j'étais morte
encore
cette nuit - la Lune, tâche blanche dans le ciel avait réveillé en moi le monstre dont l'ombre me poursuivait depuis une semaine.
au matin ressuscitée, je ne me souvenais de rien, ou presque - toutes les nuits de pleine Lune se ressemblent après tout - mais je n'avais pas peur car le grand méchant loup n'était pas sorti de sa cage, car le grand méchant loup n'avait mangé personne.

à part un peu de mon âme.

mais je n'avais pas peur.


l'après-midi touche à sa fin et il ne te tardait de rentrer chez toi pour dormir un peu.
toi aussi après une nuit aussi agité avait les traits livides, assortie à l'hôpital mais tes cernes déjà présentes et encore plus marquées, faisaient tâche sur le décor blanc immaculé. tout ton corps semblait crier que tu n'y avais pas ta place - l'ombre monstrueuse, sale et ensanglantée que tu cachais derrière les airs de petite sourie n'allait pas cet hôpital trop propre; même l'odorat du loup trouvait l'odeur du désinfectant insupportable - bien que maintenant tu t'y étais habituée.

assoupie un instant, un supérieur te rappelle à l'ordre Eridani, va donnez ce dossier au Docteur Smith si tu as du temps à perdre. ponctuer par le lourd son du papier tombé sur la table Oui Docteur ! paniquée, bascule légèrement en te remettant sur pied mais une fois la vue claire à nouveau, tu prends le dossier en main et quitte la salle de repos.

l'après-midi touchait à sa fin, mais tu avais encore à faire.
marchant maintenant dans les couloirs au pas de course - un peu lasse, puisque tu sentais à peine ton badge se dandiner sur ta poitrine -, tu ralentis que quand tu aperçois une ombre marchant dans la direction opposée. arrivée à sa hauteur, tu t'arrêtes lui barrant le chemin bonjour à mi-voix, le sourire aux lèvres ça va ? vous n'avez pas l'air de vous sentir très bien... puis le ton plus sur vous ne marchez pas droit.

les airs livides et flottants ne vont bien qu'aux morts, les voir sur un vivant t'inquiètes.

Tu le surprends, mais pas tel un parent, plutôt comme une personne aléatoire qui est apparu d'un angle mort - surprise toi aussi, inquiètes, curieuse mais loin d'être menaçante.
Tu le surplombes, en vitalité seulement, en connaissances peut-être; sinon vous aviez à peine quelques centimètres de différence.
Cela devait donc être le lieu qui te donnait ces allures adultes et imposantes, puisqu'il te met l'habit d'infirmière a l'aura bienveillante derrière laquelle se cache une froideur à glacer le sang - souvent, c'est vrai. Pourtant, toi tu n'étais pas infirmière, tes mains ne connaissaient pas le touché des aiguilles (pas si bien en tout cas) et des liquides, ne sait pas manipuler les machines qui donnent voix au corps; tes mains connaissaient le touché de la plume et du papier, celui des touches d'ordinateur et le froid de l'encre éclaboussé parfois sur tes mains. Mais pareillement aux infirmières, tu sais distinguer le mensonge de la vérité.
Et tu n'allais peut-être rien dire. Silencieuse, tu l'aurais accompagner un bout du chemin pour qu'il s'assoit quelque part, à la vue des personnes compétentes qui pourraient le traiter.

Tu aurais pu si son sang ne s'était pas mit à couler le long de son bras.

L'étonnement te prends à la vue du liquide écarlate coulant de dessous sa manche, pas que tu avais peur de sa vue - plus depuis la morsure du grand méchant loup - mais parce qu'il tranchait trop fortement avec le blanc de sa peau et le blanc du sol. Cet étonnement dure deux secondes à peine car déjà tu avais sorti ta baguette de ta poche, traçant un bref mouvement dans l'air Ferula..! à voix basse pour ne pas épouvanter les patients ou qui pourrait passer par là. Et alors de nul part apparaissent des bandages qui s'enroulent d'eux-mêmes au niveau du coude et de l'avant-bras de Bellamy. Une fois ceux-ci enrouler fermement, tu te glisses sous une des épaules du plus jeune pour lui servir d'appuies, Jeune homme je ne vous laisserai pas sortir d'ici avant de recevoir un traitement adéquat. la ton le plus ferme possible, mais ta voix naturellement basse et quelque peu tremblante ne te donnent pas les airs voulus.

Ainsi, vous repartez dans la direction de laquelle venait Bellamy et vient l'allonger sur le lit de la première chambre que tu vois ouverte et libre. Une fois allongé, tu poses l'imposant manuscrit, que tu avais dans les mains tout ce temps, sur lui, au niveau du ventre - il n'est pas assez lourd pour lui faire mal, mais surement assez lourd pour l'empêcher de s'échapper. A ta manière un peu farfelu. Dites moi ce qui ne va pas. Je vous veux vraiment pas de mal. la voix douce, sans fermeté cette fois.
Personne dans un hôpital ne veut de mal.

Un doux rire t'échappe Ne vous excusez pas pour ça, il faut bien le salir un peu l'hôpital pour qu'il sente autant le propre. loin d'être contente de cela, mais tu n'aimerais pas non plus qu'il sente le sang - deux odeurs devenues trop fortes pour toi. Tu disais cela en tirant une couverture sur lui, il t'avait sembler si léger quand tu l'avais maintenu, maintenant allonger il semblait se fondre dans le lit par son teint et sa finesse - il paraîtrait presque froid et mort. La couverture tirée, voyant ses yeux bien clos, tu te rassures et enlève l'imposant grimoire de sa poitrine pour le poser sur le chevet tout en restant debout à ses côtés.
Tu lui adresses d'abord un regard ferme, cela ne servait plus à rien de mentir - à toi ou à soi-même - puisque personne sain de corps et d'esprit ne vient à l'hôpital, parce que personne sain de corps ne saigne autant d'un coup, d'un rouge si écarlate, personne sain de corps n'a le teint si pâle. Mais il se confit et toi tu l'écoutes, silencieuse essaye de trouver son mal.

Mal qu'il croit normal.
C'est sur que les étoiles sont attirantes, mais quand elles ne portent avec elles aucune lumière, quand elles mènent vers les ténèbres, doit-on les suivre ?
Signe du mal, doit-on les suivre ?
Ne devrait-on pas se donner le choix de ne pas sombrer dans les abysses ?

Vous rigolez là ? tu fronces les sourcils, sentant ton corps se tendre Ce- c'est- vous êtes anémique non ? le seul diagnostique de simili experte que tu pouvais poser C'est "naturel" tu mimes les guillemets de tes doigts mais ça se traite... Vous le savez ça, n'est ce pas ? C'est- il faut juste savoir votre type sanguin et avec un traitement régulier ça s'arrange. mais ça ne se guérit pas, c'est à vie, comme une malédiction. Une malédiction où il fallait se fier aux autres pour ne pas laisser se sang vous tuer de l'intérieur, en manquant, mais aussi de l'extérieur, en devenant proie à quelques rapaces qui profiteront de l'inconscience d'une personne. Mais bien qu'un chasseur, un profiteur de faiblesse, sommeillait en toi, marquait sa présence sur ton visage et ton corps; le jour, la petite souris avait le dessus. Et que peut faire une petite souris à part prétendre à de l'aide ? Moi ? étonnée qu'il s'intéresse à ta présence - la petite souris n'intéressait pas grand monde, c'est le grand méchant loup qui volait la vedette - C'est parce que je suis chercheuse ici, depuis quelques années. c'est pour ça que tu n'avais pas l'allure experte des autres infirmier.ère.s. Marque une pause, avant de continuer Je m'appelle Eridani Burns, esquisse un sourire et vous ? puisque vous n'étiez pas infirmière et patient - pas totalement - vous pouviez vous permettre quelques familiarités, n'est ce pas ?