▌Ce n'est pas souvent que tu fais des folies, Gus, et à chaque fois tu regrettes. Mais pas cette fois. Non. Malgré le froid, malgré les escaliers que tu montes pas à pas, malgré tes bras qui te font mal, malgré la respiration haletante que tu peines à reprendre une fois arrivé sur le palier, et la porte que tu ouvres maladroitement, les bras chargés...

Hohoho!

...d'un tout petit sapin un peu décharné. On dirait qu'il a vu la guerre, et toi aussi. Dans la pépinière.

Jeremy le miroir est choqué. Tu l'ignores pour annoncer fièrement à ton colocataire:

Je l'ai trouvé!
Qu'est-ce que c'est que cette horreur?
Je sais ce que tu vas dire, Beck. C'est pas ce qui était prévu, maiiiis....

Tu marches en crabe dans le couloir, donnant au passage un coup de sapin à Jeremy, qui étouffe une remarque probablement déplacée. Ce qui était prévu, c'était de décorer votre petit appartement pour Noël. Jusqu'à ce que l'un de vous deux réalise qu'il manquait peut-être, éventuellement, un sapin. Tu es donc redescendu à toute vitesse sur le chemin de Traverse pour en trouver un. Un samedi de décembre. Juste avant la fermeture des magasins...

Tous les sapins moyens étaient partis, les grands étaient trop chers et celui-ci était tout seul dans son coin, il m'a fait de la peine...
On ne fait pas la charité ici.
Bon, Jeremy ça suffit... tu t'es regardé? Pas besoin d'être jaloux d'un sapin...

Le miroir hanté rétorque quelque chose mais tu l'ignores, à force, on s'y fait. Tu poses ta trouvaille en plein milieu du salon et tu te redresses, mal au dos, mais fier de toi. Les mains sur les hanches, tu admires le bébé sapin.

Il est moitié moins grand que toi.

Il est mignon, hein?

Est-ce que tu viens d'adopter ce sapin comme ton fils? Oui.

▌Tu te redresses légèrement en faisant craquer ton dos après la petite tape de Beckett. Bébé sapin a droit à son inspection, en bonne et due forme. Spoutnik garde ses distances, mais si Beck est ok, il sera accepté à la majorité. Les objets hantés ne comptent pas. Tu attends le verdict. Tu ne peux pas t'empêcher de sourire fièrement. C'est marrant comme ce sapin aux allures de buisson a tout de suite conquis ton cœur. Il ferait presque de l'ombre à ton ficus. Presque.

On pourrait le mettre entre nos deux plantes. Ça fera une petite forêt.

Rêve pas non plus... T'es content que Beckett l'acceptes, en tout cas, et tu t'écartes pour qu'il puisse lui mettre sa guirlande lumineuse. Il va être glorieux, ce petit sapin! En te retournant, tu vois qu'en ton absence, ton colocataire avait commencé à installer le Q.G. pour mater un bon vieux film de Noël: chocolat, tasses, les plaids sont là... Tu lâches un petit soupir de contentement. Après la virée dans le froid et la foule, c'est très réconfortant. Tu te diriges dans la cuisine pour faire chauffer un peu de lait pour les chocolats, tout en réfléchissant au choix du film.

Mmh... j'avais pensé à ce film avec le chien japonais qui est super loyal à son maître, là... mais à tous les coups ça va être triste. On peut tenter un classique? Le Grinch ou... de l'animation? Le Pole Express?

Tu te rends compte, en posant la question, que tu ne connais pas trop ses goûts en la matière, ni même concernant Noël tout court en fait. Vous aviez décidé de décorer un peu l'appartement, mais tu ne t'étais pas demandé si Beck avait l'habitude de fêter différemment de toi. Il avait peut-être des traditions typiquement islandaises? Il faudrait que tu lui poses la question.

Quelque chose de rouge sort en roulant de sous le canapé et tu manques trébucher. C'est Spoutnik qui joue dans une déco chaussette. Tu n'essayes même pas de la récupérer. Ce que Spoutnik touche est à elle. En revanche tu te penches sous Olga pour vérifier si, par hasard, d'autres décorations ne se seraient pas perdues là-dessous. Il y a deux petites boules de Noël rouges (aucune idée où est le reste, t'en avais une boîte pleine...) et une guirlande striée de rouge et de blanc. Tu te redresses en la récupérant, mais Spoutnik, complètement possédée (par l'esprit de Noël) se jette dessus pour jouer. Tu tires légèrement dessus pour la faire lâcher, bien sûr, ça a l'effet complètement inverse. Tu te redresses, dépité.

Beckett, range ta fille stp.

▌Maintenant, même le ficus est pimpé. Tu lances un regard approbateur au travail de Beckett, avant d'entrer dans ta chambre pour prendre le carton que tu as ramené de chez tes grands-parents. Ta grand-mère a enfin accepté de faire du rangement dans ses innombrables décorations de Noël, et dans le lot, elle avait aussi beaucoup de dvd. Comme tu l'as aidée, elle t'a autorisé à récupérer les vieux films dont elle ne voulait plus. C'est dans ce carton-là que tu penses trouver l'inspiration pour votre visionnage.

Ouais! En gros, le pitch, c'est un train qui s'arrête chez les enfants la veille de Noël pour les emmener voir le Père Noël et... évidemment ils montent sans poser de question, c'est un film quoi.

Pas très crédible dans la réalité. Surtout quand un train passe la nuit, sans que les parents ne se réveillent... aucun enfant ne trouve ça louche, ils montent tous et ensuite ils ont des chocolats chauds. Pas suspect DU TOUT. Tu ne te rappelles pas du scénario en détail, probablement qu'il ne t'avait pas marqué tant que ça, mais ça vaudrait mille fois un de ces films que tu regardes chaque année dans ta famille.

Le 25 avec mes cousins, c'est toujours soit Maman j'ai raté l'avion, soit L'Étrange Noël de monsieur Jack...

Tu essayes de ravaler un soupir agacé. La tradition, parfois... mériterait d'être dépoussiérée. En parlant de dépoussiérer, Spoutnik a visiblement décidé de servir de serpillière tandis que tu tires sur la guirlande, le furet accroché de l'autre côté qui surfe sur le parquet du salon. Sur les conseils de son père, tu les traînes tous les deux en direction de bébé sapin pour le décorer.

Elle est mignonne mais tu aurais pu lui apprendre la notion de propriété personnelle et tout ça...

Tu sais que c'est ridicule, bien sûr, non seulement Spoutnik est un furet, mais en plus c'est la fille de Beckett. Tu accroches un bout de guirlande, Spoutnik prend ça comme un défi personnel et s'applique à défaire ton travail en commençant par le bas. Tu essayes de ne pas râler. Ton colocataire de son côté a réussi à mettre les lumières et il finit de s'occuper des chocolats chauds quand tu décides de laisser tomber. Tu te traînes sur le canapé en remerciant Beckett pour la tasse, puis tu jettes un regard suspicieux en direction du sapin, où Spoutnik continue de jouer. La fille de ton colocataire et ami n'a pas intérêt à faire tomber ton fils à toi. Bébé Sapin.

Tu secoues la tête à sa question:

Une partie. Mes cousins, c'est facile: William un bon pour un massage, Winter un livre, Billy un jeu vidéo, les jumeaux des Lego. Mon oncle et ma tante ne demandent rien, mon grand-père non plus et ma grand-mère veut juste que je sois là le 25.

Pratique. Tu poses le carton de vieux films entre vous et tu fouilles dedans en réfléchissant à voix haute.

Je vais sûrement prendre un thé aux épices ou un diffuseur au patchouli pour ma mère, un truc comme ça. Pour Dorothy et sa famille je sèche encore. Et toi?

Un dvd attire ton attention, il y a un petit monstre sur la couverture. Tu la retournes pour lire le résumé et ce faisant, tu montres le titre à Beckett.

Tu l'as déjà vu celui-là?

Gremlins? Jamais entendu parler.

▌La comédie de Noël où le petit garçon piège sa maison pour faire vivre l'enfer aux cambrioleurs, un classique, qui vend du rêve aux enfants en plus. Une fois adulte on se demande s'ils n'ont pas finis aux urgences, ces pauvres gars, une chance qu'ils ne soient pas morts électrocutés ou brûlés au quinzième degré...

C'est drôle mais quand tu connais par coeur... Love Actually jamais vu. C'est une comédie romantique?

Tu ne regardes jamais de comédies romantiques. Mais quel rapport avec Noël? Juste que ça se passe pendant les Fêtes? C'est comme tous ces téléfilms qui passent à la télé à cette période de l'année... tu sais pas, tu te dis que sans la magie de l'hiver, le scénario serait un peu nul. Mais t'y connais rien, peut-être que tu devrais essayer. Tu te vois bien proposer à Dorothy d'en voir un pour rigoler. Tu chasses immédiatement l'idée de ta tête, non, pas un bon plan. Qui regarde des comédies romantiques entre amis? C'est trop bizarre. Tu secoues la tête:

Pas mon truc. Trop niais.

C'est pas totalement vrai mais tu peux faire semblant d'y croire grâce à la magie du déni. C'est comme la magie de Noël, excepté qu'elle existe toute l'année. Vous enchaînez bientôt sur les cadeaux de Noël, encore un sujet difficile dès qu'il est question de votre amie en commun, Dorothy. Tu grimaces. Beck comptait sur toi pour des idées, et en secret, tu espérais qu'il avait peut-être trouvé un truc qui t'inspirerait à ton tour.

Je suis... presque sûr que tu te feras pas arrêter pour avoir trahi le secret magique si tu offres quelque chose d'inoffensif à ton père.

Presque. Mais c'est Beck qui a fait des études pour devenir Auror, pas toi. Il doit s'y connaître un peu mieux en justice magique, non? Tu arrives à garder ton sourire et ton calme pour décréter:

J'vais peut-être te piquer ton idée pour l'offrir à Dorothy. Tu sais, la propriété personnelle, tout ça... c'est surfait.

Tu souris plus largement cette fois, très fier de ta répartie.
Puis tu retournes le dvd pour observer la jaquette, avant de sortir le disque.

Je croyais que je l'avais vu mais... je dois confondre avec ces vieux jouets moldus, tu sais... les Fu... Furries? Furbies? Ils ont le même regard bizarre...

En ton for intérieur tu te doutes que ce film ne va pas prendre la direction d'un mignon conte de Noël, et c'est ce qui finit de te convaincre que vous devez absolument le regarder. Tu installes le dvd et tu reviens sur le canapé pour t'enrouler en entier dans une des couvertures, avant de t'asseoir tel une limace. Il faut juste que t'arrives à sortir tes bras pour récupérer le chocolat... Ce que tu fais en grognant.

Aïe! Mon dos...

Papy Gus. Enfin, la tasse de chocolat est à portée de main et tu la serres contre toi avec un sourire satisfait. Une question te vient:

Qu'est-ce que tu fais pour Noël, normalement?

▌Tu prends le conseil de ton colocataire très au sérieux. Déjà parce qu'il a l'air très sérieux, ensuite parce que tu aimes beaucoup Pirates des Caraïbes. Tu sais pas d'où il sort la comparaison avec Elisabeth Swann mais c'est un argument suffisant à tes yeux. Tu hoches la tête, promesse silencieuse: Orgueils et Préjugés, c'est noté. Peut-être que celui-là, tu pourras proposer à Dorothy de le regarder avec toi. Si c'est pas niais... Tu es constamment en train de te demander ce qu'il serait ambigu ou pas de proposer à ton amie, et les cadeaux en font partie.

Partager la couverture au restaurant?

Tu répètes, pensif. C'est pas parce que c'est une plaisanterie que tu ne peux pas prendre l'idée au sérieux. Parce que quand Beckett dit ça, toi, tu imagines un restaurant genre chalet dans la montagne, avec des plaids en fausse fourrure, un feu qui crépite dans une cheminée, et une fondue. Ou une raclette. T'es pas difficile. C'est vrai que ce serait cool, vraiment de saison, et puis cosy... ton ventre grogne, alors tu bois une gorgée de chocolat chaud pour l'occuper.

Si j'avais pas déjà ton cadeau de Noël, je t'aurais pris des pantoufles... Tu peux garder les miennes tant que j'ai mon plaid.

Un plaid, ça se partage, des pantoufles, un peu moins... Tu devrais penser à racheter plusieurs paires de chaussures, en fait. Entre celles que Beckett vole, celles avec lesquelles Spoutnik joue et celles qu'Olga mange par accident, tu vas bientôt être à court. C'est ce que tu aurais dû mettre dans ta wishlist. Avec un massage, Beck a raison, mais pas avec William.

Ah non, il est trop insupportable. C'est vraiment pas mon cousin préféré...

Y'a qu'un seul cousin que t'aime bien, mais Beckett le connaît, il sait. Tandis que le film commence, tu écoutes attentivement le récit de ton colocataire. Commander indien, trop bonne idée! Tous ces gens qui se cassent la tête à cuisiner... Six heures aux fourneaux pour un plaisir qui ne dure que trente minutes. OK, deux heures si on rajoute les desserts et les interminables discussions à table. Au secours. Tandis que manger devant des téléfilms de Noël...

C'est trop bien comme programme!

Tu commentes, avec un regard plus ou moins attentif sur l'écran. On y voit un monsieur bizarre qui achète un animal encore plus bizarre dans un magasin chinois. Pas du tout louche, le vendeur. Mais qui offre une créature cheloue à son fils pour Noël, en fait? Un rire incontrôlé t'échappe quand on apprend le prénom du gamin: Billy.

Chez mes grands-parents, le 25, on mangeait toujours de la dinde, grand classique, mais j'ai une cousine végétarienne maintenant alors on fait des ragoûts veggie et des légumes au four... si t'aimes ce genre de trucs, je peux ramener des restes.

Solidarité entre colocataires, tout ça. En plus toi, tu ne pourras rien avaler pendant 48 heures après tout ça. Sans compter le repas du 24, et là tu ne sais pas à quoi t'attendre. Tu prends quelques secondes pour savourer une gorgée de chocolat, avant de soupirer (de contentement, pas de désespoir):

Ma mère n'a jamais fêté Noël. Cette année, c'est une première... j'ai peur.

À l'écran, le jeune Billy apprend que le petit monstre, un mogwaï, peut être gardé sous trois conditions: ne pas l'exposer à la lumière, en particulier celle du soleil car elle peut le tuer (tu sens que ça va revenir à un moment crucial, ça); ne pas le mouiller ou lui faire boire de l'eau (est-ce qu'il s'hydrate en mangeant de l'eucalyptus comme les koalas?) et ne jamais lui donner à manger après minuit. Ça sent le plot twist couru d'avance, ce pauvre Billy n'a pas l'air très malin...

▌C'est vrai, pour le coup, tu as déjà trouvé le cadeau pour Beckett. Et tu n'en es pas peu fier.

Eh ouais! J'ai trouvé le truc parfait... tu verras.

Et pour cause, c'est un tablier. À carreaux rouge et blanc, avec des motifs de Noël... réellement parfait. Tu dois te retenir de le lui donner en avance, tant tu as envie de voir sa réaction, mais tu vas rester fort. Le tablier est déjà emballé dans du papier rouge et or, il attendra son heure... sous ton lit. Maintenant que vous avez un sapin, tu pourrais le déposer dessous, mais tu ne fais pas confiance à la fille de Beckett pour comprendre que ce n'est pas pour elle.

Tu notes, dans un recoin de ta tête, d'emporter des tupperware pour faire une razzia sur les restes de Noël, le 25... peut-être le 24 aussi? Tu ne sais pas ce que ta mère a prévu. Mais tu l'as vu lire Sorcière Hebdo ces derniers temps, à tous les coups elle cherche des conseils type Comment réussir la dinde parfaite de la ménagère? ... ça ne peut que bien se passer.

Noël a jamais été très important pour elle. On l'a sûrement fêté une ou deux fois avec mon père quand j'étais tout petit, mais j'ai aucun souvenir. Je restais toujours à Poudlard le 24... et l'année passée j'étais pas là. Je sais pas si c'est parce qu'elle est fiancée à un Moldu ou parce que y'a les Martin chez elle mais maintenant, elle veut sortir le grand jeu! J'espère que je pourrais me cacher derrière la bouffe comme tu dis... Heureusement que y'aura Dorothy.

Ce sera moins gênant à deux, enfin, si ta mère ne se met pas en tête de mettre du gui en embuscade partout. Elle est fourbe comme ça. Tu lâches un soupir, un peu embarrassé. Remplir des tupperware à l'intention de ton colocataire sera toujours une excuse pour te cacher à la cuisine le moment venu... Heureusement que y'a Dorothy et la bouffe de ton côté.

Beckett te fait sourire quand il compare les mogwai à Spoutnik et tu ne peux pas t'empêcher d'entrer dans son jeu:

T'as déjà essayé de la nourrir après minuit? Elle aime l'eau? On sait jamais, Beck, si ça se trouve derrière cette petite bouille mignonne se cache... un yéti.

Tu gardes ton sérieux, avec un regard suspicieux en direction du furet. Quelque part t'es persuadé qu'elle est capable de mettre le feu à l'appartement pour te tuer. Inconsciemment, probablement. Heureusement que vous n'avez pas mis des bougies sur le bébé sapin. Tu fais un signe en direction de l'écran, hochement de tête approbateur à l'appui:

Franchement je m'attendais à un truc kitsch, mais ça... c'est génial! J'aime trop la façon dont les Moldus se servent des animatroniques. Tu crois qu'ils vendaient des jouets mogwai à l'époque? Pour donner des cauchemars aux parents?

Vous êtes à la scène où les gremlins tuent une vieille dame en déréglant son fauteuil d'escalier. Ensuite, ils lancent un chasse-neige sur une maison (il y a des gens dedans). C'est horrible mais hilarant. Tu regrettes de n'avoir pas découvert ce film étant enfant.

Il est peut-être pas trop tard pour que je l'amène chez mes cousins le 25. Créer un nouveau traumatisme chez les plus jeunes...

Franchement s'ils peuvent chanter en cœur la chanson d'Oogie Boogie dans L'Étrange Noël de Monsieur Jack, tu ne prends pas un gros risque. Tu réfléchis tout haut, ton chocolat chaud entre les mains:

C'est comme Maman j'ai raté l'avion, en fait. Les gens adorent ce genre de films où il se passe des trucs horribles, puisque ça finit bien à la fin. C'est peut-être ça, l'esprit de Noël?

▌Tu n'es pas peu fier d'avoir trouvé le cadeau parfait pour Beckett, et sa réponse te conforte dans ton idée. S'il réagit comme ça sans même savoir ce que c'est... tu as hâte de voir son regard quand il déballera le cadeau. Tu poses ta main sous ton menton et prends un air faussement mystérieux:

Oh-ho-ho! Tu verras bien!

T'es vraiment très content de toi.

L'idée de fêter Noël avec une famille élargie te semble à la fois étrange et inquiétante. Étrange parce que tu n'as pas l'habitude, et ton côté curieux et scientifique se dit que ça fera une nouvelle expérience. Inquiétant parce que... bon, principalement parce que ta mère, en fait. Tu tournes la tête vers Beckett, un peu trop vite. Dress code? Intriguant. Il précise qu'il parle de pulls moches et ton regard s'illumine, une expression presque choquée sur le visage. Comment as-tu fait pour ne pas y penser?

Des pulls moches! T'es un génie, mais tu le savais déjà, non?

Un génie de la blague. Il te restait assez de temps pour trouver un pull de Noël bien ringard sur internet et commander tout ça avant le réveillon... parfait. Tu réfléchis à votre théorie de Gremlins et à Spoutnik, aux jouets aussi. Tu essayes de te remémorer ton enfance.

On avait des jouets bizarres chez les sorciers, mais c'était plus des trucs potentiellement dangereux, comme des mini balais volants... que vraiment effrayants.

Et le parenting old-school des moldus a quelque chose d'effrayant. Mais quelque part t'es intrigué, et un peu jaloux. Toi aussi t'aurais aimé pouvoir piéger ta maison façon moldue pour effrayer les voleurs. C'est toujours possible avec la magie, mais les sorts de protection sont invisible, alors ils ont quelque chose de moins... moins spectaculaire.

Tu crois qu'on devrait protéger l'appart avec des sorts anti-voleurs?

En même temps, qu'est-ce qu'ils viendraient chercher ici... Vous avez pas grand-chose. Bon, d'accord, Beckett est une personnalité publique, mais ils ne s'attendent pas à trouver un coffre-fort chez lui, quand même? Ton attention revient sur Spoutnik, qui n'a pas fini de découvrir le bébé sapin. Ah, la joie des enfants... Ils s'amusent avec un rien.

Tu me diras si ça marche, le coup du bain et de la nourrir après minuit. En fait non, tu n'auras pas besoin de me prévenir ; un yéti, dans un appartement, ça s'entend. On pourrait mettre en scène sa découverte, puis vendre ses photos... faire des placements de produits... Elle aura des produits dérivés à son nom aussi.

Tu prends un air pensif, à moitié concentré sur le film maintenant. La fille de Beckett Campbell, aussi célèbre que son joueur de Quidditch de père ! Tu vois déjà les affiches, les peluches à son effigie...

Quoique, on pourrait faire ça même sans yéti. T'as déjà pensé à poster des selfies de vous deux sur ton compte Witchagram?

Maintenant qu'il est célèbre, il peut en profiter ! Pas que la carrière de sportif ne paye pas le loyer, mais... un petit supplément ne serait pas de refus. Comme ça, l'année prochaine, vous aurez un vrai sapin. Un peu plus et tu te transformes en manager.

Et l'an prochain on aura de vraies décos... Sauf si tu as déménagé dans une penthouse entre-temps.

Tout ça n'est pas sérieux évidemment, et tu prends un air faussement inquiet pour appuyer ton délire, une main sur le cœur.

J'espère que tu te rappelleras de tes vrais amis quand tu seras millionnaire... Tes vrais amis qui ont besoin de subventions pour leurs recherches.

Tu ricanes, amusé. On en revient toujours à ça, pas vrai?