walk through stained glass I'm living so far away Careful, fearful, I push against you higher Careful, fearful, I push the other way (ft. jasper / musique)

Elle aimerait dire que la soirée se déroulait comme à son habitude. Elle aimerait dire qu'elle s'attelait à son rôle de bartender, préparant les boissons et satisfaisant la clientèle. Elle aimerait, mais pourquoi prendre la peine de mentir.
Peut-être que son job allait se finir.

Un soupir passe ses lèvres alors qu'elle prend une dernière bouffée de sa cigarette, savourant l'amertume dans sa bouche, la fumée qui y reste avant qu'elle ne la souffle dans une respiration continue. Le froid de décembre lui mord le visage. Elle n'avait pas été sage. Elle avait merdé. Elle espérait que son débordement serait tenu secret, mais il fallait bien qu'il remonte à la direction.

Ca lui apprendra à protéger Abel.
Toujours une connerie à faire.
Elle n'apprend donc jamais.

Elle se doute aussi que son attitude à l'égard de quelques employés n'était pas vue d'un bon oeil, malgré ses efforts de rester... politiquement correcte, disons ça comme ça. Elle fait demi-tour après avoir écrasé le mégot du talon de ses docs, retournant à l'intérieur du club. Connaissant les lieux par coeur, c'est pourtant un manque de familiarité qui la guette quand elle va dans les locaux où on l'attend.

Son poing contre la porte, mesuré mais sec.
Attend la réponse avant d'entrer.
Ferme la porte derrière elle.

Le dos droit, le visage froid et impassible, comme à son habitude. Petite mais fière, les épaules détendues mais soutenues, elle t'observe. Feinte à peine l'ignorance à sa question qui n'est là que pour faire bonne mesure.

Vous m'avez fait demander ?

Bien sûr que oui, sinon elle ne serait pas là.
La question, c'est quel sera
Le dénouement de cette discussion.
Est-ce qu'elle sera toujours là ?
Ou est-ce que tu auras choisi de la virer ?

Que sera, sera.

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Elle n'avait jamais eu de remords.
Pour avoir brisé, pour avoir fait souffrir et torturé. Pour avoir été vile. Pour avoir harcelé. Pour avoir menti et pour avoir haï. Pour être devenue qui elle est. La culpabilité ne l'avait jamais éprise. Et elle n'avait jamais connu qu'un seul regret. Le jour où elle a tourné les talons, loin de l'école qui tenait son rêve. L'école qui hébergeait celui qu'elle avait failli tuer.
Le regret de s'être ratée.
Sa vie serait tellement plus simple.
Un meurtre, c'était peu cher payé.

Mais c'est toi qu'elle regarde. Ancrée dans le présent, une position solide qui ne fléchit jamais. Mains dans le dos, presque comme à l'armée. Pourtant loin d'être le petit soldat que tu voudrais contrôler. Une amiable coopération. Pour l'argent et un lieu de paix. C'était tout ce qu'il en était.

Quelques pas et elle s'assoit sur la chaise faite pour la recevoir. Elle jette à peine un regard au thé et à la nourriture qu'elle ne touchera pas. Elle ne boit pas de thé. Elle n'aime pas manger. Elle n'est pas là pour taper une conversation amicale et grignoter.

Je sais, oui.

Pour être employée de l'année, qu'elle se retient de dire.
Sans son écart, ça aurait pu être vrai. Une travailleuse modèle et assidue. Elle espère que sa prime tiendra malgré tout. Il manquerait plus qu'Abel ne lui coûte de l'argent. Ca serait le comble. Tu la toises, elle qui te regarde sans peur ni loyauté. Ce n'est pas ton nom, ton sang ou ton statut supérieur qui la ferait trembler. Ou qui te vaudrait du respect. La politesse, c'est ce qu'elle est prête à t'accorder. C'est déjà beaucoup, tu sais. Presque un élan de générosité. Tu lui demandes sa version et elle hausse brièvement les épaules.

Un client bourré a mis ses mains sur un client non-consentant. Le bar et la piste de danse étaient bondés. La sécurité était loin. C'est pas des mots qui allaient le résonner.

Elle n'a pas fait ce qu'il fallait mais ce qu'il lui semblait falloir faire et elle ne s'en cachait pas. Elle ne prétendait pas être un héros. Elle ne prétendait pas être la justice. Elle ne prétendait pas être juste.
Simplement elle.
La tête qui se penche à tête, c'est elle qui te relance.

Mais je suis sûre que vous le savez déjà. Et que vous avez déjà une opinion.

Après tout, comme elle l'a dit, le bar était plein.
Des témoins, il y en avait à la pelle.
Et sa parole n'était que ça - sa parole.
Autant dire qu'elle ne valait rien.
(Un peu comme elle, hein.)

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Sourcil haussé.
T'étais là pour blâmer les autres ? Pas elle ?
Hmm. C'est pas elle qui allait s'en plaindre.

Allons bon.

Ni surprise ni déçue. Elle ne fait pas confiance à ses collègues.
Hermès, peut-être, à la limite. Et encore.
Elle ne nommera même pas le gnome qui s'occupe de la plonge. Déjà qu'elle ne supporte pas de l'avoir dans le même établissement - voire ville - qu'elle, manquerait plus qu'elle ne lui accorde un brin de sa confiance. On ne s'entiche pas des nuisibles. (Si tu savais, pourtant. C'est déjà fait.) Mais tu t'occuperas, plus tard, de ce chien qui a tenté de te duper.

Bien agi.
Non, vraiment pas.
Mais qui est-elle pour te corriger, si tu le prends comme ça ? L'accident est clos, son job est sauf. Que demander de plus ? Que vas-tu demander de plus, surtout. Si tu avais juste à lui dire qu'au final, elle ne risquait rien... Elle ne serait pas là, n'est-ce pas ? Elle les connaît, les gens comme toi. Quand on a traîné avec des rats toute sa vie, on repère même ceux qui se pensent être rois.

Vous m'en voyez ravie.

Pourtant son visage est de marbre.
Pourtant son ton est monotone.
La joie n'a pas vraiment l'air de la submerger. Pas quand elle sait que ce n'est sûrement qu'une perche tendue pour mieux la faire sauter. Elle ne te toise pas - ne veut pas être trop évidente. Pourtant, ça se sent. Pas méfiante - quoi qu'un peu - mais surtout dubitative. Finalement, le sujet tombe. Elle retient un soupir. Ses observations contre sa prime, hein.

C'est pas comme si elle avait un sens moral.
Vendre les gens qui ne font pas leur travail ne lui fera pas de mal. C'est plutôt elle qui leur en ferait, s'ils tentaient quoi que ce soit.

Qui serait contre un treizième mois.

Un constat, pas une interrogation. Surtout dans les ruelles où ils travaillent, l'argent est soit sale soit négocié. Il n'y a pas de question d'intégrité. Elle croise les jambes - prend ses aises. S'il y a quelqu'un dans ce club qui sait des choses à part toi, c'est elle. Les oreilles de ce club. De la piste de danse au bar, elle entend tous les ragots - avare. Dans cette antre sans violence, sa puissance est son savoir.

Posez vos questions, j'y répondrai.

Et si elle doit vendre quelques coéquipiers...
C'est bien peu cher payé.

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Ce n’était qu’une question d’affaires.
Bien. Ses conversations préférées.
Celles où il n’y a pas besoin de morale et d’humanité. Une simple question de nombres, de noms, d’informations à concentrer. Et des noms, il y en a à donner. Et si elle donnerait le nom de ce petit saligaud de Grace juste pour le pourrir, elle sait rationnellement que ce n’est pas une bonne idée. S’il n’y a pas de preuves, elle n’ira pas en fabriquer. Ca serait trop facile à démonter. Alors elle se contente des noms qu’elle connaît. Des informations qu’elle a pu récupérer. Des murmures qu’on a pu lui soupirer. Autour d’un verre. Les gens venant s’empoisonner de leur propre choix et se livrer à elle sans qu’elle n’ait rien à demander.
Ce qu’elle adorait son métier.
Et tu semblais l’aimer tout autant.
C’est pratique, pas vrai ?
La liste de Schindler, version collabo.
Après tout, vous n’étiez pas des héros.
La suite de la conversation bifurque dans un sens qu’elle n’avait pas vu venir. Des ambitions. C’est que sa carrière derrière un bar est assez limitée. Il y a longtemps elle rêvait d’être auror. Puis elle a rêvé de tuer. Pas le genre de fabulations que l’on livre à son patron. Elle t’observe, sans honte, alors que tu erriges son portrait.
Mais c’est que tu te rapprocherais de la vérité.

Effectivement.

Toujours la salive qui se conserve, comme si chaque mot lui coûtait.
Tu es au courant, aussi, qu’elle n’apprécie guerre la majorité de tes employés. Pas que ça soit un secret. Bien qu’elle tente de ne pas déraper. Ou du moins, pas trop. Grace particulièrement lui tape sur le système et elle doute qu’elle ne sera jamais polie avec lui. Les risques du métier. A vouloir s’inclure dans un milieu comme un microbe dans le système immunitaire, il savait dans quoi il s’engageait.

Hm.

Bref bruit circonspect. Elle te toise à son tour.
C’est que, des marchés, ce n’est pas la première fois qu’on lui en propose. Et comme tu le dis, elle ne compte que sur elle-même. Dans ses yeux se lit la méfiance.

Ca dépend. Mes limites se moulent à l’intérêt que j’aurai pour vos propositions.

Le champ des possibles.
Le sens moral ? Pourquoi s’y limiter.

Il faut que le jeu en vaille chandèle.

Et surtout.

Pas question non plus de me faire couillonner parce que vous êtes mon patron et que ça puisse mettre mon job sur la ligne. Je ne veux rien contracter d’employé à employeur.

Un marché en dehors de leurs étiquettes.
De Cain à Jasper.
A armes égales.
Qu’elle puisse te poignarder autant que tu ne risques de le faire.
Pas prête à te laisser magouiller facilement.
C’est qu’elle se montre rustre et défiante…
Elle s’en cache bien - mais à n’en point douter, elle est intelligente.
Il le faut bien, tu sais.
Survivre au milieu des rats, ce n’est pas une histoire de détente.
A défaut de celle qu’elle pourrait rapidement presser.

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Le travail mis hors de portée.
Bien. Elle savait pourtant qu'il n'en était rien.
Si tu voulais la virer, tu trouverais une raison.
Et si tu avais une raison pour la virer, tu le ferais.
C'est ainsi que le monde fonctionnait.
Ce n'est qu'une belle promesse qui au fond ne disait pas grand chose de l'accord qui se déroulait - juste que si tu voulais être sournois, tu devrais en plus te montrer plus rusé que tu ne l'eus sûrement dû penser.
(Au final, non.)
Elle te filera la raison sur un plateau doré.

Au moins tu n'as pas l'indécence de sourire. C'est que les frivolités l'agacent. Elle n'est pas ici pour se jouer de la bienséance. Elle n'en a ni le temps, ni la patience. Vous semblez du même acabits. Dur de dire qui d'entre vous est le pire - elle n'aime pas trop ça. Ca rend la chose plus sinueuse et hardie. Elle passe un coup d'oeil sur le nuage de fumée que tu formes. Elle se tient droite, et rien dans son attitude ne le laisserait paraître.

Mais elle s'en grillerait bien une.
Soupir discret à la pensée.
L'utile à l'agréable.
Justement, elle y pensait.
La cendre tombe comme la sentence de votre échange - le ciel et ses confins sont les limites de ce que tu pourrais avoir à gagner. Elle sait très bien que peu importe ce qu'elle fera, l'échange sera biaisé.

Il suffit d'avoir ton nom pour qu'il n'y ait pas d'égalité.
Sans compter ton sang, ou la fortune qui y est apprêtée.
Alors c'est avec culot qu'elle répond - le ton plat, sans hésiter.

Tout.

Décroise ses jambes seulement pour en changer.
Le regard d'une froideur qui ferait trembler.
Les limites ? Elle n'en a jamais eu.
Ce n'était pas prêt de commencer.

Tout service s'achète.

Et plus la moralité baisse, plus le risque augmente - tout comme le prix.
Ta question était, quel était le sien ?
La sienne était, de quoi aura-t-elle besoin le jour où elle n'aura plus rien ? Car il n'est pas question de savoir quand les choses iront mal - mais que faire quand ça finira forcément par arriver.
Elle sait qu'un jour où l'autre,
Sa quiétude sera enterrée.
Et elle devait s'y préparer.

Alors elle prend quelques secondes, à tête reposée.
Se dissocie de la conversation pour peser ses options.
Elle avait l'intelligence, il lui manquait les ressources.
Se relever, elle en était capable. Non, ce qu'il lui fallait, c'était...

Une porte de sortie.

La sécurité de pouvoir devenir une ombre.
Elle remonte ses yeux dans les tiens.

Admettons...

Prévoyons.

Que j'ai besoin de disparaître.

Aux yeux de tous.
Peut-être même de la justice.
Peut-être même des aurors.
Probablement du monde.

Je veux la garantie que ça puisse se faire sans accroc.

Certains demanderaient des richesses.
Certains demanderaient la gloire.
Certains demanderaient le pouvoir.
Elle n'en voulait rien.
Elle ne voulait que pouvoir vivre un autre lendemain.
De préférence, loin des barreaux.

Je veux être intouchable.

Et si ça signifie vivre dans les recoins d'une vie, elle s'en contenterait.
Ce n'est pas comme si elle ne trouverait pas un jour le moyen de reconstruire un empire. On peut toujours rebâtir des ruines - mais si elle n'a plus de tête sur ses épaules, personne ne pourrait le finir.
Alors elle a ses priorités.
Reste à savoir...

Si tu es prêt à l'accepter.