▬ Avalon, né Amarante (d’un prénom qu’il blâme désormais autant que le reste) est né en Allemagne au sein de la famille Von Rosenwald, ancienne famille noble de sorciers d’origine allemande, qui avait fut un temps le sang pur. Elle tenait son nom des immenses jardins de roses qui entouraient les manoirs de la famille, ou peut-être étaient-ce les roses qui tenaient leur nom.


▬ Cependant ce qu’on ne révèle pas dans les grands titres c’est que les Von Rosenwald sont en majeure partie des produits façonnés d’une doctrine toute nouvelle, voir florissante ; secte qui s’efforce à endoctriner Avalon et son plus grand frère dès que l’âge les rend capables de comprendre, ou dès qu’ils sont assez candides. Au sein de celle-ci on idéalise les hybrides, créatures magnifiques et fabuleuses. La présence d’Avalon est une bénédiction, et ainsi ses parents songèrent qu’il était fabuleux d’avoir une descendance hybride. 


▬ Jamais totalement envoûté par cette fascination étrange que ses parents et la secte avaient envers les créatures hybrides, Avalon se prête à suivre une vie qu’il pensait sans encombres. Sa scolarité à Beauxbâtons se déroulent sans encombre et il est envoyé à Notos, si la réputation de sa famille n’est pas laissée sur le bas côté, Avalon réussi à s’y faire, l’espace d’un instant ; ça ne durera pas longtemps.


▬ L’année de ses seize ans est bouleversé, quand ses parents lui arrangent (grandement contre son gré) une relation avec un être de l’eau, espérant qu’il en découle l’arrivée d’un enfant. Leur fascination n’était qu’à ses prémices ; ils avaient déjà plus tôt, envoûté son plus vieux frère dans ce tourment et pour ce dernier, il était presque légitime qu’Avalon y passe aussi. Mais la fascination est bien loin d’être réciproque, et la confrontation sexuelle est aussi latente qu’immonde pour lui. Plongé contre son gré auprès d’un corps qu’il n’aime pas - avec son propre corps qu’il blâme, son tourment est lourd et après coup, il en a énormément vomi, et fait beaucoup de cauchemars. Pourtant, il ne lui en a pas fallu plus pour comprendre ce qu’il devait faire ; et aussi bien incertain qu’effrayé, il fit en sorte que l’enfant ne naisse jamais. 


▬ Se moquant de la volonté de ses parents, Avalon a répété chaque jour, observé sa silhouette (qu’il détestait) en priant pour ne jamais percevoir l’ombre d’un changement. L’idée d’un ventre qui grossissait le terrifiait et il en vomissait beaucoup, si bien qu’il croyait avoir échoué. Si les vomissements ont amené à croire les Ronsenwald qu’ils avaient réussi, ils se trompaient.


▬ Bien qu’il dissimulait tout ce qu’il avait opéré, Avalon savait que le jour arriverait ; celui où il serait contraint de se rendre à l’évidence. Ses parents l’avaient toujours chéri, mais ils ne l’avaient jamais vraiment compris ; Avalon était persuadé qu’ils lui pardonneraient après coup. Il s’était définitivement trompé.


▬ Quand les Rosenwald se rendirent compte des actions d’Avalon, il était déjà trop tard. Là où il s’attendait à se faire crier dessus, il obtient bien pire ; on l’enferma dans une pièce ridicule et mièvre. La même dans laquelle il n’avait pas lutté il y a quelques mois ; Avalon n’était pas triste sur l’instant. Il avait réussi mais une partie de lui était déjà morte, en cet instant. On dira d’Avalon “meurtrière” pour un enfant soit disant tué de sa cruauté. 


▬ La punition se fit longue et quand seulement Avalon sortit, c’était pour se rendre compte qu’il s’était senti définitivement trop seul. Les anciennes attentions de ses parents ont été remplacées par des insultes grotesques et Avalon n’avait qu’un seul endroit où il était persuadé d’être accueilli ; les bras de son frère. S’il savait à quel point il s’était trompé.


▬ Il avait l’impression que ça faisait des années qu’il ne l’avait pas serré contre lui ; son étreinte autrefois si chaleureuse était pourtant devenue glaciale et Avalon se demandait s’il s’agissait bien de lui. Alors qu’il fondait en larmes dans ses bras, désespéré de savoir qu’il l’avait abandonné à son triste sort, il ne reçut en retour qu’une gifle et un venin déroutant au visage. À ses yeux - Amarante comme il aimait l’appeler, n’était qu’une incapable ; elle  n’avait qu’à subir comme il avait subi, pourquoi y avait-il fallut qu’elle soit si égoïste ? Pourquoi n’avait-elle pas réfléchi ? Pris d’une rage incommensurable, ce soir-là, Avalon se souvient des mains enserrées autour de sa gorge devenue violacée. Il avait cru mourir instantanément ; mais plus que tout, il s’était senti désespérément seul, et abandonné.


▬ Les jours suivants furent bien plus complexes, notamment à Beauxbâtons. Avalon eut seulement le mérite de reprendre une scolarité droite loin des idéologies crapuleuses de ses parents, qui avaient totalement abandonné d’autres tentatives. Pire encore l’avaient-ils presque totalement rayé de leur existence, lui laissant simplement de l'ignorance. À l'école, l'on donnait déjà une certaine réputation à son nom. Avalon surprenait pourtant par son détachement à ses idéologies parfois incomprises envers ce fétichisme étrange pour les hybrides, mais certains des élèves l’évitaient tout de même pour cette raison. Avalon réussit malgré tout à mener une scolarité poursuivie jusqu’à un DEMA de technologies magiques. 


▬ C’est pourtant un peu plus mal à l’aise qu’il séjourne au manoir des Rosenwald jour après jour. Le quotidien se fait complexe et pourtant, leur doctrine semble s'agrandir - trop vite, trop facilement. Avalon se déchire à chaque pas dans la maison, et ne rêve que de s’envoler loin d’eux, jusqu’à revenir lorsqu’il sera persuadé de pouvoir brûler le manoir. Il part pour Londres un beau jour, sans dire au revoir, conscient qu’il a les bagages nécessaires et avide de liberté il s’envole. 


▬ Avalon tuera définitivement Amarante les premiers mois de son arrivée à Londres ; il y tue son corps, il y délaisse son âme abîmée. Sur son corps, il redessine ses traits, ses ossements parfois. Il les imagine, les remodèle. Son corps se restructure à la suite d’interventions médicomagiques et il accélère le processus lui-même par la prise de potions. À ses yeux il n’a jamais été femme, et Amarante n’est qu’une entité morte depuis sa naissance. 22 ans qu’il a opéré dans un corps qui n’était pas le sien ; Amarante n’était née que pour mourir de toute façon.


▬ Quelques temps plus tard, il apprend à travers les journaux que les membres de la secte, majoritairement des Rosenwald, ont été arrêtés pour leurs actes, considérés comme malsains et dangereux, notamment parce qu’ils ont mis en danger le secret magique. Cependant beaucoup de jeunes enfants, ou jeunes adultes - de part leurs témoignages, ont été considérés comme victimes et n’ont donc pas eu de suites propres. Au fond de lui, quand il repassait ses mains le long de ce cou qui avait été remodelé, il espérait qu’il en faisait partie. C’était son frère, après tout. Les jours suivants la publication, Avalon a été assailli par les questionnements ; il avait tué Amarante, mais Von Rosenwald entachait toujours son nom. Aux questions, il n’a rien répondu ; seulement des grondements et du venin. Tout ça a duré un petit moment, le temps que l’affaire se tasse ; à Londres, on a bien vite oublié tout ça mais certaines victimes ont écrit des livres sur leur vie à cette période où le nom d’Amarante était énoncé. Avalon en a acheté les exemplaires et les a lus, puis il les a brûlés. 


▬ Bien que persuadé qu’il peut reprendre une vie qui est la sienne, la rancœur d’Avalon est plus vive qu’elle ne le semblait. Son esprit se sied d’une âme vengeresse qui est la sienne - motivé et confirmé dans l’idée que plus personnes ne lui mettra jamais de chaînes. N’est-ce-pas ? L’enfant est morte - il ne reste qu’une âme vengeresse et si elle a déjà anéanti ceux qui lui ont glissé les menottes, elle anéantira ceux qui s’y tenteront à l’avenir. 


▬ Contempler ses changements élaborés grâce à la magie et à la science moldue l’ont également aspiré dans un monde bien au-delà de la simple intrigue. Envoûté par ce que ce cocktail de technologie, science, et magie ont fait de lui (ce qu’il avait toujours rêvé d’être, finalement) Avalon est persuadé que plus grand est encore en suspension. Jour et nuit il cherche, apprend ; s’enivre de connaissances et invente à son tour, pour tous ceux qui n’ont pas cette chance. L’espace d’un instant, quand son nez est plongé dans les livres et les matériaux, il n’est plus cette âme vengeresse qui crache au visage de tout le monde - il se sent calme et serein. Une plénitude astrale qui lui est propre, un monde à lui que personne jamais n’empiètera plus. Avalon a tué l'enfant calme et trop candide et désormais il gronde à sa place - parce qu’il est libre mais que son nom lui colle trop encore à la peau. Avalon avait tué l’enfant - pour sa liberté. Il avait contrarié sur son chemin, tous ceux qui devant lui, face à lui, s’étaient interposés. Il n’avait laissé que des ossements, de peines emprisonnés. C’était inévitable, après tout.