Ce n'était pas la première ni la dernière fois qu'il se devait de venir là.
Pour des documents, disaient-ils, pour lui remettre des courriers qu'ils auraient pu envoyer par chouette. En vérité, ils le surveillaient.
Il comprenait, Apolinary, il n'y avait pas de soucis pour lui de venir se déplacer jusqu'ici. Cela l'ennuyait seulement qu'on doive autant déguiser la réalité.
Alors il avait pris plaisir à venir - surtout lorsqu'il avait découvert l'hôte d'accueil.
Lorsque la cheminée le recrache et que parmi le flux de gens il s'avance jusqu'à l'entrée, c'est un sourire qui orne ses lèvres à l'idée de revoir cet individu particulièrement intriguant - et insupportable.
S'il pouvait le tolérer, il tolèrerait n'importe lequel des clients qui viendraient jusqu'à lui.

Ephraïm !

Il pousse légèrement une dame qui prenait sa place pour s'accouder sur le comptoir et se pencher pour déposer un baiser sur la joue de l'agent.

On fait ça, là d'où vous venez, non ? La bise ?

Sourire qui étire ses lèvres, alors qu'il dépose son offrande sur son bureau - deux cactus légèrement fleuris.

Je vous ai amené de la décoration, vous n'aurez pas à les arroser, vous aimez ?

Un grand éclat de rire alors qu’Apolinary s’assied à moitié sur le bureau, l’observe écarter les petits pots en se retenant de sourire davantage.
N’était-ce pas adorable de le voir ainsi prétendre qu’il n’était pas flatté ?

Je n’ai pas besoin d’excuse pour vous embrasser.

Une main qui se tend, qui vient tapoter le bout de son nez, accompagnant le geste d’un clin d’oeil amusé.
Peut-être qu’il bloque l’attente pour d’autres, mais ils avaient qu’à venir à un autre moment - c’était à son tour de profiter un peu de l’accueil du Ministère puisqu’ils le faisaient se déplacer jusqu’ici.
Sa tête se penche légèrement et il se mord les lèvres, réfléchi un instant avant de lui répondre.

Je me porte à merveilles - et j’aimerais vous dire, Ephraïm, que je ne viens que pour vous, mais cela serait vous mentir.

Haussement des épaules, il oeille les murs avec lassitude - en connaissant les moindres creux.

Comment vous portez-vous ?

Il pouvait aisément dire que cet hôte d’accueil était la cause de son sourire ici - à toujours partager les potins, offrir des informations intéressantes et croustillantes, à orner sa journée de quelques petits éclats d’amusement qu’il chérissait comme les pépites de chocolat au creux de ses cookies et des bourgeons discrets dissimulés entre les feuilles. Il était une bonne surprise et Apolinary adorait croquer en plein dedans, pour l’écouter se déverser entre ses lèvres avides avec son entrain habituel. Peut-être était-ce un rôle, comme le sien était de l’imiter pour l’inciter à s’exprimer - mais il ne s’en préoccupait guère, se contentant d’en profiter.