Et quand sa voix s’éveille, c’est comme s’il l’avait sorti d’un rêve profond ; ou bien était-ce un cauchemar ? Il n’en avait nulle idée, puisque depuis quelques temps maintenant Parsifal semblait de ses âmes égarées qui craignent le temps, peu importe ô leurs pas les portent. Pourtant, c’est stupide car cela fait bien des années qu’ils se sont égarées, tous les deux - était-ce même encore censé de croire ou simplement caresser l’espoir qu’une route toute nouvelle se trace pour eux ?
La question s’efface à mesure qu’il s’efforce de lui rendre ce sourire débordant pourtant de crainte - et c’est surprenant comme rien n’a changé. C’est surprenant mais à quoi s’attendait-il, Ashe ? À ce que le monde et ses vivants oublient les peines qu’il lui a infligé ?
Parce que peu importe ce dont il était capable pour qu’il reste à ses côtés, ça ne pouvait pas bien se passer. Pas tant qu’il gardait tous ses secrets, pas tant qu’une partie de lui-même demeurait cachée, pas tant qu’il était cette silhouette noire qui s’avançait dans l’obscurité. Comme s’il savait pertinemment que ses actions allaient en dehors de toute morale - mais plus il le cachait, plus tout cela pesait lourd.
— D’accord. C’est efforcé, les mots dans sa gorge, efforcé le sourire, efforcé de se diriger faire chauffer l’eau pourtant ; ils savent tous les deux, perçoivent tous deux ce nuage qui pèse si lourd sur eux. Pourtant Ashe, il faut le chasser, couvrir les plaies déjà béantes. Dissimuler le sang qu’il s’efforce déjà de laver sur ses mains sales ; la mort change les Hommes mais qu’en est-il des mensonges et des secrets ?
Il ne regarde que du coin de l’oeil son aimé alors qu’il se fait patience, dans l’attente longue de trouver une voie à prendre, un chemin sur lequel s’aventurer. La vérité étaient qu’ils semblaient tous soit truffés de ronces, soit truffés d’oeufs sur lesquels s’avancer crèverait le monde entier.
Et Ashe n’était pas doué pour s’aventurer le premier, on le poussait, on le forçait. Il s’avançait sans broncher mais son intérieur s’était fait ronger par le doute. Alors il se demandait, trop peiné pour explorer lui-même. Il se demandait que penserait Parsifal, s’il constatait tout l’envers du décor. Il ne pouvait pas rester seul à le regarder se noyer au loin, parce que ça arriverait un jour, c’était certain.
Et quand l’eau en a assez des tourments, elle vient se manifester. Alors Ashe dans un silence qu’il ne rompt pas, prépare ce modèle de tranquillité, comme si tout allait parfaitement bien. Il sait que ce thé n’est rien d’autre qu’une boisson chaude agréable ; il sait qu’elle ne changera sûrement rien mais il s’accroche à l’éventualité d’une approche. Alors peut-être qu’il devrait tenter d’explorer les chemins que lui seul est capable de tracer.
— C’est chaud, fait attention. Lui porte sagement la tasse sous le regard presque rugissant du félin qui toujours se manifeste quand il s’approche d’un peu trop près. Comme s’il savait. Comme s’il voulait l’empêcher de trop s’en approcher ; et peut-être qu’il avait raison - sûrement. Alors il souffle du nez, comme si c’était plus drôle et curieusement pathétique que réellement inquiétant ; mais Ashe ne pourra pas indéfiniment faire mine que tout va bien.
Pourtant c’est son regard qu’il captive et Ashe ne peut s’empêcher de faire couler ses orbes contre son visage ; alors il se souvient de ce toucher céleste contre sa joue. Geste qu’il n’avait connu que pour être violent les fois précédentes. Geste qu’il espérait être resté sous silence - il s’en voudrait certainement si cela avait brisé sa couverture.
— Tu sais que tu peux me parler, si quelque chose te tracasse ? Parce qu’il ne peut mimer plus longtemps cette fausse sérénité alors il se lance - peut-être parviendra-t’il à obtenir des réponses ? Peut-être que cela ne pouvait plus peser plus longtemps encore ; peut-être qu’il fallait simplement parler, parce qu’ils s’étaient tus trop longtemps.