Les surprises lui étaient si rares, qu’habituellement Naomi ne pouvait contenir son excitation. Pourtant, lorsque Darya l’avait invité afin d’échanger sur ce mariage soudain, tout s’était très rapidement agencé dans son esprit. Peut-être, qu’en tant que simple invitée, elle aurait pu feindre l’ignorance, se perdre dans les pensées d’autrui pour l’éviter, encore et encore. Mais lorsque la proposition d’être témoin avait frappé (bien qu’elle en eût pris connaissance avant que les mots ne franchissent les lèvres de Darya) Naomi avait très vite compris qu’elle devait mettre un terme à ce jeu ridicule. Parce qu’elle ne pouvait refuser cette demande, parce que la rareté d’une telle demande venant de Darya était d’une rareté sans égale : car si Naomi savait, la voir agir de cette manière avait ramolli le cœur de la cadette des Avery.

Et elle se savait tout autant fautive que lui. Clovis et Naomi, qu’ils étaient bons amis pourtant. Elle avait d’ailleurs pleuré sa disparition, sa supposée mort, comme bien d’autres personnes. Pourtant, à l’inverse des autres son retour soudain ne l’avait pas plus. Elle en avait même été énervée. Énervée de ne pas avoir été au courant – ce qui expliquait pourquoi ils ne s’étaient pas rencontrés durant un temps énervé, car la vérité lui était inconnue. Et que toute cette histoire avait détruit la vie de certaines personnes. Son histoire pourtant, entendu dans les médias auraient pu lui suffire. Malheureusement, que Clovis vienne à fuir Naomi depuis son retour, ne signifiait rien de bon.

Comme si il avait peur, comme si il n’avait pas envie que quelqu’un vienne lui fouiller la tête. Étrange pour cet homme, qui autrefois n’avait peur de rien tant il était sublime et magistral ; exceptionnel. Alors Naomi savait et avait fini par se prendre au jeu. Parce qu’elle avait tout aussi peur, peur de découvrir ce qu’on cherchait autant à lui cacher. Peur de découvrir qu’il avait pleinement été responsable des accidents causés.

Mais le mariage était un événement sacré, important pour les familles de sang-purs. Darya n’avait pas eu de chance ces derniers temps dans ce milieu, des malheurs. Darya qui avait franchi le pas pour convier Naomi à l’assister ; à donner son nom pour attester de cette relation. Alors elle s’était retrouvée face à un choix titanesque : Darya qui ne semblait pas être désenchantée par cette union et une amitié sur un fil délicat, brisée (?).

Pourtant, à peine avait-elle quitté la maison des Black que Naomi avait transplané au manoir des Lestrange.

D’une grande expiration qu’elle s’était finalement présentée : intimant d'être venue en tant que représentante des Avery pour une affaire urgente. Un semi-mensonge, pour celle qui pourtant, jamais ne mentait. Mais elle savait qu’elle n’avait pas d’autres choix, parce qu’elle n’ignorait pas que Clovis pouvait jouer la carte de l’homme occupé, futur marié et patriarche d’une famille malgré lui. Cependant, les relations entre famille étaient semblables à la politique et pouvaient être si délicates.

Naomi était loin d’être d’une personnalité anxieuse, mais l’attente de Clovis dans l’entrée du manoir des Lestrange lui semblait être interminable. Elle n’avait rien d’une adulte surexcitée par les événements, tout autant bien loin de sembler craintive. Les questions fusaient dans son esprit, de savoir si Clovis viendrait lui faire face malgré l’anonymat de sa présence ou s’il préférerait jouer la carte de sureté malgré les répercussions que cela aurait pu entraîner.

Des grandes bouffées d’oxygène jusqu’à ce que des pas, entremêler par cette voix qu’elle n’aurait jamais pu oublier, résonnent dans les escaliers.

« J'aurais aimé pouvoir te dire la même chose. »

Elle avait déjà assez menti et n'avait aucune envie de laisser franchir des mots qu'elle savait bancal.

Elle reste silencieuse, se laisse prendre dans ses bras avec l'envie de serrer fort Clovis dans les siens, parce que malgré tout, cela faisait terriblement longtemps. Parce qu'après tout, elle avait supporté le deuil pour une personne qui lui faisait face aujourd'hui.

Mais elle ne fait rien. Attend simplement que l'étreinte de cordialité prenne fin.

Le regard triste, fuyant et perdu.

« Étonnamment, pas encore. »

Qu'elle se refrénait tellement que le silence l'angoissait. Naomi n'avait jamais fait ça pour personne et jamais elle n'aurait cru, un jour, le faire pour Clovis.

Ce n'était même pas la crainte que sa disparition soit mêlée à une grande affaire en lien avec le Ministère qui la faisait hésiter, se bloquer ainsi plutôt que de sauter sur l'occasion d'avoir le fin mot de cette histoire. Car son silence était d’or et les liens officieux qu’entretenaient les Avery en secret avec le ministère, lui permettait un léger passe-droit. Du moins, parce qu’en vingt-huit ans (presque vingt-neuf) Naomi n’avait jamais fait la moindre vague.

« Si tu pouvais nous guider jusqu’à une pièce que tu sais sans oreilles indiscrètes. »

Sa voix pourtant calme et posée vient intimer un ordre.

« C’est mieux pour tout le monde si la discussion à lieu en huit-clos plutôt que durant le mariage. N’est-ce-pas ? »

Qu’elle donnerait presque l’impression de venir le menacer. Mais Naomi faisait simplement face à la réalité, lors d’un mariage les invités n’ont d’yeux que pour les mariés. Clovis ne pouvait pas ignorer que Naomi serait présente en tant que témoin de la mariée et donc, qu’aucun d’eux ne pourrait y échapper.

Parce que c’était ainsi que Naomi était, et qu’il était bien difficile de renier ses habitudes quand bien même, celle-ci était déplaisante pour autrui.

Et sans même attendre un quelconque retour, elle commence à s’enfoncer dans le hall de la bâtisse. Pour lui faire comprendre qu’elle ne partirait pas sans réponse, quitte à devoir en forcer la porte.

En temps normal, Naomi était le genre de personnage qui rayonnait et resplendissait de confiance. C'était un peu sa marque de fabrique, la sûreté qu'elle dégageait avec ce sourire si doux et si sincère. Avec elle, on se sentait très rapidement en confiance, car malgré le fait qu'elle savait, sa douceur était telle qu'on se disait que ce n'était pas si grave. Parce que malgré tout, on la savait fondamentalement bonne et digne de confiance et si certains pouvaient trouver ça étrangement louche, personne n’avait jamais eu rien à redire ou de preuve quelconque que le vice poussait son existence.

Mais dans ce cas, qu'arrivait-il lorsque Naomi ignorait et de surplus, craignait la vérité ? C'était un sujet délicat et inconnu au grand jour, car elle ne s'était jamais retrouvée dans une telle situation. La tête vide et le silence constant. L'inquiétude et la peur de faire face à une vérité qu'elle avait pourtant accepté de fuir durant les huit derniers mois.

Alors l'acceptation de Clovis vient la libérer d'un certain poids.

Parce que c’était étrange, nouveau. Et surtout terriblement déroutant.

La panique pourtant, qu’elle tente de dissimuler tant bien que mal. Car Naomi restait malgré tout Naomi, quand bien même elle se forçait à arrêter cet esprit connu comme si volatile. Elle avait alors acquiescé silencieusement lorsque Clovis avait évoqué le fait qu’il préférait se rendre dans sa chambre.

Et telle un semblant de condamnation, elle l’avait suivi dans les escaliers jusqu’à atteindre l’appartement.

« Tu savais qu’à chaque fois qu’on soupirait de cette manière, on perdait un peu de bonheur et de chance ? J’imagine que ça ne devrait pas être aussi grave que je ne le pensais, pour que tu puisses les regarder disparaître comme ça. »

Qu’elle tente de se retrouver, sur un léger ton de rigolade faussée. Elle savait que Clovis n’était pas le genre à inventer des drames ou à passer pour un dramaking. La réalité et cette histoire devait être bien plus inimaginable que Naomi aurait pu y croire et ce, malgré son imagination débordante.

Sonne alors l’attente, que Naomi parcourt la chambre du regard. Main derrière le dos, se permet d’effectuer un petit tour malgré l’acceptation de son vieil ami.

« Tu sais que malgré tout, j’ai toujours préféré que la réalité me soit donnée avec des mots ? »

Plutôt que de trifouiller dans l’esprit. Naomi avait depuis toujours tendance à croire que le monde se porterait au mieux si le secret n’existait pas. Ou du moins, pas sous cette forme, pas de cette manière.

« Je saurais si tu mens de toute façon et je viendrais quand même y jeter un œil. Mais c’est à ta convenance. On sait tous les deux que tu n’as aucune envie que quelqu’un soit au courant et je suis terriblement anxieuse à l’idée que mon image de toi puisse être différente d’avant. »

Bien qu’elle l’était déjà, mais elle tairait cette impression qui la bordait depuis que son regard c’était furtivement posé sur lui il y avait de cela déjà, quelques mois.

Alors elle préférerait qu’il lui explique plutôt qu’elle entre ainsi au centre même de ses pensées, qu’elle se projette dans ce monde qui était propre à Clovis jusqu’à atteindre les éléments souhaités.

« A toi de voir. »

Car malgré toute la confiance lorsqu’elle avait transplané en ces lieux, face au fin mot de cette histoire, Naomi ne savait pas comment agir.

Elle avait pourtant fait tout son possible. Elle s’était bloquée pour lui et lui avait proposé une chance de se rattraper. De s’expliquer. De poser les bases, de s’exprimer avec ses propres mots pour conter les événements à sa manière, à en venir au sens de toute cette histoire, qui au fil des secondes qui passaient, paraissait bien plus abracadabresque que les idées préconçues de Naomi.

Et peu à peu, la sang-pur avait l’impression que quelque chose venait de s’effriter en elle.

Parce que ces propos ne lui correspondaient pas et bien qu’elle sache qu’ils avaient tous deux grandis depuis l’époque de Poudlard, Naomi avait cette impression étrange. Un ressenti qu’elle n’aurait jamais cru subir en face de cet ami d’enfance, dont ils auraient dû, en temps normal, rire du passé commun compte tenu des événements qui arrivaient à grand pas.  

« Je vois. »

A faible mot, que cela semble lui rester en travers de la gorge. Elle semble triste, presque déçue. Mais pourtant d’une once d’espoir, se laisse faire lorsque Clovis vient chercher le contact. Une fraction de seconde alors, qu’elle sursaute lorsque son regard se pose sur la chaine. Car c’est un vent léger mais glaçant, qu’immédiatement Naomi en vient à ressentir une sensation de mal-être. Comme si quelque chose d’inhabituelle venait toquer à sa porte, parce que sa fragilité d’esprit est telle qu’il ne lui faudrait pas grand-chose pour être engouffrée dans les ténèbres.

Alors très rapidement, Naomi vient rompre le contact avec son ami d’enfance.

« Qu’est-ce que… »

En suspens. Elle n’était pas idiote, travailleuse et acharnée qu’elle en avait déjà entendu parler. Du danger que cela pouvait procurer, surtout pour les sorciers de son genre. Alors à ses yeux tout semble beaucoup plus compliqué, beaucoup plus déranger. Car c’est un lien facile qui se fait, un lien pourtant, qui était dénué de sens à ses yeux.

Et malgré l’ignorance, car Naomi ignore ô combien l’esprit de son ami peu avoir été corrompu par cette chose, semblant inconsciente c’est bien au nom de leur amitié passé qu’elle ne peut simplement pas se résoudre à tourner les talons, comme si de rien était. Il n’était plus question de désir ou de curiosité.

Si elle fait face à un semblant de mur dans un premier temps, il ne lui faudra pas très longtemps pour ne faire qu’un avec l’esprit de Clovis. Peu à peu, étape par étape. Elle prend conscience de l’état actuel de son ami, de ses sentiments et de son mal-être. Une découverte qu’elle sait difficile, car l’avancée est très graduée. Lente aussi. Respire la crainte et l’hésitation.

Et c’est cette impression de tomber. De s’engouffrer. Encore et encore, dans une noirceur qu’elle n’avait jamais connu chez lui. Lui qui était tout autant rayonnant que Naomi, lui qui n’avait jamais rien eu à cacher.

Elle entrevoit son expédition, le but de toute cette campagne. Et si elle fini par en comprendre le sens, le fond lui semble être bien lointain. Alors elle tente de creuser encore un peu, de s’enfoncer en traversant les diverses couches de l’esprit de Clovis. Un écho qui là poursuit, qui s’emble s’accrocher aux éléments qu’elle aperçoit. Obscure et virulent.

Qu’elle fini par s’en échapper bien malgré elle, les yeux embrumés.

Si le silence la gouverne, Naomi semble affligée par ses propres pensées dorénavant, car elle n’arrive pas à s’en défaire.

Les larmes lui étaient si rares que sa vision trouble semblait tout autant la perturbée que les éléments qu’elle avait perçu dans les souvenirs de Clovis. Et si le silence la dominait, la vérité était que Naomi était incapable de clarifier ses propres pensées. L’agression qu’elle venait de subir en tant que legilimens, la voix de Magnus qui subsistait dans son esprit. Un regroupement d’élément qu’elle n’aurait jamais cru rencontrer un jour et qui semblait dorénavant impensable de s’en débarrasser.

Sa respiration pourtant, était d’un calme légendaire. Tandis que ses étaient yeux clos, Naomi cherchait tant bien que mal à faire le vide dans son esprit. Un acte désespéré qui était tout simplement impossible pour une legilimens de son calibre, d’autant plus avec les habitudes qui lui étaient propres. D’un instant alors, qu’elle vient à comprendre pourquoi Lancelot s’était entraîné d’arrache-pied pour y ajouter un verrou, elle comprenait qu’il n’était finalement pas question que de secret à dissimuler aux regards indiscrets.

« Clovis. »

Sa voix se brise.

Il n’y avait plus de Cloclo car Naomi ignorait tout simplement où se mettre. Elle ignorait ses propres sentiments et la perception qu’elle était censée avoir pour lui. Était-elle triste ? En colère ? Perdue ? Oui, ça, elle l’était, ça ne faisait aucun doute.

« Alors il n’est pas vraiment décédé, c’est bien ça ? »

Qu’elle questionne. À la vue de l’attentat et de la disparition de grand nombre des Lestrange. Si le principe de magie noire n’effrayait en rien Naomi, il en était de même avec les sacrifices. Car toutes personnes de sa lignée n’ignoraient pas les possibles sacrifices que sous entendait certains désirs et rituels vaudous. Ce qui semblait la perturber par contre, était le sens de ces actes. Pourquoi donc en était-il arrivé jusque-là ?

D’un seul coup alors, que ses deux mains viennent s’élever jusqu’à son visage pour y claquer violemment ses deux joues. Une façon de se reprendre, contre toute attente. Car si ses yeux étaient toujours embrumés par une naissance de larme, Naomi fini par faire quelques pas afin de se retrouver face à Clovis. S’abaisse alors légèrement pour lui offrir un face à face.

« Si tu dois présenter des excuses à quelqu’un, et tu le dois, ce n’est clairement pas à moi. »

D’une grande bouffée d’oxygène. Naomi ignorait réellement sur quel pied danser.

« Pourquoi est-ce que tu entraines Lylia dans cette histoire ? »

Car indirectement, c’était ce que faisait leur union, leur mariage. Malgré son retour parmi les vivants, Naomi avait bien compris que l’histoire ne faisait que commencer. Et il y avait aussi cette question qui lui brulait les lèvres, pourquoi donc s’était-il convaincu que son devoir était d’y mettre fin ?

« Peut-être. »

Elle hausse les épaules. Après tout la notion de mort et de décès était très différentes chez les Avery. Car dans un sens, on pouvait dire que personne ne mourrait véritablement ; la fin n'en était pas une. C'était une simple continuité dans le monde des esprits. Alors les anciens restaient toujours auprès des nouveaux. C'était ainsi que l'on progressait, ainsi qu'ils vivaient. Mais elle comprends que les relations et la façon d'exister son bien différentes chez les britanniques, ayant vécu auprès d'eux depuis toujours, Naomi a bien conscience de la différence de culture entre eux.

« Est-ce que tu le considère fondamentalement mauvais pour l'avoir ainsi chassé ? »

Parce qu'elle ignorait pourquoi cette quête qu'elle avait aperçu, de tenter de détruire les chaînes lui semblait aussi importante. Il est certain que l'objet en lui même était entouré de noirceur, capable de corrompre un esprit fragile. Mais enfermé dans une boite close, ignoré du monde et dont l'existence est même inconnue, n'étais-ce-pas là la solution ?

Acquiesce alors lorsque Clovis évoque Darya. Un léger sourire qui se dessine peu à peu sur son visage face au rire naissant de son ami. Aussitôt balayé par une regard triste et une mine affligée.

« Tu le sais bien. »

Que pour toujours, il serait son Clolo. Mais qu'en l'état actuelle des choses, et compte tenu de la raison qui l'avait poussé à lui rendre visible, compte tenu des six derniers mois et des minutes présentes. Cloclo ne pouvait être que Clovis à ses yeux, parce qu'elle avait besoin d'en faire une démarcation.

« Tu sais, elle est bien plus forte que tu ne le crois. »

Parce que plus que son propre mariage et l'inquiétude que cela pouvait normalement engendrer. Naomi n'avait vue que l'inquiétude pour Izar, elle n'avait vue que la façon dont Darya avait fait face à son père pour le bien être de son petit frère, au nom de l'amour qu'il éprouvait malgré les répercussions sociales.

« Mais il est vrai qu'à sa place, j'y mettrais un terme. »

Parce qu'elle n'aimait simplement pas les mensonges et une telle histoire était bien plus qu'une simple histoire extra-conjugale.

« Je ne t'oblige en rien. »

Quand bien même elle l'aurait souhaité.

« Mais outre les secrets. »

Parce qu'elle savait très bien qu'il n'y avait pas que cette histoire d'horcruxe.

« Tu n'as pas peur que cette histoire ne se limite pas qu'à ça. »

Soit il ne s'agissait qu'un désir égoïste d'un sorcier souhaitant le pouvoir, soit le sens de cet acte était beaucoup plus profond. Elle voulait être certaine que cette union ne causerait aucun accident...

Et si sa question sur Magnus lui semblait entièrement légitime, c’est le regard grand rempli d’incompréhension qui survient face à la réaction violente de son ami d’enfance. Naomi pouvait comprendre son énervement en lien avec son ignorance sur le sujet : la solitude qu’il avait dû éprouver ces dernières années à la recherche de réponse et de solution. Une aventure qui n’avait pas été fructueuse et l’obligeait à se pourrir de l’intérieur car sa crainte semblait grandir de jour en jour. Un sentiment injustifié, aux yeux de Naomi, mais compte tenu des événements, elle opta sur le silence.

Acquiesçant simplement, car si le principe d’une création d’horcruxe pouvait le perturber, elle préférait taire son interrogation, sa non-compréhension. Parce qu’elle n’ignorait pas ce que le vaudou avait pu faire à ses ancêtre et Naomie avait pleinement connaissance de certains rites qui, aux yeux de Clovis, semblerait être digne d’une abomination.

Mais si une chose était certaine, c’était que dans ces mots, dans ces traits. Naomi n’avait plus l’impression de faire face au Clovis qu’elle connaissait, mais à une personne complètement différente. Beaucoup plus sombre, indélicate. Et quand bien même elle l’avait perçu quelques minutes auparavant en s’immisçant dans son esprit, une fracture évidente qui avait même tenter de la contaminer. Comment n’avait-elle pas pu le remarquer avant tout cela ?

Elle s’en voulait terriblement.

Regrette alors de l’avoir fuit à son tour durant les derniers mois. Naomi n’aurait jamais dû le mettre de coter ainsi, participer à cette mascarade d’évitement. Peut-être que si elle avait été elle-même, sans crainte et sans gêne, comme bien souvent, elle aurait pu éviter quelqu’un de ses tourments.

« Chaque famille possède ses propres secrets et personne n’est dupe dans notre milieu. »

Même chez les Avery qui prônait une bonté évidente, cette famille qui n’était pas comme les autres sang-purs. Beaucoup plus ouverte, beaucoup plus au goût du jour. Et si elle pouvait sonner problème aux yeux des plus conservateur, se qu’autrui pourrait considérer comme une noirceur d’héritage, serait capable de leur faire changer d’avis sur ce nom enjoliveur.

« Votre famille a explosé, alors on sait pertinemment que certains côtés sont fracturés. Elle le sait tout autant que moi. »

Parce que depuis des décennies, c’est ainsi que cela fonctionne.

« Mais il y a une différence entre la normalité et ça. Parce que j’ai compris que ce n’était pas courant. »

Et tandis qu’elle vient passer sa main vers l’arrière de son crâne, afin de se masser délicatement les cervicales. Naomi semble réfléchir. Rempli d’incertitude, son regard posé sur son ami qui exprimait un besoin d’aide. Un frisson qui vient parcourir l’ensembles de son échine alors qu’elle tente une nouvelle fois d’entrée dans son esprit.

« Je… »

Si à ses yeux, la seule solution miracle qu’elle aurait pu lui offrir était un moyen de se défaire de l’horcruxe, d’en apporter sa disparition. Mais Naomi ignorait comment y mettre un terme, bien qu’elle s’imaginait qu’un moyen était possible en rapport avec son héritage. Et si elle avait la possibilité de se renseigner, elle savait tout autant que ça n’arriverait pas du jour au lendemain.

Mais alors, elle avait aussi cette étrange sensation d’apporter un mal pour en combattre un autre.

« Tu sais que tu pourras toujours compter sur moi. »

Bien que son cœur semblait s’arracher, Naomi ne laissait personne sur le bas-côté. Surtout pas un ami de longue date, surtout pas Clovis qui dans d’autre circonstance, aurait pu être la personne la plus importante de sa vie.

De droite à gauche, que sa tête était venue se secouer. Les excuses étaient toujours bonnes à entendre, mais Naomi savait que Clovis n’avait pas pensé à mal. Elle savait que leur mode de pensée était très différente, tout comme leur éducation en lien avec la magie. Plus encore, elle avait aperçu et assimilé malgré elle un brin de noirceur qui semblait le corrompre, alors si sa réaction aurait pu être démesurée venue de l’extérieur pour une tout autre personne ; Clovis avait cette chance, d’être face à quelqu’un qui le comprenait vraiment, lui et son intérieur.

« Ça arrive à tout le monde d’hausser un peu le ton. »

Sauf peut-être à elle et tout aussi rarement lorsqu’elle en était l’interlocutrice.

Mais Naomi ne lui en tiendrait pas rigueur.

Et pourtant son regard semble être dénué de cette étincelle éclatante, cette passion flamboyante qui semblait pourtant l’habiter au quotidien – Naomi n’était pas faite pour mentir et encore moins pour cacher ses émotions.

Elle n’était pas froide. Juste perturbée, incapable d’exprimer ne serait-ce qu’un sourire sincère et réconfortant face à un ami dans le besoin.

« Je donne tant que ça l’impression d’être le genre de personne à me débarrasser de mes amis dès qu’ils sont en difficultés ? »

Son incertitude et la vision du doute qui avaient enrobé Clovis lui avait touché le cœur.

D’un pas, finalement, qu’elle vient s’approcher du lit de Clovis afin de s’y asseoir à ses côtés.

« Tu sais que les legilimens sont assez rares, tu es sûr de toi ? »

Malgré tout, elle arrivait à comprendre la demande de Clovis. Pourquoi il préférait s’orienter vers l’occlumencie, pour se protéger de ses semblables mais aussi pour pouvoir mettre un verrou dans son âme, pour contrôler ses sentiments et faire ignorance sur la noirceur qui tentait de le grignoter encore et encore.

Mais étrangement, Naomi était tout autant effrayé à l’idée que cela puisse le transformer. S’approcher un peu plus de ce qu’il souhaiterait pourtant éviter.

« Tu as conscience que ça va être dur, plus encore à la vue de ce que tu abrites en toi. Ça sera dur et long, pour toi. Comme pour moi. Que ce n’est pas qu’une question de verrouiller son esprit pour les intrusions, mais aussi d’être capable de se transformer en monstre. »

Les mots pouvaient sonner rudes, plus encore lorsque l’on avait connaissance du fait que son aîné s’était entraîné pour lui échapper, mais c’était bien la perception qu’elle se faisait de cette capacité. Pour Naomi, il était juste inconcevable d’agir en étant capable de faire entièrement abstraction de ses pensées et de ses sentiments, éléments phares qui en tant normal, permet de se limiter au bien et au mal.

« Mais si c’est bel et bien ce que tu veux, je serais là pour t’aider et t'épauler du mieux possible. »

Alors peut-être qu’il ne faisait ça que pour se protéger, mais elle craignait l’évolution. Car elle n’était pas voyante, juste capable de lire dans le cœur des gens.

« Aujourd'hui et pour les temps à venir.»

Dans ses mots, Naomi avait le malheur de s'y confronter malgré elle, d’avoir l’impression de s’y retrouver. Elle savait pourtant que les propos de Clovis en ciblaient un autre, mais elle ne pouvait pas s’empêcher de s’en sentir concerné. Et pourtant malgré le stress qui renchérissait, on aurait pu voir ses muscles s’affranchir de toutes crispations.

« Humhum. »

Qu’elle vient finalement acquiescer, tente de se garantir qu’après tout, outre ce secret, il pourrait être bon que le chef des aurors puissent avoir une main mise sur les informations qui arrivaient jusqu’à lui. Et ce n’était pas parce que l’on était l’un de ses employés que cela pouvait justifier d’avoir connaissance de tous les éléments. Le monde et les gens n’étaient pas aussi blanc que Naomi et rare étaient ceux qui se limitaient entre l’un ou l’autre. Qu’elle le veuille ou non, qu’elle l’accepte ou cherche à la réfuter, le gris existait bel et bien.

« La folie. »

Elle lève sa main droite, paume vers le plafond.

« Ou le vide. »

S’en suit finalement la main gauche, semblable à une vague passante.

« Eviter le premier en devenant le second, ça reste cocasse. Prendre une décision est bien souvent le plus difficile, alors je respecterais ton choix. Et surtout, la raison pour laquelle tu l’as prise. »

D’autant plus, parce qu’elle ignorait que choisir si elle se retrouvait dans une position similaire. La protection de sa famille, pourtant, semblait aller droit vers ses sentiments. Car Naomi aussi, serait sans doute capable de terrible choix pour son sang. Et face à la semi-confession de son ami, elle fini par hausser les épaules avec un grand naturel.

« J’ignore si ce n’a vraiment jamais été la norme. J’imagine qu’en tant normalement les personnes réfléchissent ou alors sont simplement effrayés par les situations incongrues. »

Léger rire d’une fraction, malgré ses mots, Naomi ignorait si elle devait se catégoriser comme irréfléchie ou bien habituée à ce genre d’affaire.

« Mais une chose est certaine, on m’a toujours appris à ce que, si c’était dans mes capacités, venir en aider à ceux qui en avaient besoin, plus encore à ceux qui arrivaient à la demande. »

Et quand bien même elle se mettait en danger, Naomi était pour l’heure capable de lui offrir se qu’il souhaitait. Jusqu’à quand cependant, elle l’ignorait.

« Alors il ne faut pas être si étonné. »

S’abandonne alors, saute avec légèreté du lit pour se retrouver sur ses deux pieds. Sautille un peu pour se retourner face à Clovis.

« Cependant, je tiens à ce que tu me promettes qu’à l’avenir, tu n’aies plus aucun secret et que tu viennes m’informer du moindre problème ou information. »

Parce qu’elle en avait marre de jouer au chat et à la souris et parce qu’en lui apportant son aide, Naomi mettait une croix pour toujours à la compréhension de son ami d’autrefois.

Bras grand ouvert en sa direction, plus qu’une vérité, elle avait besoin de le prendre dans ses bras. Car elle n’était plus capable de se souvenir quand avait été la dernière fois.

« Ahaha je n’irais pas jusque-là. »

Qu’elle rigolait pourtant à demi-mot tout en feignant d’ignorer sa pointe d’ironie. Parce que ses pensées, ses sentiments, n’avaient rien d’aussi merveilleux que laissait transparaitre ses mots présents. Quand bien même, l’envie de venir en aide à Clovis était terriblement sincère. Naomi n’était pas persuadée que ses choix étaient bons, que cette façon de lui venir en aide était la meilleure. Et pourtant, elle ne pouvait pas se résoudre au refus car elle n’avait tout simplement rien d’autre à lui offrir.

Et alors que Clovis semble accepter son invitation, c’est un poids qui semble se libérer de ses épaules tandis qu’un autre vient progressivement lui récupérer la place. Son visage, caché par l’étreinte ne semble présenter qu’une douce tristesse, qu’elle tentera avec grande difficulté de masquer lorsque leur rapprochement prendra fin. Quand bien même il pensait être sincère, Naomi ne ressentait qu’un mensonge silencieux. Masqué et inavoué pour elle, mais aussi à lui-même.

« Quand as-tu besoin de commencer ? »

Semble appuyer bien malgré elle sur sa nécessité a lui, plus qu’autre chose. L’espoir sans doute inconscient, que si le temps se présentait, Clovis viendrait à changer d’avis.

« J’imagine que tu vas être très pris les prochaines semaines. »

Parce qu’après tout, il y avait un mariage à préparer, alors son manque de disponibilité sonnait comme une évidence à ses yeux. Une réponse attendu, qu'il confirme ne pas pouvoir être disponible dans l'immédiat mais souhaiterait commencer dès que possible.

Léger sourire à son égard, plus que lui, c'était elle qui devrait se préparer à affronter le vice.