Pour une raison qu’il ignorait, Oswin l’avait convié - et rien vraiment rien ne laissait croire qu’il s’agissait d’une entrevue comme ils en avaient tant ; de la réserve à même son bureau il n’y a qu’un pas et c’est totalement ailleurs qu’il l’a invité aujourd’hui. Ça ne l’étonne pourtant pas de découvrir le décor dissimulé derrière sa demande adorablement formulée - une surprise ? Avalon se languissait des surprises, particulièrement quand elles provenaient de lui. La réalité était qu’il n’avait aucune idée de ce que cachait la toile peinte par ses propos.
Peut-être qu’il avait aussi réellement mal compris toutes les intentions dissimulées derrière sa proposition, raison pour laquelle il s’était vêtu d’un masque comme il lui avait demandé. Et Avalon sans le montrer tique bien plus sur les détails qu’il n’en a l’air ; il espérait qu’il ne l’emmenait pas à une soirée douteuse où la population londonienne s’engouffre jusqu’à pas d’heures, car très peu pour lui.

Mais si c’était une surprise, c’était forcément agréable - Oswin le connaissait plus que n’importe qui après tout, n’est-ce pas ?
Et quand, dans un silence démantelé il s’enfonce dans la crypte, Avalon sait que ce n’est pas une surprise comme les autres qui l’attend. Alors il inspire délicatement, non pas que l’ambiance ne lui pesait ; mais l’inconnu avait des teintes douteuses et plus Avalon réussissait à démêler les mots plus il s’enfonçait dans l’incompréhension.
Et quand son pas s’arrête et qu’il a le luxe de découvrir lui-même la scène peinte sous ses yeux - alors il tique un instant.

— Je suis là. Qu’il s’énonce, comme par peur de ne pas avoir été remarqué par celui qu’il aimerait (secrètement peut-être) être capable de ne voir que lui. Et d’un regard curieux sur l’emplacement de leur nouvelle victime, Avalon feint l’ignorance ; comme pour se dire qu’il n’aurait pas fait ça, quand même ? Et pourtant si. C’était ce qui rendait Oswin si spécial.

Et pivotent ses orbes de ce corps qu’il reconnaît à ceux de son partenaire ; Oswin s’excuse puis annonce fièrement son oeuvre et Avalon ne sait réellement comment réagir. Il n’a jamais sous-estimé Oswin, jamais - pourtant aujourd’hui était comme s’il l’avait fait.
Alors, s’il lui plaisait ? Définitivement.

— Je n’arrive pas à croire que tu aies fait ça. Et c’est un compliment bien plus qu’un reproche, quand un sourire à peine contenu se forme sur ses lèvres. Le regard acculant leur prochaine victime, Avalon ne peut que se souvenir de cette silhouette étrange qui n’avait fait que grommeler des insultes et s’enfuir. Attaché comme ça, il ne risquait pas de s’en aller cette fois. Mais il me plaît, c’est un beau cadeau. Et lui en est bien plus touché qu’il ne le démontre - c’est peut-être un cadeau lambda venant d’Oswin mais aux yeux d’Avalon, c’était probablement bien plus.

— Et si nous le rendions encore plus beau ? Il a l’air de s’impatienter.. Caresse délicate et inoffensive le long de sa joue, probablement trop attendri par son attention pour prononcer des maux aussi cruels.
Pourtant, il ne contemple son partenaire qu’un court instant, avant de basculer en direction de cette personne dont il ne connaît en réalité rien ; ce dont il était néanmoins certain était qu’ils allaient drôlement s’amuser, tous les trois.

Alors rien n’a réellement de sens, du moins pas plus que ce soir là. Ce soir où Avalon s’était jeté sur lui pour le frapper à sang, et où il avait renchéri. En réalité quand le sang devient trop chaud et brûlant dans les veines, alors il n’y a jamais de raison ni de sens. C’est simplement son coeur en feu qui réagit et son corps qui n’a de cesse d’obéir.
Alors en le percevant ainsi c’est bien plus que de la simple cruauté qui naît en lui ; plutôt une occasion. Celle de se venger, mais également celle d’en apprendre un peu plus.
Découvrir l’être humain sous sa forme la plus belle - entre ses doigts, apeurée comme s’il était la faucheuse. Alors peut-être que rien n’avait de sens.
Et une fois face à la victime, il bascule vers lui ; contemple l’indélicatesse de ses mouvements et se rassure en ne notifiant aucune trace quelconque sur sa peau - Avalon aurait été déçu qu’il ait commencé sans lui.

— Tu devrais contenir tes larmes. Ça sera plus agréable si tu as une bonne raison de chialer. Et d’un geste trop doux pour être inoffensif, il vient sécher les larmes qui s’écoulent en rivières sur ses joues. En réalité, il y a quelque chose qui l’intéresse plus que tout et c’est la raison pour laquelle il ne peut s’empêcher d’être exalté.
Alors ses doigts descendent pour tracer les runes qui longent les extrémités de sa bouche. Évidemment. Mais malheureusement, leur provenance lui est inconnue ; ce qui est évident cependant, c’est que ce ne sont pas de simple tatouages.

Aussi vif et agressif que la première fois qu’il l’a rencontré ; alors morsure brutale sur ses doigts trop curieux et Avalon ne réussit qu’à grogner en ôtant rapidement ces derniers. S’il était d’un naturel sang chaud, incapable de garder sa patience après un affront, il était bien entendu une toute autre personne quand sa curiosité entrait en jeu.
Alors s’il ne devait pas profiter de sa position de faiblesse pour le frapper encore plus fort c’était pour une bonne raison - ses runes au bout des lèvres. Qu’est-ce qu’elles pouvaient bien représenter ; il en avait une petite idée. Oswin lui, semblait l’avoir deviné.
Avalon restait persuadé que c’était une des raisons majeures du pourquoi il l’avait amené ici, et qu’il le lui avait offert. Il n’en demandait pas tant, pourtant Oswin savait parfaitement quelles fleurs utiliser dans un bouquet pour son aimé.
Y comprit si ces fleurs doivent être d’un rouge obstruant.

— Et c’est moi le chien.. Te voilà bien enragé. S’il n’avait pas sourcillé, c’était grâce à la présence d’Oswin - parce qu’il savait qu’il prendrait en charge le reste, quand bien même cela dépassait sans doute toute once de morale. De son côté, il se rappelait avoir emplies plusieurs fioles de liquides aux teintes douteuses qui auraient suffit à le calmer, mais ça n’avait aucun intérêt sur lui.
Et ça ne tarde pas, quand Oswin s’approche après avoir pris soin de lui, quand Oswin prononce quelques mots qui (et il en était certain) suffiront à le faire regretter le moindre faux pas. Il y a quelque chose chez lui qui fait fulminer son battant et il se prend à contempler son charmant partenaire devenir aussi menaçant que sûr de lui. Quand bien même il l’était toujours - une curiosité malsaine envahissait son esprit et il ne put que jubiler en entendant son surnom s’échapper de ses lèvres.
Penché vers le petit établi prévu à cet effet, Avalon se demandait où Oswin pouvait-il avoir pioché tout ça ; et finalement, c’était bien plus que sensé, quand bien même il réussissait à l’inquiéter parfois. Qui sait jusqu’où était-il prêt à aller ?
Ne se ressemblait-il pas, au final ?

Alors il pioche, quelques objets qui lui paraissent intriguant, il pioche et les enfonce dans ses poches alors qu’il se saisit du nécessaire pour bâillonner leur victime. D’une certaine façon, il trouvait ça dommage. C’est dommage, j’aurais bien aimé l’entendre, mais ça risque d’être trop bruyant. Qui sait, les effets peuvent parfois être réellement intéressant - mais le réduire au silence n’est peut-être pas une si mauvaise chose, si Oswin le propose.
Se faufilant derrière lui il vient sans douceur le forcer à ouvrir la bouche pour être persuadé qu’il ne l’ouvre pas avant un bon moment. Sourire aux lèvres, il n’y a plus qu’à attendre que le spectacle commence et pour être sûr de ne rien en rater, le voilà qui se plante face à lui. Face à eux, car pour rien au monde il ne raterait l’aise qu’Oswin avait d’empoisonner ses victimes.