Tiphaine avait enfin un semblant de vie, depuis quelques mois déjà.
Elle avait un métier qui la passionnait, où elle était respectée, reconnue, appréciée.
Elle vivait avec sa meilleure amie, quelqu'un qui ne l'ignorait pas ou ne lui reprochait pas constamment quoique ce soit lorsqu'elle rentrait chez elle.
Et contre toute attente, ce qui était censé n'être qu'une couverture avec Emyr s'était transformée en quelque chose auquel elle s'était refusée de croire jusque là.

Tout était à la fois tranquille et grisant avec Emyr.
Tout était nouveau.
Ça avait quelque d'effrayant, de se laisser aller à croire qu'elle pouvait être heureuse avec lui. Elle savait que Léon n'approuverait jamais, elle essayait de se convaincre qu'elle ne s'en inquiétait pas, mais c'était faux. Et il y avait la culpabilité, qui la rongeait petit à petit aussi, de ne toujours pas avoir réussie à être franche avec Emyr.

Pas quand ils se ont commencé à se tenir la main par habitude.
Pas quand elle s'assoupissait parfois contre son épaule.
Pas quand ils se sont embrassés la première fois. Ni les suivantes.

Mais Tiphaine s'était résolue à être honnête, aujourd'hui, enfin.
Elle en était à un point où elle ne s'imaginait pas un futur sans lui dans sa vie, et bien qu'elle ne sache pas si c'était le cas pour lui, elle ne voulait pas continuer à vivre dans un mensonge, un mensonge qui n'en n'était plus un pour elle.
Elle avait peur, aussi, de le mettre en danger avec l'imprévisibilité de Léon.
Alors aujourd'hui, elle lui dirait tout.

Elle l'avait prévenu qu'elle viendrait le voir ce soir pour discuter, n'avait pas trop élaborée sur le sujet. Et une fois qu'ils furent assis, elle prit une grande inspiration.

— Tu m'as demandé, il y a un moment déjà, s'il s'était passé quelque chose avec Léon. Je t'avais dis que je ne pouvais pas en parler mais... Je crois que c'est le moment.

Tiphaine baisse les yeux, tortille nerveusement ses doigts pour éviter de regarder Emyr dans les yeux.

— Léon m'a menacé, physiquement, une fois. De me marier avec un sang-pur, si je ne voulais pas... Je ne sais pas. Être déshéritée, bannie de la famille. J'ai pris peur. Je savais qu'Aeres avait un frère... Ça faisait un moment qu'elle me parlait de toi... J'ai saisi l'occasion.

Elle s'en voulait encore aujourd'hui, parce qu'elle avait peur qu'il se vexe, qu'elle ne l'ait pas approchée sans motif comme certaines ont dû le faire avant elle.

— Tout ça pour dire... Je suis désolée, je n'ai pas été totalement honnête avec toi. Mais... C'est différent maintenant. Je veux que ça soit réel... Je veux que tu me crois, quand je te dis que je suis sincère maintenant.

Doucement, elle tente de lui prendre la main.