartira tu replongeras. Mais tu ne dis rien. Laisse vos doigts entrelacés à la vu des autres sans te soucier des réactions alors que vous retrouvez la surface. Il t'entraîne dans une ruelle adjacente au Ministère et tu l'écoutes avec attention, intriguée.

Les sourcils qui se froncent alors qu'il prononce le nom de The Crow. Tu n'as pas oublié, ni ce qu'il avait fait ni à quel point ces histoires avaient détruit Vanitas. Tu refuses qu'une telle horreur ne se reproduise.

— Tes sources sont-elles fiables ?

Tu ne demandes pas pour mettre en doute les informations qu'il possède mais plutôt pour savoir sur quelles bases vous reposer, puisque tu n'as absolument aucune idée des enquêtes en cours à ce sujet. Tu sais qu'il ne le prendra pas mal, d'ailleurs il fouille déjà dans son portefeuille pour en ressortir des vêtements qu'il te tend. Tu les inspectes un instant, ils sont assez simple et passe-partout, parfait pour rester incognito. L'esquisse soudain plus amusée, tu réponds à son clin d'oeil par un regard malicieux.

— Tu avais tout prévu, hein. Et si j'avais dis non ?
Tu n'aurais jamais pu dire non.

Tu n'es, après tout, pas quelqu'un de sage et que ton ancien métier te manque autant pour ce qu'il était que pour vos infiltrations, avec Vanitas. Vous n'en aviez pas fait énormément, cependant tu te souviens de chacune d'entre elles. Alors tu étires un sourire un peu plus large avant qu'il ne se retourne, ne te soucies même pas du fait que lui ou un autre puisse t'espionner alors que tu te changes.

— J'espère au moins que le Ministère te paye le déjeuner, ça ce serait utile, agréable et appréciable.

Esquisse d'un sourire narquois à tes lèvres juste avant qu'il ne se retourne. Tu termines d'enfiler ta cape alors qu'il te toise d'un air satisfait avant de s'approcher pour te tendre son bras.

— Monsieur.

Ton plus bel accent français pour lui alors que tu poses ta main sur son bras et que vous transplanez à quelques pas de la Wyverne Blanche, sur le trottoir d'en face. Tranquillement tu époussettes tes vêtements -plus par réflexe qu'autre chose étant donné leur état de base- avant de replacer une mèche derrière ton oreille. Lèves tes pupilles pour les poser sur Vanitas.

— Même après un transplanage tu restes magnifique. On va finir par croire que tout ça, tu fais un rond avec ton index pour le désigner en entier, ce n'est pas naturel.

Tu as conscience que ce n'est pas la meilleure blague du monde mais elle a au moins le mérite de t'arracher une petite moue joueuse.

— On y va ?

Tranquillement tu viens te saisir de nouveau de son bras pour marcher avec lui jusque l'entrée de la Wyverne. En bon gentleman il te laisse passer devant, tu lui adresses alors une légère révérence, intentionnellement maladroite, en le remerciant avant d'entrer. Tu veux continuer d'oublier tous tes soucis en faisant semblant, avec Vani.

Il le faut.

— Les plus belles proies, hein ?

Tu souffles un petit rire amusé sans rien ajouter d'autre pour le laisser imaginer toutes les blagues possibles (et stupides) que tu pourrais sortir à la suite. Une œillade espiègle dans sa direction avant que vous n'entriez finalement dans le restaurant, tu retrouves vites ton sérieux alors qu'il te guide d'une main légère dans ton dos, jusque cette table parfaitement disposée.

— Quelle aubaine..

Murmure discret empli d'ironie à tes lèvres alors que tu contemples quelques instants le brouhaha et la vie de la pièce avant de t'assoir. C'est un contraste bien trop grand que toute cette agitation autour d'une seule table vide, et tu savais la Wyverne suffisamment populaire pour être complet du matin au soir.

Tu ne relèves pas plus cependant et préfères te laisser aller au gré de cette surprenante rencontre avec Larry Laisse-le-moi. Tu ne peux t'empêcher de rire un peu à son histoire, plus grassement que d'ordinaire sans en être vulgaire pour ne pas paraître trop guindée. Le tout paraît un peu trop faux pour être sincère et tu profites de l'ambiance et du bruit pour supposer que l'on ne vous écoute pas avant d'entrer dans ton rôle.

— Vous me semblez être une forte tête, mon cher Larry.

Le vouvoiement pour ton simple plaisir, tu n'as pas le temps de poursuivre qu'un serveur s'approche déjà de vous. Tu le laisses commander les boissons pour vous deux avant de lui lancer un regard dubitatif alors qu'il mentionne la bonne santé de son portefeuille.

— Le plat le plus cher de votre carte, s'il vous plait.

Iris volontairement défiantes envers Vanitas, tu t'empresses d'adresser un sourire poli au serveur un peu gêné qui part aussitôt s'occuper de tout. Tu imagines que Vani doit se poser quelques questions, alors c'est en esquissant un demi-sourire plutôt fier que tu t'expliques.

— Abbie Delcourt, une personnalité tout ce qu'il y a de plus banale et respectable. Je travaille chez un fleuriste à l'autre bout de la ville mais j'apprécie beaucoup flâner par ici. Les rues sont plus belles et l'ambiance bien moins triste mais... Il y a quelques jours tu m'as abordée. Il paraît que mon petit frère Harry fait partit de ta bande et qu'il fait mal son travail. C'est toi qu'on a missionné pour le faire chanter via moi, je crois, alors ne m'en veux pas si je n'suis pas très à l'aise en ce moment.

Ou si vient le moment du véritable jeu de rôle mêlant à la fois la parole et les gestes, sous-entends-tu d'un regard amusé. Le serveur revient rapidement avec vos boissons.

— Merci.

Le laisse de nouveau s'éloigner, tu regardes Vanitas.
Ou devrais-tu dire Larry.

— Alors dis-moi Larry, pourquoi tu m'invites ?

Il devrait comprendre facilement que tu ne parles pas de votre couverture, ni de cette enquête à laquelle tu ne devrais même pas avoir le droit de participer mais bien de tout le reste. De toi et lui, alors que tu tends l'oreille autant pour l'écouter que pour tenter de capter quelques discussions intéressantes qui s'envoleraient d'une table ou d'une autre.

Parce que je t'ai repérée, Abbie, il y a quelques temps. Le compliment qui suit t'arrache un sourire soufflé. Tu ne sais pas vraiment comment tu pourrais l'être en passant tes nuits sans dormir, à ne faire que penser mais ça te fait plaisir. Vanitas a toujours su trouver les mots pour te réconforter. Et il semblerait qu'aujourd'hui encore il ne déroge pas à la règle.

Tu l'écoutes, silencieuse en faisant tourner distraitement la boisson dans ton verre. Quand il te demande des nouvelles de ton frère, tu prends une grande gorgée -comme pour te donner du courage, avant de reposer ton verre sur la table. T'aimerais lui dire que tout va bien, qu'il supporte Jasper, que ça finira par aller mieux. Qu'il s'y habituera, à la présence de Clovis. La vérité c'est que même toi t'y arrive pas. Et depuis quelques semaines tout s'enchaîne, c'est à en perdre la tête. Harry m'a l'air... Retourné. Tu étires un petit sourire qui s'efface aussitôt que tu prends la parole.

— Il l'est. C'est difficile d'imaginer, même pour moi qui suis également au coeur de tout ça, à quel point il prend cher ces derniers temps. Et même s'il cherche à le cacher je suis loin d'être idiote. Je connais mon frère, tu sais ? Tout ce qu'il fait c'est se tuer d'avantage.

Au travail, dans l'alcool. Et si les mots ne sortent pas, Vanitas peut comprendre aisément à quel point tout ça te bouffe. Parce qu'entre vous deux ça ne va pas bien non plus. Il se perd, tu te perds. Iphigenie et Jasper vous n'êtes plus grand chose désormais, pas vrai ?

Et toi... Comment te sens-tu ?
Mal.

Affreusement mal.

— Inutile. Blessée. Fatiguée. Apeurée. Disons que j'essaie de garder la tête hors de l'eau ?

Disons que tu coules et que tu vis en apnée depuis trop d'années maintenant.

— Je n'ai pas vraiment le choix, je dois veiller sur Harry. J'ai besoin de mon frère, je ne peux pas couler maintenant.

Et par couler tu entends toucher le fond.
Dans le silence qui s'installe, tu reprends une gorgée de ta boisson.

Tu poses ton regard sur Vanitas. Alors lui aussi, Jasper le rejette ? Tu ne comprends pas qu'une telle chose puisse être possible. Mais tu n'as pas vraiment les mots pour exprimer la colère, la peur et la tristesse énormes qui s'emparent de toi quand il te raconte tout ça. Que tu vois sa peine à lui aussi. Putain Jasper. Faut croire que t'es réellement au fond du trou si t'as même plus la force de t'indigner de tout ça.

Pourtant, tu souris un peu quand Vani te demandes comment toi tu vas. Tu atténues la vérité, sans mentir parce que tu sais que ce n'est pas la peine. Même un imbécile verrait à quel point t'es crevée, pas vrai ? Dis Iphi, ça fait combien de temps que t'as pas fermé l'œil ?

Bien sûr que tu sais que tu peux compter sur lui.
Mais il a déjà assez de soucis comme ça Vani.
Tu refuses de lui en rajouter.
C'est un peu tard pour ça.

— Je sais.

Ses mains pour entourer les siennes, tu tentes un sourire encore. Tu hausses les épaules lorsqu'il te demande de ne pas hésiter à te reposer sur lui.

— Comment tu pourrais ? Tu fais déjà beaucoup tu sais, vraiment.

Il est un peu comme cette bonne étoile, qui guide et vous empêche de vous perdre en chemin. Pas toujours visible mais toujours présente. Tu ne devrais pas avoir à lui demander plus que ça. Tu ne lui demanderas pas plus que ça, pas pour toi en tout cas.

Tu étires une grimace lorsqu'il mentionne Clovis. Surprise de sa question mais plus encore du fait qu'il casse aussi simplement votre couverture.

— Qu'est-ce que tu fais ?

Tu vas pour retirer tes mains, plus sérieuse tout à coup, mais il ne cède pas.

— S'il te plaît ne gâche pas tout. Nous ne sommes pas là pour parler de moi après tout, si ?

Non.

— Si le faire te déconcentre de ta mission alors je refuse.

Le ton est plus ferme cette fois.

Je n'en ai pas l'impression. Et tu n'as pas les mots pour le rassurer, pas les mots pour lui expliquer que c'est seulement grâce à sa présence que Jasper est encore en vie. Que sans lui, sans Vanitas il ne resterait plus rien à sauver. De toi tu ne sais pas, mais de Jasper en tout cas il ne resterait rien. C'est une certitude.

Une certitude qui semble pourtant si fausse tout à coup.
Une certitude qui s'effondre lorsqu'il craque sa couverture dans la douce volonté de te soutenir -il te semble si désespéré que t'en as mal au coeur quand tu le lui reproches. Concentre-toi sur les vraies choses, Vani. Sur le plus important. (et tu te renies encore, l'habitude mécanique) Parce qu'il y a toujours plus important. (tu avais toujours hurlé que non pourtant, qu'à part Jasper rien ne te surpasserait) Tu parles.

— Pardon ?

Cherche des yeux le porc au gin citron, qui te matte sûrement vu les drôles de pensées dont te fait part Vanitas en sous-entendu. Tu le trouves un peu plus loin, et il vous regarde effectivement -t'es à deux doigts de te lever pour aller lui expliquer la vie, mais à la place tu te contentes de lui tendre ton majeur de façon vulgaire et voyante. Qu'il comprenne.

C'est sûrement la première fois que tu en fais un, mais le lieu s'y prête, l'humeur aussi, alors tu profites de ta couverture loin d'être de la haute pour te laisser un peu plus aller. Tu reportes ton attention sur Vanitas lorsqu'il reprend.

Te demande de parler de cet homme revenu après des années d'absence. Que tout le monde croyait mort pas vrai ? De celui dont ton frère s'est éprit il y a bien trop longtemps, de celui à cause de qui (en partie) il se détruit aujourd'hui. De celui qui te rejette, aussi, sans que tu n'en comprennes les raisons réelles. Il a l'air tellement différent, dit-il. Toi aussi tu le vois ?

— Il l'est. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé durant son absence, mais ce n'est plus le même homme, il est beaucoup plus sombre et distant. Je l'ai croisé à son retour et-

T'as forcé pour lui parler.
Un échec plutôt cuisant.
Il t'a évité ensuite (t'évite toujours d'ailleurs) mais tu l'as aperçu au wizgala au bras de Darya Black.

— J'aurai sûrement craqué à ta place.

Lève ton regard pour le poser dans le sien, sérieuse. Tu n'aurais probablement pas hésité aussi longtemps à la place de Vanitas. Parce que tu as toujours eu besoin d'aider, besoin que les autres se confient à toi -ce besoin de t'imposer dans leur vie tout en vivant la tienne. Pas dans celle de toute le monde, mais dans la leur en tout cas. Parce que ton frère, et ceux que tu considères comme tels, font partis de ceux pour qui tu donnerais ta vie.

— Alors je te comprends, Larry. Mais tu ne peux pas le détester pour ce qu'il fait à Harry, ce serait pas juste.

Tu essaies de t'en convaincre, parce que tu les aimes malgré tout bien trop fort tous les deux. Tous les trois, avec toi. (tous les quatre, avec Valerian)

— J'ai bien essayé de savoir ce qu'il cachait mais il a rien lâché. Ces deux-là sont vraiment des idiots.

Tu lâches un soupir entre fatigue et exaspération.
Changes de sujet pour te recentrer un peu sur votre mission.

— Tu as quelque chose ?

Son rire t'arrache un sourire, et l'espace d'un instant tu as l'impression de n'être rien d'autre qu'une femme simple. Abigail sans histoire, qui se fait salement relooker par un inconnu qu'elle rembarre brusquement. Tu aurais aimé pouvoir en profiter encore un peu. Peut-être pas pour toute une vie mais au moins encore un peu. J'aurai préféré que tu me traites de parano, quand tu confirmes ses craintes concernant Clovis. S'il savait comme tu aurais aimé. Lui donner tort, lui prouver même. Mais vous ne pouviez pas vous leurrer, pas vrai ?

Lorsqu'il t'avoue en avoir éprouvé l'envie, tu redresses un peu plus ton visage, plantant ainsi un peu plus vos regards l'un dans l'autre. ((t'aimerais tellement toi aussi)) Tu te demandes comment il fait pour sembler toujours si calme et rassurant. Il est si doux Vanitas, pourtant, après toutes ces années tu sais qu'il n'est pas que ça. D'une certaine façon vous êtes un peu pareils tous les deux, à la différence que lui a sûrement la maturité pour parvenir à mieux se contrôler. Un petit rire qui s'échappe quand tu dis aimer ton métier. Un éclat de malice dans tes yeux.

— Merlin sait comme vous le faites bien mon cher Larry.

Le coeur qui hurle fort tant tu aimerais recommencer toi aussi. Retrouver cette part de toi qui te manque, celle qui te faisait respirer. Tu finis par traiter Clovis et ton frère d'idiots, il acquiesce et tu soupires doucement. Ils ne lâcheront rien, peu importe les informations qu'il tentera de glaner. Parce que tu sais que malgré leur bêtise, Clovis et Jasper réunis sont à eux deux plus têtus que le monde entier.

Le serveur vient déposer vos plats avant de repartir tout aussi vite, et après l'avoir remercié tu questionnes Vanitas sur l'enquête en reniflant tranquillement la bonne odeur de ton plat. Un léger sourire aux lèvres quand tu portes la première bouchée à ta bouche, c'est terriblement bon. Alors tu t'empresses d'en prendre une seconde.

— Hm. Elle pourrait simplement le quitter au lieu de se pourrir la vie avec un enfoiré.

Mais tu comprends, l'envie de vengeance pour s'apaiser. Ça te fait penser à Valerian et tu étires une grimace. Grimace qui s'agrandit quand Vanitas s'ose à mentionner ta chère mère. S'il sait que tu n'es pas très proche d'elle, tu doutes qu'il sache à quel point tu te méfie d'elle.

— Elle se porte bien, étrangement. Cette situation semble l'avoir révélée, elle est... Différente.

Tu tairas à quel point la nouvelle est mauvaise pour enchaîner un nouveau morceau de poisson avant de reprendre. Tu fais non de la tête doucement.

— Ne t'excuse pas, tu n'as pas besoin de passer pour être présent tu sais. Et puis les rackets doivent te prendre tout ton temps, non ?

Et sa famille aussi.
Il faut qu'il soit là pour eux Vani.
Tout comme il faut que tu sois présente pour la tienne.

((t'aimerais tellement))
Tu prends une gorgée de ta boisson.

— Dis, Larry.

De nouveau vos regards qui se croisent, tu laisses un silence se poser, le temps de chercher tes mots. De réfléchir une dernière fois à si c'est ou non une bonne idée. Pour toi. Pour eux.

Pour tout le monde.

— Ton don. Tu m'apprendrais ?

Apprends lui Vani, à être comme toi.