caractère

la vie n’est rien d’autre que du mépris.
et radwan est méprisant à souhait. plus que la vie elle-même — on lui a appris à rendre les coups. par dizaine. on lui a appris à arrêter de pleurer les terres une fois qu’on les a quittés, elles reviendront jamais.
après tout, il les reverra peut-être en rêve ou sur des cartes postales. mais la mélancolie ne l’a jamais aidé, elle n’a fait que faire tomber un à un tout ce à quoi il tenait.
lui, il a appris à arrêter d’espérer — parce que les hommes sont ingrats
aussi ingrats que le monde. mais il n’est pas devenu ingrat parce que ça le dépassait, parce qu’il a essayé d’être aussi imbuvable que le monde l’a été envers lui.
c’était injuste au final. rien n’avait jamais été juste.

et ça lui était bien égal, que le monde soit juste ou non.
ça lui avait été bien égal, l’espoir, le bonheur, les gens, la rancune, la colère et les larmes.

il s’est grisé avec le temps. il s’est volatilisé avec l’âge. la vie forme ceux qui sont capables de supporter les pertes, et radwan est devenu un bon petit soldat.
obéissant dans sa forme, indocile dans sa réalité. déjà jeune on l’avait forcé à paître peau de loup sur le dos — lui il n’était rien d’autre qu’un mouton éloigné du troupeau. parce qu’un autre loup avait dévoré tout ce qu’il en restait.
alors il paraît toujours plus cassant qu’il ne l’est réellement. c’est toujours mieux pour chasser le gibier.

c’est affectueux sans doute, parfois qu’il soit chagriné par vos présences. et s’il vous observe trop longtemps — c’est qu’il a quitté des visages qu’il n’a jamais revu.
alors quand c’est arrivé une fois, on contemple de nouveau. on prie pour que ça n’arrive jamais plus, mais la fatalité est ce qu’elle est.
laide et cruelle.