Sur le chemin du laboratoire, Nimrod regarde Londres grouiller sous ses yeux avec un intérêt malsain et un regard critique. Voir les rues dégueuler de sorciers pressés sera toujours un spectacle qui le fascine autant qu’il l'oppresse, n’ayant jamais été un grand friand de bain de foule. Cependant, il était bien placé pour savoir que dans la vie, on ne pouvait pas tout avoir sans se mouiller un peu. Sans sacrifice, pas d’empire, sans un minimum d’effort personnel, pas de clients aussi étranges que fidèles, comme il en avait trouvé un en la personne d’Iskander Leszczynski, directeur du laboratoire de recherche magique, et collectionneur particulier. Mais enfin, chacun ses lubies. Nimrod n’était pas dans le jugement, il était dans le business.
Une cigarette écrasée dans le pot de fleurs le plus proche et il pénètre le laboratoire avec l’élégance d’un conquistador.

Nimrod n’a pas besoin de demander son chemin puisque ce n’est pas la première fois qu’il vient livrer en personne le directeur.
Il songe d’ailleurs que cette manie allait devoir cesser un jour. A ce qu’il sache, il n’y avait pas écrit livreur sur son front et il était le premier à dire qu’il avait autre chose à faire que de jouer les facteurs.
Mais pour l’instant, il assurait une relation pérenne avec un client, alors le voici, un paquet sous le bras, à traverser le couloir, nonchalant, jusqu’au bureau d’Iskander. Evidemment, il passe devant la vieille peau qui sert de cerbère à son client. Ne devrait-elle pas être six pieds sous terre à son âge ?
Avec une ironie à trancher au couteau et sans la regarder, lui lance pour couper court à ses réprimandes sans prendre la peine de s’arrêter.

"Vous êtes charmantes, comme d’habitude ! Non, ne prenez pas la peine de vous lever, à votre âge, est-ce bien raisonnable pour vous de bouger encore ? Je connais le chemin."

Et malgré ses protestations, bon sang qu’elle était tenace, Nimrod entre comme un prince dans le bureau d’Iskander, un large sourire aux lèvres de se voir si attendu.

- Le plaisir est particulièrement partagé, Iskander. En particulier quand tu ne perds pas de temps à donner dans des politesses inutiles.

Sous son bras, le paquet en parfait état attend d’être livré.

- Tu me connais. Mes entrées sont toujours soignées. Même quand il faut que je passe devant le bureau de ta secrétaire. Tu devrais en changer. Qu’est ce qui la maintient en vie exactement ? Tu as trouvé la Pierre Philosophale ? Je peux te la racheter pour un très bon prix plutôt que de la laisser à cette mégère.  

Rien ne valait quelques paroles acides et une pincée méchanceté gratuite pour se tenir en forme. Et en parlant de forme, Nimrod avait l’air d’en tenir une olympique, comme à son habitude.
Faisant tourner le paquet entre ses mains au risque de refiler quelques sueurs froides à celui qui en attendait avidement le contenu, le russe finit par le poser sur l’ordinateur moldu, heureusement refermé, avant qu’il ne s’installe comme un roi sur son trône sur le fauteuil désigné par Iskander.

- Si tu crois que je ne t’ai pas vu le chercher des yeux. Moi qui croyais que c'était moi qui te m'étais dans cet état d'impatience.
Il désigne le paquet du menton.
- Je crois pouvoir t’en trouver un second encore plus hideux que celui-ci.
Est-ce que ta secrétaire va se décider à nous servir quelque chose à boire ?
   

Un rictus trahissant un amusement déplacé prend très rapidement place sur le visage de Nimrod alors qu’il accueille le trait d’humour d’Iskander dans un petit rire plus proche du ricanement que du rire franc. Il n’y avait pas à dire, mais entre la secrétaire et son supérieur, l’accueil était toujours aussi chaleureux. Et lui qui s’était pourtant concentré sur la vieille peau qui servait de chien de garde pour cracher son venin… La prochaine fois, il réserverait sa verve cinglante pour le directeur et ne l’épargnerait pas d’un de ses accueils acides et théâtraux dont il avait le secret, lui qui prenait de toute évidence un malin plaisir à lui retourner une petite pique.
Si tant est qu’on puisse supposer que son entrée actuelle n’en faisait pas partie.

- La sympathie et la délicatesse dont tu fais preuve à mon égard sont tout à fait touchantes Iskander. Mais ne te fais pas de mauvais sang pour mes rides. Occupes toi des tiennes et saches que le blond ne cache pas éternellement les cheveux blancs. Tu es stressé ces derniers temps ?

Avec un sourire en coin, il avait accompagné son ton identique à celui que lui avait offert Iskander, par une main sur sa poitrine comme s’il avait été touché par la sollicitude du scientifique.
Puis Nimrod se met à rire, d’un rire qui trahit souvent le fait qu’il n’y avait que lui pour s’amuser d’une situation, hochant la tête. Qu’Iskander apprécie ou non sa présence, en réalité, cela passait au second plan. D’ailleurs, si ce dernier profitait réellement et sincèrement de la présence du sorcier, il devait bien être l’un des rares à qui cela arrivait.
Quand bien même la présence de Nimrod soit effectivement un bonus, l’essentiel était que la relation soit fructueuse autant en terme financier qu’en terme d’amusement.

- Je me sens terriblement rassuré Iskander, vraiment.
Et rapidement, il ajoute, au sujet de la secrétaire.
- Et je m’attends à plus originale de la part de cette vipère.

De son fauteuil investi comme un trône, il croise les jambes et s’appuie sur l’accoudoir en promenant avec lassitude ses yeux sur la décoration du bureau, inchangée depuis la dernière fois, alors que devant lui, le directeur du laboratoire s’est transformé en enfant dont c'est l’anniversaire. Et pour une fois, Nimrod tient sa langue en laissant Iskander découvrir sa commande, prenant une nouvelle position sur le fauteuil, plus affalé, haussant les épaules en réponse.

- Un whisky sans glace, ça sera parfait, merci.

Le dos contre un accoudoir cette fois, et les jambes par-dessus l’autre, il a attrapé un petit objet, malheureusement à sa portée, ne sachant pas exactement ce que c’est. Une espèce de boule en verre, juste de la décoration probablement, et qu’il lance vers le plafond pour la rattraper ensuite, plusieurs fois d'affilée, inlassablement et de façon très régulière.

- Aussi étonnant que ça puisse paraître, je ne suis pas contre le macabre tu sais. Bien au contraire. Mais ces masques… C’est pas franchement mon truc. Enfin, je ne juge pas, chacun est libre de mettre ce qu’il veut sur ses murs. Et si tu es un client satisfait, alors je suis un fournisseur satisfait.

Reposant ses yeux, encore protégés de ses lunettes noires, sur Iskander, il reprend malgré tout sur le sujet des masques, dont il taira le plaisir qu’il avait pris à se renseigner dessus.

- Cela dit, j’ai été particulièrement fasciné par leur rareté et la façon dont certains étaient fait… Oui je me suis renseigné, c’est comme ça qu’on réalise des transactions de qualité. Et puis c’est peut-être un marché de niche ?

Il semble tendre la main vers Iskander d’ailleurs.

- Et en parlant de transaction Isky…
   

Nimrod, en silence, une fois n’est pas coutume, avait rendu un large sourire au scientifique qui avait eu encore une fois la décence de ne pas l’ennuyer avec de polies et ennuyeuses réprimandes sur sa consommation liquide. Il était amusant, et particulièrement satisfaisant pour le fauteur de troubles, de constater que la dynamique entre eux était, depuis le temps, bien rodée, avec des rouages bien huilés. Et comme Iskander semblait avoir rapidement compris comment fonctionnait le personnage, tout du moins, suffisamment pour que leurs échanges déclenchent des sourires tel que celui qu’il abordait à ce moment même.

Entre deux lancers de presse-papier, dont il ignore toujours l’utilité, Nimrod avait jeté un oeil sur l’ordinateur, au son du rythme effréné des doigts du scientifique sur le clavier. Si on pouvait difficilement dire qu’il était impressionné, cet homme était d’un naturel blasé après-tout, il était toujours curieux de voir comme la technologie moldue avait conquis le monde magique. Sans être contre, ni pour, il restait curieux et se retient de faire remarquer à Iskander qu’à taper à cette vitesse, il risquait de se fouler l’un de ses doigts délicats.

Un rire lui échappe.
- Serais-tu entrain d’insinuer qu’en plus d’avoir des choses à cacher, je serai homme à avoir peur qu’on les découvre ?
Et il a ce rictus méprisant, qui n’est destiné à personne, dès qu’une idée lui paraît trop sotte pour être réelle.
- Ces vieilleries jureraient trop avec ma déco froide et minimaliste. Je ne suis pas un vampire, je ne vis pas dans une crypte ou un tombeau.

La remarque d’Iskander ne manque cependant pas d’attirer l’attention de Nimrod qui, s’il le pouvait, ronronnerait presque de contentement alors qu’un ton doucereux, presque suave, répond aux inquiétudes de son client.

- Voilà donc la vision que tu as de moi ! Un opportuniste capable d’abandonner son fidèle et excentrique client pour une bourse mieux remplie ? Allons, ne fais pas le jaloux Iskander, tu sais que je suis au petit soin avec mes VIP. La preuve, je suis dans ton bureau. Je te promets de te laisser enchérir si une telle situation se présentait.

Un nouveau rire, encore une fois plus proche d’un ricanement satisfait.
- Je plaisante. Je ne pourrais pas vous abandonner, toi et ta collection bizarre, vous êtes trop fascinants.

Penchant la tête sur le côté, alors qu’il avait suivit des yeux son client en remuant ses longs doigts pour montrer qu’il attendait encore, avec un ton toujours plus suave, il souffle, amusé par la question dont la réponse était évidente.

- Jamais. Mais il se redresse un peu, quand le scientifique fait l’échange, la boule de verre contre la bourse de galions délicieusement lourde. Eh mon jouet !

Fronçant les sourcils, il soupèse un bref instant, et reprend une position acceptable sur le fauteuil pour glisser la bourse dans une poche de sa veste, non sans lorgner sur la boule de verre qu’on lui a pris des mains.
Et comme quelque chose lui dit qu’il ne la récupérera pas, il fait son deuil en collant son dos au dossier, croisant ses jambes, les deux mains posées sur les accoudoirs du fauteuil. Comme ça, on peine à croire qu’il était installé plus nonchalamment quelques minutes seulement avant.
Son sourire se crispe et, penchant la tête délicatement sur le côté pour appuyer sa joue sur sa main, il lève lesdits yeux, toujours caché derrière ses lunettes noires. Ce qui n’a pas suffit à ce que Iskander oublie ce petit détail.

- Es-tu sûr de ne pas te voiler la face en utilisant le terme “hypothétique”, Isky ?

Et si les lunettes cachent ses yeux qui roulent dans leurs orbites, son soupire trahit une pointe d’agacement qu’il ne feint qu’à moitié.

- Hilarant, vraiment. Je sais que mes yeux te fascinent mais il va falloir te trouver une nouvelle obsession. Est-ce que tu te lasseras d’eux un jour dis moi ? Que je me prépare mentalement à endurer tes petites piques puériles ?

Nimrod ose parler de puéril. En général il est la personnification de la citation "l'hôpital qui se fout de la charité”.
Il siffle, sur un ton bien plus railleur.

- Je suis désolé mais je ne les mettrai pas dans un bocal pour que tu puisses les contempler à ta guise depuis ton lit.

L’analyse particulièrement terre à terre du scientifique en réponse à l’idée farfelue de l’énucléer plaît autant à Nimrod qu’elle ne le fait siffler entre ses dents. Le demi sourire qui s’est glissé sur ses lèvres en est la preuve. Quand il lui avait fait remarquer que le morbide ne le dérangeait pas outre mesure, c’était vrai, au point d’être très sincèrement amusé par la réflexion d’Iskander. D’ailleurs, le sorcier ne peut s’empêcher d’imaginer la réaction de son client si un quidam en costume venait sonner à sa porte avec le précieux bocal une fois sa mort confirmée.
C’était presque tentant mais malheureusement pour Iskander, Nimrod était persuadé qu’il les enterrerait tous. Alors il se contente de répondre sur un ton léger.

- On verra bien si tu es suffisamment sage.

Et ça partait mal, car Nimrod ne peut s’empêcher de suivre des yeux le presse-papier qui tourne entre les mains du scientifique. Franchement, dans quel monde vivait-on pour se faire piquer sa source d’amusement du moment ?
Relevant les yeux sur son client, puis les relevant bien plus haut dans un soupir las, le propriétaire de la Wyverne se tasse légèrement dans son fauteuil en claquant de la langue avec un certain agacement.

- Ai-je le choix Isky ?
Bien sûr que non, il ne l’avait pas, et il se savait, mais dans un sens, il comprenait. Lui-même usant de cette technique de question qui n’en n’était pas vraiment une, donnant l’illusion sarcastique de s’intéresser à ce que son interlocuteur désire réellement. Nimrod ne pouvait pas blâmer le scientifique pour cela. Pour poser le presse-papier hors d’atteinte par contre…
La théorie a cependant l’avantage de détourner son attention et de le dérider en un rire franc et presque sincère.

- Tu as une imagination débordante Iskander, vraiment je suis fasciné. Tout comme je le suis de ton acharnement à deviner ce qu’il s’est passé. Soit dit en passant, c’est ta meilleure théorie jusque là ! En tout cas, c’est la plus drôle.
Un nouveau rire, moqueur cette fois, presque acerbe.
- Franchement, tu m’imagines vraiment faire ça ? Une feuille coincée sous la langue pendant une éternité, et attendre un orage comme un con ? Quelle blague. Essaye encore.

Pas que la véritable histoire soit bien plus intelligente mais de toute évidence, devenir animagus n’avait pas grande valeur aux yeux du sorcier.
Haussant un sourcil, et prenant Iskander aux mots, il se détaillant en soupirant.

- Je porte du noir parce que mon épouse est décédée. Et parce que ça va avec tout. Franchement, je ne vois pas de quoi tu veux parler. Et puis bon, tu t’es bien regardé ?

Sa négation est un mensonge, Iskander sait qu’il ment évidemment, et Nimrod sait qu’il le sait. Et d’ailleurs, avec un air étrangement flatté, il gratifie le scientifique d’un sourire amusé qui veut tout dire en quittant son fauteuil pour s’approcher du bureau. L’attitude la moins prédatrice possible alors qu’il pose ses mains aux doigts interminables sur le bord du meuble.

- Mais je t’en prie Isky, creuse donc. Je suis ravi d’apprendre que tu souhaites te battre pour conserver ton exclusivité auprès de moi. C’est très flatteur, vraiment. J’en aurai presque un coup de chaud.

Il souffle, le ton lourd comme un orage qui plane derrière son sourire avenant.

- Et moi, si je creuse Iskander. Je trouve quoi ?

Nimrod ne prend pas la peine de répondre, se contentant de hausser les épaules, détaché, sachant pertinemment que son numéro de veuf ne marchait plus depuis longtemps avec Iskander. Mais que voulez-vous, quand on était un incorrigible adepte du comique de répétition, il était difficile de se priver. Et puis l’air dépité du scientifique valait toujours le détour.

Tout comme contempler son regard lorsque Nimrod envahissait son espace était particulièrement savoureux. Et quand ses doigts s’accrochent à son menton comme sa petite pique essaie tant bien que mal de s’accrocher à son humeur trop changeante, le sorcier le gratifie d’un large sourire mauvais.

- Tu ne te rappelles plus du score semblerait-il ? Un partout, balle au centre. Et depuis tu refuses de ressortir avec moi, alors.. Tu appréhendes peut-être ?
Il siffle alors qu’il assène une petite tape autoritaire à la main qui s’était sentie pousser des ailes.
- Entre nous, la déception n’était pas si grande. C’était une simple question d’égo...

Malgré tout, le scientifique lui arrache une grimace et s’il s’était écouté, la main trop aventureuse contre sa joue aurait peut-être fini broyée entre la sienne. Le feu s’embrase mais reste contrôlé. Iskander était en terrain connu, sur son territoire, ce n’était donc pas le moment de lui rappeler l’ordre naturel des choses quand il pouvait à tout moment se faire plaindre par la sécurité.  
Alors, presque sage, il contemple le visage assuré, hochant la tête pour approuver alors qu’il se redresse.

- Un grand classique ça, Isky. Je n’ai pas le souvenir d’avoir rencontré dans ma vie un seul scientifique qui n’était pas pourri jusqu’à la moelle.

Amusé, et pour le plus grand déplaisir du scientifique, le voilà qui commence à se mouvoir dans le bureau et ça, c’était peut-être pire encore que d’envahir son espace. Les longs doigts frôlent le rebord d’un meuble alors que Nimrod porte son attention sur toutes sortes d’objets exposés et rangés.

- Je comprends pourquoi tu soignes ton apparence, si cela peut endormir la méfiance des plus niais.

Ses mains s’emparent d’un objet qui avait l’air fort ancien, avec une certaine curiosité. Iskander traînait donc sa collectionnite aiguë jusque dans son bureau. A ce stade là c’était possiblement une maladie.

- Ne t’en fais pas, dans les affaires on a toujours le temps de faire plus ou moins ce qu’on veut à condition d’être son propre patron… Hm… Qu’est ce que c’est ? Tu as un nombre d’attrapes poussières incroyables, tu le sais ça ?

Nimrod jette un coup d'œil derrière lui, et un rire sincèrement amusé s’échappe d’entre ses lèvres, plutôt discret, alors qu’il souffle sur un ton doucereux et satisfait.

- C’est toute la beauté de la chose Isky. Je ne fais les choses que lorsqu’elles m’arrangent. Et pour l’argent.

En réalité, ce n’était pas tout à fait exact mais Iskander n’avait pas forcément besoin de le savoir. De toute façon, avec l’attitude générale du sorcier, tout laisse penser qu’il n’était porté que par ses seuls instincts uniquement et ses envies seulement.
En fait, la vérité était plus nuancée, aussi étonnant que cela puisse paraître avec une telle personnalité, mais ça, Nimrod se gardait bien de le hurler sur tous les toits.

- Moi ? Ne rien faire ? Je me tue à la tâche pour te ramener ces attrapes poussières glauques.

Feignant l’exagération dans cette fausse indignation, Nimrod observe et joue avec les nerfs de son très cher client. Il chasse, cherche les objets les plus rares, ceux qui laissent supposer qu’Iskander y est très attaché, par leurs histoires ou leur valeur. En soit, ce n’était pas si dur, sachant à quel point le scientifique développait un attachement démesuré à l’égard de ces choses si… particulières.
La première explication lui fait hausser un sourcil, alors qu’il fait tourner la flûte rituelle entre ses doigts. Taquin, il réplique.

- Je vais te donner un petit truc Isky. Quand tu veux que quelqu’un ne fasse pas quelque chose, ne lui donne pas l’idée de le faire.

Malgré tout, l’idée de coller sa bouche sur un os humain poussiéreux, aussi ouvragé soit-il, était une lubie dont il pouvait se passer. L’objet en question toujours dans les mains, il cherche du regard à nouveau, de quoi faire frissonner Iskander en portant son attention sur un autre bibelot.
Mais c’est le scientifique lui-même qui dirige son regard en lui parlant de la statuette. Cette fois il grimace très légèrement.

- L’esprit humain n’a pas de limite. Bien que la technique de conservation soit absolument incroyable.

Se tournant vers son client, il pointe la flûte rituelle vers lui, car il l’avait effectivement toujours dans les mains. Pour le plus grand déplaisir d’Iskander probablement.

- En fait, je me demande où est-ce qu’ils vont chercher tout ça.

Son regard curieux coule lentement vers le scientifique alors qu’il tapote l’intérieur de sa main avec la flûte comme s’il réfléchissait.

- Y a-t-il seulement eu une once de magie là-dedans un jour ? Je ne sens absolument rien. En as-tu utilisé certains où est-ce que tu te contentes de regarder ?

Un haussement d’épaules répond au scientifique alors qu’ils sont finalement interrompus par l’infâme secrétaire à laquelle il adresse un sourire mauvais histoire qu’elle ne s’endorme pas cette nuit sans faire un ou deux cauchemars.
Et comme Iskander se dirige vers le vers, Nimrod prend déjà largement pour acquis le fait qu’il le lui apportera, aussi il ne bouge pas d’un poil en reportant son attention sur les attrapes-poussières. Du bout du doigt, il vient frôler la fameuse petite statuette, à peine, pour ne pas s’attirer les foudres de son propriétaire.

- Tu penses pouvoir me dégoûter d’un whisky avec une vulgaire histoire de régime alimentaire ?

Certes, l’idée était peu ragoutante et aussi surprenant que cela puisse paraître, l’expérience ne tentait pas le sorcier. Mais de là à réellement écoeuré, même s’il aurait beaucoup aimé faire plaisir au scientifique sur ce point et lui laisser la victoire, il n’en était pas à ce point.  

Un ricanement lui échappe et quand Iskander le rejoint, son sourire a changé alors qu’il attrape le verre tendu du bout des doigts.

- За ваше здоровье, beauté.

Le contenu du verre est avalé d’une traite comme s’il s’agissait d’un verre de petit lait ou de jus de fruit quelconque. Et une fois vide, Nimrod rend, sans se poser de question, le verre aux mains du scientifique, s’éloignant déjà pour continuer son petit tour des lieux. C’était la première fois qu’il prenait le temps de véritablement en faire la découverte, et avec un réel intérêt.

- On m’a toujours dit que les rumeurs avaient un fond de vérité. Alors, combien de vierges as-tu sacrifié pour que le temps n’ait pas d’emprise sur toi ? Je suis curieux.

C’était presque un compliment sous couvert d’une vacherie et d’un rictus tout aussi piquant. Rien d’anormal.

- La magie noire n’a jamais été un mal. Ceux qui en ont peur sont des imbéciles. Plus elle est comprise, mieux elle est maîtrisée. S’en éloigner, c’est prendre le risque de se retrouver comme un con face à quelqu’un qui en a appris les secrets.

Nimrod s’était penché sur d’autres objets étranges, mais sans les toucher cette fois. Et finalement, il se redresse en s’exclamant.

- Mais je parle ! Et je t’arrache à tes grandes responsabilités. Je devrais peut-être me retirer. Tu n’auras qu’à me dire quel objet farfelu manque à ta collection en passant à la Wyverne.

Le ton est railleur, enjoué.