Aux lendemains plus doux

Nota bene : La narration est faite par Alamak, le serpent de Darya

A la lueur du soleil qui se couche à peine, les vapeurs de café qui s’échappe à la tasse entre tes doigts glissés, et le silence qui habille cette fin de journée, au rythme des gouttes de pluie qui s’échoue contre la vitre. Ton regard perdu au sombre de ton breuvage, tu es pensive ma silencieuse.


Comme un éveil au milieu de tes songes, je t’extirpe à tes tribulations noires. Tes iris qui se juchent aux miennes fendues.


Une semaine, voilà le temps que vous cherchiez, une semaine que rien, pas l’ombre, ni l’esquisse du moindre indice. Je sais ton cœur qui se serre, je sais les pensées qui parasite ton âme écorchée, il te manque. Tu t’inquiètes. Tu te demande qui est lié. Qui vous l’a enlevé. Tes doigts qui reposent doucement la tasse, dont tu n’as toujours pas bu la moindre gorgée.


La pulpe de tes doigts qui caresse le bois sombre de la table, la grimace que je vois naître sur tes pourpre lèvres.


Je t’entends qui inspire, je vois ton regard qui balaye la pièce, dans ce style si sombre, ancien qui va de paire avec cette maison, est-ce que tout te semble vide mon aimée ?



Je sais ton cœur qui s’accélère, je sais l’angoisse qui tord ton ventre d’y penser, mon corps que j’ondule jusqu’à toi, frotte mes écailles à la douceur, chaleur de ta peau porcelaine. Je sens ta respiration qui se calme, ton rythme cardiaque qui ralenti sa course folle.



Je vois tes yeux qui se ferment, cherche le silence, le calme, alors que viens le son régulier contre la porte, et que disparait cette langue que personne ne doit entendre.

— Entrez

Mon corps juché au tien alors que tu avances pour ouvrir doucement la porte, découvre Sage. Je le sens ton corps qui se tends, mais je le vois aussi ton sourire léger, plus doux, caresse au méandres de ton masque de gel.

— Tu veux entrer ? Désolée je parlais avec Alamak.

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Tu as l’impression de faire du surplace.
Et ça te rend fou, Sage.
Envie de t’arracher les cheveux.
On te souffle d’aller prendre l’air.
De faire une pause.
Tu soupires et concède.
Sans pour autant sortir.
Tu sais qu’elle est là.

Hésitant, tu fini par monter.
Sur le palier de sa chambre.
C’est qu’il y a tant à dire.
Et à la fois tellement rien.
Enfin… tu ne sais pas par où commencer.
Tu n’as jamais su, Sage.
Là où Regulus savait toujours.
Du moins, il en donnait l’impression.

Tu tournes en rond un instant.
Après un énième soupir, tu toques.
Trois coups discrets.
Sa voix qui s’élève de l’autre côté.
Et la porte s’ouvre.
Parce que tu n’as pas réussi à baisser la poignée.
Elle est là, Darya, tendue.
Risette légère, semblable à la tienne.

▬ Ne t’excuses pas pour ça. Il se porte bien ?

Sa nature de fourchelang, ça n’a jamais été un soucis.
Et ça n’en sera jamais un avec toi, Sage.
Tu entres sur son invitation.
C’est la première fois que tu vois sa chambre ici.
Progressant dans la pièce.
Touchant du bout de tes doigts ses draps.
Ton regard retombe dans le sien.
Juste avant d’observer le plafond.

▬ Tu sais, si tu veux repeindre les murs et changer les meubles, tu peux.

C’est aussi chez toi.
Tellement chez elle que tu n’oses pas t’asseoir.
Prunelles qui tombent sur le serpent.
Tu te demandes où est Amadeus.
Juste avant de te rappeler qu’il doit dormir affalé sur ton lit comme le chat qu’il est.
Et soudain, tu lui poses une question.
C’est toujours un peu froid avec toi, Sage.
Mais il faut bien commencé quelque part.
Et cet angle te semble bien.

▬ Qu’est-ce que tu penses de notre tante ?

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Nota bene : La narration est faite par Alamak, le serpent de Darya

Je te vois apprécier l’attention qu’il a mon égard, mon corps que j’ondule à ses jambes, roi dans les pénombres de ton royaume ma silencieuse, tu le laisses entrer.

— Aussi mauvaise langue que d’habitude donc il est en pleine forme. Merci de demander.

Tu lui fais signe de t’asseoir dans un des fauteuil confortable, jette un regard aux alentours comme si tu découvrais la pièce pour la première fois, il y a si peu de choses à toi dans cet espace. Mais tu t’en est accommodée, sans t’y sentir réellement chez toi. Je te vois faire non de la tête doucement.

— J’aime bien ainsi, je m'en suis accommodée. Reg…Reg me l’avait aussi proposé, mais je…Je crois que j’ai peur de m’y sentir vraiment chez moi, bien et d’être incapable de partir sans me sentir déchirée le jour où il faudra.


Je vois ton regard qui darde furieux sur moi, parce que l’idée te plait je le sais. Mais que tu aurais peur qu’on nous entende, qui le pourrait donc mon aimée. Qui le pourrait. J’entends le soupir qui meurt à tes lèvres alors que tu reportes ton attention pleine auprès de Sage.

— Tu veux boire quelque chose ? J’ai du thé aussi.

Je vois tes doigts qui dépose un plaid près de lui, as-tu peur qu’il ait froid peut-être, reprends place dans ton fauteuil, t’y enfonce un peu, alors qu’une grimace vient habiller le sombre de tes lèvres. Il ne te faut qu’une maigre seconde pour sentir assez à l’aise pour parler. Comme si c’était avec moi que tu le faisais.

— Je suis méfiante. Je n’ai jamais été très à l’aise de laisser entrer de nouvelles personnes. Sa volonté est louable mais je veux rester sur mes gardes. Je ne la connais pas. Je sais qu’elle a été voir une audience d’Izar. Si elle joue un double jeu avec lui…

Tu la mettras en pièce. Sais-tu que tu viens de vendre le fait que peu importe où tu es, tu gardes toujours un œil sur ton frère. Je connais ton besoin de le protéger, sans qu’il ne le sache jamais.

— Elle m’a invité à manger. Elle est peut-être sincère. Mais un repas et un retour fracassant ça ne fait pas tout.

Soupire à tes lèvres.

— Toi qu’en penses-tu ? Même si on est pas toujours d’accord sur tout…enfin on était…enfin. Je me fie à ton jugement.

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La remarque envers son serpent t’arracherais presque un rire si tu n’étais pas si dévasté.
Son corps qui ondule à tes pieds.
Tu avances, Sage.
Observe la chambre un instant.
Finissant par t’asseoir sur le fauteuil sur lequel elle t’invite à prendre place.
Et tu lui fais la remarque sur la couleur des murs, sur l’origine des meubles…
Darya te dis que Regulus a déjà cette attention.
Et ça te pique le cœur.
Plus que ce que tu le voudrais réellement.
Mais ce n’est pas la seule chose sur laquelle tu tiques, autre que le regard furieux qu’elle pose sur Alamak.

▬ Altaïr est mort. Uriel est… mort, lui aussi. Je suis celui qui décide aujourd’hui et pas même Canopus n’a le pouvoir de contrer mes décisions. Tu plantes ton regard dans le sien. Sache, que jamais au grand jamais, je ne te forcerais à épouser qui que ce soit.

Je suis le seul à devoir porter ce poids.
Et comme si elle évitait la conversation, elle te demande si tu veux boire, Sage.
Tu déclines poliment l’invitation.
La remerciant du regard pour le plaid.
Bien que tu ne le touches pas.
Finissant par poser la question qui te démange.
Tu la vois grimacer.
Et tu sais que la sincérité va s’échapper de ses lèvres, parce que Darya sait qu’avec toi elle peut.
A sa première phrase tu approuves.
Acquiescement.
Tu tique au nom de ton cousin.

▬ Dis-moi en plus.

Sourcils froncés.
Cela ne sonnait pas comme un ordre.
Malgré la nature assez directe de ta phrase te le ton peu chaleureux qui l’avait accompagné.
Tu apprends qu’elle a invité Darya.
Et cela te tends plus que tu ne veux te l’avouer.
Sentant ta position en danger, réellement.
Tu n’aimes pas cela, Sage.
Un long soupir t’échappe.
Alors que ta cousine te demande, ce que toi tu en penses.
Tu te pinces l’arête du nez.
Une seconde, et finalement tu réponds.

▬ J’ai l’impression que quelque chose sonne faux chez elle. Cependant, je ne peux pas m’empêcher de penser au fait que c’est une impression que donnent beaucoup les occlumens. J’ai aussi la sensation qu’elle est avide de pouvoir. Je n’arrives pas à lui faire confiance. Et j’ai bien peur de ne jamais réussir.

Ton regard s’est détourné, Sage.
Tu pinces les lèvres.
C’est que ta confiance est dure à gagner.
Tu n’es pas de ceux qui font des coups bas.
Mais tu sais être entouré d’ordures de toutes parts et tu ne peux qu’être sur tes gardes.
Enfin… Darya et Izar n’ont rien à te prouver en toute sincérité.
Tu inspire et déclare.

▬ Laissons-lui encore peu de temps, nous aviserons. Cela semble trop tôt pour nous hâter. Merci pour ton avis et ton honnêteté, il compte pour moi.

Tu tentes un sourire.
Sauf que c’est un échec, Sage.
Baissant le regard une seconde.

▬ Finalement, je veux bien un peu de thé, s’il-te-plaît.

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Y’a un silence. Comme un moment suspendu, vos regards qui se croisent, s’ancrent l’un à l’autre, c’est une éternité de vous regarder alors qu’il t’abreuve de mots.

— Je sais.

Je le vois le sourire rassurant et doux que tu lui offres, oui tu sais. Diable que tu sais. Mais les ordres de ton père valent sur tout le reste. Ce que Canopus veut de toi, il l’obtiens.
Tu n’oses pas me regarder, tu ne veux pas y songer. Vingt ans que je le vois te torturer sans pouvoir faire la moindre manœuvre. Vingt ans et plus. Crois moi ma silencieuse, il viendra un jour où Canopus Black mourra entre mes crocs. Et j’en jubilerai. Je te vois attentive au moindre de ses mots, alors que votre tante est au centre de vos songes, tribulations.

— La confiance se mérite. Elle est ambitieuse, elle me l’a dit. Tout du moins du temps où Altaïr existait encore, une volonté de briller aux yeux de son père de ce que j’ai compris. Pour ce qui est de l’instant présent, je ne m’avancerai pas.

Tu sembles entre deux eaux ma silencieuse. A la recherche d’une vérité qui se perdrait aux songes des ombres qui ne veulent plus rien murmurer. Je te vois lui servir du thé, lui demander du sucre, du lait.

— Pourquoi…

Je vois la grimace disgracieuse qui habille tes lèvres.

— Est-ce que je t’ai blessé ? Ou mis en colère pour que tu n’aies pas envie de rentrer. Je veux dire, je ne suis pas stupide ni Reg ni Izar n’ont quoi ce soit à voir là-dedans. Je me serais effacée si tu l’avais demandé tu sais. Je me doute que les responsabilités sont aussi une des choses, je ne m’autoriserais pas à imaginer ou autre ce serait irrespectueux.

Tu inspires au contrôle de tes larmes qui pourraient s’échouer.

— Mais…on t’aurait protégé. Aider…Pour toi, Reg ou Izar, tu sais que m’élèverai contre tout, même mon père.


Mais ça t’est impossible pas vrai.

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Elle dit « je sais ».
Mais toi aussi tu sais, Sage.
Et malgré tout, tu n’ajoutes rien.
Comment est-ce que tu dois être un frère, un cousin et un chef à la fois ?
C’était ta question la plus récurrente.
Les réponses ne t’ont jamais plu.

Et la conversation, tu l’oriente sur Louise.
Écoutant l’avis de Darya.
Lui donnant le tien.
Analysant sa réponse avec attention.
Rien que tu ne saches déjà, Sage.
C’est probablement pour cela que tu laisses la conversation mourir.

Finalement, tu lui dis que tu veux bien du thé.
Sans sucre et sans lait.
C’est là que le vent a tourné, à nouveau.
Tu vois les traits de son visage qui se tordent.
Et rapidement le flot de paroles se déversent.
Bien que tu restes de marbre, Sage, au-dedans, ça s’agite avec force… comme toujours.

Tu penches la tête en arrière.
La nuque contre le rebord du fauteuil.
Regard qui se perd dans la contemplation du plafond.
Tu prends une grande inspiration, Sage.
Tes orbes noires cherchant l’ambré des siennes.
Il te semble être temps de se faire honnête.
L’air las, malgré toi, tu te lances.

▬ C’est Reg qui m’a dit de partir. Tu marques une pause. Il voulait que je vive ma vie, un peu… maintenant qu’il n’y avait plus personne au-dessus pour me dire comment être. Ce n’était pas des vacances, plus un voyage spirituel je penses.

Tes yeux tombent sur ta tasse.
Observant le thé à l’intérieur.
Et tu la porte à tes lèvres, Sage.
Buvant une gorgée avant de poursuivre.

▬ Je n’ai jamais été blessé ou en colère, j’avais seulement peur. Il est facile de s’imaginer que c’est facile, qu’on ferait mieux et je le sais, quand j’étais énervé contre Altaïr c’est ce que je pensais, c’est ce que je lui disais. Je serais meilleur que toi. Je crois, que ce sont les seules fois où je l’ai vu sourire, sans savoir s’il se foutait de mal gueule ou pensait que j’en été réellement capable.

Tu te souviens que ça te rendais fou.
Que tu ne comprenais pas.
Jusqu’à ce jour, où il t’a laissé sa place.
Tu relèves le regard vers elle.

▬ C’est compliqué. Parce que malgré-moi, je suis obligé de brisé quelque peu cette relation que nous avions. Celle d’un cousin, d’un petit frère de procuration, d’un frère tout simplement… ou encore d’un neveux. Parce qu’il faut que vous me voyez comme celui qui dirige. Celui qu’il faut écouter et quand je revenais, je voyais ces relations s’ébrécher et ça me faisais si mal, tout comme ça me terrifiait. Tu soupire, Sage. Et je sais que je me suis planté. Parce que je sais, que tu as beau me dire que tu sais, tu ne crois pas que je puisse contrer ton père. Tu préféreras l’écouter lui plutôt que moi, malgré ce qu’il t’en coûte.

Risette triste sur tes lèvres.

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Etrangement y’a comme un soulagement à tes épaules, comme des pièces de puzzle qui s’imbriquent alors qu’il révèle que c’est Regulus qui lui a dit de partir. Voyage spirituel, liberté. Dans le creux de crocs je le sais, je le sens, l’avidité de liberté. Celle que tu convoites, celle qu’il a du effleurer. Je sens tes traits qui s’adoucissent, tes épaules qui se relâchent ma silencieuse, parce que la peur à l’idée qu’il te haïsse ou qu’il soit en colère, s’échappe.

Tu l’écoutes ma silencieuse, avec attention, prise entre chaque détails. Tu viens fermer d’un geste, d’un sort, le loquet de la porte, laisse la musique se lancer.


Ton corps que je vois s’avancer, vipère aux encres ambres.

— A mes yeux personne ne peut le contrer. Ni toi, ni moi, ni personne. Du moins pas de front. Je suis désolée du mal que les choses te font.

Je te vois inspirer, te recaller tranquillement dans ton canapé. Oh ma belle, ma belle silencieuse. Empoisonnée.

— Je ne préfèrerais pas l’écouter lui. Mais il est dans l’intérêt de mes plans de le faire Sage. Je ne suis plus la petite fille aveugle qui idôlatrait les moindre mot de son géniteur. Il m’a façonné. Créer au diable de son image. Et c’est ce qui fait de moi, la meilleure personne pour le faire tomber. Au bon moment.

Tes doigts que je vois griffes se nicher à ta tasse.

— Mais la réalisation de mes plans ne surpasseront jamais, ni ton bien-être, ni Reg, ni Izar.

Tu trouveras bien d’autres moyens.

— Que ce soit Moi ou Izar, même si tu es comme un frère pour nous, on sait ta place, si tu décides de quelque chose on s’y rangera, comme on viendra te parler si on sent que tu as besoin d’un coup de pouce. Mais on suivra tes choix. On te respecte en tant que personne, et en tant que Chef de famille.

Tu te redresses Darya, vient déposer un baiser sur son front, ses mains qui se glissent caline à ses joue. Tes iris qui glissent doucement aux siennes.

— A l’instant t, dans cette chambre, tu es toi, je suis moi. On redeviendra chef de famille et sous secrétaire d’état qu’une fois la porte franchie. Tu n’es pas tout seul. Et tu n’as pas à l’être.

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Elle ne te coupe pas.
Elle t’écoute parler jusqu’au bout.
Et tu le vois bien à ses épaules.
La façon dont Darya se détend.
Ça te ferait presque esquisser un sourire.
Une risette sincère et non triste.
Maintenant c’est à ton tour de l’écouter, Sage.

Dès le départ tu te tends.
Ses mots te font contracter ta mâchoire.
Canopus n’est rien d’autre qu’une ordure.
Et tu es loin d’en avoir peur, Sage.
Loin de le craindre et tu comptes bien lui apprendre à te craindre à toi.
Mais tu ne dis rien pour l’instant.

Tes doigts qui tu étends.
Essayant de te dépendre.
Le flux de ses paroles te mets à mal.
Il y a des choses qui te font grimacer.
Bien que rien ne passe.
Visage comme toujours impassible.
Statue de marbre tu te fais, Sage.

Finalement, la conversation tourne.
Ton regard se fait malgré-toi plus doux.
Il brille d’un façon légèrement différente.
Elle dit des mots que tu avais besoin d’entendre.
Que quelqu’un te les disent au sein de cette famille.
Et ils viennent d’elle.
Tu ne pouvais pas en demander plus, Sage.

Darya se lève.
Embrasse ton front et caresse tes joues.
Tu ne bouge et ne bronche, pas.
Vos regards qui se rencontrent, si proches.
Tu écoutes ses dernières paroles, Sage.
Pinces les lèvres une seconde.
Le sourire discret, faible rehaut de tes lèvres.

▬ Laisses-moi t’apprendre cette leçon que je subis moi-même. Quand on arrive à un poste de pouvoir, on ne peut pas simplement enfiler ce rôle et se dire le soir que c’est bon, qu’on verra demain. Non, quand tu es dans ton bureau au Ministère tu es Alya Darya Black, tout comme tu l’es dans cette chambre. Tout comme tu le seras toute ta vie. Même quand tu prends des décisions pour le bien de ce pays, tu es et tu resteras Alya Darya Black. Tu n’as pas à enfiler un costume, parce qu’on n’est réellement puissant qu’en étant nous-même. Rien n’est jamais vrai quand on se contente de faire semblant.

Ce n’est pas un travail.
Ce n’est pas non plus un rôle que tu peux enfiler la journée et déposer le soir.
Tu seras patriarche, et peut-être qu’un jour tu auras un poste d’importance.
Et tu ne dois pas oublier cela.
Si tu faute, si tu échoue, personne ne viendra accuser le costume.
Il n’y aura que toi, Rigel Sage Black.
C’est pourquoi, tu dois toujours être toi.
Il n’y a qu’en étant nous-même que l’on est capable de tout.
Il n’y qu’ainsi que tu te relèveras des choix que tu as du prendre, des bons comme des mauvais.

▬ Il n’y qu’ainsi que tu te relèveras des choix que tu as du prendre, des bons comme des mauvais.

Une de tes mains vient se poser sur une des siennes, Sage.
Un léger soupir t’échappe.
C’était étrange de repenser à cela.
Il te l’a dit un peu avant de mourir.
Et comme toujours, ça t’as semblé nébuleux pendant bien trop longtemps.
Aujourd’hui cela prend du sens.

▬ Toi non plus tu n’es pas seule face à ton père et je suis au regret de te le dire, mais je ne peux pas te laisser te venger seule de lui. Il reste un membre de cette famille et malgré tout le dégoût qu’il m’inspire, j’ai la responsabilité de le protéger. Tu baisses le regard, Sage. En parlant de lui… il ne t’as pas façonné. Nous nous façonnons chaque jour, nous sommes notre propre forgerons et je ne te laisserais pas penser qu’il a un tel pouvoir. Tu as choisi de protéger Izar de lui, ce n’est pas lui qui l’a fait, c’est toi. Tu peux prendre des choix en fonction de ses actes, mais ils restent tes actes et tes choix, c’est eux qui nous façonne.

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Je le vois. Autant que tu le vois se tendre quand les mots s’échouent à ta bouche ma silencieuse. Il se fait marbre un moment, ne pense-tu pas qu’il était risqué mon aimée de distiller ainsi des indices sur tes intentions.

Impossible de rater la lueur à ses iris, aux tiennes en écho, la douceur qui s’émane comme elle ne le fait plus depuis longtemps. Et à nouveau le silence se niche à ta gorge pour lui laisser toute la place, je te vois écouter, je te vois entendre, je le vois enfoncer des portes que tu connais déjà mais dont tu voudrais te soustraire. Seulement tu ne le peux, tu le sais.

Je suis presque jaloux de cette main qu’il pose sur le délicat de la tienne.

Tu écoutes, et je te vois arborer un sourire doux, alors qu’il parle de ton père. Et tu ne dis d’abord rien, tu n’es que silence, un silence touché je le sais. Un silence cassé.


Je vois tes iris qui m’accorde une seconde de ton attention, un voile qui les habille. Un jour les choses arriveront, car même si tu entends, tu n’as pas l’intention de lâcher ton plan même si tu connais les dommages qui en résulteront. Mais dans un sens ça te fait du bien, je le sais, ça dégèle un peu l’hiver éternel où ton cœur s’est logé.

— Je sais Sage. Et jamais au grand jamais je ne te demanderai de faire quoi ce soit qui te fasses aller contre ton devoir. Comme je ne t’en voudrais jamais si un jour tu mets à mal quelque chose que j’aurai voulu faire ou si tu fais quelque chose qui me deplaît. Quoi qu’il arrive, je serais toujours de ton côté.

Ton corps qui revient dans le fauteuil, doucement, avec précaution.

— Je n’ai pas réussi entièrement, à protéger Izar. Tu le sais autant que moi. Et je lui ressemble plus que personne ne s’autorise à l’admettre à lui, mon géniteur. Toi, Izar, Reg, vous êtes les seules fiertés cachées que j’ai encore. Que j’ai toujours eu. La seule affection que j’ai été capable de donner. Qui me prouve surtout que je suis capable d’en donner. Sans me forcer.

Mais tu ne peux t’en laisser de trop, tu ne peux compter que sur ça. Tu ne peux penser de toi que tu n’es que ça. Non tu connais tes failles.

— Je sais que tu es un bon chef de Famille. Je sais aussi qu’on retrouvera Reg quoi qu’il en coute. Même si pour l’instant on patauge plus qu’on ne le devrait.

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Tu ne sais pas trop quoi en penser.
De son sourire, de son regard.
Alors que tu parles, Sage.
Enfin… maintenant tu as fini.
Tu lui as dit ce que tu devais lui dire.
Et tu comprends que c’est à son tour.

Je sais Sage.
Cela, tu ne sais pas comment le prendre.
Et pourtant, au fil des mots, tu sens comme un poids te quitter.
Tes épaules qui se dénouent.
Tu l’écoute poursuivre, parler de son père.

Un soupir t’échappe.
Ou peut-être qu’il était volontaire ?
On ne peut jamais vraiment savoir avec toi.
Tu n’es pas d’accord avec elle, Sage.
Mais tu attends qu’elle finisse.
C’est la moindre des choses.

Darya évoque à nouveau Regulus.
Ton regard s’assombrit légèrement.
Tu pinces les lèvres, Sage, contrarié.
Et à la fois, étrangement satisfait.
C’est qu’elle a dit de mots que tu voulais entendre, que tu avais besoin d’entendre.

▬ Merci.

Tu commences par là.
Lui laissant comprendre où tu veux en venir, juste avant de poursuivre, Sage.

▬ Il t’a bridé, Darya. Toute cette retenue, ce n’est pas vraiment toi. Tu restes dans le rail pour des raisons que j’ignore, mais aujourd’hui, je t’ordonne de vivre pour toi. D’être celle que tu veux être. Tu es sa fille, c’est un fait, pas une extension de sa personne. Tu marques une pause. Tout comme je ne suis pas mon père et encore moins Altaïr.

C’est le dernier conseil que tu lui donne.
Le premier ordre que tu oses prononcer.
L’effet que cela te procure est étrange, Sage.
Mais tu le balaye d’un battement de cils.
Le regard se levant vers le plafond.
Il est temps d’avouer, non ?

▬ J’ai été convoqué par les aurors, un plus précisément. Je ne te dirais pas qui, je lui ait demandé d’enquêter sur chacun des membres de la famille. Ton regard retombe et se plante dans le sien. Je ne doute ni d’Izar, ni de toi. C’est simplement une précaution… même Louise je ne la voit pas faire ça. J’assume avoir du mal à la voir en peinture et ne pas lui faire confiance sur de nombreux points, mais je peux voir l’affection qu’elle a pour Reg. Nouveau soupir. Cependant, ton père et ta mère, mais surtout Canopus… c’est la seule piste qu’on ait, parce qu’on a foutrement rien.

Coude sur tes genoux.
Visage dans tes mains.

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Tu ignores le soupir qui s’échappe de ses lèvres, mais je sais qu’au fond il t’incommode. Ton regard qui cherche le sien à le voir ainsi contrarié, ses lèvres pincées qui font se pincer les tiennes. Mimétisme inconscient que tu joues ici ma silencieuse, comme à la recherche de réponse qu’il n’a pas encore donné. Le Merci qui te surprends. Et moi je jubile à la suite, ondule jusqu’à toi, mon aimée, caresse la peau de ta nuque de mes écailles.

Je vois l’angoisse qui franchit tes prunelles, c’est qu’il te demande quelque chose de bien compliqué n’est-ce pas mon aimée.

— Je ne sais pas qui je veux être Sage. Je n’ai jamais réfléchi à ça. Ni même qui je suis, en dehors de tout ce que j’ai toujours suivi docilement. Peut-être, probablement incroyablement seule. Je ne me vois pas vivre pour moi au détriment d’autres. Et j’aurais peur de l’horreur dont je serai capable si je le faisais. Mais je suivrai ton ordre, en essayant de ne pas te décevoir.

Mais c’est la peur qui t’habites, celle de toi-même, de la solitude plus violente et réelle encore. Je te vois te raccrocher à la suite de ses paroles, comme bouée pour échapper aux affres qui te consume, les angoisses dont Sage a ouvert la porte, à quoi penses-tu donc mon aimée ?

Je vois le soulagement dans ton regard.

— Tu as bien fait. J’aurais fait de même à ta place.

Je te vois inspirer, doucement surement.

— C’est le premier nom qu’Alamak sorti. Celui de mon père. Il en serait parfaitement capable pour t’obliger à rendre les armes. Pour obtenir ce qu’il veut, et c’est bien ce qui m’inquiète le plus à l’heure actuelle. J’envisageais de le faire suivre mais ce n’est pas un novice.

Tu es sérieuse Darya, tu as fait part à Evonice et Izar de cette possibilité. De cette peur.

— Et si ce n’est pas lui, cela veut dire que l’histoire prends un tournant bien plus particulier qu’on ne peut l’imaginer. Je sais que vous avez une connexion bien particulière tous les deux, tu n’es pas obligé de me répondre, mais qu’est ce que tu ressens ?

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Donner cet ordre ça t’as rendu mal.
Et à la fois, il s’est passé quelque chose.
Comme si tout ça s’enclenchait.
Prenait une tournure réelle.
Disait : ça y est, Sage, tu y es.
La réponse de ta cousine ne se fait pas attendre.

Une partie de ses mots te soulage.
L’autre te fait grincer des dents.
Pourtant, c’est un sourire que tu forces.
Une risette que tu veux encourageante.
Et à la fois, très sincère, Sage.
Juste avant que tu ne souffle.

▬ C’est une question qu’on peut se poser toute sa vie je pense, mais le plus important n’est pas d’y répondre, ni de trouver l’objectif. Ça se fait au fur et à mesure, doucement jour après jour.

Il est maintenant temps de lui avouer.
Lui dire ce que tu as fait pour ton frère.
Tu n’en es pas spécialement fier, Sage.
Tes coudes plantés dans tes cuisses.
Et ton visage qui se perd dans tes mains.
Tu sens le poids du monde sur tes épaules.

Tu as bien fait.
J’aurais fait de même à ta place.
Ta tête se relève d’un seul coup, Sage.
Prunelles écarquillées et à la fois, septique.
Tu attends la suite avec impatience.
Darya inspire doucement.

Elle te donne raison, ayant les mêmes doutes.
Tu as la sensation qu’une part d’elle espérerait presque que cela soit la réponse à la question.
Tout comme ça l’effraie.
Parce qu’elle connaît le monstre.
Tes doigts se serrent en poings, Sage.

Et enfin, si ce n’est pas lui… alors qui ?
Pourquoi surtout, comment ?
Tu contractes ta mâchoire.
C’est là qu’elle te demande ce que tu ressens.
Est-ce que tu le sens vivant, Sage ?
Tu te penches en arrière et soupire.

▬ Je ressens un vide terrible, une distance folle… mais je ne pense pas qu’il soit mort. Non, si c’était le cas, je serais incapable de me tenir encore debout. Tu baisses les yeux. Je sens qu’il n’est pas en train de boire un cocktail et de se la couler douce. Je sens que chaque seconde qui passe est- Ta phrase se coupe, tu pinces les lèvres. Il a peur, autant que j’ai peur. C’est la seule chose dont je suis presque certain.

Main gauche qui se lève.
Tu pinces l’arête de ton nez.
Fermant les yeux une seconde.
Nouvelle expiration, Sage.
Tout te semble si lourd.
Il faudrait que tu te repose.

▬ En tout cas- en fait non, ça ne me rassure pas que nous pensions tous à la même personne, surtout quand c’est un être aussi… terrible.

C’est que tu as eu d’autre mots en tête.
Des bien plus virulent, mais il reste son père.
Aussi méprisable puisse t-il être.
Tu appuis sur les accoudoirs sur fauteuil.
Et tu te redresses, Sage.
Il est temps et tu dois appeler l’agent Graves.

▬ Je vais creuser cette piste et toi, tu pourrais commencer par mettre en pratique cet ordre.

Sourire doux sur tes lèvres.

Aux lendemains plus doux

Nota bene : La narration est faite par Alamak, le serpent de Darya

Tu le vois forcer un sourire, et je sais que ça te peine, qu’il se sente obligé de forcer un sourire à ton égard. Aurais-tu peur d’y lire de la pitié ma silencieuse ? Où y trouve-tu l’éclat d’un confort que je ne saurais lire. Jour après jour qu’il te dit, arrieveras-tu à le faire ? A avancer ? Mes écailles à ta peau, encore, et encore n’oublie pas que j’existe.

Il ne suffit qu’un regard pour que je comprenne avec aisance le pas maintenant qui s’échappe au creux de tes iris. Surement que tu as l’espoir que Canopus Black n’ai lui-même creusé sa propre tombe. Bien plus simple s’il en était ainsi pas vrai.

Je vois le rythme de la conversation qui évolue, ton calme apparent qui permet de cacher ton cœur que je sens pulser dans ta poitrine. Tu détailles la moindre expression de ton cousin, tu cherches Darya à comprendre à savoir sans qu’il ne prononce le moindre mot. Ton père pour point central de vos inquiétudes communes.


Ça me tire un rire, et j’évite tes ambres en sachant le regard noir que tu viens de me lancer. J’entends ta langue qui claque, plus forte que toi, alors que vous divaguez vers Regulus. Je te vois plus maternelle Darya, plus douce dans tes traits, qui enregistre le moindre mot, porte de l’importance à tout ce qu’il dit. Pour revenir au Monstre sous le lit.

- Cela prouve qu’aucun de nous n’est aveugle. Je ne doute pas qu’il le sache lui-même.

Tes yeux qui remontent à lui, à Sage alors qu’il se redresse. Le temps est court, mais terminé. Tu te redresses, hoche délicatement la tête. La douceur de son sourire, ta main qui se loge à sa joue.

- Tiens moi au courant si tu le peux, et prends soin de toi. S’il te plait. Dors un peu.

Parce que tu les vois, les cernes sous ses yeux, a-t-il seulement dormi ? Je te vois le regarder alors qu’il part.

- Sage.

Inspire doucement, un sourire.

- Je suis contente que tu sois rentrée.

aux lendemains plus doux★
est sensible et poétique, l'âme qui place amour et tendresse au-dessus de toute chose...


Qu’il le sache lui-même.
Cette idée te fais soupirer, Sage.
Tous les serpents ne sont pas venimeux.
Mais ils mordent tous.
C’est ce qu’il t’a une fois murmurer.
Altaïr avait le don de parler en devinettes.
Enfin… Canopus est plein de venin.
Cela, tu n’en doutes point.

Tu hausses les épaules.
Finissant par de redresser.
C’est qu’il est temps.
Chose que tu semble perdre.
Un peu plus chaque jours, Sage.
Darya sourit et cela te rassure un peu.
Sa main sur ta joue, tu y prends appuis.
L’espace d’une seconde ou deux.

Elle te demande de la tenir au courant.
Du mieux que tu le pourras.
Comme si elle avait conscience des limites.
Tu sais qu’elle voit tes cernes.
Pour cela qu’elle te demande de dormir.
De prendre soin de toi, Sage.
Avec délicatesse tu dégages sa main.
La prenant dans tes tiennes et embrassant ses phalanges.

▬ Promis.

Tu vas essayer, tu le fais déjà.
Et c’est bien plus compliqué que cela.
Incapable de trouver le sommeil dans ta chambre, obligé de t’enrouler dans les draps de Regulus.
Mais cela n’empêche pas les cauchemars.
Tu relâches ses doigts et t’éloignes, Sage.
Ton prénom qui résonne dans sa bouche.
Tête qui se tourne vers elle.
Je suis contente que tu sois rentré.

▬ Je- Tu caresses le mur, sourire qui s’étire malgré toi. Je crois que moi aussi je suis content d’être rentré. Passes une bonne soirée Darya.

Inclinant la tête, tu tournes les talons.
Et tu t’éloignes, Sage.