saturday night look at how your living lately you don’t feel so fine you just wanna get high all day maybe then you’ll feel alright (ft. carthage / musique)

Dimanche est l'un des jours les plus occupés.
Comme si les gens étaient désespérés d'oublier que demain lundi viendrait et qu'il faudrait retourner travailler. Ils s'enfoncent une dernière fois dans les plaisirs et les vices, se déhanchent sur la piste comme si c'était le dernier soir de leur vie, comme si après ça tout était fini. Les clients passent et ne se ressemblent pas ; pourtant ils sont tous identiques. Tous ont envie de se mettre une raclée pour oublier. Lundi ne pardonne pas. Ils n'ont pas envie d'y penser. Ils préfèrent boire pour oublier. Ou pour mieux danser. La plupart ne font que passer et repasser à son attelage, commandant boissons en masse dans des rires euphoriques avant de disparaître dans l'ombre des lumières qui éclairent le floor.

Elle aime les dimanches.
C'est souvent là où y il a le moins de distractions, là où les gens ne cherchent pas trop à avoir son attention. Alors au fil de la soirée, les verres défilent et elle, elle s'amuse de les faire. La simple tâche qui la comble et un métier qu'elle aura, au final, bien trouvé. Si les regrets de sa carrière ministérielle ne seront jamais éteints, elle sera toujours proche de l'alcool pour l'oublier.

Et elle n'est pas la seule à ne plus vouloir penser.
Elle te voit, toi qui arrives - encore un jour de plus.
Elle te reconnaît - ça serait dur de t'oublier avec la fréquence à laquelle tu viens. Si la plupart des clients ne sont que des mirages rapidement oubliés, tu étais définitivement un fantôme qui hante les lieux. Tu n'étais pas près de trouver le salut que tu semblais chercher au fond de chaque verre que tu vidais.

Elle devine que tu vas t'asseoir.
Elle ne sait pas si tu as dansé, avant.
Honnêtement, ça ne la regarde pas. Elle se contente de se diriger vers toi, dans un rare soir où elle n'a pas trop de colère au fond d'elle. Alors, elle t'écoutera déblatérer tout ce que tu dois vider. Torchon sur l'épaule, elle te regarde droit dans les yeux.

Salut. T'es encore là.

Une constatation qui n'a pas besoin de réponse.

J'te sers quoi ?

Après tout, elle sert à ça.

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Elle te regarde, ne peut s'empêcher de remarquer à quel point t'as l'air pieds et poings liés. La majorité des gens cherchent à venir ici pour ne pas se rappeler de comment ils s'appellent - elle ne saurait dire, pour toi. Est-ce que tu cherches à effacer ton nom ? Ou est-ce que tu cherches au milieu des boissons l'espoir d'une épiphanie, d'une subite révélation ? Ca lui importe peu, au final. Tant que tu bois, ça lui est bien égal. Ta commande est un détour sur le cercle vicieux de tes habitudes qu'elle a appris à connaître.

Ca marche.

Elle se détourne, fait volte-face l'espace d'un instant. Attrape la bouteille qu'elle te sert généralement - des whiskeys, il y en a plein. Mais celui-là, on dirait que tu l'aimes bien. Elle sort le verre adéquat et verse avec juste mesure. Pourtant elle sait que ta mesure, elle s'effacera bien dans la nuit, à l'usure. Rapidement, le verre glisse sur le comptoir jusqu'à venir trouver place à côté de toi, prêt à être savouré (ou avalé cul sec) ça dépend à quel point tu comptes te défoncer.

Ta question lui fait hausser les épaules.
Avec toi, elle n'est pas si souvent que ça insolente. Dans le bruit de la tempête que tu traines à tes pieds, elle semble souvent se calmer. Elle n'en est pas gentille pour autant, mais c'est déjà mieux qu'avec la moitié de la planète. Un bon début. Elle attrape un verre, fait claquer son torchon dans l'air avant de commencer à le sécher.

Ca va, j'ai l'habitude. Les dimanches c'est toujours la même chose.

Les premiers qu'elle avait dû se taper avaient été une vraie galère.
Mais ça, elle refusera sûrement de l'avouer.
Elle reporte son regard sur toi - c'est rare qu'elle papote.
Elle est plus du genre à écouter.
Mais si c'est toi, ça ne semble pas trop la déranger.

Et toi, tu t'en sors ?

Dans tout ce que tu traînes à tes pieds.
Parce que t'as bien l'air de galérer.

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Tu ignore sa question - elle n'avait pas besoin de ta réponse pour savoir que c'était un non. Sinon, tu ne serais pas là. Sinon, tu ne boirais pas. Sinon, tu ne tirerais pas cette gueule là. Il ne fallait pas être un génie pour comprendre ton état. Le verre roule entre tes doigts - elle aime bien le faire, aussi. Regarder le liquide coller contre ses parois comme de l'ambre liquide. Elle s'occupe de son verre - le repose une fois propre. En attrape un nouveau.

D'une oreille, on la halte - elle relève la tête vers un autre client. Elle se met à préparer sa commande en attendant que tu ne te décides à parler. La conversation, c'est toujours toi qui dois la mener. Elle n'est pas là pour jouer les psychologues. Des conseils, elle n'en a pas à te donner. Elle a juste une oreille à te prêter. C'est déjà pas mal pour elle, tu sais. Elle mériterait sûrement une prime juste pour ça. Mais vu ce que Jasper la paye, elle ne va pas se plaindre.

Alors, ta question, ça fait sortir un petit ricanement.
Elle ? Travailler pour toi ? Ce n'était pas une option. Son bar, elle l'aime. A l'abri de tous et pourtant ils viennent tous vers elle. Elle ne pouvait rêver mieux.

Sans façon. Même si faire les events là-bas, c'est cool. C'est déjà bien assez.

Elle se permet d'avouer parce que c'est vérité.
Qu'elle ne se cache pas de passer un bon moment quand elle est dans ta bâtisse. Changer de paysage parfois n'est pas trop mauvais. Mais si elle n'est pas la plus à l'aise de l'autre côté de son bar, elle s'est habituée à la lumière et à la musique et les sonorités de ton abode ne seront jamais ses préférées. Elle lance le verre qu'elle a fini de préparer de l'autre côté du comptoir dans une glissade maîtrisée. C'est dingue comme ça paraît facile quand elle le fait.

Tu douilles à trouver quelqu'un pour le bar ?

Pourtant, l'endroit n'est pas si mauvais.
Mais c'est sûr,
Trouver des gens aussi bons qu'elle à ce métier,
Ce n'est pas chose aisée.
Et elle le sait.

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Tristesse, dis-tu. Elle n'est pas sûre. Tu la côtoies surtout dans ses bons jours. Sûrement que si tu savais ses tendances à tout casser, tu aurais vite fini de l'apprécier. Ton chez toi, elle serait souvent tentée de l'exploser. Clients compris. Si ça peut apaiser ses pulsions, une vie n'est pas trop chère. Tu ris, à sa réponse. Elle penche la tête, légèrement. Elle ne pense pas avoir dit quelque chose de drôle. Un sourcil qui se hausse. Le bar est déjà occupé. Elle y pense. Un peu. Dans sa tête, ça finit par s'allumer.

Ah.

C'était ça, qu'il recherchait.
Sérieusement, elle envisage la chose.
Ca ne lui coûte rien que d'imaginer.
Dans ses yeux se lit son absence pensive le temps d'une seconde. Elle finit par secouer la tête. Sa réponse se confirme à nouveau. Ta proposition se range dans un coin de sa tête - sait-on jamais. Un jour, si elle finit par céder à la colère, ça pourrait bien lui arriver.

J'en prends note. Mais je suis pas sûre que ça t'arrangerait. J'ai des goûts particuliers.

Annonce sans élaborer. Elle ne s'en cache pas. Elle ne pourrait pas combler tous les clients qui la voudraient. Elle a besoin de pouvoir les contrôler. Mais le simple fait de vendre son corps pour se payer à grailler n'a pas vraiment l'air de la déranger. Un non, mais pas un jamais. C'est déjà plus que ce que d'autres t'auraient donné. Tu lui renvoies ton verre, elle s'occupe de le remplir. Toujours pas de glaçons, elle connaît la danse. Et ça lui fait bizarre qu'on lui parle comme ça. Mais pour une fois, au lieu de se braquer, elle se dit que ça ne la dérange peut-être pas. Ton verre glisse à nouveau. Pas d'autres clients à servir dans la foulée, c'est en face de toi qu'elle vient s'accouder au comptoir, assise sur un tabouret. Une petite pause, autant en profiter. Elle se prendrait bien un verre. Fumerait volontiers. Mais elle n'a pas le droit, alors sage elle est.

T'as l'air fatigué.

Pourtant la nuit ne fait que commencer.
C'est sûrement ton âme qui est un peu erreintée.

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Tu ris - et ce n'est ni moqueur ni vicelard. Ce n'est rien qui ne soit paré de mauvaises intensions ou sentiments et ça lui un peu bizarre. C'est rare de rire comme ça à son égard. C'est reposant, un peu. Elle se demande si elle a été capable de rire comme ça, un jour. Puis chasse la pensée rapidement. Si ça a été le cas, c'est déjà trop tard. Et sûrement que des gens partageant ses goûts viennent chez toi - après tout, elle en trouve bien elle, ici et là. Histoire de combler certaines nuits, de se prêter au plaisir de la chair. Elle n'a pas la libido la plus active, mais parfois c'est juste ce qu'il lui faut. Une vie de prostituée, hein ? Peut-être que ça lui irait. Après tout, elle est belle. Elle le sait. Elle sait qu'on la désire. Elle a été sur la piste, déjà. Et même quand elle est coincée derrière son bar, ça n'empêche pas les regards de tomber sur ses formes ou les tentatives de demander son numéro. Quand ce n'est pas qu'on le lui donne tout simplement.

Assise devant toi, elle pose son visage dans sa main en t'écoutant. De l'énergie en temps et en heure, hein. C'est dur pour certains de vivre la nuit. La plupart sont diurnes, après tout. C'est comme ça que les gens sont censés fonctionner. Pas elle. Elle a déjà essayé. Elle n'a jamais réussi. Sa maison, c'est la nuit. Elle s'y plait. Elle espère un peu que tu t'y plairas aussi.

Si t'as besoin d'un café tu t'es trompé de boutique.

Elle charie.
S'il le fallait vraiment, elle serait prête à t'en faire un.
Ton clin d'oeil fait naître sur ses lèvres un rictus taquin.
Elle aime bien quand t'es comme ça.
Elle aime un peu moins quand tu lui rappelles les événements de la veille.
Elle grimace, son joli visage poupon clairement agacé alors qu'un long soupire lui échappe. Elle n'était pas exactement connue pour être une enfant sage et responsable.

Je refuse d'y repenser.

Elle repense à Feng malgré tout. A l'alcool. Trop d'alcool. Trop de vérités. Trop de gentillesse. Ses sourcils se froncent un peu plus. Finit par soupirer en secouant doucement la tête. Elle préfère laisser ça derrière elle.

Heureusement que je reste jolie malgré tout.

Malgré les coups, les bandages, les cuites et les confessions. Elle jette par dessus son épaule une mèche bleue, le tintement de ses boucles d'oreilles léger dans le brouhaha de la vie nocturne.

Et puis, je commence ma journée aussi. J'aurai un peu plus d'énergie en temps et en heure.

Un maigre rictus alors qu'elle inverse le croisement de ses jambes. La nuit ne fait que commencer - elle ne sera pas couchée avant midi, comme d'habitude. Elle s'épanouie comme ça, tu sais ? Briller dans la journée, c'est compliqué, quand le soleil éclaire déjà le monde. Au milieu des ténèbres, c'est tellement plus simple. Et ceux qui y vivent sont tellement plus intéressants ! Un peu cassés. Comme elle. Comme toi. Comme vous.

En parlant de ça.

Elle s'autorise à se rapprocher un peu - la musique est forte, il faut dire.

Un jour, ça serait cool qu'on puisse boire en dehors de la boîte. Comme ça, je pourrai picoler aussi. Tu finis par me donner envie avec tes whiskeys, tu fais chier.

En toute... amitié ? Bien entendu.

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Trop dit ou pas assez. Elle pencherait pour le trop. Rien que d’évoquer la chose… L’énerve. Comme toujours. Il s’agit de Feng, après tout. Est-ce qu’elle pourrait un jour faire autre chose que réveiller la colère qui sommeille en elle ? Elle avait eut sa réponse, à cette soirée. Une réponse qui lui déplaît. Elle n’est pas aussi faible que ça. Ton doigt accusateur la fait hésiter. Les confessions n’ont jamais été sa tasse de thé. Un soupir. Un énième. Elle admet.

J’ai embrassé une sombre conne. Et j’aurais pas dû le faire. On était bourrées, de toute façon, donc on s’en fout.

Son visage grimace à nouveau.

J’arrive juste pas à croire que j’ai pu l’embrasser, elle.

Bon, au moins… Elle n’était ni cracmole ni hybride. Mais ça restait une née-moldue, putain. Qu’est-ce qui lui était passé par la tête ? Ugh. Vraiment, mieux vaut ne pas y penser. Elle aurait préféré que l’alcool ne le lui fasse oublier.
Mais tu souris.
Elle préfère se concentrer sur ça.

Un patron qui me file un treizième mois. Alors je ne suis personne pour reporter ma plainte à la direction.

Elle aime l’argent, faut dire, tu sais.
Vénale à n’en point douter.
Evidemment, elle te trouvera toujours.
Il n’y a pas beaucoup d’endroits où te chercher.
Et tu lui tends ton verre - elle ne réfléchit même pas avant de te le dérober. De boire le liquide ambré qui roule contre le verre avant de descendre dans sa gorge. Habituée à la brûlure dont elle ne se passera jamais. Elle repose le conteneur sur le comptoir, rictus collé aux lèvres.

Tu es mon client préféré.

Qui sait si elle mentait ?
A toi d’en juger.
Tête qui se penche légèrement alors qu’elle t’observe.

D’autres plans pour la soirée ?

A part continuer à picoler.
C’est qu’elle serait prête à t’accompagner.
Enfin, autant que son bar ne le lui permette.