version courte ici:

Lorsqu’on ne naît pas dans les choux, les pétales de rose étouffent et vous noient.
C’était son cas.

Cassidan s’est pas vu naître et il n’aurait pas vraiment voulu être là. Il aurait préféré tomber dans d’autres bras - mais c’étaient ceux de la servante de sa mère qui étaient à sa réception.
Sous l’oeil attentif du Seigneur, Cassidan est né dans une riche famille presbytérienne - où la religion faisait foi. Enveloppé dans le velours et le satin dès le berceau, il aurait pu devenir quelqu’un de grand - quelqu’un de pédant, aussi.
Mais il eut le malheur de se sentir à l’écart depuis qu’il a fait ses premiers pas. Comme si l’enfant qu’il était savait déjà qu’il faudrait fuir - et qu’il fallait marcher rapidement.
Les années s’étaient écoulées pourtant en douceur - sans pression.
Jusqu’à ce que les roses s’enroulent autour de sa gorge pour le noyer de leurs pétales.
Il paraît qu’être fiancé à l’âge de dix ans c’est une chose qui se fait encore beaucoup - surtout dans la bourgeoise. Cassidan était d’avis à tout renverser.
Les épines pourtant ne l’ont pas laissé s’exprimer.
Il a cru, un temps, que s’éloigner le sauverait, que Poudlard, si réputé, si beau, un havre de paix rêvé, serait la réponse à ses tourments. Que peut-être que ça le libèrerait.
Mais il n’était pas seul à Poudlard.
Il était là, lui aussi, à tout le temps me demander, si j’en valais vraiment la peine ? Si j’étais à la hauteur ? Et comment ne pas douter quand je ne suis qu’un éclat de verre sur une plage de sable fin, prêt à blesser à tout moment, incapable de m’adoucir car trop éloigné de l’océan ? Comment ne pas détruire lorsque je ne suis que feu, lorsque je me brûle en permanence de mes propres pensées ? Il avait raison et il avait tort, et mon esprit hurlait, hurlait sans arrêt, de ne pas tomber dans son filet endiablé, de me réveiller du cauchemar de ses yeux qui me hantaient.
Mais comment oublier le regard dans le reflet ?
Les années ont coulé. Dures. De plus en plus dures. Et Cassidan faiblissait, réalisait, comprenait. Trouvait.
Et lorsqu’il avait annoncé, décidé, il avait été enfermé. L’été de sa troisième année s’était noyé dans le tourment, sous les tortures incessantes, physiques, mentales. Les larmes ne coulaient plus, le sang le faisait mieux.
Ploc, ploc, ploc, que faisaient les intraveineuses régulièrement, remplaçant le temps.
Un été, deux étés, trois étés, que se répétaient les voyages.
Il aurait pu mentir, mais on lui a appris que c’était un péché.
Alors il a fui. Il a fui et s’est terré, comme le font les sans-abris, dans des cartons, dans des allées, dans les ombres et dans la nuit.
Londres a été son lit, son toit, son assiette, sa vie. Il en connaît désormais le moindre abri.
Et il s’en est sorti.
Pas après pas il s’est relevé, redressé, il est même devenu apprenti - et lorsque les choses se sont réellement améliorées, il s’est hissé plus haut que jamais il n’aurait rêvé.
Mais aucun rêve réalisé n’a jamais étouffé les cauchemars du passé.