'Sa main sur sa joue alors qu'il t'annonce ça
qu'il vient cueillir la fragilité de ton âme
trop facilement
trop agaçant.
Parce la phrase qui s'enchaîne est douloureuse. Non, ça ne te rassure pas. Tu veux être son exclusivité, tu veux être son secret. Tu ne veux pas être une créature à réguler.

Je pardonne le père qui veut protéger son fils en le privant de ses libertés. Je ne pardonne pas l'employé du ministère.

Ton regard observe son dos qui s'éloigne
la porte qui se ferme
et enfin

le rien

tu baisses les yeux sur tes mains et te demandes
pourquoi es-tu là
pourquoi s'est il jeté dans une guerre que même toi
tu as abandonné
peut-être que tu te sens mal, parce qu'il est sur le point de se battre et que toi tu ne feras que le regarder
peut être que tu culpabilises parce que t'as déjà perdu
depuis longtemps
((mais que lui il ne s'arrête pas))

lentement ton corps se relèves, carcasse livide tu observes les vêtements
trop grands
trop
lui.

Long soupire
Croyance tu tends tes mains pour attraper une chemise que tu enfiles, faisant des ourlets pour ne pas ressembler à un enfant
((tu es déjà le sien et c'est risible))
puis tu te retrouves face à un problème ennuyant, ses pantalons en tissu t'agacent bien trop
((détestable homme bien trop haut sur tes jambes))

dans la salle de bain tu viens attraper une paire de ciseaux, reviens sur le lit et avec une dextérité ((effrayante)) chirurgicale tu le coupes pour t'en faire un long short
que le vêtement te tombe juste en bas des genoux
bien mieux
tu penses alors que te voilà habillé

puis tu attaches tes cheveux en une tresse allez leste
mèche rebelle mèche folle
en voilà un accoutrement

guidé par l'odeur de la nourriture tu arrives enfin dans le salon
regard appuyé sur Savoy
et enfin tu t'installes à table
((si mince dans les vêtements d'un roi))
… me voilà. Ta maison est bien trop .. grande.

Quand ton regard tombe sur la nourriture tu hésites
((sois prudent))
sa voix ordonne
il s'est immiscé en toi si profondément, lui, le façonneur de poisons
((de plus la dernière fois que tu as accepté le breuvage d'un inconnu))
t'as fini

en

sang
((gueule ouverte, veines en feu))
t'as alors apprit à accepter deux nourritures
celle des restaurants -quand tu ne te le fais pas régurgiter-
et la tienne
mais les plats préparés des autres font trembler tes mains
((alors t'essaies de garder ça discret))
alors t'essaies d'être fort

première bouchée et ça semble impardonnable
ta main qui se crispe sur ta cuisse

c'est très bon mais à l'avenir j'aimerai cuisiner mes repas.. si cela ne dérange pas Mobby.

Attrape le verre d'eau que tu observes un long moment
et tu le reposes en soupirant

pourquoi ne pas avoir fait une carrière dans l'art, savoy. Tu es charmant quand tu parviens à trouver le beau dans la peinture à huile figée.

Tu l'observes un long moment, sourcils froncés
((tu joues au grand, croyance, dans cette belle chemise))
pointes ta fourchette sur lui

l'art a sauvé tant de vies, Savoy.

Pas celle de ta mère
mais ça, ce n'est pas la faute de la musique
non c'était la tienne
quand t'es devenu l'être affamé
quand t'es devenu l'ombre sur les murs
((peut être que c'est pour ça que t'es devenu médecin))
((t'avais tellement peur d'ôter des vies sous l'influence de la lune que pour chercher un pardon tu t'es mit à les sauver))
et maintenant t'es en train d'achever la tienne
quelle douce ironie

tu iras nourrir mon serpent. Et tu arroseras mes plantes. Et tu ne te plaindras pas si je laisse mes vêtements traîner. Et tu ne râleras pas si je laisse mon corps traîner.

Croises les jambes
ton menton logé dans le creux de ta main
provocateur
((sensationnelle, tu n'es vraiment pas fait pour la haine, Croyance))
et pourtant
quand il reviendra et que tu ne pourras plus t'approcher de ton diable
peut-être que là
il te tuera
et que tu ne pourras pas pardonner

Tu l'écoutes parler avec précaution. Les mots Croyance, les mots, ils sont bien plus violents que les mains sur ta gorge, que les baguettes sur ton cœur
oh les mots tu t'y perds, tu les laisse prendre place dans tes pensées comme des graines
et elles poussent
déchirent le reste
pour rester à jamais, surplomber le reste
alors quand il te dit
((demande moi ce que tu veux))
tu peux t'empêcher de le fixer

et tu remarques son coup d'oeil

arrête de me regarder comme si j'étais une bombe à retardement. Je ne vais pas te manger. Pas sous cette forme en tout cas.

Et alors que tu fermes les yeux l'espace d'un instant cette vieille colère revient
tu crispes ta mâchoire
c'est complexe, de maintenir tout ça enfoui dans le fond de ton être alors que dans une semaine seulement ton corps va se briser pour laisser le monstre prendre le dessus
tu te lèves alors, tes iris elles, virent au rouge

tu t'approches alors et
t'as envie de le frapper
lui dire
te moques pas de moi
mais tu te contentes de le prendre dans tes bras, tu le serres fort -trop fort- contre toi, une main dans ses cheveux, penché car Savoy est malheureusement toujours confortablement assit sur sa chaise
ton visage dans son cou, les yeux clos, comme le pauvre animal que tu es, luttant contre la furie qui tord tes boyaux
-c'est intenable-
si tu es irritables lors de tes plus beaux jours, dans ces conditions, t'as un incendie dans la gorge, des braises sur la langue, les crocs en feu

je pense que je vais aller me coucher, je suis à bout de force

c'est sifflé entre tes dents
tout tes muscles essaient de te retenir

Les journées
sont
silencieuses
tu traînes ta carcasse entre des murs que tu ne connais pas
tu traînes ton cœur dans des souvenirs que tu veux oublier
fissure qui se fait de plus en plus grande parce que l'angoisse y donne des coups de couteaux
violent, affamé
les vices de ton palpitant qui t'engourdissent
et tu avances un peu plus à chaque fois dans l'écume
entre les vagues
l'eau qui percute ton torse, coupe ton souffle

puis la lune devient de plus en plus grande, chaque nuit elle s'approche un peu plus de ta fenêtre
et son immense regard qui se pose sur toi
qui attend

((et tu crèves))
il toque à ta porte
lentement tu te redresses, t'as simplement enfilé une chemise, trop grande, bien sûr
((t'oublies peut-être de manger))
ton regard qui se lève sur lui

que fais-tu dans mon dos, Savoy
quand tu fermes la porte sur mon ombre
que tu me laisses entre mes fantômes
que fais-tu quand je m'endors
quand tu serres la main de mon amant
pour lui interdire mon regard

je ne suis pas vraiment enchanté de me montrer ainsi devant toi tu sais.

tu te mords la lèvre en l'observant
Savoy ne comprends-tu pas que par dessous tout c'est dans tes bras qu'il veut rester
tes yeux qui se perdent sur cet homme
(et quel homme)
celui qui a osé détruire les fondations de ta déchéance
((et maintenant t'es tremblant, tu sais plus marcher par toi même))

je n'ai jamais subi ta présence, imbécile.

Et tu sors de la chambre, serrant un peu plus le vêtement contre toi, la tête basse
((regarde Savoy, comme il déteste, ton enfin, jouer au monstre))
((regarde, Savoy, comme il fuit la lune))

mon pelage est réputé pour être doux, profite.

Tu lui lances un petit regard, par dessus ton épaule
((tu te demandes l'espace d'un instant si ton corps possède la force nécessaire pour se briser en deux ce soir))
si tu ne vas pas tout simplement t'effondrer

dos aux fenêtres, tu t'installes sur un canapé, en attendant.
Les mains jointes
((nerveux))
ce n'est jamais une partie de plaisir, tu ne fais pas parti de ces loups qui peuvent courir librement dans les bois, tu as toujours été entre quatre murs.
Un bien piètre hybride, vraiment

je te cause pas mal de soucis pas vrai …

elle prend son temps, la lune
elle veut te voir souffrir un peu plus
cet astre qui brille dans le fond de tes yeux
qui prend de la place
dans ton cœur
qui t'étouffe toujours un peu plus
((elle te regarde, sans jamais détourner le regard de ton dos, elle sait que tu vas chuter))

un instant de flottement alors que tu relèves la tête pour le dévisager
croyance tu ne peux t'empêcher de souffler un petit rire

promis je serai doux.

Puis tu fais un léger non de la tête
ta main qui passe sur ta nuque
(ô comme elles tremblent, tes mains))

j'ai peur, je crois.

Tu te redresses alors, fais un pas vers lui
pour te blottir dans ses bras
si seulement.
Mais elle est toujours là, dans ton dos, et elle n'apprécie pas de te voir enfouit au creux d'un autre
alors elle sonne l'heure et à mi-chemin tu fermes les yeux

Savoy-

c'est comme si tu mourrais, à chaque fois
ça fait tellement mal
tu ne t'y feras jamais, si tu parviens maintenant à rester silencieux, c'est une mort. Tu crèves, Croyance, t'as l'impression de devenir fou.

Et comme d'habitude, tu poses les genoux au sol
tu offres tes salutations à ta reine, celle qui aime te voir courber l'échine
((et tes crocs, dans un horrible bruit, se plantent dans ton bras pour y laisser cette nuit encore une nouvelle marque))
et ton sang qui vient t'étouffer la bouche, l'odeur qui te maintient éveillé
il n'y à que comme ça que tu te souviens

même si tu meurs croyance
t'es encore là

les os qui se tordent, la mélodie qui fait tant souffrir le jeune homme
((cache ton visage dans le tissu parce que tu ne veux pas qu'il te voit ainsi, les lèvres pourpres de ton propre carmin, les yeux qui supplient que cela s'arrête))

et enfin
que les minutes, longues, trop longues, se terminent enfin
il n'y a plus que l'animal qui a déjà tâché son pelage de sa blessure, allongé sur le sol, recroquevillé
effrayé

quand tu lèves enfin ton regard vers lui c'est effarant
effarant comme toute la peur du monde semble se refléter dans ses iris, couinement de douleur alors qu'il vient poser le tissu humide sur la plaie
tu le laisses faire
si tu as peur d'avoir mal, de souffrir, d'être monstrueux devant l'homme que tu aimes tant
il y a une chose qui t'effraie bien plus et c'est de le blesser

oreilles basses, Croyance, tu fais peine à voir
tu n'es pas comme dans les histoires qu'on raconte, tu n'es pas un loup tout de terre et de feu qui hurle à la lune
t'es qu'une carcasse qui tremble

((serre moi dans tes bras))
ton cœur qui hurle alors que tu essaies de te redresser pour poser ton immense tête sur ses genoux
Anthem était parvenu à aimer le loup
Eamon lui, l'aimait d'une envie possessive, il voyait la force alors en face de lui tu es droit. En face de lui tu ne trembles pas.

Mais là c'était différent. Tu ne peux pas cacher tes émotions sous une remarque rapide et tranchante et tu ne peux pas non plus lui montrer les crocs
jamais tu ne lui montreras les crocs
tu en es incapable
((même quand tu apprendras ce qu'il compte faire, croyance?))
même là.

Le cacher de la lune
tu aimerais tant
que sa grande cape recouvre ton corps brisé, que ses rayons ne t’atteignent plus
qu'elle te laisse en paix
elle est la raison de tes malheurs
((tous, croyance?))

l'animal ferme les yeux
« tu es en sécurité » tu plonges dans cette illusion
pour cette fois, ce rêve
oui, tu es en sécurité
parce que tu n'es pas avec tes fantômes alors tu ne te jetteras pas contre ta propre personne pour en arracher des morceaux
parce que tu es avec celui qui veux ton bien
pas vrai ?

Sa main qui vient s'égarer entre tes oreilles
peu de mains humaines se sont égarées dans ton pelage, trois à vrai dire
celle d'un souvenir dans ta jeunesse
ton tortionnaire
et ton sauveur
((tu veux que ce mot s'encre dans ton psyché))

il t'aide à reprendre ton souffle, ôte les morceaux de la chemise détruite
tu prenais la peine d'ôter tes vêtements avant une transformation mais cette fois
tu n'as pas compté les secondes.

Un instant de calme
un instant où vous pouvez être loin, loin de ce cauchemar de ces sacrifices, questionnements
parce qu'au final
tu seras le seul à en souffrir.
((c'est pour ton bien, croyance))
alors pourquoi

pourquoi ton cœur est sur le point de se rompre
((et les leurs ? ))

l'immense loup se redresse dans un souffle douloureux
d'un coup de tête tu renverses Savoy à la renverse et pose ta patte sur son torse alors que ton regard se plonge dans le sien
là, dressé au dessus de lui
il suffit d'un claquement de mâchoire
et il n'est plus rien

cette même idée te donnerais la gerbe
si elle parvenait à germer dans tes pensées
malheureusement tu n'as que trop peu de haine pour cet homme, un unique et immense océan d'amour qui ne fait que se déchaîner dans ta poitrine et tu détestes ça

ferme tes yeux, croyance, et pose le bout de ton museau sur son front
dans un soupire ton corps s'effondre, lové tout contre Savoy, ta tête qui se pose sur son torse
((vraiment quel chien. ))
et tu pourrais passer la nuit ici, allongé sur ce sol inconnu tout contre ton parent
((c'est votre dernière nuit))

avant que

tout

s'effondre.
((et tu ne pourras même pas lui dire que tu l'aimes))

Et loup, te voilà bien idiot.
Si loin de savoir ce qui se trame dans le fond des cœurs si loin de se douter les conclusions qui se posent sur ton dos
Contre ton prétendu salvateur ta respiration se fait de plus en plus lourde et tu chutes complètement dans ces eaux épaisses
Incapable de rêver
Incapable de te diriger dans ce labyrinthe dépourvu de couleurs
Absence de songes
Et c'est peut être une bonne chose.

De quoi rêve le monstre.
Sûrement de ton trépas
Sûrement d'Alexander qui enfin plonge ses mains dans tes entrailles pour en sortir l'infection. Le surplus de nécrose
L'huile qui rend ta respiration douloureuse

Et quand dans ses bras tu t'endors
Un petit être vient déposer des draps et couvertures sur vos corps entremêlés
Dans le silence
Dans votre royaume à vous
Rien ne se passe

Et savoy quand tu ouvriras les yeux ce n'est qu'un garçon recroquevillé contre toi qui se trouve dans tes bras
Sa main fragile et blessée qui se serre sur ton bras
Pour que jamais tu ne le lâches
Que jamais tu ne lui tournes le dos

Et il semble si petit
Après l'avoir vu immense
Dangereux
Effrayant
Il semble si éphémère
Une étoile qui s'est échouée sur une plage
Mourante
L'étoile