tw: abus physiques & mental, scarification, meurtre

+ parents inconnus. retrouvé abandonné sans prénom ni affaire dans la campagne nord-est de la chine dans un petit village. il sera recueilli par le temple d'une secte folklorique.

+ ses journées et son éducation sont faites de prières et de sutra, du respect de la balance énergétique du monde et de ce qui le fonde. les éléments, les êtres, les divinités plurielles qui parcourent l'histoire et la terre, et la nature et ses richesses dans sa simplicité. une vie qui lui plaît et qu'il chérit même si elle peut sembler démunie, si ce n'est restrictive.

+ le temple brûle. perdu dans l'incendie, il sera recueilli puis emmené dans une ville plus grande pour entrer dans un centre d'adoption. on lui fournit des papiers et l'éducation légale à laquelle il a le droit.

+ loin de la quiétude et du recueillement du temple, il se démarque par sa froideur et son incapacité à retranscrire ses émotions. on le trouve dur à approcher. les adultes l'apprécient pour sa maturité. ils l'apprécient un peu moins pour la mauvaise chance qui le suit parfois dans des accidents bénins. certains mettent ça sur le fait que l'anniversaire qui lui a été attribué est le 4/04, signe de mauvais présage.

+ il finit par être adopté par un couple catholique qui le rapatriera à hong-kong où il devra, entre autre, apprendre le cantonais en plus du reste.

+ le clash des religions et des croyances est inévitable et il aurait pu être encaissé si aux yeux de ses parents il n'y avait pas qu'une seule religion valable, qu'un seul dieu à vénérer et qu'une seule interprétation digne des textes sacrés. les leçons et les valeurs lui sont inculquées sans douceur, voire avec violence, pour chasser les croyances païennes de leur enfant qu'ils se doivent de remettre sur le droit chemin. la bible est devant lui à chaque repas. elle repeint les heures de sa journée, répétée en boucle par les disques qui prêchent une traduction précieusement choisie. les portraits du christ et des scènes religieuses en tous genres qui arpentent les murs de toutes les pièces de la maison semblent le suivre des yeux où qu'il aille, quoi qu'il fasse, quoi qu'il dise. quoi qu'il pense. Ses parents vérifient et testent sa mémoire. au mot à mot. par cœur. gravé dans le marbre. gravé dans la glaise. le pilier de sa vie. dieu veille sur toi. il voit tout ce que tu fais, suivra toujours le chemin que tu prendras. la promesse de guidance sonne au fil des coups plus comme une menace que comme un réconfort.

+ le temple lui manque. les personnes qui ont veillé sur lui aussi. l'amour qui débordait de leur sagesse aussi froide certains pouvaient la trouver lui semble lointain - mais il est bien incapable de le formuler. où est l'équilibre ? où sont les déités veillant sur les mortels ? l'ont-elles laissé dès qu'on lui a fait détourner à contre-coeur les talons pour un dieu unique dont il ne voulait pas ? qui différencie le païen de la victime ? il n'y a personne pour le lui dire. les dieux qu'il a priés, pour qui il a psalmodié des jours entiers ne viennent pas le sauver et celui devant qui on le force à genoux ne lui inspire aucune foi. peu importe aux yeux de qui, il est si jeune - mais toujours un renégat.

+ ses émois explosent parfois, sous la peur, la colère ou la frustration. malgré ses difficultés, malgré son visage peu parlant, tian vit. il est un petit être plein de couleurs que l'on tente de diriger, de repeindre et il lui arrive parfois de profaner le sanctuaire qui l'accueille  - la bible découpée, les peintures saccagées, les vases brisés, les disques piétinés - malgré les retombées qui sévissent inéluctablement. les mêmes émois qui finissent par résonner contre les parois des murs dans des éclats. la porcelaine qui éclate, les lumières qui vacillent et sautent. il ne dit rien, tian. mais en lui, ça vie, ça bout. ça gronde et ça a peur. et les événements étranges se répètent jusqu'à ce qu'on vienne toquer à leurs portes et leur dire que ce n'est pas le diable qui suit un enfant dans son ombre. que ce n'est que de la magie. qu'il y a toujours d'autres choses à croire et à accepter. mais d'avoir le diable aux trousses ou dans le sang, ça ne change en rien l'image d'impie qui se forme sur le visage de leur enfant pour ces miséricordieux parents.

+ une lettre qui leur parvient. prêt à prendre l'enfant - ça les arrange. pour en faire un sorcier. hors de question ! qu'on s'époumone. il ira, pourtant. mais la croisade de la rédemption n'en finira pas, même si elle est confinée à l'étroitesse d'une maison.

+ il tangue, tian. sous les connaissances infinies qu'on vient lui donner, perdu sous une histoire et des croyances qui ne rejoignent ni ce qu'il connaît, ni ce qu'on lui jure d'oublier. il n'est pas particulièrement doué, mais il s'épanouit dans quelques aspects. il fait un combattant raisonnable mais avare dans ses coups (aime ton prochain), trouvera plus sa place dans la lecture des étoiles qui l'ont toujours guidé. dans les herbes médicinales qu'il avait l'habitude de cueillir dans sa jeunesse et dans leurs usages qu'on lui apprend. il retombe un peu dans ses racines, celles d'une nature omniprésente et gracieuse qu'il embrasse et chérie. et il s'en veut. alors il prie au pied de son lit matin et soir, parfois devant un livre qui lui explique que le monde ne s'est pas fait en sept jours et parfois après que ses yeux aient suivi avec curiosité la carrure d'un autre garçon. il prie pour demander pardon. il prie pour sa rédemption. à défaut d'avoir l'avale de ses parents, peut-être que dieu aura plus de compassion ?

+ il rentre pour les vacances - car il faut comprendre qu'au-delà de tout, tian aime. il aime ses origines qu’il est incapable de laisser dans les cendres d’un incendie, il aime le dieu dont il connaît les psalms sans connaître sa grâce et il aime les parents qui la prêchent. chaque retour est mélange de peur et d'espoir. la peur de retomber dans ce dont il se souvient, coupable d'être soulagé par la distance. l'espoir que les choses changent. mais elles ne changent jamais. les enseignements sont toujours plus rudes alors qu'on cherche le moyen de purifier l'âme qui se teinte et sombre à chaque journée passée loin du domaine béni qu'est leur demeure. chaque vacance est une nouvelle tentative. les prières, les confessions à l'église, les rites de purification, les exorcismes pour chasser le démon qui ne vit pas tant dans le corps d'un adolescent que dans les yeux de celui qui le perçoivent - rien n'y fait. car il n'y a rien à faire. ce n'est pas un mal ou une maladie. c'est un héritage. on préfère lui dire qu'il est maudit.

+ on le repère à l'école - après tout, c'est un peu leur spécialité. son affinité avec l'occlumens ne passe pas inaperçue. on lui dit qu'il peut forger son esprit, rendre ses voies impénétrables. il se demande si ça empêchera les yeux du christ dans la salle à manger de savoir à quoi il pense à l'heure du dîner à défaut de détourner son regard. il accepte avec le sérieux et l'assiduité qui l'ont toujours caractérisé.

+ l'adolescence passe lentement et la vertu de la patience s'affine. le pouvoir grandit, le calme aussi. les colères et les éclats s'inversent de parents qui hurlent sur un enfant qui fixe avec la tempérance des eaux calmes. il n'y a personne pour se méprendre du léger sursaut dans ses épaules. de ses pupilles qui guettent les poings prêts à s'abattre. Personne pour prendre son pouls. ça sonne la défaite. il s'est fait dévorer par ce qui ronge son être, ce qui coule dans son sang. et on ne peut expier le sang que par le sang.

+ on se dit qu'on se fera à la coupure du métal contre la peau - tian ne s'y est jamais fait. ni au travers des jours, ni au travers des mois, ni après des années. on n'a pas voulu le toucher comme si son fléau pouvait se propager, comme si c'était le genre d'héritage qu'on perpétue comme la peste ou autre pandémie. alors on lui a donné la lame et on lui a dit de couper. on lui a dit de faire couler le sang sale pour le renouveler. la science leur dirait que son organisme a déjà renouvelé tout ce qui le constituait depuis sa naissance de nombreuses fois, de ses cellules à ses bactéries, mais c'était le genre de choses que ses parents regardaient avec ce dédain qu'ont ceux croyant posséder le savoir sans chercher à l'accroître.

+ les cuisses d'abord. les poignets ensuite. les oreilles pour ne plus écouter les murmures de la bête. le torse enfin, droit sur le coeur. là où est l'âme. le plus proche de dieu. mais rien à faire. rien n'y fait plus. plus rien ne va. et rien ne va plus. alors on cache comme on peut la misère et quand ça sort parfois au grand jour et que la pitié prend place dans les yeux ignorants avec cette tristesse polie qui incombe quand on lui demande si tout va bien, il force avec mal la commissure de ses lèvres dans l'ombre infime d'un sourire. maintenant, ça va. le nombre de fois où il a dit ce mensonge suffirait à lui refuser les portes du paradis. mais il n’est pas majeur qu’il sait déjà qu’il n’y a plus rien à faire pour lui.

+ alors il se plait dans l’oublie. pas que ça soit une chose facile. l’apprentissage de son don est l’oeuvre d’une vie et il n’est pas hâtif de faire ses preuves. les premières fois sont maladroites et les souvenirs incertains, mal choisis. mais les capacités s’affinent au fil des essais. comme la mémoire. comme la culpabilité. à chaque douleur qui part ses pieds se font plus légers. il n’oublie pas trop, pourtant - il faut continuer de vivre, continuer d’endurer, continuer d’affronter. continuer de se confronter au pire tout en oubliant le moindre pour arriver à garder pieds dans la réalité.

+ il rentre une dernière fois. pour faire ses sacs et partir - il n’a jamais eu de rêve, jamais eu d’ambition ou de prétention, mais il se dit qu’il peut faire ce qu’il peut tant qu’il est sur terre, tant qu’il est cloitré dans une enveloppe mortelle et aider ceux dans le besoin. il veut faire de la médecine. il compte partir à londres. la terre y est différente mais les cieux sont les mêmes. pas tant loin des yeux que du coeur. c'était le mauvais moment. il se souvient des cris qui résonnaient depuis l'extérieur (pas que ça ne soit rare) et qui s'accentuaient quand il les a trouvés dans la salle à manger. puis le bruit sourd d'un poids qui rencontre le sol et le silence. le regard de sa mère sur son père couché qui ne se relèvera jamais. la panique qui l'a prise ensuite, à la réalisation. au pas en arrière qu'il a pris. elle lui a saisi ses épaules, les griffes implacables dans leur étreinte comme elles l'ont toujours été et le regard fou qu'il devait soutenir. tu as vu que c'était pour me protéger. elle parlait plus vite qu'il n'a jamais pu prier. c'est dieu qui a voulu me défendre, il allait me blesser. et lui restait effrité entre ses mains, pensant déjà à oublier. tu n'irais pas contre ce que dieu veut, pas vrai ? mais elle gravait la scène dans son esprit, de ses promesses et ses folies. n'oublie jamais, tian. n'oublie jamais ce qui s'est passé ici. et il n'oubliera jamais, qu'il en soit ainsi.

+ témoin, sa parole sera précieuse pour sa mère qui évitera la prison. associée à la clémence donnée aux femmes pour accommoder le taux de natalité et la pitié qui vient avec les conditions des prisons qui leur sont dédiées, elle vivra une vie confinée chez elle avec un semblant de normalité. seule. tian ne retournera jamais la voir après le procès.

+ londres l'accueille et malgré les difficultés et l'acclimatisation qui est dure, il a pris l'habitude de s'adapter à des coutumes différentes, si bien que poudlard ne lui est pas si hostile que ça, bien qu'il n'y socialise pas particulièrement. il se complait dans des études qui l'intéressent mais est hanté par la culpabilité qui le ronge jour après jour.

+ la discorde causée par the crow et son groupuscule l'ébranlent particulièrement. si ses parents ne sont pas un cadeau (bien qu'il les ait toujours aimés profondément) il est amoureux du monde tout entier et de tous les êtres humains qui le parcourent. il prône une paix et une équité de tous qui le feront rejoindre et participer activement à la cause des foxes, malgré son impassibilité et son silence habituel.

+ malgré des bons résultats et un diplôme en poche, il n'arrive pas à affronter ses péchés qu'il n'arrive plus à confesser. il délaisse la carrière qui l'attendait pour tomber dans l'allée des embrumes où il trouvera vite sa place dans un réseau commercial de traffic de produits magiques importés. il montera rapidement les échelons, se montrant efficaces pour établir et maintenir des relations avec les fournisseurs, et ses connaissances des produits du terrain d'origines sont fortement appréciées, permettant de s'assurer de leur qualité.

+ néanmoins il ne peut pas délaisser sa semi-foi - car au fond, croit-il seulement en dieu ? ou croit-il en ce qu'on lui demande de croire ? - et s'occupe d'aider une église dans ses heures creuses pour laver sa conscience un tant soi peu, en plus d'aider son prochain, ce qui lui plaît.

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