Vous avez signé les papiers avec Lune, puis l'on est venu te remettre ta baguette - te libérant ainsi du maléfice d'entrave auquel tu étais soumis depuis la veille. Tu te sens observé, traqué lorsque tu quittes le ministère pour t'enfoncer dans les rues de Londres. Personne pour t'accueillir et t'escorter en sécurité jusqu'à la maison, Elijah est sûrement occupé avec son frère. Tu transplanes donc immédiatement devant la porte qui mène à la cave de votre maison. D'un coup de baguette, tu fais sauter le verrou et pénètres l'endroit en toute sureté. Lorsque tu refermes derrière toi, tu plaques ton dos contre le mur pour souffler un grand coup. Passes une main sur ton front et en éponges la fièvre.

Le pineapple est à l'étage, tu comptes sur Lune Choi pour en informer ton compagnon. A taton, tu cherches l'interrupteur. Les lumières s'allument, notamment à l'intérieur de la cage qui est restée intacte. Tu descends les escaliers pour la rejoindre, caressant le verre du bout des doigts. Décides finalement d'y entrer pour te reclure sur le lit.

Et tu attends.
Tu attends de longues minutes, de longues heures.
Tu attends qu'Elijah daigne te retrouver.
Avant que tu ne doives repartir demain matin ;

et que vous soyez de nouveau forcés d'être séparés.

Tu ne relèves la tête que lorsque tu entends sa voix résonner dans la pièce. Le surveilles d'un oeil vif jusqu'à ce qu'il te rejoigne. Tu le laisses t'enserrer de ses bras, posant délicatement le front sur son épaule. Tu te sens en sécurité ici, avec lui. Personne ne peut venir te chercher ni te trouver. Tu en es certain - cette cage est ta seule protection désormais. Et Elijah deviens ton geôlier.

— « Ce n'est rien. Tu étais occupé. N'est-ce pas ? »

Tu le laisses t'embrasser sans vraiment répondre à son baiser. Tu cherches à savoir ce qu'il en est. Ignores la question de nourriture, tu n'as pas faim, tu n'as pas soif, hormis de vengeance.

— « Alors ils existent bel et bien... »

Tu agrippes son bras avec violence pour l'empêcher de reculer, enfonçant tes ongles dans sa peau, mauvais.  Serres les dents quand tu prononces d'un ton sobre.

— « Et tu as écouté. »

Tu as honte qu'il ait pu t'entendre dans un moment de faiblesse comme celui-ci. Tu détestes l'idée de perdre - tu n'arrives plus à l'accepter depuis que Noah, Hermès et lui se sont alliés pour te piéger en janvier dernier. Tu siffles entre tes lèvres, menaçant.

— « Les as-tu ramené ou devrais-je encore angoisser du fait qu'ils soient remis aux aurors prochainement ? »

Je VAIS les récupérer ; qu'il dit. Comment ça "il va" ? Tu fronces les sourcils et le lâches, tournes la tête pour exprimer ta frustration. Non seulement il n'est pas venu te chercher à la sortie mais en plus il se permet d'échouer. Tu entends bien évidemment ses justifications (crédibles et légitimes), t'es juste frustré et stressé d'imaginer que tes déclarations puissent être retournées contre toi. Tu ne veux pas aller à Azkaban.

— « Hyperion est empoisonné ?! »

Tu te rappelles de la flèche ayant frôlé son épaule. Alors la lame l'avait bel et bien touché - et cet abruti ne l'avait pas immédiatement soigné. Ça t'arrache un sourire cruel.

— « Tant mieux. »

Tu te figes quand il mentionne demain. Tu secoues la tête et te redresses. Tu te lèves du lit pour faire les cents pas dans la cage de verre. Au bout d'un moment tu t'arrêtes pour poser ton poing contre le mur. Te tournes vers lui.

— « Reste avec moi cette nuit. »

Tu ordonnes, un peu nébuleux. Tu te pinces les lèvres.

— « Demain matin à l'aube, je repars. »

Tu ne peux plus t'en cacher.

— « Je vais me faire interner à Sainte-Mangouste quelques jours. »

Tu te colles un peu plus contre la façade. Elijah n'a pas besoin de plus de mots de ta part pour exploser. Tu te délectes de sa colère, la mine peu effrayée. Si tu as de peur de quelque chose ça serait bien d'être impuissant - mais jamais de lui ni de sa violence. Il se rue vers toi pour capturer les plis de ton col. Tu le toises d'un air supérieur, le nez froncé.

— « Lâche-moi. »

Tu grognes un peu. Tu sais pertinemment que tu n'es pas fou. Ce n'est pas pour qu'on te prouve l'inverse que tu y vas, mais pour obtenir l'immunité et l'innocence sacrée pendant qu'ils se saliront les mains pour toi.

— « Je n'y resterai pas longtemps. Et je ne serais pas enfermé, j'y vais de mon plein gré. »

Tu hausses les épaules.

— « C'est comme une maison de repos... Fallen Cavendish s'est engagée auprès de moi. Nous allons soudoyer un psychomage qui attestera de ma bonne santé mentale à ma sortie. Steven se suicidera quand je serais hors de portée pour être soupçonné et je serais relaxé. »

Tu portes une main à sa joue pour lui caresser amoureusement.

— « Il ne m'arrivera rien. »

Glousses.

— « Mais je suis ravi de voir à quel point tu t'en soucis. »

Tes ongles s'enfoncent dans sa peau pour la marquer. Tu perds ton sourire, et te fais plus sévère.

— « Et toi... Toi tu vas récupérer ces putain d'enregistrements. C'est compris ? »

Les tenants et aboutissants du plan lui échappent. Tu pourrais lui en vouloir de ne pas saisir la subtilité de tes machinations mais peut-être ressent-il la peur (un de ses super-pouvoirs de vampire) et la tienne est certes cachée, mais bien présente. L'endroit t'effraie autant qu'il te fascine. De l'autre côté de la vitre, tu te sentais puissant, mais au milieu des fous tu n'es pas certain d'avoir les épaules pour le supporter.

Tu murmures, un poil condescendant.

— « Oui... Tu les tues tous. Tous jusqu'au dernier. »

Et te fends d'un rire cristallin. La rage d'Elijah est amusante, c'est une lumière fixe à suivre dans l'obscurité. La suite te fait froncer les sourcils, et perdre ton assurance.

— « Tiens tiens tiens... »

Tu as l'air en colère. Pire, ton regard est meurtrier. Quand tu penses qu'il a osé le défendre jusqu'au bout. Ils sont tous une épine dans votre pied. Et ton père qui ose retourner sa veste pour les côtoyer... Ça te dégoute.

— « Elijah... Ça arrive à tout le monde de se tromper. Mon frère est mort et je n'ai eu de cesse de traquer sa carcasse. Le tien est en train de te nuire... Mais qui peut le blâmer ? Il est comme tout ceux de sa race, dégoutant. »

Elijah restera l'unique exception. Les autres n'ont aucune raison de vivre (et encore moins d'être épargné).

— « Mais soit... fais comme tu veux. Il est jaloux de toi, Elijah. Il veut être toi, il veut tout te voler. Parce qu'il est incapable de s'en sortir seul quand tu as la force de dominer le monde entier ! »

Et tu sais que tu dis des choses sensées, des saintes paroles qui vont le marquer.

Evidemment, il pense que tu le vises quand tu parles de sa race. Confusion acceptée, Elijah doute constamment. C'est comme un grand enfant que tu dois sans cesse rassurer, car il se sent diminué dès que tu abordes le sujet de son espèce. Tu le comprends, à sa place tu te détesterais. Tu lèves les mains en l'air pour te défendre, argumentant d'un ton innocent et doucereux :

— « Mais non. Toi... Toi tu es l'exception. Je te l'ai déjà dis. »

Puis il vrille. Tu contemples la folie sans vraiment la distinguer. T'es juste fasciné par sa conclusion. Ezra Strauss ne te veut absolument pas - mais il chercherait surement à vous séparer s'il apprenait la vérité. Ça t'arrange de nourrir sa haine. Il va tout détruire sur son passage et il ne restera que vous deux.

— « Calme-toi ! »

Tu lui assènes une gifle (peu douloureuse) pour le forcer à sortir de son délire, et à reconnecter avec la réalité.

— « Tu le tueras, oui. Tu as promis. »

Tu déposes un baiser chaste sur ses lèvres, et murmure.

— « Et moi je tuerais Hyperion. Je mettrai fin à cette guerre insensé et nous traquerons les autres survivants. »

Vous purifierez ce monde de ceux qui ne méritent pas leur existence.

— « Elijah... je tombe de fatigue... »

Tu t'écroules dans ses bras, dramatique (comme toujours). Fermes les yeux, soupires dans le creux de son cou.

— « Occupe-toi de moi... »

Sous fonds de promesses éternelles, il te soulève pour t'escorter jusqu'au lit. Tu te laisses faire, les bras enroulés autour de son cou, la tête branlante sur le côté. Tu as tout de l'animal souple et fatigué. Blotti contre lui, tu frisonnes à chaque passage de sa bouche glacée sur ta peau déjà en chair de poule.
Quand il aborde le pacte du calice, tu réprimes une grimace.

— « Je sais que ça te coûte d'attendre. Sois gentil et patient. »

Tu n'iras pas lui dire que ça ne te manque pas trop de te faire pomper le sang comme une vulgaire réserve. Mais tu lui offres un sourire rassurant à la place.

— « Je n'ai pas très faim. Mais je veux bien boire un thé, oui. »

Son bassin plus proche du tien, son entre-cuisse que tu sens malgré le pantalon.

— « Hm... »

Pas certain de vouloir parler de ton père dans cette situation. Tu t'éloignes un peu pour reprendre ton souffle. Te redresses à genoux.

— « Fallen m'a promis qu'elle s'en occuperait quand je serais à sainte-mangouste. Elle le fera disparaitre et maquillera cela par un suicide. Il avouera le meurtre de Jane dans une lettre posthume. »

Un plan machiavélique pour rattraper le piège grossier qu'ils t'ont tendu.

— « Hyperion sera définitivement seul. Sans plus aucun allié. Sans aucune famille. »