Il ne semble pas se sentir bien alors que l'homme murmure à son oreille des secrets qu'il garde mystère depuis toutes ces années. Il ne semble pas bien pourtant tu devines la force avec laquelle il se débrouille pour n'en rien laisser paraître. C'est qu'il est admirable, Joe. Admirablement fascinant. Alors tu t'approches, sans t'inquiéter du fait qu'ils aient ou non terminés -dos à ton ami, face à l'autre dont jamais sans doute tu n'auras le nom. Il se recule alors, t'adresse un regard que tu lui rends, les lèvres étirées fièrement, avant qu'il ne s'éclipse rapidement à l'instant où tes doigts frôlent le bureau.

Échangent les rôles et les personnes, la surprise dans les yeux de Joe est un doux réconfort aux malheurs qui gangrènent ton coeur. Tes doigts dans les siens en une poignée simple tu te demandes à quoi il pense présentement. Est-ce qu'il a peur ? Les secrets après tout n'étaient pas fais pour être dévoilés.

— Dóbroje útro. Je suis la bienvenue partout où je m'impose, Joe, ne le sais-tu pas depuis le temps ?

Étire plus grand l'esquisse à tes lèvres, si les mots sont prononcés en plaisantant tu n'en es pas moins sérieuse pour autant. Après tout, même impure de sang (stupides balivernes) tu restes humaine. Pas vrai ?

— Je suis venue saluer un vieil ami.

De ces amis qui ne t'accordent plus une once d'affection mais auxquels tu continues de t'accrocher, inlassablement. Tu ne te sens même pas bête pour ça, pourquoi après tout ? Quand on sait que tu n'as rien fait, toi, rien fait d'autre que survivre après avoir tout perdu.

— Il ne paraissait pas très heureux de me voir.. mais qu'importe. Comment va monsieur V ?

Non pas que ça t'intéresse, tu sais déjà ce qu'il te répondra de toute façon.

Tu étires un sourire amusé à ses mots. La vérité sort toujours de la bouche des ignorants, pas vrai ? Après celle des enfants. Et si Joe n'a pas ni la moindre idée, ni la moindre preuve de ce qu'il avance, il n'a pas tort dans les faits. La provocation tu la portes comme une marque de fabrique et tu adores ça.

— Merci pour le compliment.

Aujourd'hui cependant est une exception.
Parce que tu es simplement fatiguée de lutter.
((incapable de t'arrêter))

— Oh solnychko, tu sais bien que tu es le seul homme de ma vie !

La caresse de tes doigts sous son menton en un flirt assumé, tu en ris avec lui, de ses tentatives maladroites comme de cette réalité plus vraie qu'il n'y paraît. C'est qu'il est le seul que tu taquines avec autant de plaisir malgré toutes ces intentions cachées. Il n'est peut-être pas le seul homme de ta vie mais il est celui qui y est resté le plus longtemps. Qu'il en sorte te tuerait.

Pourtant tu es incapable de ne pas jouer avec le feu. Alors tu lui demandes simplement le ton innocent des nouvelles de cet homme qui lui tourne autour depuis des années. Presque comme si tu ne le voulais que pour toi.

((inconsciente jalousie))
Terrible tragédie.

— Hm.. l'intonation qui monte étirer le coin de ses lèvres, absolument ravies. Il y aurait des nuages au paradis ?

Éclat soudain dans tes yeux alors que sa réponse se fait étrangement moins évasive que d'ordinaire. Ça te rend curieuse, mais tu sais que Joe ne se livrera pas -pourquoi le ferait-il après des années de silence après tout. Alors à la place de plus de questions c'est un soupir que tu laisses échapper. De ceux qui signifient la fin des discussions sans pour autant enchaîner, au cas où tes espérances soient comblées.

Une main contre son coeur, tu hausses les sourcils à ses mots tandis qu'un sourire en coin bien trop amusé s'étire à tes lèvres.

— Alors tu accepterais qu'il soit plus jeune et gringalet ?

Tu ne peux t'empêcher de rire de bon coeur avec lui, tes doigts dans les siens contre sa poitrine toujours avant que tu ne changes de sujet. Tu avais un don pour poser les questions auxquelles personne n'aimait répondre, comme un sixième sens que tu appréciais montrer et développer. Quelque part ça te permettait à toi de mieux les comprendre eux.

À ta question il démêle vos mains pour les ranger dans ses poches et tu en profites pour venir croiser tes bras doucement contre ta poitrine. Il a l'air un peu perdu, et sa réponse te le confirme tout autant qu'elle t'arrache un énième sourire. Plus attendri que moqueur néanmoins.

Serais-tu malade, Rose ?
Tu pouffes et il ricane avant de reprendre plus justement.

— Non, ne t'en fais pas ! C'est une expression en effet, on pourrait la traduire comme hm... tu prends quelques secondes pour réfléchir. "Na doske ten'" ili "yest' problema?"

("il y a une ombre au tableau"
ou bien "il y a un problème ?")

— Ça t'aide ?

Il semblerait vu sa réponse. Son soupir t'indique de ne pas chercher plus loin pour aujourd'hui, cependant tu notes l'information dans un coin de ta tête. Ça fait un moment que ça ne va plus. Plus une tempête que des nuages, donc. Mais qu'importe, ce sujet est clos.

Sa question t'arrache un nouveau rire plutôt enjoué.

— Comment ça "dans quels ennuis" ? Ce sont eux qui m'accaparent tu sais bien !

C'est un bien joli mensonge dont vous avez tous les deux conscience. Après une seconde, tu laisses à ton tour échapper un soupir avant de poursuivre.

— Néanmoins il est vrai que ma venue est intéressée. Les brigadiers sont intervenus à la clinique l'autre jour à cause d'un patient déséquilibré. Il a agressé quelques infirmiers avant d'être maîtrisé et il a fallu faire tout un tas de rapports que j'ai déposé au département de la justice mais ce n'est pas ce qui t'intéresse, n'est-ce pas ?

Les lèvres qui s'étirent à peine avant que tu ne prononces la suite.

— J'ai besoin de tes services si tu veux bien. Serais-tu libre au cours du mois ?