Son mal de tête est tonitruant, torturant et criant. La faute à l'alcool, ingurgité la veille comme pour se laver de sa dernière journée en tant que langue-de-plomb (de la semaine, pas de l'année), pour effacer toute trace du chien du ministère qu'il pourrait être, mais n'est pas. Parce que le département des mystères est à part, presque comme un tout autre monde (certains diraient même plusieurs), enfoui dans les tréfonds du cœur dirigeant de la région. Il s'est saoulé, pour oublier les murmures du voile qui hantait ses pensées, l'empêchait de se reposer.

Et maintenant il en paye les frais, ayant juste envie d'un café. Bien corsé. Et pourtant, il empile dossiers sur dossiers, consultations après consultations, se noyant dans son travaille, se surprenant à apprécier aider, et rassurer. Ça lui rappelle les années passées à réconforter et aider les élèves dont il avait la charge à Durmstrang.

Toi aussi, tu sais, tu lui rappelles ses élèves. À le suivre sans oser t'aborder, plus ou moins discret dans ton aventure. Il te sait dans ses pas, aux regards interloqués (parfois même amusés), de vos collègues de la journée. Et pourtant, il parvient à t'oublier, déconcentré par des dossiers, par des idées, par ses pensées.

Si bien que quand il réalise un demi-tour (pour un dossier oublié, putain que ça le fait chier), vous voilà nez-à-nez (aussi bien littéralement que physiquement), son cœur bondissant hors de se poitrine. Il s'est retourné dans son angle mort, et te voilà là, le peignant d'une surprise réelle mais pas nouvelle.

Et ta voix qui t'échappe, suivit d'une question maladroite qu'il lui arrache un sourire amusé, la surprise étant passée, et son palpitant qu'il tente de calmer.


"Oui. Monsieur Catwright c'est ça ? Vous êtes membre du service de Miss Bishop."


Oh, ne soit pas surpris. Vraiment, sa mémoire, c'est tout ce qu'il a pour lui ces derniers temps. Son visage habituellement charmeur et fatigué, tiré et marqué, comme s'il n'avait pas eu l'occasion de se reposer. Il faut dire que les événements ne cessent de se chevaucher.

Il te fixe, son regard inquisiteur n'ayant lui rien de charmeur. Tu sais, Stian souffre d'une curiosité maladive. Alors forcément, te voir ainsi, devant lui, ça le titille, ça l'attire. Surtout que tu as prit la peine de le traquer, de le trouver.

Alors il fait une note mentale pour son dossier oublié, qu'il ira rattraper à un autre moment de la journée. Parce que désormais, le voilà intrigué, et rien ne peut l'arrêter.

Il t'observe, te dévisage, de haut en bas, de bas en haut, après avoir prit un pas en arrière (parce que t'étais près, un peu trop peut-être). T'es jeune, et t'as pas l'air de vouloir le draguer, alors il est rassuré. Sinon, il n'aurait pas eu de temps à t'accorder, déjà trop occupé à se dépêtrer des situations dans lesquelles il semble ne pouvoir cesser de se glisser.

T'as l'air nerveux à ses yeux, tes dossiers serrés dans tes doigts (fait gaffe ils vont virer au blanc), mais tu l'intrigue par ton calme apparent, ton manque de panique après avoir été prit sur le vif. Voilà qui l'attire, l'intrigue encore plus, cette sensation, cette impression que toi aussi t'es curieux, que t'as des choses à savoir, et qu'il pourrait avoir des réponses à te donner. C'est cette intuition qui le pousse à faire taire la bête au fond de lui, qui n'a de cesse, elle aussi, de poser des questions. Parce que tu paniques pas, parce que la récompense que tu penses pouvoir obtenir est plus forte que la honte qui pourrait subvenir.


Merde alors, c'est vraiment trop intriguant. Même si, bon, t'es un peu flippant. (il y a plus simple que suivre quelqu'un tu sais)


Il te sourit. Ça sonne un peu faux, mais il n'en a rien à faire, Argus, car tu vas désormais subir les conséquences de tes actions, et comprendre ce qu'il arrive quand on chatouille la curiosité d'un démon assoiffé de questions. En grand besoin de distraction.


"Vous me cherchiez, n'est-ce pas ? Puisque vous ne m'avez pas abordé à la machine à café, j'imagine qu'il s'agit d'une affaire privée." Il hausse un sourcil amusé. "Ou bien, compte tenu de la situation, que vous êtes trop timide pour m'aborder."


Il taquine, mais c'est mérité. Tu l'as quand même fait flipper. Il redresse le dossier dans ses mains, ses yeux continuant de te sourire alors que sa bouche est désormais cachée par les papiers, luisant d'une curiosité mal contenue.


"Est-ce que je peux t'aider ?"


Les yeux pétillants, le voilà qui passe du vouvoiement au tutoiement, profitant du couloir sans passant, comme une invitation à s'isoler.


"Autour d'un déjeuner, ou dans mon bureau, c'est comme vous le souhaitez."


Et le voilà de retour, alors que son regard croise celui d'un collègue qui marche au loin. Pas moyen d'être tranquille dans le coin. Il va vous falloir bouger pour pouvoir converser. Et sans même attendre ta réponse, de ses doigts, l'ascenseur est appelé.

Et pendant un instant, il pense à s'en aller, à t'éviter. Car ça fait quand même un peu flipper. Mais sa curiosité, oh, sa curiosité si tu savais. Elle va le tuer.

Plus ça va, plus tu lui rappelle ses élèves d'il y a quelques années, le forçant à retenir son sourire amusé. Et il y pense, d'ailleurs, peut-être qu'il t'a déjà croisé à l'occasion d'une des sorties où il avait accompagné les élèves de Durmstrang.

Bah, peu importe. Tu lui propose du thé et il hoche la tête, prenant place dans l'ascenseur alors qu'il ajoute.


"Tu peux me tutoyer tu sais."


Il le pense sincèrement, mais il a aussi juste envie de te taquiner. Et puis, ta question le surprend. Le figeant légèrement, discrètement (mais pas assez) alors que les portes se referment finalement sur vous, vous emmenant vers votre destination. Il hésite clairement, semblant réfléchir sérieusement avant de finir par soupirer alors que les portes se rouvrent à l'étage demandé, bien heureusement déserté.

Il sourit, abandonnant clairement ses réserves. T'as de la chance d'être jeune Argus.


"D'accord, je vais te répondre comme je peux. Cependant."


Il lui montre sa bouche. Il sait qu'on le connaît comme le consultant qui travaille pour le ministère, mais il n'a pas répandu sa fonction exacte, alors il compte simplement de prévenir.


"J'suis langue-de-plomb."


Sur sa langue, se trouve un sortilège. Tu le sais Argus non ? Ce que son poste incombe, et le sacrifice qu'ils font. Un secret n'en est plus un s'il est partagé. Pourtant, Stian sourit doucement, montrant clairement qu'il souhaite honnêtement répondre aux questionnements du jeune homme sous la coupe de son amie.

Il attend qu'ils soient tout les deux installés, leurs boissons commandées (un café glacé s'il vous plaît), avant de demander, ses yeux brillants de curiosité.


"Quel genre d'affaire privée t'amène dans les pattes d'un chien du ministère ?"


Pas vraiment en faite, c'est l'avantage du département des mystères, cette liberté d'exercer. Mais d'un point de vue extérieur, il sait qu'il n'est pas vraiment mieux que les aurors, tous payés par les même dirigeants, ceux qu'on aime détester.

Il est respectueux de sa fonction, et ça, ça lui fait du bien. Parce qu'il sait que les questions seront moins imprudentes, moins effrontées. Qu'il sera moins limité dans ses réponses et pour assouvir sa propre curiosité.

Il sourit discrètement à la tisane. Ça correspond bien au jeune adulte, dans un sens, et à l'image qu'il donne de lui. Et puis, le pauvre semble déjà assez tendu comme ça.

Il relève les yeux qu'il avait baissé à la mention de famille, son regard perdant un peu de son humour pour être remplacé par du sérieux. C'est toujours plus compliqué quand ça tape proche. Parfois trop.

Il lui laisse le temps de sortir ses mots, d'expliquer la situation, sirotant parfois le café qu'on lui à apporté alors qu'il hoche la tête. Non c'est pas marrant, mais c'est la réalité dans laquelle Argus vit, et la raison pour laquelle il est venu le chercher lui. Alors il ne va pas faire demi-tour maintenant, juste parce que c'est moins amusant que prévu.

Puis il hésite, sa main dessinant des motifs invisibles sur la manche de sa blouse, dans ses pensées un instant avant de lâcher pour toute réponse à sa premières questions vis-à-vis des recherches.


"On y étudie les notions abstraites et complexes."


C'est la réponse qu'on trouverait dans n'importe quel livre, ou même lors des forums de l'emploi pour les jeunes sorciers. Parce que nul ne sait vraiment ce qui se trouve au-delà des portes du dixièmes étages, si ce n'est pour les langues-de-plomb et leur directrice.

Et même si on a l'impression que ça ne donne pas beaucoup d'informations, c'est en réalité la réponse à sa question. Pourquoi ignorer les fantômes quand une salle littéralement dédiée à la mort dans se trouve dans les tréfonds du ministère.

Il hésite à nouveau, semblant pensif avant de poser ses yeux bleus sur le jeune homme.


"Le prend pas mal, mais sans même parler de mes connaissances ou de mes recherches, ou même du fait que j'ai une petite idée de quelqu'un pouvant vous aider…. J'ai l'impression que vous prenez le problème à l'envers."


Il se tait, tentant de peser ses mots pour éviter de le blesser. Ou éviter de taper là où peut-être ils ont déjà cherché. Il passe une de ses mains sur son cou, sale habitude. Marque de nervosité qu'il n'arrive pas à cacher. Il finit par soupirer.


"C'est pas une question de les libérer. Tu ne vas pas libérer quelqu'un qui signe volontairement un agrément. C'est… C'est plus compliqué. Et ça dépend très peu de notre volonté."


Notre volonté à nous les vivants. Le sous-entendu est fort.
Mais encore plus forte, est la vérité qu'il a laissé échapper.
Lui aussi il a essayé tu sais.
D'effacer Sigge.