Au final, le gala, c'était comme une grosse boum d'étudiant avec des costumes beaucoup trop chères et un tapis rouge à l'entrée. Et quelque part, tu aimes ça. Il y a de la vie, ça bouge, ça danse, c'est festif. Tu te rends compte que, depuis Poudlard, il n'y avait plus eu de place pour la fête dans ta vie. Il y a quelques mois à peine, tout ça te semblait loin, étranger, plus pour toi. Aujourd'hui, elle est de nouveau. Si tout le décor impressionne, tu te rends compte qu'il ne te laisse pas hermétique pour autant. Il y a de nouveau de la place pour la fête. De nouveau, de la place pour ça vit, que ça bouge, que ça danse. Et ça te rassure bien plus que tu ne l'aurai cru, Dorothy. Du haut de tes dix-neuf ans, tu pensais déjà être grande. Tu te rends compte que ça fait un bien, parfois, de redevenir petite.

Une unième flûte de champagne à la main tu accompagnes le rythme du son qui passe d'un hochement de tête discret. Bien trop de bonne humeur. Bien trop joyeuse pour que tu puisses te dire totalement sobre. La voix de Gus résonne à tes oreilles et tu lèves la tête.

— Hein ? Pourquoi tu veux danser ?

Oui, Dorothy. Percute, Dorothy.

— AH ! Espèce de gougnafier on n'a pas encore dansé !

Ne dira pas que tu as oublié ce détail. Parce que Dorothy Martin n'oublie jamais rien, il sait bien. Sauf peut-être avec un peu d'alcool dans le sang, ce qu'il a oublié visiblement. Alors tu l'embarques, lui prend la main, direction la piste décidée à faire du bruit alors que la chanson qui passe s'apparente plus à une espèce de mood chill dont on se sert pour prendre ses marques après avoir invité son crush de la soirée à bouger. C'était sans compter sur la révélation de Gus. Tu t'arrêtes, alors qu'il vous éloigne. Sa confidence te fait hausser un sourcil. Il ne sait pas danser. D'accord. Tu hoches la tête, solennelle.

— Ok.

C'est tout. Tu ne sais pas s'il attend une réponse plus détaillée. T'enregistres l'information parce que c'est ce que tu fais toujours. Mais t'es pas assez sobre pour l'exploiter plus que ça. Alors tu hausses les épaules ta main toujours dans la sienne.

— Je m'en fiche royalement.

Se souvient-il maintenant que t'es intenable avec l'alcool ?

— On va danser quand même.

Tant pis si c'est pour juste imiter des gens du troisième âge au bal musette du village. Tu le regardes droit dans les yeux, impossible de dire si tout ce que tu balances et très sérieux ou si c'est juste un foutage de gueule beaucoup trop convainquant.

— T'as un trop beau boule pour ne pas l'exposer sur une piste, allez, on bouge.

Et tu l'entraînes sans plus de cérémonies. Tu bouscules quelques personnes sans t'excuser parce que, vraiment, quelle idée de venir avec des costumes aussi proéminents aussi. Fait plus chaud au milieu de tous ces gens qui bougent mais c'est pas plus mal. Y a un nouveau son qui lance, le genre de truc où les gens se donnent un genre très deep et sensuel. Le genre de son où y a des "oh baby" en guise de ponctuation et ça te fait rire.

— So 2020 la playlist.

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Résumé : elle est un peu pompette mais ça va. La go vis sa meilleure vie, elle a totalement zappé l'histoire de cette sombre promesse de danse mais heureusement Gus à un de l'honneur (prenez exemples). Elle est pas assez sobre pour être subtile ou comprendre la subtilité du coup elle le taunt be like "tu sais pas dansé ? D'accord. Osef" et elle l'entraîne sur la piste alors que la musique change

Ah oui. D'accord. C'était pas juste un mythe, Argus ne sait vraiment pas dansé. Tu bouges doucement, le regardes de haut en bas. L'espace d'une seconde, tu te dis qu'il le fait exprès, que ça doit être un genre de jeu de rôle dont tu n'as pas la référence. Puis tu comprends, tu percutes, qu'il est au contraire tout à fait sérieux, qu'il essaye plus que ce qu'un Gus essaye en temps en normal. Tu te mords l'intérieur des joues pour ne pas rire. Hoche la tête, tes deux pouces en l'air.

— Oof, vraiment tu me donnes chaud, Gus, quelle grâce !

Mais il lève les yeux aux ciels. Est-ce qu'il complexe ? Diantre. Gus complexé. T'aurais jamais cru. Pas avec toi du moins. Tu regardes autour de toi, les gens ne vous regardent pas, personne n'en a rien à battre. Alors quand tu le vois ramer sur la piste, les yeux aux ciels, qui peine à trouver sa place, tu trouves ça adorable. Il essaye. Ça lui coûte visiblement plus que ce que t'imaginais. La référence à peine voilée à Neal te fait tiquer, c'est peut-être l'alcool qui te fait extrapoler mais serait-ce de la jalousie que tu entends ?

— Sauf que c'est avec toi que je veux danser. Tends tes mains.

T'as pas envie de parler de Neal. Pas maintenant. Pas ici. Mais que le reste, t'as pas envie de voir Gus se dresser des barrières. Alors tu insistes du regard, jusqu'à ce qui les tend, ses foutues mains. Puis tu les prends et sans plus de cérémonies, tu vous fait tourner comme deux débiles aux milieux de la piste. C'est pas du tout en rythme. C'est incroyablement chaotique. Vous bousculez quelques personnes dans la manœuvre, mais qu'est-ce que tu en faire, Do ? Rien. Strictement rien. Tu ne finis pas vous arrêter, piétine un peu pour garder l'équilibre. T'as toujours tes mains dans les siennes et tu t'approches pour bien qu'il t'entende. Tu souris de toutes tes dents.

— Tu la trouves comment ma danse ?

Tu ricanes. T'es fière de toi. Mais surtout, tu veux lui faire comprendre que tu n'as pas besoin de lui pour te faire honte, que tu le fais très bien toute seule, et qu'il aura beau bouger comme le dernier des poids lourds avec son saxophone en plastique le dos t'auras toujours pas honte. Parce que c'est tout simplement impossible d'avoir honte de lui, en fait. Et comme tu manques de subtilité, tu lâches.

— J'ai pas honte de toi. Jamais. Par contre, toi, je vais te faire vraiment honte dans cinq secondes, t'es prêt ? Chante avec moi.

La musique qui passe n'est pas la bonne. Pas celle que tu veux entendre, pas celle que Gus aime. Là c'est un type à la voix trafiqué qui parle d'une histoire bateau de coup de foudre dont tous le monde se fout. Toi, tu sais ce que vous préférez. Alors tu te racle la gorge, commence à bouger sur un tout autre rythme que celui passe. Parce qu'après tout une playlist ça se change et que, de toute façon, y a pas meilleure chanson que celle-ci :

— Show me how you want it to beeee. Tell meeee, babyyyyy, 'cause I need to knoooow noooow, oh, becauuuse My loneliness is killing me And I must confess I still beliiiiieve. When I'm not with you, I lose my mind, Gus give me a siiiign hit me baby one more time.

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Résumé : ah oui en effet le skill n'est pas présent. Ca aurait pu être drôle mais le petit complexe qu'elle voit naître lui plaît pas du tout alors elle prend les devants. Tu penses danser comme un nullos ? Attends je vais danser encore pire que toi. Tu penses que tu fais honte ? Attends je vais être plus honteuse que toi. T'aimes pas la musique qui passe ? Tkt je vais chanter Britney

Ceci est une strate approuvé par Sun Tzu l'auteur de l'art de la guerre (qui était un grand fan de Britney croyez le ou non)

La stratégie était peut-être risquée. Tu traînais déjà assez de casseroles pour ne pas t'en rajouter une autre, mais qu'importe. Fille indigne, opportuniste, pistonnée, on pouvait bien rajouter intenable et tarée à ce compte-là. Et bon, après plusieurs flûtes de champagnes les conséquences de tes actes ont soudains bien peu d'importances. Ce n'est pas si grave, les regards surpris qu'on vous lance aussi. Tout ce qui compte, c'est l'espace de grande perche (tout est grand pour toi) malhabile devant toi. Alors tu ris de bon cœur. La réponse est simple, évidente.

— Pour que t'arrête de faire la tronche !

Et bizarrement, ça ne te semble pas si catastrophique de vous faire surprendre, pas si terrible de finir dans un tabloïd douteux. Tu te laisses tirer, un peu surprise, manque de trébucher à force de pas maladroit mais ça ne retire rien au sourire, ça n'entache pas le rire. Plus que d'avoir chanté du Britney, tu devrais peut-être t’inquiéter de tenir les mains de Gus pendant plus de 20 secondes alors qu'aucun de vous n'a manqué de mourir. Tu devrais. Tu ne le fais pas.

— Dans dix ans je serais tellement irrésistible que j'aurai un culte à mon nom ! On appellera ça le Martinisme.

En fait, t'es vraiment pompette.

— Tu veux faire une pause ? Ça fait déjà 3 minutes que tu tiens et je suis vraiment impressionnée.

C'est que ce serait peut-être raisonnable de ne pas pousser le bouchon trop loin, de revenir quand ce sera plus dansant et moins "oh babynisant". Tu lui indiques du menton un coin un peu plus tranquille, assez proche de la piste pour pouvoir y revenir si un hit assez inspirant passe. Tu ne lâches pas ses mains et tu l'entraînes, y a un serveur avec un plateau de champagne et des petits fours. Tu ne lâches sa main que pour lui refourguer alcool et nourriture. Tu as définitivement arrêté de compter à combien de flûtes tu en es.

— Je suis contente que tu aies accepté de venir.

Ça sort un peu de nulle part, mais tu as dépassé depuis quelques verres déjà le stade de l'intense réflexion. Puis, l'alcool ça rend honnête, ça libère un peu. Et, tu dois l'avouer, quelque part, tu avais peur qu'il s'emmerde, que cette soirée ne soit qu'un caprice supplémentaire. Un Bristol bis, dans lequel tu avais cette fois-ci le lead. Tu le sais, que tu es le plus fort caractère, la plus buté de vous deux. Et des fois, tu as un peu peur d'étouffer Gus, un peu peur de le lasser aussi. T'enroules ton doigt autour d'une de tes mèches en sirotant ton verre.

— Je sais que ce n'est pas vraiment le genre d'ambiance que tu aimes et que ce n'est pas trop ton monde (tu désignes du menton la salle) tout ça. Tu sais, des fois, j'ai encore du mal à réaliser que c'est le mien. Je crois qu'une partie de moi à peur de vraiment percuter. C'est un peu impressionnant de se dire qu'on évolue dans deux mondes différents. J'ai peur que ça créer un fossé parfois.

Tu ne cites pas de nom, même si tu tournes ton regard vers lui. Peut-être qu'il verra dans ta question une référence à Tommy.

— Enfin, si ça pouvait aider sur Witcher mais même pas.

Tu dis ça en rigolant.
T'as aucune idée de la profondeur de tes propres réflexions.

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Résumé : grave fière d'elle. Elle s'est tapé l'affiche mais Gus rit donc ça valait la peine. Mais bon, elle a peut-être un peu poussé le bouchon donc elle propose une pause histoire d'aller boire en attendant un truc beaucoup plus dansant. Elle entraîne donc Gus un peu à l'extérieur de la piste, chipe champagne et petits fours pour survivre et lui dit un peu de façon random qu'elle est contente qu'il soit là, parce que le gala c'est pas son monde, que c'est un peu effrayant pour elle de les savoir évoluer dans deux sphères très éloignées. Elle fait une références à ses déboires sur Witcher, elle se souvient même plus si elle l'a dit à gus qu'elle était sur Witcher

Tu écarquilles les yeux face à sa franchise avant de rire. Bordel, il y a bien que lui pour regarder quelqu'un et dire "j'ai pas l'impression de parler à quelqu'un d'important". Mais dans un sens, ça te rassure, oui. Tu n'aimes pas l'idée, tu crois, de voir des fossés se creuser entre vous. Tu n'aimes pas l'idée de vivre ce qu'à pu vivre (a choisi) ta mère en son temps. Tu veux la passion sans les sacrifices, parce que tu ne veux pas vivre du quidditch comme elle a pu le faire. Tu ne veux pas que ta carrière soit un bouclier à dresser entre toi et le monde, tu ne veux pas que ton statut soit une excuse pour ne pas avancer avec les autres. Vivre d'une passion est une chose, faire de sa passion en est une autre. Et tu crois, Dorothy, que t'es peut-être plus passionné par Gus et Tommy que par ton balai.

— Bien, percute jamais alors.

Tu lâches ça, en détournant le regard, fait mine de regarder la piste en sirotant ton champagne. Vu sa réaction tu réalises que tu ne lui a vraiment jamais parlé de cette histoire d'application. Et bien... Mieux vaut tard que jamais, tu imagines ? Sa réaction te fait sourire, pas celle à laquelle tu t'attendais mais tu l'aimes, cette réaction. Tu te fais désirer, hausses les épaules, évasives, l'air de dire "aaaaaaah peut-être que ouiiii peut-être que nooooon". Tu bois une gorgée de ta flûte avant de battre des cils.

— Whouaaaaa, je t'imaginais pas aussi investit par ma vie sentimentale. Mais t'en fais pas, tu sauras tout... En temps et en heure.

Tu finis ta flûte, regardes ton verre vide, déçue. Tu lèves la tête vers Gus, lui sert une moue abattue en agitant ton verre. Tu te rabats sur les petits fours pour éponger ton chagrin.

— Quelques semaines ? Je crois ? Ça a moins d'un mois en tout cas.

C'est un peu difficile de dire pourquoi tu y étais ceci dit. Tu ne sais pas si c'est la pression de ton père ou le résultat d'une envie plus profonde. Peut-être un peu des deux. C'est vrai que maintenant que tu y penses, ce genre de sujet, tu ne l'abordes pas souvent. Tu balayes du regard la salle. Vrai. Très vrai. Que des gens majoritairement très riches et très famous. De quoi se refaire un compte en banque ou une vie sentimentale digne de ce nom. Mais la perspective de te faire entretenir par un type de plus de 50 ans te fait hurler de rire.

— HAHAHA. Quand j'aurai perdu ma virginité avec quelqu'un de plus jeune, peut-être que je me laisserais tenter. Non, j'aimerais bien avoir quelqu'un dans mes âges.

Mais tu fixes ton portable, te tâtes. Ils sont tous beaux et belles, tous d'un charisme fou... Combien d'entre eux ont un profil alors que dans l'imaginaire populaire ils ont tout pour être heureux ?

— Mais t'es pas curieux ? Regarde-les, ils sont littéralement tous parfaits. À ton avis, y en a combien dans le lot qui sont désespérés au point de s'être inscrit dans l'espoir de pecho ?

Tu allumes ton portable, clique sur l'application en te collant dos à Gus pour qu'il puisse regarder par-dessus ton épaule.

— Pour la science, Gus.

Tu commences à scroller, y a des visages bien trop parfaits à ton goût qui défilent. Tu t'arrêtes sur un type, des putains de yeux verts, bronzé.

— Tiens, c'est pas un mannequin, lui ? Tu sais, celui qui fait les photos pour la marque de slip que t'aimes bien. T'en penses quoi ?

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Résumé : Touchée en vrai et rassuré aussi, que Gus la voit toujours comme Dorothy et non comme une personnalité public. Elle drop qu'elle est encore vierge (grosse info). Et quand même, elle est curieuse de savoir qui dans la soirée et sur Witcher alors elle se cale contre Gus et ouvre l'appli pour regarder. Elle lui montre un mannequin grave beau aux yeux verts. Ils vont débattre de la tronche de gens en gros

Pas des slips. Des caleçons. Tu hausses les épaules, il y a encore des subtilités du quotidien masculin qui t'échappent. Néanmoins tu notes que tu n'as le droit à aucune remarque sur le fait que ce genre d'information puisse être en ta possession. Pour toi ça tombait sous le sens, mais maintenant que tu y penses, Gus aurait peut-être mal pris que tu lui expliques que tu faisais aussi ses machines quand il était à Bristol (que tu les fais encore quand tu passes à la colloc mais c'est un secret dont Beckett est le gardien).

Ça te surprend, tu pensais être la plus médisante de vous deux. T’observes la photo, arque un sourcil, c'est que tu le trouvais plutôt mignon et pour l'avoir vu déjà à moitié nu sur toutes ses campagnes publicitaires, t'aurais pas été contre d'aller lui piquer un slow ou une sieste entre ses bras. Mais bon, soit, si le bronzage pose problème à Gus, tu vas t'en remettre à son jugement. Tu n'as pas encore (heureusement) le réflexe de te demander pourquoi son approbation compte autant.

Tu fais défiler les profils, quand les premiers profils féminins s'invitent tu paniques. Ça aussi, tu crois que tu ne lui as pas dit. Ça fait beaucoup de choses que tu ne lui as pas dites. Tu lèves les yeux vers lui, ça n'a pas l'air de le surprendre plus que ça et tu lui en es reconnaissante. Si ça avait été ton père, tu sais que tu en aurais eu pour vingt bonnes minutes de sourire gênant et de "haha". Vous tombez sur le profil d'une fille qui, oui, est vraiment jolie. Fin. Jolie. Là c'est à ton tour de tiqué, t'as déjà sur le bout des lèvres une bonne dizaine de critiques à faire sur ses sourcils trop bien épilés, son teint trop uniforme, son genre un peu trop fatal à ton goût. C'est donc ça son type de femme ? Tu fronces un peu les sourcils. Ouais. D'accord. Tu process cette information sans trop savoir si elle t'irrite ou si elle te met juste mal à l'aise. T'aurais pu, du coup, être très heureuse de le voir te presser de passer à un autre profil mais sa justification te fait lever la tête.

— Comment ça elle est TROP charismatique ?

Ça veut dire quoi ? Ça sous-entend quoi ? Mais le fourbe fuit auprès d'un serveur pour aller vous chercher à boire et tu rapportes ta photo sur celle de la superbe femme. Next. Tu passes au suivant d'un coup de pouce un peu plus rageur que les précédents. Tu tombes sur le profil d'un homme, un deuxième, un troisième, deux profils de femmes, tu entends déjà de loin les possibles réflexions de Gus. Trop charismatique. Ah ! Normal tiers mais pas top sa bouche vraiment. Et t'en passes. Le temps qu'il revienne, t'a désespérément passé plus d'une vingtaine de profils.

— Rien qui n'aurait ton approbation, j'en ai bien peur.

Tu continues de voir défiler les visages, un peu mollement. Prends une des coupes de champagne qu'il te ramène pour te l'enfiler sans plus de cérémonies.

— Lui, il a l'air pas mal pour tirer son coup, non ?

Parce que ce n'est pas l'amour que tu recherches, t'es pas naïve à ce point. C'était peut-être trop cru de penser qu'il pourrait l'entendre. Coucou, je viens d'avoir vingt ans, ça me travail, j'ai envie de passer à l'acte parce que j'ai un peu la sensation qu'on me prendra jamais au sérieux dans ma vie si je ne fais pas péter le bouchon. Non, c'est probablement trop cru. Tu sais déjà le genre de réflexions très vraies, mais insupportables à entendre, auxquels tu aurais le droit. Prends ton temps, ce n'est pas rien, fait le avec quelqu'un en qui tu as confiance, ne presse rien, c'est précieux, il ne faut pas que tu regrettes, les conséquences pourraient être trop graves. C'est vrai. Tu le sais que c'est vrai. Si tu as rompu avec ton ex avant alors que tu en mourrais d'envie c'était bien parce que l'amour était présent, que cette petite chose que tout le monde finissait par jeter avait de l'importance, dans le fond, et que quitte à la donner, t'aurais voulu que ce soit avec quelqu'un avec qui t'engager. Ça, c'est ce que tu pensais du haut de tes dix-sept ans. Mais aujourd'hui l'alcool et les déceptions qui s'enchaînent t’amènes a penser le contraire. Et il y a eu Neal. Même si Neal n'y est pour rien. C'est toi. C'est toi qui avais mal compris, qui avait laissé ton manque d'affection imaginer des choses qui n'avaient pas lieu d'être. Ce n'était rien, ce serait vite oublié, t'en doutes pas. Mais t'es terrifié, que ta vie ne soit faites que Neal, de gens qui acceptent de t'étreindre juste parce que tu es trop mignonne, trop une sœur, trop une vraie pote. Terrifiée, que ta vie ne soit qu'une succession d'ex, parce que tu as beau ne plus être autant complexée qu'avant, il te travaille toujours ce rapport au corps, ce rapport à la séduction. Est-ce que ça fait de toi quelqu'un de superficiel d'avoir envie ? De vouloir plaire ? En silence, tu laisses défiler les profils, laisses Gus rejeter chaque candidat à un éventuel plan drague avec des arguments plus au moins valables. Passé le trentième profil, tu t'agaces, éteint ton pineapple pour te retourner et te planter devant lui.

— Bon, j'ai compris, tout le monde est soit trop bien, soit pas assez bien pour toi.

Tu bois ton champagne, tapotes du pied. Tu sens que ça monte, t'as pas envie que Gus paye les contrecoups de ta déception avec Neal, t'as pas envie d'avoir un mot de trop, mais t'as beaucoup trop de verre de champagne dans le sang pour te modérer.

— Tu sais, à ce compte-là, autant qu'on couche ensemble, ça ira plus vite. Tu coches toutes les cases, je te connais, tu es "normal", j'ai confiance, tu ne te noies pas sous trois couches d'autobronzant et je sais que tu ne planques pas des cadavres dans ta cave, alors qu'est-ce qu'on attend ?

Tu devrais te taire. Tu devrais VRAIMENT te taire. Mais t'es partie, un sourire dépité aux lèvres alors que tu désignes l'étage du doigt.

— On peut même monter maintenant si tu veux, comme ça, on en parle plus.

T'aurais jamais cru, que ça te complexait à ce point.

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Résumé : ils continuent de zieuttés les profils des gens sur Witcher mais gus trouve toujours quelques choses à redire et vraiment ça l'agace. Plus ça va, plus elle complexe, plus elle se noie toute seule dans des insécurités liés à sa féminité, sa capacité à plaire, son statut de femme adulte et non plus d'enfant etc + le petit crush qu'elle avait sur Neal est tombé à l'eau parce que Neal est gay et elle savait pas so elle est un peu DEPITEE et du coup elle part en roue libre et finit par s'énerver contre Gus en lui disant que puisque personne ne convenait autant aller faire zimbambam boumboum ensembles, que y a des chambres à l'étage s'il voulait (wtf girl)

Tu ne te comprends pas. Tu ne vous comprends pas. Tu ne comprends pas pourquoi ça t'énerve. Tu ne comprends pas pourquoi ça te vexe. Tu ne comprends pas pourquoi ça fait mal. D'où vient cette acidité dans le fond de la gorge. D'où vient le tremblement dans ta poitrine. La vérité, c'est qu'il pourrait dire n'importe quo que ça n'irait pas. Et tu ne comprends pas, Dorothy, et tu t'énerves, Dorothy. Le côté serdaigle qui ressort, la frustration qui grandit face à une solution qui ne vient pas, face à une réponse qui se fait inconnue, un mystère qui se fait trop épais. Tu détestes, quand s’immisce en toi des émotions contraires auxquelles tu ne parviens pas à donner de sens.

Tu te frustres, sers plus fort ta flûte. Pourquoi ça t'énerve ? Il y a une minute c'est ses commentaires, cette façon qu'il avait de rejeter chaque personne autour qui t'agaçait. Maintenant, c'est son indifférence qui t'agace. Tu ne comprends pas. Tu veux quoi ? Tu attends quoi ? Rien ne fais sens, rien ne vient. La seule chose qui se rend claire, c'est l'acidité qui parcourt tes veines, ce mécontentement grandissant. Le fait que ça n'aille pas. Que rien ne pourrait faire en sorte que ça aille. Tu le dévisages, tes yeux qui s'écarquillent, ton regard qui se voile. Pourquoi ça te blesse, ça ? Ce n'est pas ce que tu disais toi-même ? Que ce n'était pas si important, ce concept de virginité, que tu pouvais bien aller l'éclater avec lui et que ça reviendrait au même. Tu te mords la lèvre lui refourgue ta flûte entre les doigts. Qu'est-ce que tu attends de lui, de toi, de vous ? Tu ne comprends pas.

— Ok.

Amer. Distant. Sans comprendre pour toi ce que tu veux dire pour autant. Qu'est-ce que tu aurais voulu voir ? De l’inquiétude ? Un rire ? Une blague ? Tu ne sais pas. Tu ne sais pas et ça te tue putain. Tu ne sais pas. C'est insupportable de ne pas savoir.

— Ok.

Tu répètes, butée, à défaut de savoir quoi répondre. Pourtant, il a raison, Gus. Pourtant tout ce qu'il dit fait sens. C'est logique. C'est toujours logique. Chez toi, en revanche, rien ne l'est. Tu passes une main sur ton front. Ça se trouve, t'as trop bu. Ça se trouve, ce n'est pas vraiment en train de se passer. Est-ce qu'on revenir au moment où on tournait comme des imbéciles sur la piste ? La frustration répond non. Elle répond toujours non.

— Laisse tomber, c'était con.

Tu ranges ton portable dans ta poche et tournes des talons.
Tu sais plus si tu veux qu'il s'en foute ou si tu veux qu'il s'en souci.

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Résumé : Elle comprend r. Vraiment elle est :

Ca l'agaçait que Gus commente tout genre "rien ne va", mais maintenant qu'il dit que tout le monde convient et qu'elle pourrait pecho qui elle veut ça l'agace encore plus. Elle se frustre toute seule parce qu'elle comprend pas et qu'elle supporte pas de pas comprendre ce qu'elle veut et pourquoi elle se vnr toute seule. Finalement elle range son portable genre "laisse tomber" et elle tourne des talons genre "la conversation est finie"

T'avances en direction de la foule. Au fond de toi, tu le sais, tu devrais te retourner, lui sourire, lui dire un mot gentil, n'importe quoi. Quelque chose comme "il n'y a pas de problème", parce que c'est vrai, il n'y a pas vraiment de problème. Tu le sais, faut pas partir fâcher, toi tu ne supporterais pas qu'on te plante au milieu d'une piste en te laissant de le flou complet. Pourtant, c'est ce que tu fais, incapable de le regarder en face, incapable de continuer à gérer l'espèce de frustration qui te prend, de colère sourde qui se propage. Il n'a rien fait, Gus. T'es incapable de lui en vouloir. Tu le sais. C'est toi. C'est toujours toi. Dans cette relation, ça n'a toujours été que toi les problèmes. Tu baisses la tête, buttée. Lui refourguer ton champagne, ça non plus ce n'était pas une bonne idée. Tu vas aller te trouver un verre, quelque chose. Est-ce que Neal est toujours là ? T'as pas envie d'aller trouver Beckett et Bertram, ça poserait des questions, t'en a assez des questions. Peut-être que Teddy serait chaud de t'expliquer les subtilités du rôle d'attrapeur si tu lui demandais...

Non mais attends, me plante pas comme ça sans me dire pourquoi...

Tu te retournes. Merde. Il a fallu qu'il te suive. Évidemment, qu'il a fallu qu'il te suive. C'est Argus. C'est ton meilleur ami. Celui qui a réussi à apprécier la petite teigne instable de Poudlard. Celui qui même à l'autre bout du monde n'a jamais remis votre amitié en cause. Celui qui est venu toquer à ta porte, une mousse en chocolat en offrande, quand tu étais fâché. Celui qui t'a pris dans ses bras quand tu lui a dit qu'il était un peu tout pour toi. Celui qui accepte que tu squattes chez lui à toute heure du jour et de la nuit. Celui qui est là, toujours là, même maintenant. À quoi tu pensais ? Est-ce qu'on traite vraiment sa maison comme ça ?

Qu'est-ce qui va pas, qu'est-ce que j'ai dit?

Rien. Rien justement ! Tu te fermes un peu plus, baisses les yeux, parce que si y a bien quelqu'un avec qui t'as pas le droit de faire la fière, c'est lui. T’enserres tes bras autour de ta taille. Fermée. Entièrement. Jusqu'au bout des ongles. Si y a bien une personne en face de laquelle tu ne supportes pas tes propres contradictions, c'est lui. Si y a bien une personne devant laquelle ta mauvaise foi t’étouffe, c'est lui. Si y a bien une personne devant laquelle tu es terrifiée de passer pour une gamine, c'est lui.

— Rien. T'as rien fait, rien dit. Laisse tomber.

Mais il ne cède pas. Oh non, il ne cède pas. Et c'est une crème, il essaye tellement de bien faire. Il dit qu'il a des goûts particuliers et tu repenses au profil de la fille, magnifique, et tu te dis "pas tant que ça". Il met sur la table ton ex et tu te dis "ça n'a rien à voir". Et il s'excuse. Et ça te tue. L'envie de lever la tête, de lui dire non, de le supplier de ne pas le faire. Et tu te dis, tu te demandes, pourquoi il est encore là. Pourquoi après autant de temps il n'en a pas sa claque de toi. T'as tout planté, face à lui tu te fais reine des immatures et pourtant il persiste. Tu te demandes, pourquoi il ne va pas retrouver des gens plus cool, plus grands, plus calmes, meilleur, bien meilleur que toi. Pourquoi est-ce qu'il s'acharne à rester à côté de la petite meuf aux cheveux roses qui lui cherchait des noises à la bibliothèque ? Pourquoi il s'acharne à être aussi sympa (parfait) avec la même petite meuf qui est venu embrouillé son ex dans les couloirs de poudlard par jalousie, uniquement par jalousie ? D'ailleurs, est-ce pour ça que t'es autant instable ? Est-ce que t'es jalouse ? Est-ce que c'est ça qui parle ? C'est pas logique. Peut-être que t'as besoin, que ce soit logique.

Ça sort tout seul, tu relèves les yeux, relèves la tête, le défit du regard une seconde pourtant y a plus l'ombre d'un éclat de combativité derrière tes lunettes.

— Tu me trouves pas attirante, hein ?

Et tu comprends, de façon très lointaine, trop lointaine, que tu as peut-être besoin qu'il te trouve belle. Suffisamment belle pour qu'il reste. Parce qu'il faut bien qu'il te trouve quelque chose pour être là, non ? Sinon, à quoi ça rime, vous ?

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Résumé : elle est au bouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuut
Elle percute pas encore la raison de son agacement, c'est très flou, ça l'énerve. Quand Gus la rattrape et lui parle ça la met en face de sa propre immaturité et ça la frustre davantage. Le complexe d'infériorité s'invite. Elle met Gus sur un piedestal et du coup elle se dévalorise, elle confond tout. Fini par lui de mander s'il la trouve attirante, comme-ci le prisme physique était la seule chose qui pouvait justifier que Gus ne se soit pas barré après autant de temps passer avec elle. Comme-ci elle avait besoin d'entendre, sans comprendre trop pourquoi, qu'il la trouve jolie et attirante.

comme elle le trouve beau et attirant. Mais c'est tellement évident pour elle qu'elle l'a jamais verbalisé ni jamais percuté

Vous vous enfoncez, l'un et l'autre. Tu détestes, Dorothy, vous voir comme ça. Tu détestes sentir ne serait-ce que l'ombre d'une fissure entre vous. Tu détestes, être celle qui creuse la tranché. Tu baisses les yeux, le courage bien trop vite envolé. T'es même pas sûre de ce que tu attends, de ce que tu serais prête ou non à recevoir. S'il te dit oui, est-ce que tu seras soulagée ? S'il te dit non, est-ce que tu seras blessée ? Tu ne sais pas. Tu ne sais pas et ça te tue. C'est insupportable, ces sentiments incontrôlables qui veulent dire tout et leur contraire. C'est insupportable de ne pas savoir s'écouter, de ne pas savoir se comprendre. Et comme à chaque fois que tout te dépasse, tu fuis, tu t'échappes.

Finalement, tu ne veux pas savoir ce qu'il va dire. Belle ou non, laide ou pas, quelle importance, tu ne veux rien entendre. Qu'il hésite, c'est parfait dans un sens. Parce que pour ce soir, c'est déjà trop. Tu commences à te sentir coupable, mais encore trop fière pour ne pas abandonner la frustration. Tu sais que c'est toi qui détruis, mais t'es trop de mauvaise foi pour pleinement l'assumer. Tu devrais dire désolé. À la place, tu balayes sa dernière réplique d'un revers de la main, comme quand on chasse une mouche qui vient voler trop près du visage.

— C'était stupide, laisse tomber.

Est-ce que ça a de l'importance qu'il te trouve jolie ? Est-ce que ça a de l'importance quand il est déjà ta maison et que c'est déjà bien plus que ce que n'importe qui pourrait attendre de vous ? Tu détournes la tête. Tu ne veux pas t'énerver. Ce serait illégitime de le faire. Mais tu ne veux pas continuer cette conversation non plus. Esquive-toi, mets ça sur le compte de la fatigue et de l'alcool, ça ira mieux demain. Quand t'auras tout oublié, qu'il aura tout oublié et qu'on pourra retourner à l'avant, à une époque où cette conversation était hors de propos.

— Vraiment Isa, s'il te plaît, laisse tomber.

Tu ne l'appelles jamais Isa. Parce qu'Isa c'était la marque de son ex et qu'à l'époque tu martelais son premier prénom dans l'espoir qu'il en vienne à oublier le second. Tu ne l'appelles jamais Isa, parce que c'est trop sérieux, trop intime, d'une intimité que ni l'un, ni l'autre n'avait jamais osé abordé. Tu lui adresses un petit sourire d'excuse que t’espères convainquant. Fuite, déni, finalement il y a des choses qui ne changent pas.

— J'ai bu, je suis vraiment intenable quand je bois hahaha.

Tu cherches une excuse, une esquive en observant la salle.

— Le concert ne devrait pas tarder, je vais essayer de me trouver une bonne place. Tu devrais essayer de retrouver Beck et Berty (ou n'importe qui d'autre). On se voit plus tard.

Et tu tournes les talons, le plantes là, t'enfonce dans la foule parce que t'es foutrement rapide et vive quand tu le veux.
T'es aussi très doué pour refouler la boule qui t'étreint la gorge, faire comme-ci de rien n'était.

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Résumé : elle fuit