On t'a dit qu'elle était juste là, derrière cette porte.
Pour être honnête avec toi-même, tu n'es pas certain de savoir pourquoi tu es là. Pourquoi tu es revenu.
Surtout que contrairement à tes habitudes, tu ne visites pas le Ministère pour Fallen.
Tes doigts se lèvent, toquent à la porte.
Tu avais retenu à quel point elle avait été une aide formidable. Sans elle tu aurais probablement eu des ennuis. Tu te devais de la remercier.
D'un geste incertain, tu pousses la porte, passant la tête dans l'entrebaîllement.

... Bonjour ?

Devant toi, un petit paquet. Dedans, un assortiment de petits gâteaux faits maison. De ta main. Tu y avais passé un temps certain, mais cela t'avait fait plaisir de cuisiner un peu. Cela te faisait plaisir, au final. Tu n'en avais pas souvent l'opportunité.
Alors c'est avec un large sourire que tu indiques le paquet.

J'ai amené un lot de remerciement... Si tu es intéressée de l'accepter, sinon je crois que tout le secrétariat sera ravi de le dévorer.

Il avait déjà été assez difficile de passer les commères du service de l'accueil, et l'odeur des gâteaux t'avait suivie partout.
Parfois, les femmes étaient ingérables. Surtout lorsqu'il était question de chocolat.

Elle rit, et ça ne te fait que davantage sourire, alors que tes yeux se perdent un peu sur son bureau, observant son endroit de vie, où elle passait sûrement plus de temps qu’à domicile.
Les espaces comme ça disaient toujours beaucoup sur les personnalités des gens.

Je t’en prie, ça m’a vraiment fait plaisir. Je…

Tu repreds un peu sa mine alourdie, détourne la tête, passe une main sur ta nuque, gêné

J’aurais sûrement fait une connerie sans toi. Alors je te suis redevable.

Ta tête se secoue alors que tu t’avances, appuies tes doigts sur son bueau, l’observes.

Non, du tout. C’est toi que je suis venu voir.

Il te semble presque étrange de ne pas savoir comment t’adresser à elle soudainement. Comme si toutes tes capacités sociales s’étaient vaporisées en un instant.

J’ai trouvé en toi quelqu’un de particulièrement intéressant et généreux et intelligent, et je ne pouvais pas laisser ça comme ça. Alors je suis venu.

Tu l’observes sous tes cils épais, avant de détourner ton regard, amusé.

Cela dit tu peux me chasser, hein, mais je partirais pas sans la certitude que l’on puisse se revoir pour échanger.

Un rencard, peut-être. Si elle le voudrait.
Tu n’avais même pas demandé à Fallen si elle avait quelqu’un. Une sorte de légère panique s’empare de toi, alors que tu réalises qu’à tout moment, tu es un forceur et un lourd. Mais il est un peu tard, maintenant, pour faire demi-tour.

Le flottement est nerveux, mais pas désagréable. Tu retiens un rire lorsque tu remarques qu'elle a déjà saisi les clefs - dont elle n'aurait pas besoin en fin de compte.
Tu éclates de rire.

Je suis son ainé !

Pas de beaucoup, oui. Mais tu te considérais comme son frère ainé depuis toujours. Qu'elle réussisse mieux que toi, qu'elle atteigne des sommets plus grands, alors que toi tu serais toujours là pour la rattraper.
Un doux sourire illumine tes traits lorsqu'elle accepte pourtant de transgresser ce qui semble pour elle presque un interdit.
Puis elle te propose une heure.
Tu sors ta baguette pour invoquer une petite horloge que tu contemples quelques instants avant de sourire.

Ce sera avec plaisir. Tu veux que je t'attende à l'accueil ?

Il ne restait pas plus d'une heure avant qu'elle ne finisse le travail - alors tu pouvais tranquillement l'attendre. Cela ne te gênerait aucunement.

Si tu as envie, je pourrais t'emmener à un restaurant que j'aime particulièrement.

Tu la trouves absolument adorable à se cacher ainsi le visage, gênée. Tu t'avances pour poser une main sur son avant-bras, comme pour la réconforter - lui faire comprendre que ce n'était pas grave. Mais c'est difficile, si difficile de te retenir de rire doucement, alors tu secoues la tête, souffles, te mord l'intérieur des joues.

Ce n'est pas surprenant, on n'a pas beaucoup de différence. L'erreur est légitime.

Tu lèves un sourcil quand elle t'invite à patienter sur place - et tu te laisses guider sans rechigner, t'asseyant sur le canapé, observant l'assiette qu'elle fait apparaître - et ta main attrape la sienne, son poignet plus exactement, alors que tu penches la tête pour l'observer.

Tu es sûre que ça te va ?

Tu cherches dans son visage quelque chose de plus tangible que juste cette sensation que quelque chose ne va pas. L'avais-tu perturbée à ce point là en lui annonçant être l'aîné de Fallen ? Non, ça ne pouvait pas être ça.
Impossible à lire sur son visage - tu ne la connaissais pas encore assez pour ça.
Mais ton regard bienveillant saurait peut-être l'inciter à s'ouvrir un peu plus.

Tu as l'air un peu... Inquiète, peut-être ?

Elle te rassure, et tu la laisses s'écarter, l'observant. Tu finis pourtant par hocher la tête, lui sourire, navré.

Si j'avais demandé à Fallen ton adresse personnelle, je serais arrivé chez toi étripé. Navré cependant de t'envahir comme ça ici. Je saurais maintenant.

C'était légitime, après tout. C'était une employée sérieuse, investie. Tu ne pouvais nier que tu avais dépassé quelques limites non officielles en venant ainsi ici, à ses horaires de travail.
Mais comment aurais-tu pu l'attraper pour la remercier sinon ? Tu n'en avais pas la moindre idée.
Alors tu restes sagement assis et prends un cookie.
Sans la quitter des yeux.

Je ne devrais pas faire trop de conneries, promis.

Tu ris légèrement, croque dans le biscuit. Il est moelleux, bon.

C'est toi qui les a faits ? C'est une tuerie.

Ton regard se détourne, réalisant que tu devrais peut-être te taire pour ne pas la déranger - et tu ris nerveusement, ramenant tes bras contre toi.

Pardon, désolé, je me tais.

Un sourire à sa réponse - tu te dis que si elle a eu besoin d'un coup de main, tu pourrais peut-être l'inviter à cuisiner ensemble. Tu aimais cette activité, cet échange d'un moment convivial, d'un moment du quotidien. Tu trouvais que cuisiner avec quelqu'un en disait bien long sur beaucoup de choses - que bien souvent c'était dans ces instants là que l'on pouvait s'enticher de quelqu'un.
Pas que telle soit ton intention. Il était bien trop tôt pour le dire, dans tous les cas.
Alors tu laisses Elliott écrire, la plume griffant le papier d'un bruit si agréable à l'oreille que lorsqu'il se rompt, tu sursautes presque, lui lançant un regard curieux.
Sa déclaration, elle, te fait légèrement rougir.
Il te semble voir ses joues tout autant empourprées.

Je vais prendre ça pour un compliment ?

Un léger rire, alors que tu te redresses, contemples la tâche d'encre, l'indique du bout de ta baguette que tu retires de ta veste.

Tu veux que je nettoie ça ?

Elle semblait avoir abandonné - et tu ris avec elle tout doucement avec elle, penchant la tête.

Un café, alors. C'est avec plaisir.

Doucement, tu nettoies la tâche qu'elle a fait, sans endommager l'encre dessous, avec un doux sourire. Tu la suit, remarquant son geste, hésitant presque à lui proposer de te métamorphoser pour lui éviter les ragots de couloirs - mais ne t'avait-on pas déjà vu entrer dans son bureau ? Alors tu ne peux qu'admirer son courage lorsqu'elle s'engage dans le couloir et que tu marches à ses côtés, en silence.
Ce n'est qu'une fois près de la sortie qu'elle rompt l'accalmie, te demande comment Fallen se porte - et tu lui souris en douceur, tendrement.

Les choses avancent, bien que lentement. Tout finira par rentrer dans l'ordre - il suffit d'attendre que l'opinion publique s'occupe d'autre chose.

Tu lui tiens la porte, la laissant passer devant toi dans l'ascenseur, soupirant légèrement.

Et de ton côté ? Ce ne doit pas être facile d'être sous les projecteurs, surtout que tout le monde doit être soupçonné de tout, en ce moment. On doit sûrement reprocher à tout le département d'avoir su, et de défendre ma soeur.

Tu lui lances un regard pensif.

Se tenir à carreaux juste pour le spectacle est quelque chose d'intenable, parfois.

Tu ris légèrement, lui lances un regard de connivence.

Ouais, moi non plus je ne suis pas trop patient.

Un petit sourire en coin, tu secoues la tête, soupires.

Toujours si difficile d'attendre.

Tu l'observes pensivement lorsqu'elle te répond, te mord la lèvre en passant une main dans tes cheveux. Une guerre, oui. Comment répondait-on à la guerre ? S'armer c'était l'accepter. La subir, c'était faire preuve de lâcheté. Négocier ? C'était s'allier à l'ennemi.
Il n'y avait jamais de bonnes solutions dans ce genre de conflits. Jamais de réponses à offrir à ceux qui en avaient besoin.

Je ne sais pas.

Mais tu passes tout de même tes jours et tes nuits à essayer d'en trouver la réponse. En vain.
Ton regard se pose sur la paume qu'elle te tend, surpris. Avec un sourire, tu t'avances, saisis sa paume.

Oui, partons d'ici.

Quittons les tranchées avant qu'on nous y prenne d'assaut.