le corps en prison blanche des vocations égarées. cimeries dans les ténèbres de la nuit c’est tracer ses traits. les formes imaginer comme plus laides qu’elles ont semblé la fois dernière et celle d’avant. les stigmates tordues sur l’arête du nez jusqu’aux pommettes maladroites et le sourire déchiré. jamais plus ne le contempler qu’à travers la pensée — alors sa laideur cachée aux yeux du monde il vit
il crève aussi — dans la nuit malade porter sa propre façade, il disparaît.

son quotidien ne s’efface pas les visites s’accentuent. quelqu’un a recueilli son corps peiné et son visage tordu pour qu’il se déprécie peut-être un peu moins — quel échec

le pied qui crève le sol. symphonie décousue de l’anxiété de se montrer au monde pourtant il vit masqué. c’est mieux ainsi. enfoncé dans sa chaise misérable son corps s’écrase. veut se faire petit insecte devant le monde qui défile il devient la grosse tâche d’encre. enveloppe la pièce de rires nerveux et lutte pour faire tenir cette braise qui le force à rester.

cimeries soupire quand tu viens. dans le cadre de la porte qui s’ouvre. t’a deviné par le temps qu’elle prend et se dresse raide quand tu énonces son nom. bizarre toujours de l’entendre s’il ne sonne pas maudit comme les fois précédentes. gesticule de la tête. droite gauche — il ne t’a pas attendu il dira mais le temps s’écoule lentement quand le monde semble le fixer.

suivre derrière toi près de toi, éviter le monde et les pupilles qui sont fixées droites. la porte se ferme — soulagement
c’est comme sortir la tête d’une ruche pleine d’abeilles.

et l’audace de ta main tendre. mais éclair cruel contre le dos de la sienne. cimeries y dissimulait des stigmates de verres, quoi qu’elles y étaient visibles au contraire de sa figure.
comme quelqu’un qui doit affronter le monde - monde. ignorer le monde pour vivre. blâmer les hommes pour exister. cimeries a appris — prendre sur lui, il criera sur le monde après. j’apprends. mais c’est facile maintenant. la voix découpée encore creusée par l’angoisse
c’était comme

comme être une bête de foire simplement respirer et voir le monde — le monde et ses orbites démesurées regarder lui qui ne voulait qu’avancer qu’exister qu’aller vers un avant qui de toute évidence n’existe pas.
ça n’a jamais été facile tu vois. ça ne le sera jamais.

croyance, personne de censé n’envie les combats des autres. moins encore quand ils se constituent de sentences à la chaîne qu’on ne se sait mériter. l’entendre ne fait que renforcer la fatalité. froide contre la peau. elle a ce goût malheureux de pluie et creuse des stigmates sur ses joues creusées.
ça ne fait que renforcer sa position. une lamentable consumée par plus fort et plus grand.
dans sa cage pourtant il ne peut pas même sortir. les ailes coupées par le temps, tétanisées par la peur — on lui couperait le bec sans doute

non. il ne vaut mieux pas. rire cimeries pour accepter son sort. et ne pas te le souhaiter parce qu’il sait la sensation de crever lentement sans ne rien pouvoir changer — jamais. on soufflerait sur ses plaies qu’elles s’ouvriraient de nouveau, comme trop habituées à rester ainsi. intensément le coeur ouvert à en crever — c’est laisser volontiers le mal prendra racine en son tour. alors il ne peut en vouloir qu’à lui-même et tu es là à lui offrir une place près de toi.

comme si seule ta volonté tes mots ta tendresse suffisaient à le guérir. c’est éphémère. au contraires des bavures qu’il abrite. pourtant il ne peut te déprécier pour ça, définitivement pas. c’est pour ça cimeries le masque préserve les cassures d’un visage trop laid pour être présenté.

il ferait pleurer même la plus terrible des créatures. qu’il écorche lui-même son propre coeur quand il a le malheur de se regarder. car il ne se contemple plus — les mauvais rêves ne méritent pas d’être contemplés.
pourquoi quand bien même l’habitude, c’est toujours ce même sursaut qui le prend. ce même quand tu l’effleures ou prend sa main. parce que c’est comme si entre tes doigts elle était minime.
comme si tu ne manquerais pas d’en faire éclater les couleurs
mais c’est toi qui guérit les corps et soigne les âmes. et si son corps s’est figé instantanément, c’est pour mieux accueillir l’offrande. entre ses doigts tordus par les douleurs infligées — tu apposes et soignes.

mais son coeur est blessé tu n’y changeras rien. fatalité cruelle qui ne s’efface pas. la pluie simplement y dépose un goût amer. mais il sourit, de cette façon si grotesque qu’il a de présenter la sincérité.
alors il ne sourit jamais — mais pour toi il sait qu’il peut essayer. partiellement.

ici non. ça ira. je crois. effréné saccagé. enfonce son corps dans le creux de la chaise. parce que c’est toujours imposer sa faiblesse aux autres. il aimerait te l'éviter. mais elles - elles vont se rouvrir. elles se rouvrent - rouvrent toujours. toujours toujours toujours elles s’ouvrent. boîte de pandore et tous ses maux se dévoilent et pleure suppliant au monde d’être considéré — et un jour il fermera la boîte. brûlera la clef avec le reste du monde. c’était ce qu’ils méritaient tous.

il ne croit pas à un monde sans peine. il ne croit pas aux douleurs éphémères car les siennes perdurent. et comme si le monde ne l’enlaçait que pour mieux l’écraser cimeries le recul — une réponse suffisante offerte à tous. il est moindre tu sais. croyance, il n’a pas la ferveur de ceux qui se relèvent une fois tombés. s’il se tient droit c’est simplement par habitude. mais ses ossements mémorisent l’échecs et se tordent à la vue de ceux qui le font se découper dans les ténèbres.
siéger dans l’ombre de ceux qui naissent pour briller. ça avait toujours été ainsi. il existait pour être celui que l’on pointait du doigt — il existait pour être l’ombre de ceux qui brillent si intensément qu’il semble éteindre l’obscurité

et cimeries ne connaît que l’obscurité. son obscurité. de là où tu es tu sembles l’ange porteur de lumière et derrière son masque il en grimacerait presque. comme les gamins aveuglés par le soleil il t’admirerait de loin car il est ceux qui s’éveillent au clair de lune.
et il profite de l’éternité nocturne pour rester invisible, car ainsi il vit mieux. loin du monde. loin de lui-même.

naît simplement pour se saccager comme il a été saccagé — c’était de leur faute de toute façon. il devait rester droit néanmoins. c’était douloureux de se présenter si lamentable, mais c’était de cette façon qu’il était plus lui.

tu crois pouvoir guérir les coeurs crevés ? rire nerveux. rire qui agite ses lèvres en un spasme maladroit qu’il s’arrache aussitôt des lèvres. ça ne lui plaît pas de s’arracher les ailes. mais les coeurs crevés n’ont rien à offrir.

puis cimeries — le regard de nouveau tombe sur ses doigts. morts force d’être soignés, comme face à trop d’usure. trop brutalisés trop dans le vide suspendus trop distordus aux corps les plus négligents et ils s’écrasent contre cette peau qui les recueille. comme si elle était une enveloppe suffisante pour les guérir. ta peau comme linceul pour cette mort délivrée.

alors tu m’attendras, comme - comme tu attends le monde. il connaît la suite. c’est douloureux d’être repêché. hors de l’eau toujours il étouffe. chaque jour un peu plus. mais cimeries au coeur crevé — il croit que tu l’accueilles car tu le dois. il ne t’embêterait pas s’il le voulait réellement.
mais je le ferais, oui. souffle du nez. ça semblait facile, ça l’était. il le faisait mais ne pensait pas réellement en avoir le droit — il y avait toujours pire que lui

je pense que je devrais être reconnaissant que tu accueilles ça. car je suis ça. je ne suis pas lui. j’ai toujours été ça — cimeries quand il se perçoit (si peu de fois) c’est dégradant le reflet. c’est dégradant l’apparence. propre pantin aux yeux du monde.
mais s’il peut venir se réfugier chez toi, alors il accepte d’être ça. parasite qui ne sait plus où vivre est le mieux — en espérant que ça changera.

tu as le coeur ouvert à ceux qui ont trop de peine. tu as le coeur en offrande entre tes doigts palpitant et chaud et pourtant cimeries — il sait c’est toujours pour le meilleur et pour le pire. parce qu’autour de ses mains des ronces lui écorchent la peau il n’ose quérir ce palpitant qui est tien.
comme s’il risquait d’à son tour l’écorcher. sans s’attendre à ce que tu sois déjà tout aussi abîmé que lui.

sourire nerveux qui étire ses lèvres maladroites alors qu’il t’entend — il t’écoute et ça lui semble insensé. comme s’il ne pouvait pas être aidé. alors l’idée d’essayer lui semblait stupide. comme vaine.
alors tu l’attendras. et son coeur reste figé par sa froideur morte-née alors que tes paroles ont la chaleur d’un feu de cheminée. et à tes côtés cimeries entendrait presque le bois crépiter.

pourquoi - pourquoi tu offres au monde un coeur qu’il peut écraser. au creux de sa main. offrir son coeur aux autres c’est prendre le risque qu’ils le blessent à leur tour. prendre le risque qu’ils en absorbent l’énergie et le laissent crevé.
je veux dire — n’as tu pas peur que je te blesse ? ça semble évident. ces imbéciles aux coeurs trop bons s’offrent et s’arrachent pourtant ils n’apprécient que trop cette perpétuelle. et même s’il n’en comprend la raison, cimeries ne s’étend pas sur la question.

des fragments d’une pluie de chagrin sur ton visage et perle de larmes invisibles — tu es l’élégie même d’une nuit aux couleurs dorées. cimeries t’admire peut-être parce que tu brilles dans ta délicatesse et qu’il ne semble qu’un nuage épais sur ces côtes que tu illumines.
cimeries n’es pas une lune, il n’en a ni l’éclat ni la beauté — il est aussi diffus qu’une nébuleuse mais n’en a pas les couleurs.

je ne suis pas une lune, c’est là où tu te trompes. rire. ça fait trembler ces doigts, comme pour essayer de le contenir. il extrait tous ses éclats et les rejette. alors il n’est plus la lune douce et éclatante
je ne suis pas éclatant dans la nuit noire. c’est moi qui me cache alors je n’ai rien d’un astre - astre et encore moins de la lune. même dans la nuit je n’existe pas. je ne suis qu’un mirage et je disparais.

mais c’est doux sur tes lèvres — si je me montrais tel que j’étais réellement, tu en aurais toujours peur. le rire nerveux en étincelle. c’est un ciel noir qu’il dessine cimeries et il ne s’y voit pas une seule seconde. sur les paysages de ses rêves il n’apparaît même pas.

je ne suis que ce qu’on a fait de moi. je n’ai qu’un nom et il suffit à faire vomir le monde. et ce monde — c’est peut-être moi. pourtant il a ouvert son coeur cimeries — il a tenté de s’effacer trop longtemps mais les doutes l’ont mis en cage.
alors les plumes tombent et il contemple, incapable de se contempler à nouveau.

tu portes comme nom l’amour et l’espoir et à te contempler ainsi — il trouve cimeries qu’ils te vont plus que bien. tu portes des mots que tu décroches aux étoiles et pourtant il n’en demande pas tant, mais celles-ci lui assurent ta sincérité.
tu portes les cicatrices du mal qui t’as écorché et comme si cerbère lui-même avait fait ronger sa colère sur ta peau. cimeries n’ose pas regarder les crevasses. son regard comme une douleur certaine sur ta peau porcelaine déjà brisée. et pourtant lui, tu le regardes depuis le début sans crainte. qui deviendrais-tu si tu percevais le dessous du masque ?

c’est comme si dans ce regard que tu jetais par la fenêtre tu y décrochais les étoiles — et cimeries te jalouse un moment
qu’il aimerait être aussi délicat dans ses mots que tu l’es dans ta parole. lui paraît sans doute stupide dans sa douceur que les astres grimacent lorsqu’il lève son nez distordus en leur direction. croyance. amans. il répète. sourire un instant. de sincérité cette fois. cimeries lui n’est que l’écho occulte d’un démon — quelle douce ironie

alors il ne trouve rien de plus doux comme écho à tes mots. parce qu’il a peur de les rendre laids. il a peur d’écorcher ce que tu lui tends.
seulement quand il ressent cette chaleur contre ce masque de froid alors il s’interrompt un instant. son regard se lève vers toi et il s’enfonce au creux — à chaque fois qu’on l’avait frôlé on l’avait blessé et aujourd’hui pourtant c’est toi qu’il regarde.

et tu ne portes pas le visage de ceux qui blessent, pourtant.

mais rien - rien ne te force à me regarder. parce qu’il sait. c’est comme ça que ça se passe toujours. je serais blessé, si c’était le cas. plus qu’il ne l’était déjà car il n’y a rien qu’il n’exècre plus que la fausse pitié. ceux qui l’ont regardé murmuré sa beauté alors qu’il se savait laid.
si c’était le cas personne ne l’aurait forcé à se cacher du monde

c’est comme ma deuxième peau. en dessous, il n’y a aucune - aucune contemplation. mais je ne suis pas malheureux de la porter. elle me réconforte et j’oublie - j’oublie cette peau crevassée. mais elle n’est pas réelle. je l’ai déposé pour m’oublier. et tout ce qu’ils ont fait de moi je ne l’ai jamais oublié —

et toi tu demeures là mais il ne pourras jamais te détester. sa main tremble de rejoindre la tienne pour la contraindre. ceux qui se haïssent au delà du monde lui-même ont bien du mal à détester les autres. plus qu’il n’y paraît. et comme il s’exècre lui-même, alors. encore moins ceux qui sont comme - comme eux. blessés par ce monde. alors ne me blesse pas et je ne te haïrais jamais — laisse moi détester le monde plus que je ne me déteste moi-même et peut-être t’aimerais-je plus que je me déteste.

amans est ton nom. et si c’est l’amour que tu dois décrocher alors cimeries peut se permettre d’ouvrir son coeur. mais jamais ne t’effleurer de ses doigts car elles sont des ronces. chaque parole qui résonne tisse une toile qu’il n’a jamais pensé pouvoir entrevoir un jour et il croit. à ces doux mensonges. ces doux rêves qu’on lui ment à l’oreille pour mieux l’attendrir.

venant de toi c’est si clair et pur. comme si le mensonge t’avait été ôté alors qu’il se sait ne pas même mériter un seul fragment de ta bonté. ni de toute cette délicatesse que tu lui offres car il n’est qu’une créature de l’ombre affectée par sa propre présence.

amans. il répète. si ça enchante ton coeur, il le répétera sans doute. si c’est de l’amour que tu veux cueillir sur les branches des étoiles, alors il ne te demandera rien d’autre. mais lui est malheureux de ne rien pouvoir t’offrir en échange. rien d’autre que sa présence lamentable et de cet esprit brisé que tu continues de réparer. comme si c’était inné.

alors ton murmure marque le temps. marque son temps — puis est venu celui de la découverte. et il ne sait te répondre autrement car tu lui offres toutes les raisons du monde pour te dévoiler toutes les douleurs qu’il porte
et je ne pourrais jamais te détester pour ça. mais tu sais croyance. il n’y a que peu d’éclats il n’y a que peu de rires. pourtant il y a bien une fois il a souri. ici-même et devant toi aujourd’hui. d’une sincérité que tu lui as décroché.

et la découverte se découpe. que tu ôtes sa peau nouvelle pour découvrir les racines de l’horreur. pourtant il ne peut se sentir à l’aise il ne peut empêcher ses muscles de se tendre et son corps tout entier de se crisper comme si on l’avait mis à nu. il a l’impression d’être la bête en cage que l’on pointe du doigt mais tu accueilles son abomination d’un sourire léger.

et il a plissé les yeux laissé grimacer son visage de toutes les couleurs ternes de son âme — parce qu’il se savait si laid et ignoble qu’il ne s’était lui-même pas contemplé depuis longtemps. parce qu’aux creux de ses paumes il se souvient du sang.
de ce conte au clair de lune où il a été laissé pour mort — spectateur de celle-ci alors qu’il était condamné pour toujours à vivre.

tu prononces son nom quand tu le découvres pour la première fois. puis cimeries — le cauchemar prend forme au dessus de son visage. que l’angoisse serre si fort sa gorge qu’elle ne lui fait pousser qu’un grognement. et il se détache brusquement de toi. brise cette parcelle que tu as forgé pour lui (et il se déteste pour ça)
se détache du monde. d’un rêve que tu as composé pour lui
d’un rêve où tu souriais en le regardant — il s’est fait violence pour repousser toute la douceur que tu lui as offerte.

parce que c’est un rêve — on l’a toujours regardé comme on regardait les corps morts à la surface. comme si lui était déjà mort en réalité. pourtant tu ne l’as pas blessé, tu l’as fait se sentir aimé.
et peut-être que c’était encore plus douloureux que n’importe quelle blessure.

alors il enterre entre ses doigts son visage. le souffle frénétique. entrecoupé de rires. des rires qu’il déteste parce qu’il se sent ridicule pourtant toi, tu as évoqué son nom et il ne s’est pas senti monstrueux quand tu l’as prononcé.
et pourtant il a envie de décrocher ses mains qui enserre son abomination pour voir de nouveau ce sourire sur ton visage.

cimeries — les doigts qui griffent la peau les crevasses les plaies qui semblait fermées. s’infliger les mêmes peines les mêmes douleurs, sur la surface comme s’il ne pouvait plus respirer il efforce sa peau de mourir une deuxième fois. mais tu le réveilles de ta présence et il se souvient t’avoir en face de lui
il se souvient de toi et ça lui suffit pour être lui.

et sa tête pivote de droite à gauche — parce que jamais tu ne le blesseras. et il n’ose pas détacher ses mains parce qu’il a peur de voir ton visage se tordre de dégoût à sa vue. non. non. non — il répète et c’est sa voix en éclats.

et comme le silence d’une nuit d’hiver cimeries laisse son visage mourir entre ses doigts. il laisse le creux de ses mains accueillir toute la douleur pour l’arracher — mais que reste-t’il sous la peau malheureuse ?
son rire se tord et ses muscles aussi. il n’a jamais voulu paraître si pathétique devant toi, mais il l’est déjà en tentant de s’effacer. le temps à piétiner ses jolies couleurs et il n’est qu’un tableau morne sur lequel tu t’efforces de propager ta lumière.

alors quand il sent autour de lui la chaleur de ta lumière — cimeries comprend. respirer un instant, la tête hors de l’eau. c’était comme s’il s’étouffait dans ses peurs, dans ses lamentations, dans sa terreur. pourtant quand sa tête s’écrase contre ton torse, c’est comme découvrir le feu crépitant et chaud après s’être terré sous la neige.
et il abandonne ses mains sur le tissus de ton vêtement. et il abandonne son visage qu’il vient effacer dans le moelleux de tes vêtements.

et il s’excusera peut-être après. milles fois. mais toi tu lui offres quelque part où rester, quelque part où pleurer, quelque part où il aura peut-être moins honte d’être cimeries.
et tes bras d’une chaleur inconnue, tes doigts comme berceuse délicate. ta présence comme un feu doux. il sent ses muscles se détendre car tu le berces de ta sagesse. tu lui offres une quiétude que le monde ne lui a jamais donné.

et cimeries n’aurait jamais pensé tant avoir besoin de ces tout va bien — parce que jamais rien ne va bien. parce que tout est éphémère et que sa sérénité n’est jamais de longue durée. cimeries s’est habitué, aux colères, aux larmes et aux crises — il s’est habitué aux palpitations qui lui offrent cette conclusion aussi cruelle que suffisante : il est vivant.

pourtant. pourtant tout le monde mérite d’entendre tout va bien. et tes mots comme des souffles délicats sur les bougies de ses douleurs éteignent un instant la braise.
alors ça ne le blesse plus autant — alors il t’écoute mais c’est un sourire maladroit et désolé qui tord son visage

je suis désolé - désolé. désolé désolé désolé - désolé désolé- répète. cimeries la respiration saccadée il répète et prie pour que tu le pardonnes. comme si tu étais l’ange porteur de lumière comme si toi seul pouvait l’accepter ou l’effacer.

<>tu m’as ouvert tes bras. pourtant je t’ai peut-être blessé il espère pourtant que non. pourquoi ? et pourquoi - pourquoi ton silence est confortable ? ses doigts chiffonnent le vêtement. autant que ses pensées lui chiffonnent l’esprit. parce que l’odeur contre lui est comme chez lui, et il pensait ne plus en avoir.

pourquoi serais-je celui qui porte leurs traits ? pourquoi — quand je suis celui dont le seul écho est un démon lui-même. et terrible dans sa forme, jamais il ne revêt de telle lumière.

ton étreinte contre le brûlant de sa peine, alors tout s’apaise. parce que tu portes la lumière des anges. parce qu’il sent le chaud de ton palpitant contre lui, alors il se fait jeune enfant dont les mains cherchent la chaleur — trop refroidies par le temps et les blessures

et tu lui donnes tout ce dont il a besoin. un confort qui se fait réconfort, des poésies silencieuses. et tes plumes contre ses joues sonnent comme berceuse d’une nuit tombée qu’il n’a plus besoin de craindre. parce que dans la nuit il t’a trouvé comme une veilleuse, comme un faisceau de lune pour éclairer sa voie. comme la lumière allumée de ton bureau — alors il y viendra car la chaleur de tes rayons le rend fragile, et se sentir fragile c’est se sentir vivant.
sous tes rayons pourtant sa fragilité avait du bon. parce que pour la première fois il n’était plus seule.

et tu y déposes des caresses trop éthérées pour qu’il les reconnaisse. si éphémères dans son coeur qu’elles sont effervescentes contre son battant.

j’ai l’impression d’être une feuille de verre. cimeries contre toi toujours — parce que c’était plus agréable car il était à la fois si vivant et si transparent, il aimait. feuille parce que c’est stupide mais je tremble. je tremble de me briser je tremble d’exister je tremble de respirer — je tremble aux coins des rues et face au monde. verre parce que je pourrais éclater - éclater mais je n’en aurais pas peur. parce que si j’éclate il y aura quelqu’un pour cueillir mes fragments.

peut-être les garderas-tu au creux de ta main amans — alors tu les laisseras même s’ils perforent ta peau.

si j’en avais peur, je te blesserais sûrement. cimeries jamais. jamais il n’a voulu blesser quiconque tu sais — c’est toujours le monde. le monde qui l’engloutit l’angoisse qui fait taire tout ce qui lui semble bien. alors elle dévore. toute la lumière, elle dévore son visage — entre ses mains le monde en éclat. et c’est de leur faute à tous
il n’a jamais voulu ça, après tout.

puis ta douceur chasse les nuages, chasse l’orage. pourtant cimeries il te tient si fermement parce qu’il pourrait tomber, il pourrait chuter et se briser. parce que c’est ce qui arrive quand on fait tomber du verre.

alors tu chasses la pluie et je - je calme l’orage. ses doigts qui tissent ses peurs contre le tissus froissés finissent par s’échouer, lentement chuter. et quand elles tombent ses mains se sentent vides et creuses.

mais jamais bien longtemps
et si auparavant il aurait cueilli l’angoisse de voir son horreur aussi proche de son visage, cette fois il l’accepte. pourtant non sans crainte — mais il sait que tu sauras l’accepter. aussi chaleureusement que le reste du monde ne le fera jamais.

joli
tu plantes des graines dans son cou. j o l i comme une poésie — mais la terre qui les accueille est trop inepte pour les accueillir pourtant elle ne les rejette pas.
il faut simplement un peu de soleil et un peu de pluie pour les voir fleurir.

mais je n’ai jamais vu d’anges pourtant je suis sûr - certain que tu en portes le nom. et il a oublié, son visage en éclat à la lumière cette fois-ci cimeries.
il a oublié parce que ta présence dans le creux de son cou a déposé des mots

des mots dont il ne comprend peut-être pas tout le sens, parce qu’il ne pense pas en mériter l’audace.
parce qu’il remue la terre alors jamais ne poussent les graines.