- Il y a eu un incident.

Et alors ?

- C’est encore le vampire…

Un rire, qu’Attila jette au nez de l’élève venue pour lui parler. Ses pas qui font demi-tour, laissent derrière lui les murmures inquiets à propos d’une idiote qui s’est encore laissée tenter par ces monstres. Ce ne sont pas ses affaires. Si quelqu’un est assez bête pour se jeter dans les crocs de ces aberrations, Attila est bien le dernier qui ira s’en occuper. C’est l’administration, qu’il faudra blâmer en cas de décès, pas le préfet.

Arrivé devant les toilettes du troisième étage, sa destination première avant de se faire aborder, il pousse la porte en bois usé. Aussitôt, un son qu’il reconnaît, suffisamment fort pour masquer le grincement des charnières de la porte. Un sourcil haussé, Attila observe les portes des cabines dans le miroir qui traverse la pièce.

Quelqu’un est en train de vomir. Littéralement sous son nez.

Alors il soupire, Attila, regarde rapidement sous les portes jusqu’à trouver celle qui est occupée. Il n’est pas sans cœur, malgré ce que certains aimeraient bien faire croire sur lui. Attila s’intéresse, il s’inquiète.
Pas pour tout le monde cependant, c’est vrai.

- Est-ce que tout va bien ? Tu as besoin d’aide ?

Les bras croisés, ses yeux verts qui ne quittent pas la porte fermée. Il attend, Attila, jusqu’au moment où il entend le bruit du loquet. Jusqu’au moment où la porte s’ouvre lentement. Jusqu’au moment où son visage perd toute la bienveillance affichée.

Parce qu’il te reconnaît. L’incident, c’était donc toi. Et plus encore que ton visage ou tes origines, qui suffisent à l’écœurer, c’est le sang autour de tes lèvres qui le pousse à grimacer.

- …

Un léger mouvement de recul quand tu t'approches, avorté quand tu t'adosses finalement aux lavabos, suit des yeux les marques sanguines que tu laisses partout où tes doigts se posent. Et il hésite. Il voudrait partir, il voudrait faire demi-tour et se tenir le plus éloigné possible. Mais sais-tu ce qu’il y a de pire que sa peur des vampires ?

Son dégoût pour toi.

Alors son sourire, qui s’ourle au coin de ses lèvres maudites, s’habille d’une voix narquoise quand il parle.

- Encore une preuve que vous n’avez rien à foutre dans cette école, ceux de ton espèce et toi.

Il croise les bras, fait lentement le tour de toi. Ironique jusque sur son visage.

- Ne devrais-je pas prévenir les professeurs ? Qu’un vampire sauvage s’attaque aux élèves…

ft. @Ezra Strauss | Flashback Mai 2021

Il t’observe, Ezra. Il te regarde essuyer de tes lèvres les marques de ton méfait. La preuve, la vraie, celle que tu n’as rien à faire parmi des élèves, parmi n’importe quelle foule, même. Dans quel monde vit-on, pour laisser en liberté des êtres qui n’auraient jamais dû exister ? Des prédateurs, de ceux dont il faudrait certainement glisser un collier pour vous tracer.
Ou pire. Ce serait certainement mieux en termes de sécurité.

Un rire, quand tu oses clamer n’avoir rien fait de mal.

- Vraiment ? Parce que boire le sang de mineurs au sein d’une école, tu crois que ça fait partie du bail ? Je suis préfet, et en ce sens, j’ai pour devoir d’encadrer les élèves sorciers.

Pas les autres.
Pas ceux qui volent ce titre en raison d’une once de magie dans leurs veines.
Pas ceux qui ne sont ici qu’en raison d’un directeur beaucoup trop laxiste et stupide.

Tu t’avances, menaçant. Parce qu’Attila est bien plus petit d’une part, mais aussi parce qu’il voit très bien tes canines, la pulsion sur ta tempe et certainement les instincts qui te tordent le ventre. Pas vrai ?

En une fraction de seconde, sa baguette est entre ses doigts. Pointée vers toi.

- Ne m’approche pas.

N’y pense même pas.

- Qui crois-tu que les professeurs écouteront, Ezra ? Le préfet de Serdaigle, ou le vampire dont on peut retrouver les traces de canines sur le cou des élèves ?

Il t’observe de bas en haut, des cernes sous tes yeux jusqu’au bout de tes doigts. Et il ne se l’avouera pas, plutôt crever, mais Attila a peur de toi. Et ça ne le rend que plus fermé à l’idée de t’approcher. Le visage froid, mais le sourire au coin des lèvres quand il te fait un léger signe du menton.

- Recule.

T’es un monstre, Ezra. Arrête de te voiler la face.
Et la différence entre Attila et toi, c'est que lui ça ne se voit pas.

ft. @Ezra Strauss | Flashback Mai 2021

Tu t’arrêtes, Attila respire. C’est subtil, peut-être difficile à entrevoir, pourtant c’est bien là. Sa baguette ne tremble pas, pointée sur toi, même quand tu réponds. Même quand il voit sur ton visage passer les émotions de tes pensées. Mais il s’en fiche, Attila. Il ne veut pas savoir ce qui te donne envie de chialer le soir. Tout ce qui l’importe, c’est que toi et tes semblables disparaissiez.

Et alors tu l’insultes. Alors ta langue commence à se délier pour laisser fleurir ton langage grossier. Le sourire d’Attila s’efface, lentement, pour laisser place à une expression plus agacée. Ses sourcils se froncent, sa mâchoire se contracte.

Sa place, contrairement à toi, il l’a méritée.
Et c’est pour ça qu’il sera celui qu’on croira quand il ira le raconter.

Elle lui revient de droit.

- Moins dix points à Gryffondor pour les insultes. Et il me semble d’après les rumeurs que le seul qui suce ici, le sang ou les bites, c’est toi.

Des assomptions, uniquement nourries par la proximité qu’il capte quotidiennement entre Hyperion et toi. Une proximité qui, quelque part, au fond de lui, l’agace prodigieusement. Tu n’as rien à faire ici. Tu n’as rien à faire autour d’eux.

- Je t’ai dit de reculer.

Sauf que tu n’écoutes pas. Et quand tes pas te rapprochent d’Attila, il recule brusquement pour t’échapper.

- Casse-toi ! Ne m’approche pas, vermine !  

Il lève sa baguette pour t’empêcher de la voler, mais déjà son dos qui cogne contre le chambranle d’une cabine. Son visage, déformé par la peur masquée de colère quand il te voit si près de lui. Il ne prend pas le temps de t’observer, encore moins d’essayer de comprendre. Pourquoi vouloir comprendre des êtres qui n’ont rien à voir avec des sorciers, avec qui il est ?

- Ne me touche pas ! Flipendo !

Et sans chercher à savoir si son sort a touché, il glisse de côté pour s’échapper de cette position de faiblesse. Le regard plein de haine, dirigé sur toi. Une haine qu’on lui a inculquée des années durant, si facile à déverser.

- Il n’y a pas si longtemps, ceux de ton espère n’avaient même pas droit au port d’une baguette. Encore moins à ne serait-ce que rêver de Poudlard. Il tique de langue, sourire grossier qui étire ses lèvres. Le masque est si facile à endosser. Viens, essaie encore de m’attaquer ! Je t’assure que je ferai tout pour que tu sois renvoyé chez ton suceur de géniteur.

ft. @Ezra Strauss | Flashback Mai 2021

Il ne comprend pas, Attila. Il ne comprend pas pourquoi tu résistes, pourquoi tu n’acceptes simplement pas ce que tu es. Si tu es ici, dans cette école, à pouvoir apprendre tout ce que tu sais, c’est uniquement en raison de la générosité des sorciers.
Et ça l’agace, Attila. Parce que tu ne le vois pas, n’est-ce pas ?

Une partie du lavabo a explosé en éclats de céramique et, la baguette toujours pointée vers toi, il ne te lâche pas du regard. Il ne quitte pas des yeux tes cernes, tes cheveux, tes crocs, quand il continue de parler. Les mots qu’on lui a soufflés, depuis l’enfance, et qu’il ne fait que répéter avec la plus belle aisance.

Et ça marche. Au-delà des espérances.

Tu hurles, Ezra.
Un léger sursaut des épaules, quand la porte dans laquelle tu frappes claque avec fracas. Mais Attila t’observe toujours. Tes traits se froncent, la colère explose. Et alors son sourire qui s’étire de plus belle. Carnassier.
Il a raison, finalement, pas vrai ? Regarde-toi, tu es incapable de te contrôler.
A peine quelques mots, et voilà où tu en es.

Un cri de surprise lui échappe, son dos plaqué contre le sol et ses mains écorchées sur les éclats. Très vite, sa baguette se retrouve entre tes doigts et sa mâchoire se contracte. Tu le paieras. Ta colère est crachée à son visage, mais Attila ne bouge pas. Il t’écoute, ses yeux verts brillant du dégoût qu’il a pour toi.

- Ah bon ? Je ne vaux pas mieux, Ezra ?

Un léger rire, puis son sérieux rapidement retrouvé. Les yeux glissent, de sa baguette jusqu’à ton visage. Tes canines, celles qui hantent ses cauchemars. Et il a beau déglutir, c’est la voix calme et provocante qu’il reprend :

- Regarde, tu es en train de m’attaquer. T’as l’air d’un taré. Si quelqu’un entre maintenant…

Il force sur ses épaules, cherche à se redresser pour approcher son visage du tien qu’il exècre tant. Son cœur battant la chamade, parce qu’il ne sait pas jusqu’où il pourra repousser la peur.

- Qu’est-ce que tu vas faire ? Le sourire narquois. Tu vas me tuer ? Tu vas me sucer ?

Son regard tombe sur ses mains écorchées. Et toujours dans l’optique de te provoquer, sa paume dont il vient essuyer les gouttes écarlates contre ta joue. Sa voix comme le souffle acerbe du serpent autour de sa proie.

- Regarde ce que t’as fait.

Sans prévenir, son genou qu’il balance en direction de ton entrejambe.

- Rends-moi ma baguette. Et écarte-toi. Alors on verra si je ne vaux pas mieux que toi.

La voix tranchante, qui peine à masquer ses tremblements.

ft. @Ezra Strauss | Flashback Mai 2021

Tu lui demandes de se taire, mais Attila ne t’écoute pas. Il n’en a que faire, de tes tremblements ou de ta rage. Il tire sur sa baguette, tente de la récupérer mais tes doigts ne cèdent pas. Alors il attaque, avec tout ce qui lui reste.
Ses mots, son expression haineuse.

Il te voit dans un état pitoyable, Ezra, et quelque part, ça lui fait du bien. Quelque part, il se dit que les choses sont remises à leur place. Les sorciers au-dessus, les hybrides à la niche. Pourtant n’est-il pas celui dont le dos presse contre le sol ? N’est-il pas celui dont la peur est si mal dissimulée derrière sa haine que tu entends battre son cœur ?

- Je n’ai pas peur des monstres.

Mensonge.

Et pourtant, ça ne l’arrête pas. Depuis des années, son grand-père lui apprend à ne craindre personne, à endosser ce masque détestable. Ce n’est pas sa peur qui l’arrêtera ; elle aussi, Attila la fiche au placard.

Alors il joue avec les limites d’un jeu dangereux, observe son sang vermeille luire sur ta peau blafarde. Puis son genou qui frappe, son sourire qui s’étire quand tu gémis. Ca fait mal, pas vrai ? Il commence à se dépêtrer de votre position en reculant, les fesses sur le sol, mais ta langue sortie le coupe dans son action. Ses sourcils se froncent.
Tu le dégoûtes. T’es pitoyable.

- T’es dégueulasse, t’arrêtes jamais, hein ?

Il se lève, juste face à toi. T’es à genoux, lui debout, et ça lui donne ce sentiment de supériorité tellement recherché. Il n’a rien à craindre de toi, pas vrai ? Un animal, c’est à ça que tu le fais penser. Sans un mot pour toi, il se penche pour récupérer sa baguette, mais c’est là que tu t’écries. Puis tout va très vite. Tu le tires à toi et putain, c’est juste dingue la force que tu as. Il finit à genoux, les yeux écarquillés de terreur quand il voit tes crocs. De toutes ses forces il tire, cherche à s’éloigner avec ses pieds, il souffle une litanie de « Non, non, non ! » mais rien n’y fait.

Tu plantes. Tu aspires.

La stupeur. La douleur. Le cri se meurt dans sa gorge, silencieux, et Attila te regarde t’abreuver, complètement sonné. T’as l’air d’un drogué, d’un véritable camé. Et ça fait mal, ça fait tellement mal. A sa peau, à son égo, à son cœur qui tambourine comme un dératé. Sa voix n’est qu’un murmure quand il parvient à parler.

- Arrête… Arrête !

Le souffle court et tremblant, il tire encore mais ça ne rend la douleur que plus forte. Un gémissement lui échappe, puis deux, pitoyables. Il imagine son sang qui s’écoule jusqu’à ta gorge, ses forces, sa volonté qui peu à peu s’amenuisent. Et sa terreur qui lui glisse une larme au coin de l’œil.

La voix un peu plus forte et fébrile quand il reprend :

- Arrête ! Je veux pas mourir… Je veux pas mourir ! Arrête !

De sa main libre, il pose brusquement la paume sur ton front et cherche à te repousser. Il veut te faire lâcher, il ne veut pas crever. Son souffle hyperventile, ses doigts griffent, il gémit. Puis ses yeux tombent sur sa baguette encore au sol et il se dépêche de l’attraper. Tremblant, quand il en pointe le bout sur ta gorge.

- L-Lâche-moi !

Il se sent faible, et ça le tue. Il a beau pointer sa baguette, aucun sort ne lui vient en tête. Il est trop secoué, trop effrayé. La voix plus ferme, un semblant de cri quand il répète :

- Lâche-moi, Ezra !

ft. @Ezra Strauss | Flashback Mai 2021

Il avait raison.
Il avait raison son grand-père, finalement, pas vrai ?
Les monstres resteront des monstres, peu importe qu’on leur octroie des droits auxquels ils ne devraient pas prétendre. Peu importe qu’on les laisse déambuler au sein de la société comme si de rien n’était. Finalement, les instincts sont toujours là. Et c’est ce que tu lui montres, Ezra, n’est-ce pas ?

La baguette au creux de ta gorge, Attila attend. Il attend, les yeux un peu fous, jusqu’à ce que finalement tu recules. Un peu sonné, de voir que tu n’as pas décidé de le tuer, qu’il est encore bien là. Son poignet le lance, sa respiration est foutue. Il baisse les yeux sur le sang qui s’écoule encore, celui qu’il y a tout juste quelques secondes tu étais en train d’avaler. Et ça le révolte, contre toi, contre lui-même.

- Tu… Tu n’es qu’un immon-…

Souffle coupé quand tu le tires à terre. Ses muscles sont mous, il se sent pitoyable et faible. Tout ce qu’il parvient à faire, c’est se retenir d’une main sur le sol, la baguette coincée entre les doigts ; il grimace, quand il te voit lécher la plaie. Ecœuré. Putain. PUTAIN !

Tu parles, et tout ce qu’il perçoit, c’est le soupçon de provocation dans ta voix. Tout ce qu’il entend, c’est qu’il n’a pas réussi à t’échapper. Non, putain, il est loin d’être content, loin d’être satisfait. Comment son grand-père le regardera-t-il, quand il te fera renvoyer et qu’on apprendra qu’il n’a pas su te résister ? Te repousser ?
Quelle déception, Attila. Quelle honte.
Ses dents grincent, ses doigts serrent sa baguette à s’en blanchir les jointures.

     Non.

Non, il ne peut pas laisser savoir ça.

- Tu vas me le payer.

Son regard est noir, ses deux mains se posent sur tes épaules pour te bousculer. C’est à peine s’il parvient à te faire reculer. Dégoût. Encore fébrile, il s’aide du chambranle d’une cabine pour se relever. La mâchoire contractée, cherchant à restaurer le masque de la superbe et à le tenir en place. Essuie d’un geste rageur la trace unique de la larme roulée sur sa joue.

Et il t’observe, Attila, ses yeux verts qui lancent des étincelles. Il te déteste. Si tu savais comme il te déteste. Avec toute la fierté dans laquelle il peut encore se draper, il réajuste sa robe de sorcier. Ses yeux captent les traces de sang encore étalées sur la céramique des lavabos, la canalisation explosée, les éclats sur le sol.

     Puis toi.

La voix sombre quand il te menace.

- Regarde en permanence derrière toi, Strauss. On ne sait jamais. Les accidents sont si vite arrivés.

Son sourire suffisant, tellement efficace pour cacher la peur, le soulagement, le bordel qui se passe dans sa tête. Il sourit, puis sans un dernier mot il te laisse au milieu de ce chantier. Le tien, après tout, tu n’as donc qu’à nettoyer. Et de toute façon, si tu t’amuses à aller protester, désormais Attila possède une preuve parfaite pour te faire expulser.

ft. @Ezra Strauss | Flashback Mai 2021