Sa silhouette lourde vacille, alors qu’il se perd dans une nuit taraudante qu’il songe sans fin - heurte les murs et fait pousser un cri fulminant aux quelques personnes qu’il a bousculé. Pourtant, il emprunte toujours les passages les plus étroits, pour éviter qu’on ne le perçoive de trop près, pour éviter qu’on ne s’effondre brusquement devant sa taille cyclopéenne et ses pas grondants. Il ne sait pas - ne voit qu’à l’aide de ses mains qui tâtonnent ça et là et pourtant, il le voit le chemin ; il se découpe dans des allées de sang, d’un sang qui est le sien - et il n’a jamais vu si rouge sous une pluie aussi angoissante.
Les doigts qui s’enfoncent dans la plaie ne font que ravager un peu plus cet oeil qu’il a déjà perdu ; mais il y efforce d’appuyer comme si le cruor arrêterait miraculeusement de comme - déchirer plus cruellement sa peau encore. Et il regrettait - comme il regrettera sans doute milles choses dans sa vie, comme il regrettait déjà d’avoir fui quand il l’avait perçue, elle armée - elle qui l’avait si aisément déchiré.
Et il songeait bien faire pourtant, mais c’était pire à chaque fois. Il avait pensé qu’il pouvait sauver Hua, la sauver comme il avait voulu sauver sa mère ; mais quelle ironie car à chaque fois, c’est lui qui finit le plus blessé. Et cette blessure semblait infinie tant abondamment le sang coulait et que sa paume se noyait dans son entêtement ; s’il s’était rendu à l’hôpital, on l’aurait interrogé sans doute. Ashe refusait - car tout ce qui ramenait à cet oeil ramènerait sans doute par milles chemins à cette renarde à la chevelure rosée, et Ashe refusait. Refusait de la confronter, elle lui prendrait l’autre si elle le voulait ; mais elle avait été si formelle que ça en avait été terrifiant.
Ses pupilles luisantes dans l’obscurité qui le cernait alors que sa bouche articulait minutieusement les syllabes du nom de Parsifal - quand il l’eut entendu, Ashe comprit qu’il n’y avait d’autre chemin à emprunter qu’un sentier baignant déjà de sa propre culpabilité.

Il s’affaisse contre la porte, l’écrase de son poids - trop grossier ; qu’il peine à l’ouvrir et sans doute Parsifal est-il déjà conscient qu’il est présent. Sans s’annoncer entre et s’écrase, trop fragile la vue et son sang s’égoutte - qu’il longe ses mains déjà jusqu’à tâcher ses vêtements.
C’est comme s’il avait perdu un fragment de lui et pourtant, c’est plus douloureux que ça n’y paraît et sa main ne cesse d’appuyer, l’angoisse montante qu’il n’ose pas même la retirer. Il grogne de jurons en basculant et n’a nulle idée de comment calmer ses nerfs, calmer la douleur qui lui brûle le regard et jamais n’appelle à l’aide. À quoi bon de toute façon - il l’a sans doute bien cherché.

Elle reste fermement accrochée à sa vue rouge éclatante - que sa prise se resserre déjà sans même qu’il ne s’en rende compte, tant ça le tiraillait. Tant il peinait même à rester debout et alors il n’arrivait pas même à calmer la terreur qui était née en lui ; parce que si elle avait été capable d’agir de la sorte alors elle mettrait toujours ses menaces à exécution, sans doute - et c’était terrifiant.
Aussi terrifiant que l’expression de Parsifal qui se tord en l’apercevant, et c’est seulement maintenant qu’il prend conscience Ashe, qu’il n’a pas même pris le temps de trouver une excuse quelconque. Parce qu’il pourrait s’en passer des choses qui l’aurait amené à cette situation, mais ça n’aurait jamais été aussi débordant d’effroi au creux de sa gorge, c’est qu’on le percutait dans la rue et s’excusait, à priori, on ne s’était jamais osé à réellement le confronter.
Et elle s’était jeté et il avait vaciller. Qui pensait que son venin était si venimeux qu’il ne s’en était pas douté - qu’elle s’était jetée sur lui pour planter ses crocs ici et il n’avait pas même perçu la lame entre ses doigts. Il était stupide d’avoir pensé qu’il aurait pu l’aider - et il espérait que Hua lui pardonnerait comme sa mère (il espérait) le pardonnerait d’avoir failli.
Ça l’écorche aussi, la douleur et l’inquiétude sur son visage ; il se rend compte ne même pas lui avoir laissé un message, une présence en suspension. Il se rend compte avoir omis tant de choses pour clairement tout expliquer, mais c’est ses mains posées à la hâte sur son visage qui le ramènent à la dure réalité.

— Je.. Tâtonne à la recherche d’une explication rationnelle, parce qu’il ne saurait pas même par où commencer ; comment lui expliquer clairement qu’il avait voulu se faire sauveur mais qu’il en était sorti plus maudit qu’il ne l’était déjà ? Comment lui expliquer qu’il s’était mêlé de quelque chose qui ne le regardait pas et qu’il en était sorti balafré - pire encore, qu’à cette suite il avait juré à la concernée de faire ce qu’elle lui demanderait ? Parce que c’était de peur qu’il avait approuvé, alors que son sang déjà coulait et que la douleur tétanisait ses sens ; il n’a pas même renchérit, pas même dégainé. Il s’étouffait déjà dans son propre sang quand la vue lui manquait.

— Je n’y vois rien.. Qu’il articule, grondant entre ses plaintes ; et s’il n’y voit rien c’est bien parce que sa main s’appuie fermement, refuse dans l’immédiat de lui montrer l’horreur parce qu’il sait que pour être si déchaînée elle doit être terrifiante. Mais il insiste Parsifal - et Ashe trop paniqué ne voit pas comment lui-même pourrait se calmer, alors peut-être qu’une présence extérieure à lui-même le pourrait. Quand il l’écarte lentement, il a l’impression qu’un courant froid lui traverse l’esprit ; passant par sa plaie pour la tétaniser d’une douleur vive. Tiraille ses muscles alors qu’il gronde, froisse son visage et ses muscles se tendent ; dans l’immédiat, se rattrape sur Parsifal pour ne pas s’effondrer. Et il s’excuse silencieusement de ce sang dont il risque sûrement de le tâcher.
À son oeil gauche, une plaie béante rivière de rouge - son oeil désormais mort creuse cette face morte de son visage ; réalisée de toute évidence par une arme blanche (un couteau) que Ashe n’avait pas de suite perçu. Il aurait simplement dû rester à l’écart (ne pas se mêler) mais c’était plus fort que lui.
Il ne demande pas si c’est grave, Ashe - il sait qu’il ne serait pas couvert de sang si ça n’était pas le cas. Mais sa douleur creuse dans ses tripes et même fermer l’oeil lui est compliqué, plus douloureux encore - que sa vue déjà baignée dans le sang semble le mener tout droit aux Enfers.
Il se sentirait déjà probablement partir si la panique ne le maintenait pas sur ses deux jambes ; et il a ravalé toutes les explications possibles. Ashe seulement persuadé que cette vision cauchemardesque lui indiquera la tragique couleur des évènements.

Il n’y voit pas assez pour distinguer pleinement les perturbations qui l’assaillent - il ne peut distinguer proprement ni lire le dégoût, malaise tordant son visage ; il peut cependant l’imaginer. Tout comme lui-même imagine l’horreur qui doit s’être greffée sur son visage de la faute de ce misérable incident. Alors il patiente, attend son retour ; absence qui dure une éternité tant ça le tiraille et menace ses sens et il n’a qu’une envie Ashe c’est de s’arracher peut-être la moitié du visage. Pourquoi avait-il été si stupide ?
Faute de ne pouvoir répondre à ses questions, simplement il enfonce ses poings dans le moelleux du canapé pour éviter de s’infliger un peu plus de douleurs - et quand il revient Parsifal ça fait comme une éternité.
Ce qu’il redoute pourtant s’abat sur son oeil et il a beau en avoir vu des blessures celle-ci le fait plus tiquer encore ; peut-être parce que perdre un oeil est plus grondant que quelques blessures mineures. Alors gronde à haute voix, sans une quelconque retenue ; main qui se pose sur le poignet de celui qui prend pourtant la peine de l’aider, mais comme pour se canaliser, sans but même de l’effrayer ou quoi que cela soit.

— Non, non on peut pas- Agite aussitôt sa tête de droite à gauche comme terriblement paniqué et il comprend Ashe qu’il ne doit pas se laisser comprendre. Qu’il ne doit pas lui expliquer, qu’adviendrait-il sinon ? Kumiho monstre taraudant ayant pris forme humaine, démon malsain qui dans sa découpe avant arraché quelque chose d’autre. Et il avait hoché la tête à maintes reprises comme pour lui assurer qu’il ne fera plus rien ; alors s’il donnait son nom, il ne ferait que plus subir. Et si ce n’était pas lui, ça serait sans doute Parsifal..
Il le refusait catégoriquement, peu importe si ça devait enfler - ou pire encore. Ashe n’avait nulle idée d’à quel point la blessure était grave ou non - ça lui importait peu au final de perdre simplement un oeil.

— Y’a pas besoin, je t’assure ça va hein- Entrecoupé pourtant par son visage tiquant, quand ses muscles se raidissent de la douleur. De toute évidence qu’est-ce qui changera ? Ashe se doutait bien qu’il avait foncé sans réfléchir et qu’il regretterait. Se mettre en danger n’était pas bien grave s’il s’agissait simplement de lui, mais il refusait catégoriquement d’emporter quiconque avec lui, Parsifal et sa lumière (effacée déjà pourtant) ; alors il imaginait que se murer dans le silence était suffisant, tout comme prétendre que ce n’était pas grand chose.

Il ne lui en veut pas Ashe des complaintes qui flottent à son entêtement ; car il se savait têtu encore plus désormais. Quand il agitait son regard paniqué et quand ses propres doigts frénétiquement tressaillaient sur son poignet ; c’était comme s’il perdait l’esprit lentement de ce sang qui rendait sa vision rouge - si rouge qu’il se sentait tomber parfois. Que le moelleux du canapé l’emportait mais il était loin d’être aussi confortable qu’il le pensait ; c’était des ténèbres happantes comme les bras empoisonnés de Kumiho qui se resserraient autour de lui et Ashe savait une chose - il ne voulait pas risquer d’y retourner, car c’était un cauchemar vivant et qu’il s’y sentait mourir lentement.
Il saurait probablement ce dégoût légitime que provoquait sa blessure, s’il l’avait bien écouté lorsque Parsifal lui avait parlé. S’il ne trouvait pas sa stupide, faute d’avoir bien compris en errant dans son esprit.
Il questionne Parsifal et en réponse lui ne fait que gronder, la douleur persistante et ce tissu qui n’arrange rien ; il ne lui en veut pas pourtant, le remercie-t’il presque un peu d’y avoir finalement prêté attention. Alors il se rappelait pourquoi il était ici, c’était parce qu’il avait mal agi sans doute oui - et le voici à pleurer cet oeil qui ne voit que la misère.

— Je peux pas y aller, elle recommencera sinon- Qu’il gronde finalement, resserrant sa prise quand ça lui tord la gorge de s’exprimer et il finit par légèrement défaire son emprise sur son poignet ; désolé de cette brutalité qui l’a probablement offensé. Il ne s’est pourtant pas tu bien longtemps - c’était trop dur en réalité - et le voilà désormais à suspendre d’autres questions.
Si ça le blessait ? C’était évident certes mais il se persuadait qu’il n’était rien face à ce qu’elle pouvait encore provoquer. Parce que c’était sa faute après tout et il était persuadé qu’il ne tiendrait pas sa langue s’il devait expliquer, faire comprendre comment cette blessure était née.
Qu’elle agirait toujours pour que cela soit pire encore.

— Je te demande pas de la soigner.. Parce que lui même n’y arrivait pas, tant angoissé et paniqué par ce qu’on lui avait infligé. Il s’était vu mourir instantanément quand elle s’était saisie du couteau pointé droit vers son visage - comme s’il allait transpercer l’entièreté de son être par sa simple vue.Au final, il avait été laissé pour vivant et Ashe ne savait pas s’il en était heureux ou totalement dérouté.Parce qu’il n’avait, de toute évidence - jamais voulu ça, ni rien d’autre d’ailleurs. Il aurait aimé simplement bien faire.

— Juste.. arrêter le sang ou - j’en sais rien.. Visage déformé par la douleur quand son sang s’écoule toujours plus et que lui se sent déjà partir ; il aurait arrêté lui même le saignement s’il n’était pas aussi déboussolé. Mais la blessure était bien trop profonde pour qu’il la soigne - de toute évidence son oeil était déjà mort et sa vue trop rouge pour qu’il puisse dissocier quoi que ce soit.

Persiste Ashe et se noie, finalement dans ce déni qui l’entoure et l’étouffe ; comme si le monde tomberait sans doute lorsqu’il l’avouerait. Comme s’il ne pouvait pas non plus tant son oeil fleurissait sous tout ce rouge et revêtirait cette tenue terrifiante pendant longtemps encore. Alors aux questionnements il ne répond pas tout de suite, comme s’il n’en avait pas la capacité, comme si son esprit était trop mêlé pour pouvoir s’accorder. Comme s’il était ailleurs, ailleurs et loin. Déjà mort alors que c’était simplement son oeil qu’on lui avait arraché. Brusquement peut-être, mais sans doute l’avait-il mérité, qui sait ?
C’est comme si à force de chercher une réponse moins effrayante à lui donner, la question était morte et alors, il n’y répond pas - suspend simplement la douleur dans le vide et laisse ce silence de mort gronder à sa place. Le peu d’énergie qui lui reste ne l’aide pas, il n’a que de crainte sur ce regard que lui offre Parsifal ; c’était écoeurant sans doute, mais il espérait ne pas l’écoeurer - ça serait la pire chose au monde. Ce n’était pas ce qu’il voulait - jamais.
Et il perçoit bien Ashe, qu’il essaie de le faire céder, mais en vain et à chaque fois il rechigne. Il fallait pourtant qu’il s’avoue vaincu, car si aucun d’eux n’était capable de le faire alors il fallait agir en conséquences. Kumiho n’était pas stupide et le pire scénario était envisageable.. Et s’il revenait mal en point et qu’elle s’acharnait sur Parsifal ensuite ?
Éveil brutal, car peu importe alors son propre état ; rien ne comptait plus que le sien. Entouré de vieux démons, Ashe s’était résigné ; car rien ne comptait plus.

— Si t’insiste alors vas-y, fais ce que tu veux.. Grondé et noir, grondant comme ce torrent qui lui ravage l’oeil - il n’a plus de raison de s’entêter Ashe car c’est trop tard, après tout. Il ne pourra plus esquiver la confrontation longtemps.
Et alors qu’il l’avait oublié, elle revient à la charge indélicate et brutale et il craint Ashe de ne plus pouvoir l’éviter. Il cherche des excuses mais en vain, sauf qu’aucune ne semble fiable avec les échos dont il a fait part. Le fait de ne pas même pouvoir trouver un mensonge plausible l’enrage et il sait qu’il finira par le savoir, de toute évidence.
Rien ne servait de se torturer l’esprit, et Parsifal n’y ferait pas grand chose ; alors c’est sans doute trop tard.

— Rien de spécial je.. Je me suis juste mêlé d’un truc qui me regardait pas et- Et c’est tout finalement, de ces mots en suspens qui n’ont pas de suite. C’était la façon la plus vague et claire de l’énoncer - il ne s’était pas blessé lui-même, il avait simplement eu ce qu’il avait mérité. Finalement, ça lui apprendra peut-être ; ou alors n’était-ce que le début d’un cauchemar.

S’exécute sans discuter Ashe quand c’est sa main qui quitte la compresse et la sienne alors qui prend le relais. Il angoisse, de peur que les non-dits ne puissent perdurer longtemps encore - parce que viendra le moment où il faudra l’énoncer de voix claire, le moment où il faudra affirmer que ce n’est rien d’autre ; que Parsifal ne doit pas s’inquiéter même s’il a toutes les raisons de le faire.
Et après ce qu’il lui était arrivé, à Parsifal, Ashe refusait catégoriquement de laisser aux autres une occasion de s’en prendre à lui. Particulièrement à elle, parce que sa menace avait été claire et que sous la douleur il n’avait pas eu d’autres choix que d’accepter.
La présence de ce fameux quelqu’un - un médecin sans doute - le tire de ses pensées trop noires et trop floues et il a le regard intrigué qui ne stipule généralement rien de bon. Il savait de toute façon Ashe, qu’il était trop tard ; alors quand le verdict tombe il n’est pas plus surpris que ça, reste muet comme une tombe.
S’il s’exprimait trop, peut-être qu’elle le saurait, sans doute qu’elle le retrouverait, alors Parsifal en paierait sans doute les frais. Ashe devait s’exécuter sans broncher, c’était la leçon qu’il en avait tiré.

Alors au final rien a changé. Il est toujours le seul blessé pour avoir tenté d’aider ; et lamentablement failli à cette tâche.
Le canapé avale son corps qui s’engouffre comme s’il était trop lourd pour être porte (il était un fardeau lamentable à cet instant) et il sent ce silence qui l’enveloppe alors que le médecin s’envole comme une traînée de poudre.
Si la plaie est un peu plus soignée - il est évident que l’oeil est bel et bien condamné, comme elle l’avait annoncée. Il n’avait jamais pensé gronder autant de peine, c’était avant tout parce qu’il était stupide. Stupide d’avoir essayé quand il avait déjà échoué auparavant.
Sourire nerveux sur ses lèvres crispées ; c’est une caresse délicate sur sa joue et un questionnement murmuré qui le tire de ses pensées, alors qu’il s’efforce à corrompre son visage de teintes conformes - habituelles peut-être mais Parsifal était sans doute bien loin d’être bête. Et il naît à ce moment un sourire un peu tordu sur son visage, alors que sa main vient cueillir le peut de douceur déposée sur sa joue. Sa réponse reste silencieuse un court instant, il ne donnera pourtant qu’une réponse vague.

— C’est pas grand chose, tu sais. C’est loin d’être l’état de son oeil, le plus inquiétant - le plus inquiétait était sans doute qu’une personne capable de faire ça, devrait être capable de faire bien pire. Et Ashe le craignait, d’autant plus qu’à chaque fois qu’il admirait Parsifal du coin de l’oeil, il était horrifié qu’il puisse être à sa place un jour.
Alors à cette pensée sa main se fait épine contre son écorce et Ashe angoisse, étouffe de le savoir possiblement en danger (et il était en réalité sa malédiction) tout aussi incurable alors qu’il songeait pouvoir le protéger.

— Enfin.. Je me doutais que je pourrais pas y faire grand chose.. Qu’il s’agisse de sa plaie ou d’autres choses, de ses questionnements qui lui tourmentent l’esprit ou du visage de Parsifal qu’il ne peut observer plus que d’un oeil désormais. Précautionneusement sa main remonte lentement, lourdement - caresse le dos de son homonyme, comme pour se rassurer. Comme si ça n’avait été qu’un mauvais moment à passer, pourtant Ashe sait. Ashe a vite compris ; ça ne serait que la première partie d’une trop longue série.

Il se voulait rassurant ; par ces fausses affirmations, par ces courbes qui se dessinent et qui fissurent finalement bien plus le visage qu’elles ne rassurent - mais Ashe se trompait. Lamentablement il tissait une toile de mensonge qui n’avait de raisons d’exister plus longtemps, car il était inné que Parsifal s’en trouverait lié, un jour ou l’autre.
Il les connaissait, de toutes façons ; et toutes les deux, mais savait-il seulement la laideur qui se cachait sous la beauté de la chevelure rosée - savait-il simplement qu’elle était prête à frapper deux fois s’il le fallait pour obtenir ce qu’elle voulait ? Et que Ashe lui, comme un lâche avait opté pour la facilité, comme s’il n’était pas capable de se battre.
Car c’était la vérité, il en était réellement incapable ; c’était comme s’il était encore maintenant, totalement ailleurs. Totalement fragilisé ou mortifié et que son corps ne pouvait se défendre, simplement lutter et se décomposer de tout ce qu’il n’accomplirait jamais.
Mais ils délogent les mauvaises pensées, ses doigts contre sa joue ; elle éloigne les maux trop flous, sa main qui se remplace bientôt par sa silhouette et Ashe ressent cette chaleur bienveillante contre lui, l’accueille comme si elle avait été oubliée pendant trop longtemps. Fallait-il avouer que le froid morbide des douleurs l’avait totalement brûlé de l’intérieur ?
Le regard obscur pourtant, abandonné d’un simple sens - l’oeil qui lui reste est assez suffisant pour contempler celui qui se love contre lui et il reste pourtant terrifié Ashe, que cette vision un jour ne soit ternie. Et quand son regard cherche le sien, il sait déjà bien assez qu’il est désolé - désolé de ce qui lui est arrivé. La vérité, c’est probablement lui qui s’est écorché faute d’encore vouloir être le héros d’une histoire dont il n’est que le figurant.

Qu’il cueille ses lèvres dès l’instant où il s’avance ; mais qu’il cueille aussi l’amertume des non-dits, car il sait qu’ils peuvent l’éviter autant qu’ils le veulent, viendra le moment où il devra s’éveiller clairement. Peut-être tout sera plus clair maintenant - ça ne dépend que de lui.
Et en réalité, il aurait préféré se suspendre plus longtemps à ses lèvres, lorsque le questionnement tombe. En réalité il était bien commun qu’il se batte ; dans quelques occasions, sans trop de bavures sans doute. Mais quand la blessure seule pourfend l’oeil non seulement à la surface mais pire encore, alors il est légitime de se poser des questions, n’est-ce pas ?

— Parsi.. Le regard plongé dans ses orbes, manifeste d’une curiosité qu’il ne peut vraiment lui reprocher, mais qu’il ne peut lui envier non plus. Parce qu’il en finira blessé lui aussi, peut-être inquiet - pour lui-même avant tout, et Ashe ne pourra pas lui en vouloir. Mais il pourra s’en vouloir, à lui-même d’avoir été si naïf ; parce qu’à voler trop près du soleil on se brûle les ailes.
Mais il ne peut pas le nier plus longtemps, plus il s’évertuera à le faire et moins ça sera facile ; plus ça sera suspect. Puis, il savait que Parsifal n’était pas (plus) du genre à faire de débordements ; il n’avait en réalité, que très peu de raisons de le lui cacher. La seule viable devait-être qu’il avait été le plus stupide dans ce jeu-là, et que ça l’angoissait bien plus que le reste.
Ses sourcils se froncent et ses muscles se tendent - réorganiser tous les évènements était une tâche trop lourde et complexe et il avait lui-même dû lutter pour ne pas s’effondrer quand c’était arrivé. Perdre autant de sang n’avait pas été la tâche plus aisée et retracer les évènements à présent ne l’était pas non plus. Quels étaient même les meilleurs mots à choisir pour ne pas l’effrayer ?

— Kumiho.. C’est Kumiho. Mais, c’est de ma faute tu sais. Son nom résonne si fort alors qu’il a l’impression d’avoir pourtant parlé si bas. Elle était devenue en quelques instants un tonnerre éclatant et un grondement sourd dans l’esprit - parce que ce qu’il avait vu dans l’esprit de Hua, c’était ce qu’il avait vu dans l’esprit de sa mère ; alors peut-être était-il condamné qu’à percevoir de telles horreurs (et à les répéter). Quand Kumiho s’était vengée il n’avait pu faire qu’un pas en arrière ; et ça n’avait pas même suffit. Il était devenu aussi frêle que ridicule et il gonflait en lui une peur qu’il n’avait jamais suggéré.
C’est tellement stupide, qu’une courbe maladroite vient déformer son visage alors qu’il s’imagine le pire. Qu’il s’imagine aussi s’il n’avait pas agit si maladroitement, si naïvement ; ils auraient peut-être passé une meilleure soirée.

— Ce que je voulais faire, c’était l’aider au début tu sais. Mais à quoi je pensais sérieusement ? Éclats de rire dérisoires - parce qu’il se trouve si stupide d’y avoir cru. D’avoir songé qu’il pourrait peut-être sauvé Hua, s’il ne l’avait pas fait avec sa mère. En réalité il ne pouvait simplement pas les aider, parce qu’il était du mauvais côté.

Il avait été bien stupide de songer l’espace d’un instant qu’il ne ferait de débordements, tout comme il avait été stupide de croire qu’être honnête serait la solution. Car dès qu’il termine son court monologue et que son rire amer éclate c’est Parsifal qui se fait brasier si bien qu’il entend Ashe contre son derme presque son coeur s’emballer, s’épuiser de flammes véhémentes comme les siennes l’ont été quand il a appris en réalité qui se cachait derrière ce long sourire et cette délicate chevelure rose. Alors il ne peut pas même lui en vouloir, de réagir de la sorte - parce qu’il est tellement embrasé par cette même colère, au fin fond de lui ; mais qu’au final elle a été piétinée par un autre sentiment bien plus cruel. Il s’agissait sans doute d’une peur qui fermentait au fond de lui - qui avait explosé en terreur lorsqu’elle avait arraché une partie de lui-même.
Les questions pourtant s’abattent et il n’arrive qu’à grimacer un court instant, cherchant ses mots - cherchant des explications qui ne soient pas un éventuel mensonge, mais des explications qui soient pourtant délicates. Parce qu’il était terrifié qu’elle pose sa main sur lui, parce qu’il était effrayé à l’idée que lui ne puisse se retrouver à sa place un jour, car qui sait ce dont elle était capable ?
Mais dans son silence, c’est Parsifal qui brûle de colère et il ne sait plus quoi faire de ça Ashe, il est terrifié simplement à l’idée qu’elle se prête à sur lui s’acharner, et cette simple idée fait bondir une réaction vive dans son esprit.

— Parsi, calme toi.. Qu’il suspend alors que son corps se redresse douloureusement à son tour, se saisissant fermement de son bras pour se persuader qu’il ne s’envolerait pas. Son regard lui priait pourtant comme il le pouvait de sagement attendre, mais rien n’y ferait de toute évidence ; il lui faudrait des explications. Mais elles étaient bien trop floues bien trop cruelles, qui donc aimerait percevoir le revers si ignoble d’un tableau une fois qu’il a été dépeint en bien ?

— Je te l’ai dis.. Je me suis mêlé de quelque chose et.. Je n’aurais pas dû. Mais je ne te laisserais sûrement pas la voir. C’était inimaginable même qu’elle puisse le percevoir de loin. Et Ashe refusait catégoriquement que cela se fasse ; si quelqu’un devait prendre alors il se porterait toujours volontaire - c’était évident. Il était si déplorable d’avoir essayé et échoué ainsi. Au final, peut-être que le schéma était fait pour se répéter sans qu’il ne puisse rien y faire.
Lâche son bras lentement, alors que ses paumes vides tombent sur ses cuisses - l’air presque désemparé alors qu’il soupire longuement.

— C’est Hua, que je voulais aider. Et il n’en revient pas d’avoir échoué à ce point, il ne revient pas d’avoir été si naïf, d’avoir été si stupide - comment avait-il pu se laisser marcher dessus de la sorte ? Peut-être qu’il n’avait pas osé mal agir de peur des répercussions, peut-être qu’il avait peur que cela se répète encore, qu’il ne voulait pas que Parsifal finisse encore, comme ce soir là. Car si ça arrivait, alors qui sait ce qu’il adviendrait ?

— C’est pour ça qu’elle ne va rien entendre du tout. Tu dois rester ici. Ordonné et pourtant, c’est plus bienveillant qu’autre chose. Ça serait plus rassurant pour lui, quand bien même ça ne rendrait pas la situation plus agréable.

Rassuré qu’il doucement abandonne l’emprise sur son bras, alors que c’est sa main qui l’effleure délicatement, rassurante. Il avait toutes les raisons possibles de lui en vouloir en réalité, de ne pas même tout lui dire, de lui exprimer la terreur qu’il avait perçu simplement en percevant les vestiges de l’âme de Hua ; il espérait que tout cela serait suffisant. Il espérait ne pas avoir à approfondir davantage, car c’était un être vile et mauvais avec qu’il s’était maintenant lié.
Et Ashe avait volontairement évité cette partie-ci de l’histoire, car comment pleinement lui expliquer qu’il n’avait eu d’autres choix que d’accepter faire tout ce qu’elle lui quémandait maintenant ? L’oeil, à côté, n’était qu’une menace pleinement physique ; douloureuse mais sans importance. Et le goût métallique du sang qui brûlait sa gorge n’était rien face aux menaces pleinement énoncées. Quand Parsifal s’exprime et que sa main caresse sa joue, ses muscles se détendent quelque peu, jamais totalement pourtant. Parce qu’il persiste désormais une hésitation et une crainte grandissante ; et l’affection qui suit malheureusement ne chassera pas tout cela.

— Je peux pas te le garantir, mais je vais essayer. Sourire maladroitement formé aux lèvres, alors qu’il se démêle à croire qu’il n’a pas échoué encore une fois, qu’il a essayé ; qu’il a raté et c’est ainsi. Mais il ne pouvait malheureusement pas se confirmer dans l’idée qu’il avait échoué. Comme il avait échoué auparavant - un cycle effrayant dont il se libérait difficilement.
Et il lui demande de lui promettre de faire attention, la vérité est qu’il n’a aucune idée de comment le faire ; il n’a nulle idée de s’il réussira ni-même de quoi peut-elle être capable à l’avenir.

— Si c’est suffisant pour que tu ne bouges pas de là.. Ricanement un peu plus nerveux, quand il sent toujours la douleur qui parfois lacère ses nerfs - une cicatrice qu’il n’oubliera probablement jamais ; qu’il devait porter comme leçon de ne plus jamais s’interposer, ne plus jamais tenter d’aider Hua, mais comment pouvait-il lui promettre qu’il ferait plus attention par la suite ? Kumiho était imprévisible, de cette même manière dont elle avait délicatement proposé à Ashe de s’asseoir - pour ensuite si aisément blesser son oeil. Alors Ashe se trouvait bien stupide, à s’être fait avoir de la sorte, il était persuadé qu’il aurait pu la neutraliser, si le coeur lui disait.

— Mais quoi que je fasse, ne fais rien de stupide. Parce qu’il ne pouvait pas pleinement lui faire la promesse, mais qu’il pouvait essayer. Son regard - borgne malgré lui - dans le sien comme une demande simple aux allures de suppliques. En réalité il avait beau espérer, il n’avait aucune idée qu’il était déjà pleinement dans les filets d’une situation à laquelle il ne pourrait jamais rien changer.