Aisément elle se glisse entre les corps, ces identités qu’elle discerne sans tenter de distinguer. En art parmi l’art, il n’existe jamais plus magnifique - ses talons claquent contre le sol et sa démarche la démontre comme une habituée à ce genre d’évènements. Malgré ses traits trop fermes qu’ils disent - elle trouve parfois la grâce dans le contemplation des oeuvres, les Hommes ont toujours été doués pour représenter la beauté sous d’autres formes, plus artistiques qu’eux-même. Mais il y avait toujours ce petit quelque chose de détestable, dans ce genre d’évènements ou trop de foules embrasent et dérangent.
Les présences étaient des parasites, et Mnemosyne appréciait le silence qui émanait de longues minutes d’admiration. Alors, quand elle se tient droite, admirative d’une énième oeuvre face à elle, elle se suspend un instant aux tonalités d’une voix qu’elle n’est pas persuadée de connaître. Et pourtant, son visage s’éveille lorsqu’elle distingue enfin son interlocuteur.

— Oh, Cavendish ! Tout n’est peut-être pas bon à jeter ici. Expressive d’une commodité qui se fait rare, alors qu’elle désigne en gros sous-entendus tout ceux qu’elle juge comme moindres, moins que rien - bon à jeter peut-être. Trop surprise et égayé qu’elle en a oublié de le remercier pour cette gracieuse éloge. Vous me flattez. Songez-vous cet artiste capable de capturer mon authenticité de la sorte ? C’est bien louable. Toujours plus sûre d’elle, peut-être même certains la disent-elle trop arrogante.
Mnemosyne est juste persuadée de sa valeur ; elle ne présente pas ce besoin de la rappeler encore et encore au monde. Il n’empêche qu’elle n’était pas non plus déroutée de ne pas avoir été présentée. Face à elle, elle distinguait pourtant son identité, bien qu’elle ne réussisse qu’à donner un nom à ce charmant visage.
Un nom, bien avant d’être une identité.

Et droite dans sa tenue, élégante dans son chant ; elle s’élève à l’écho de son propre nom. Mnemosyne Lestrange. Il est toujours très agréable de se présenter soi-même, personne ne remet jamais en question votre valeur. Comme ils le doivent. C’était évident, et son regard aussitôt dérobant le sien finit par parcourir les oeuvres aux alentours. Appréciez-vous ce que vous voyez ? Oh ! Je parle des oeuvres, bien évidemment. Des oeuvres matérielles, que l’on peut simplement admirer pour leur immortalité. À moins d’être brûlées, elles ne faneront jamais, elles. La beauté de l’Homme elle, était éphémère ; c’était peut-être ce qui la rendait si spéciale.

Elle a l’assurance d’un peuple entier et sa démarche détonne dans l’assemblée. Ses courbes se glissent parmi les corps et elle se plaît à contempler les Hommes et les arts ; tous deux sont souvent de pair. Mais elle a trouvé bien plus à son goût, lorsqu’il quémande des doigts sa main ; qu’elle lui offre aussitôt sourire aux lèvres. Elle a le goût de ce qui est ravissant, Mnemosyne, de ce qui est conforme dans sa délicatesse et dans sa force.
Elle appréciait aussi la bonne compagnie, les belles paroles que l’on tissait, peu importe si c’était pour avoir ses louanges ou simplement pour converser.
C’était l’art pour l’art, et rien ne dérogeait à la règle. Tout était si plaisant - bien plus encore à ce baiser qu’on dépose au dos de sa main, car qu’il était bon d’être aimé. D’être regardé ou bien même désiré.

— Tout le plaisir est pour moi, voyons. Qu’elle ne le quitte des yeux, ayant saisi presqu’instantanément toute la beauté qui composait son portrait. Et ses mots la flattent, sans doute bien plus qu’ils ne le devraient. Vous savez manier l’art des mots - dit-on que vous ne dérogez pas aux règles de l’art, vous non plus. Qu’elle sourit, s'éprenant de ses belles paroles de la façon dont elle admirait les œuvres. Elles étaient toutes subjuguantes à leur manière - et en contemplant l’aisance de ses mots, Mnemosyne avait sans doute trouvé sa préférée.

— Et elles le restent. Belles car elles ne sont pas éphémères. Certains trouvent la beauté dans l’éphémère. Mnemosyne était effrayé que sa beauté ne soit pas éternelle ; parce qu’elle se savait belle et qu’elle aimait se trouver belle, simplement. Peu importe ce que l’on pouvait songer d’elle. Tant qu’elle se plaisait - pourtant certains aimaient l’authenticité des choses éphémères, et il était vrai. L’on a tendance a bien plus apprécier ce qui est éphémère, c’est la véritable beauté. Celle qui dissocie les oeuvres des Hommes. Ça lui plaît Mnemosyne, de pouvoir en parler ; ça lui plaît, l'art et la contemplation. Sans doute bien plus que toutes ses autres foutaises.

— Vous m’avez l’air d’une bien ravissante compagnie. Je vous en prie. Qu’elle accorde, l'œillade ravie. Si elle avait besoin de compagnie, elle espérait bien qu’il s’agisse de lui ; il avait les mots délicats et l’attitude plaisante.