Si Hyperion s'amusait à faire ami ami avec Ezra Strauss, tu devais toi, supporter son frère jumeau atterri dans TA maison. Comment l'école pouvait-elle tolérer un manque de savoir-vivre aussi dégradant ? Le progressisme avait bon fond, à cette époque - si seulement tu te doutais qu'à l'heure d'aujourd'hui ce serait bien pire.  
Tu saisis pas Atlas, pourquoi les monstres ont le droit de se mêler à vous. Voilà que tu as surpris l'animal mordre à sang une autre élève, sous couvert de flirt dénué de toute pudeur dans les toilettes du troisième étage. Le rendez-vous des jeunes délinquants et des filles de joie.

Tu en avais tellement rajouté qu'il avait été menacé d'expulsion. Pas assez, pas assez. Il y encore une putain de conditionnelle. Ça t'enrage Atlas, t'as pourtant usé de ton meilleur jeu d'acteur pour l'enfoncer. Tellement bon que le professeur a décidé de te porter garant de sa responsabilité - tu l'accompagneras en guise de préfet dans la forêt interdite pour qu'il assure sa punition. Une blague que voilà ?

C'est donc les mains derrière le dos, le nez haut et les cheveux blonds impeccables que tu te pavanes petit prince jusqu'à l'orée de la forêt, accompagné par le garde-chasse. Il vous assure qu'il reste là et que vous n'avez pas besoin de beaucoup vous éloigner. Tu escortes donc Elijah, une lampe torche éclairant les bois sombres. Tu l'ignores d'abord présentement, à l'aise malgré l'obscurité.

Finalement, agacé, tu lui envoies la lumière en pleine figure pour l'aveugler.

— « Moi ? Peur ? Ne me fais pas rire. »

Tu avances de quelques pas, profitant du fait qu'il s'acclimate difficilement à la source de lumière pour le pousser en arrière, afin qu'il tombe par terre.

— « Je suis là pour éviter que tu ne finisses piétiné par un centaure. »

Murmures.

— « Ou que tu ne sortes jamais d'ici, je pourrais plaider un malheureux accident. »

Batard. Tu pourrais jouir de cette réaction si elle n'était pas accompagnée d'une vengeance sale. Tes chevilles qui lâchent et tu tombes sur les fesses. Les mains dans la terre tu le fusilles du regard et fais claquer ta langue sur ton palais. Il te fiche vraiment la haine, c'est indescriptible. Tu n'aurais jamais cru penser ça un jour car Hyperion bat des niveaux en stupidité et arrogance mais il est pire que ton frère.

— « Arrête de prendre tes rêves pour la réalité, c'est vraiment gênant. »

Tu te relèves, époussettes ta robe de sorcier pour éclairer les environs. Vous devez ramener une certaine liste d'ingrédients, et selon le garde chasse - vous n'avez pas besoin de vous enfoncer dans les bois pour les trouver.

Elijah continue son petit manège, ramène comme à chaque fois son frère et le tien. Tu ne comprends pas Atlas, ce qui est censé t'énerver. Il ment : Hyperion t'a promis qu'il arrêtait ses petits jeux à deux balles avec le semi-vampire. Il sera bientôt livré, comme les autres. Tu espères découvrir un jour la maison d'accueil de celui-ci, mais tu comptes sur sa bêtise naturelle pour mourir dans un caniveau après l'école.

Tu préfères ne pas relever la provocation, haussant un sourcil quand il parle de se faire piétiner par un centaure.

— « Si j'étais toi, ce n'est pas des sabots du centaure que je craindrai. Et nous n'irons pas assez loin. Il y a des champignons près de l'arbre là bas. »

Tu relèves la tête pour le prendre de haut et lui jettes le panier à la gueule.

— « Ramasse, execution. »

C'est de plus en plus dur de rester imperturbable. Dieu qu'il est insupportable, de la vermine que tu voudrais pouvoir écraser - mais l'école le protège et c'est bien dommage. Tu te mords l'intérieur de la joue, les traits de ton visage se crispent. Putain, et aucun arc pour tes flèches. Peut-être qu'avoir vraiment peur de quelque chose l'aurait fait réagir de la bonne manière. Dommage, dommage.

— « Si j'étais toi je m'activerai au lieu de bavasser. On ne rentre pas sans les ingrédients. Enfin, moi oui. Toi je ne sais pas. »

Tu lui jettes le panier, attend qu'il s'exécute. Tu croises les bras sur ton torse, comme un gardien de prison. Tu t'impatientes, et vrilles quand tu le vois écraser la marchandise sous ses pieds comme un sale garnement. Ce sont des denrées rares qu'il vient de bousiller. Putain.

— « Mais quel abruti. »

Sifflés entre tes lèvres serrées. Tu ne réfléchis plus Atlas, fonces vers lui sans penser au reste, mu d'une impulsion destructrice. Une fois devant lui tu lui assènes un coup de poing dans la joue destiné à lui faire perdre l'équilibre. Tu chopes ses cheveux que tu presses entre tes doigts et le guides vers le sol, là où sont échoués les cadavres de champignons.

— « Mange. »

Tu lui enfonces le visage dans la mousse.

— « Mange où je te les fais rentrer de force. »

Y'a pas idée de gâcher comme ça.

Ah ! Enfin le loup ferme sa grande gueule et rentre à la bergerie. Si d'apparence tu te montres sévère et impitoyable, tu exultes Atlas. Il n'y a pas plus grand plaisir pour toi que de rappeler aux sous-races qui domine ici. C'est toi, évidemment, qui doit avoir le dessus à la fin. Tu n'imagines pas les choses autrement, si ce n'est que tu dois rester méfiant. Elijah Strauss ne t'a pas habitué à la reddition.
Cependant, il déclare forfait et tu resserres ta prise sur ses cheveux. Tu l'observes d'un oeil curieux et malsain enfoncer les miettes de champignon dans la bouche. Un léger rire t'étrangle, alors que tu commentes la scène :

— « Tu vois quand tu veux. J'aurai du commencer par ça. »

Quand tu penses que cet individu pourrait vous faire perdre la coupe des quatre maisons à constamment se faire punir. C'est un supplice pour toi que de devoir le supporter chaque jour à table et dans les dortoirs depuis plusieurs années.

— « Je ne rigole pas avec les animaux, seulement avec les personnes civilisées, qui partagent avec moi des intérêts communs, outre l'intelligence évidemment. Primordiale chez certains... oubliée à la naissance dans ton cas. »

Tu souffles à son oreille et le relèves brutalement. Tu ne te méfies aucunement Atlas, persuadé d'avoir réussi à le mater pour cette fois. Tu roucoules, satisfait de le voir résigné et tournes les talons.

— « Bien, je vais chercher un autre spot. Prend le panier et suis-moi. »

Tu commences à inspecter les environs, en quête d'autres spécimens de cette race. Plus vite vous aurez rassembler les ingrédients de la liste, plus vite tu pourras rentrer te coucher dans ton lit douillet.

Amateur, oui. Quel con tu faisais Atlas à l'époque, de croire que tu pouvais tous leur faire peur. T'es rien de plus qu'un prefet un peu trop propre sur lui pour Elijah, tu n'es pas le chasseur qui pourrait l'exterminer. Tu n'as pas cette étiquette à Poudlard et ça t'enrage. Tant pis, tu prends sur toi. Tu éclaires une nouvelle zone pleine de champignons, vas pour le prévenir en tournant légèrement la tête. Le panier qui s'abat sur ton dos et tu tombes en avant. Encore, putain ! Encore ! Deux fois que tu te fais avoir, tu n'as pas le temps de te redresser qu'il t'écrase de tout son poids.

— « Qu'est-ce que tu fous mec ?! Lache-moi ! »

Tu gesticules, fixes un point dans la forêt sans pouvoir le distinguer. Ta baguette t'échappe des doigts quand il appuie sur tes poignets et roule entre deux racines. Tu vas le tuer. Tu vas le tuer !

— « Qu'est-ce que... »

Tu sens son haleine, sent la salive s'échouer sur tes cheveux et ton oreille alors qu'il recrache ce que tu lui as fait bouffer un peu plus tôt. Tu execres la saleté Atlas - et manques de vomir quand te prend un haut le coeur qui te tire les larmes.

— « Arrête !! C'est dégueulasse, putain ! »

Tu vas gerber, c'est sûr que tu vas gerber. Ses crocs tu peux encore gérer, mais pas ça.

— « T'es vraiment un porc Strauss ! »

Tu réfrènes tes peurs les plus instinctives. La salive, le vomi, la saleté. Tout ce qui sort de sa bouche ça te débecte au plus au point. Tu te montres plus fragile, vulnérable. Tu chouines Atlas, serres les poings alors que l'humidité de la terre te chatouille les doigts. Tu trembles comme une feuille quand il se relève et restes un instant par terre. Quand ton corps réagit enfin, tu convulses comme un animal malade et te mets debout de manière précipitée. Tu secoues tes cheveux et t'essuies avec ta manche. Merde, maintenant c'est elle qui est dégueulasse. Tu cours vers un arbre pour te pencher en avant et vomir derrière. Tu recraches de la bile essentiellement.

— « Putain... »

Tu ne retournes pas tout de suite vers lui. Tu sens la sueur froide dégouliner de ta nuque, jusqu'à ton dos. Tu l'entends fanfaronner derrière toi, il a prit ta baguette. Merde. Tu reviens vers lui, alors qu'il roucoule, fier de lui. Tu ne laisseras pas ça passer.

— « Tu vas me le payer cher, Strauss. Tu entends ? Je vais te pourrir la vie jusqu'à la fin de ta scolarité. »

On te dit souvent que tu es doué pour ça.
Qu'il aille se faire foutre avec ses champignons ! Tu fonces vers lui pour l'attraper par les épaules, le cogner contre le tronc d'arbre duquel il est appuyé. Tu lui mets des coups de pieds dans le tibia et et des coups de genou dans le ventre. T'as jamais été très doué en combat au corps à corps Atlas. Si seulement tu avais ton arc, tu lui aurais tiré une flèche entre les deux yeux.

— « Je vais te crever ! »

Comment ça trop d'ouvertures ? Putain ! ça te rend malade d'être aussi faiblard dans ce domaine. Tu frappes sans réfléchir, mais as du mal à parer les coups que tu reçois. Tu te plies en deux quand il frappe entre tes jambes. Tu n'as pas le temps de crier qu'il te chope à la gorge. Merde, tu t'accroches à ses poignets pour t'y tenir, ainsi espérer récupérer un peu d'air. Tu ne sais plus comment tu dois réagir Atlas, seulement que son emprise sur toi se fait plus insidieuse : tu as perdu tes mécanismes de défense et ta patience.

— « Stop... ! Je suis pre-fet... Tu dois m'écouter et m'o-béir... »

Son corps accule le tien, l'accuse de sensations mystérieuses dont tu te fais victime. Tu te tiens toujours à lui d'un bras, mais l'autre est retombé mollement le long de ta hanche. Tu secoues la tête de droite à gauche, non pas effrayé mais désespéré de cette situation qui ne fait que t'échapper depuis le début. Tu refuses de te faire mordre par une créature pareille, c'est inconcevable dans ton existence si parfaite. Tu tournes le visage sur le côté quand il approche ses lèvres, frustré d'être ainsi bafoué.

— « Ecarte toi. Je me répeterai pas. Si ... tu oses ... ce n'est pas une simple punition... »

Tu as du mal à t'exprimer.

— « Tu seras expulsé. »

Tes yeux brillent d'une méchanceté sans pareille, liée à une détresse émotionnelle qui te sied bien.

— « Et tu laisserais ton frère tout seul à notre merci ? »

Il n'a aucune idée de quoi tu peux bien parler, mais tu sais te montrer convaincant.

Tu t'étais attendu à suffoquer pendant encore de longues minutes, à peut-être périr sous ses mains gelées mais non... quand tu rouvres tes yeux il te relâche. Tu glisses le long du tronc comme un misérable. Remontes le regard haineux vers sa silhouette. Il te tourne le dos mais tu ne tenteras plus le diable. Tu te masses le cou, ressassant ton venin, silencieux. Il te file la gerbe putain... et tu détestes perdre, Atlas. Ce n'est pas une émotion que tu sens capable de traiter - la peur de l'échec domine ta raison.

Tu serres les poings et le scrutes dans l'obscurité. Tu auras au moins appris quelque chose d'indéniable : s'il s'amuse à jouer les loubards insensibles, il a bien un point faible. L'amour qu'il porte à son frère le rend vulnérable et corruptible. Tu tentes d'éclipser ce petit sourire de satisfaction qui s'étire lentement à la commissure de tes lèvres.

Tu le vois ramasser les champignons et tu jubiles. Ah ! Il a fallu que tu sortes les grands mots pour que se soignent les grands maux. Tu pavanes derrière lui, ayant toujours du mal à avaler ta salive correctement. Tu serpentes derrière lui.

— « Te voilà bien plus raisonnable maintenant. »

Tu souris, passes devant lui les mains dans le dos.

— « C'est quand même plus agréable comme cela. »

Tu lui tends la main et roucoules. Tu ne peux pas t'empêcher de pousser le bouchon un peu plus loin, maintenant que tu as compris la dynamique.

— « Ma baguette je te prie. Ou je pourrais m'en servir pour le faire tomber dans les escaliers accidentellement. »